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ANECDOTE: UN DRAPEAU AMÉRICAIN AU CIMETIÈRE DE PICPUS À PARIS?

Dernière mise à jour : 3 juil.

Alors que le 4 juillet, les Américains commémorent l’Independence Day et la naissance des États-Unis d’Amérique, déclarés le 4 juillet 1776, je vous propose de revenir sur l’histoire atypique d’un drapeau américain situé au cœur d’un cimetière parisien.

 

Pour trouver ce fameux drapeau, direction le cimetière privé de Picpus dans le 12 arrondissement de la capitale. Ici, du 14 juin au 27 juillet 1794, en pleine période de Terreur sous la Révolution, se trouvaient deux fosses communes où ont été inhumés les 1306 guillotinés de la place du Trône Renversé toute proche (aujourd’hui la place de l’Île de la Réunion, près de l’actuelle place de la Nation).

 

Au début du 19e siècle, les familles de guillotinés -notamment les familles nobles- vont retrouver la trace de ces fosses et transformer le terrain en un lieu de mémoire. Elles vont également créer un cimetière où les descendants des guillotinés pourront être enterrés, et ainsi reposer non loin de leurs proches défunts.



Si vous visitez le cimetière de Picpus, vous pourrez ainsi déambuler parmi les sépultures de grandes familles de la noblesse d’ancien régime, mais vous serez aussi certainement surpris par la présence, sur l’une d’entre elles, d’un drapeau américain qui flotte fièrement au vent. Que vient faire le Star-Spangled Banner, comme on l’appelle outre-Atlantique (en français, «la bannière étoilée»), au cœur d’un cimetière privé parisien ?

 

LE DRAPEAU AMÉRICAIN DU CIMETIÈRE DE PICPUS : DES NOAILLES À LA FAYETTE

 

Parmi les victimes de la guillotine inhumées dans les fosses communes de Picpus, se trouvent des membres de la famille de Noailles, une ancienne famille de l’aristocratie française, dont une certaine Adrienne de Noailles est la parente. Cette dernière sera donc naturellement enterrée à Picpus à sa mort le 24 décembre 1807. Si Adrienne de Noailles est peu connue du grand public, son mari, qui la rejoindra à sa mort le 20 mai 1834, l’est beaucoup plus. Il s’agit en effet de Gilbert du Motier, Général-marquis de La Fayette.

 

Célèbre pour son rôle pendant la Révolution, à la fois engagé pour la liberté et protecteur de la monarchie, le Général de La Fayette est aussi et surtout connu et fêté aux États-Unis pour son rôle déterminant dans la guerre d’indépendance américaine face aux Anglais.



C’est donc en l’honneur du général ami, et vainqueur de nombreuses batailles, que le drapeau américain flotte, aujourd’hui encore, sur sa tombe. Tous les 4 juillet, à la date anniversaire de la Déclaration d’Indépendances des États-Unis, ce drapeau est renouvelé par la Société des Cincinnati de France et la Société des Fils de la Révolution Américaine.

 

BREF RAPPEL HISTORIQUE SUR L’INDÉPENDANCE DES ÉTATS-UNIS

 

Dès le 11 juin 1776, à Philadelphie, une commission incluant Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John Adams est chargée par le Congrès, qui rassemble les représentants des 13 colonies anglaises en Amérique, de rédiger une Déclaration d’Indépendance vis-à-vis de l’empire britannique. Le texte est voté le 2 juillet et après quelques ajustements, l’indépendance est déclarée le 4 juillet 1776.

 

Avec cette indépendance, c’est aussi le début de la guerre anglo-américaine, les Britanniques n’acceptant pas cette sécession. En Europe, la France de Louis XVI, ennemie de l’Angleterre, soutient cette guerre d’indépendance à la fois financièrement mais aussi sur le terrain grâce à des figures devenues emblématiques comme le Maréchal de Rochambeau, le Marquis de La Fayette et l’Amiral de Gasse, qui contribuent à la capitulation anglaise à Yorktown en Virginie, le 19 octobre 1781.

 

Le traité de paix est alors signé à Paris le 15 avril 1783. Les Etats-Unis d’Amérique sont désormais une nation indépendante.


UNE TRADITION NÉE PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la tradition d’élever un drapeau américain sur la tombe du général La Fayette n’est pas née à sa mort. Elle est beaucoup plus récente, et remonte en réalité à la Première Guerre Mondiale.

 

Nous sommes en 1917. Alors que les États-Unis entrent en guerre, le Général Pershing se voit chargé de conduire les troupes américaines en Europe, et il s’installe à Paris. Cette même année, le 4 juillet 1917, il décide de se rendre au cimetière de Picpus pour honorer le héros français avec le ministre français de la guerre, Paul Painlevé, et un groupe de journalistes.

 

Accompagné de son aide de camp, le colonel Stanton, Pershing dépose une gerbe sur la tombe du marquis et procède à la lever du drapeau américain. On dit qu’il aurait alors prononcé une célèbre phrase marquant, comme un juste retour de l’Histoire, la solidarité des États-Unis avec les troupes françaises : «La Fayette, here are we !», soit «La Fayette, nous sommes là !».

 

En réalité, rien ne dit si cette phrase a bien été prononcée, et si c’est Pershing et non Stanton qui l’aurait dite, d’autant plus qu’un seul journal la cite à l’époque, et uniquement suivant des témoignages recueillis après le discours de Pershing. Ce dernier refusera d’ailleurs toujours de se l’approprier, mais l’histoire reste belle et symbolique.

 

Notez enfin que le drapeau américain qui se trouve sur la tombe de La Fayette serait le seul à n’avoir jamais été baissé depuis, pas même sous l’occupation nazie.

 

Pour en savoir plus sur le cimetière de Picpus, je vous donne aussi rendez-vous ici pour retrouver le podcast et l’article dédiés à son histoire et à la visite que j’en ai fait.

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