EXPOSITION GRANDEUR NATURE II : QUAND L’ART CONTEMPORAIN S’ENRACINE À FONTAINEBLEAU
- Igor Robinet-Slansky
- 17 juin
- 4 min de lecture

On parle souvent de l’art du jardin. Mais aujourd'hui, je vous propose d’explorer l’art au jardin. Direction le parc du château de Fontainebleau où, tout l’été jusqu’au 21 septembre 2025, l’exposition à ciel ouvert «Grandeur Nature II – L’Esprit de la forêt» ouvre les jardins séculaires du domaine à l’art contemporain.
Pensée comme une déambulation poétique entre art, forêt et patrimoine, cette deuxième édition de la biennale Grandeur Nature transforme les 130 hectares du Domaine national en un vaste théâtre de verdure où plus de 40 œuvres monumentales signées de 25 artistes internationaux dialoguent avec les arbres, les allées et les fontaines historiques. Le thème, «L’esprit de la forêt», qui fait écho à la célèbre forêt de Fontainebleau, invite à une plongée sensible dans un paysage habité par la mémoire, les légendes et les enjeux écologiques.
UNE CHASSE À L’ART GRANDEUR NATURE
Du jardin de Diane au Grand Parterre en passant par le jardin Anglais et même au-delà des grilles, jusqu’aux lisières de la forêt domaniale, l’exposition trace un parcours immersif entre rêve, nature et création contemporaine. Conçue par Muriel Barbier (directrice du patrimoine du château) et Jean-Marc Dimanche (conseiller artistique), elle réunit 25 artistes internationaux dont les œuvres – sculptures, installations ou créations interactives – interpellent le regard, l’imaginaire et la conscience écologique.
Certaines installations sont conçues pour le lieu, d’autres réactivent des pièces déjà existantes, mais toutes trouvent leur juste place dans ce dialogue subtil entre art et paysage. Matériaux recyclés, éléments organiques, bois tombés de la forêt : les œuvres s’inscrivent dans une logique durable et poétique.
EXPOSITION GRANDEUR NATURE : QUAND LES ŒUVRES PRENNENT RACINE
Dès l’escalier en Fer-à-cheval, on entre dans un autre monde avec, à ses pieds « O.T. » de Franz West (2009), une sorte d’oiseau de papier mâché rose qui se dresse face à la silhouette majestueuse du château.
Sur le Grand Parterre, près du Grand Canal, La Frénésie des Géants de Wang Keping propose une série de sculptures en hêtre, comme surgies du sol. Ces figures totémiques aux formes sensuelles rendent hommage à la force vitale des arbres – elles sont sculptées dans des troncs d’arbres tombés naturellement. En juin, certaines œuvres sont réalisées en direct par l’artiste lors de performances à partir d’un hêtre tombé il y a peu dans le parc du château.
Un peu plus loin, Coronae Digitalis de Miguel Chevalier, fleur rouge métallique de plus de deux mètres de haut, vient capter la lumière et le regard, écho végétal à l’immensité de la forêt alentour. Quant à Révolution végétale – D’après Léonard de Pablo Reinoso, sa spirale métallique rappelle à la fois l’ADN et l’architecture, comme un pont entre la nature et l’intelligence humaine.
LES ESPRITS DE LA FORÊT AU COEUR DE L'EXPOSITION GRANDEUR NATURE
Dans le jardin Anglais, les œuvres semblent habitées d’une énergie mystérieuse. Atlas de Jean-Marie Appriou, sculpture de bronze et verre, semble émerger de la terre, porteur d’un monde à réinventer.
Samare de Guillaume Castel joue sur la légèreté du métal pour évoquer la chute des graines, symbole de renaissance. Et avec Sojourner, Kim Dacres transforme des pneus usagés en visages puissants, esprits protecteurs de la nature.
On y croise aussi La Redite, cabane suspendue de Sara Favriau, havre poétique au-dessus de la rivière, les Fantaisies héroïques de Max Coulon, figures hybrides en béton, évocatrices d’un bestiaire fantastique, ou encore I Like America de Mounir Fatmi, une installation questionnant notre rapport complexe aux États-Unis.
QUAND L’IMAGINAIRE PREND CORPS... GRANDEUR NATURE
Le parcours mêle aussi humour et merveilleux. Welcome to the Knight de Sarah Valente rend hommage aux chevaliers des forêts enchantées, tandis que les Rhinocéros topiaires de François-Xavier Lalanne, habillés de chèvrefeuille, mêlent art, jardinage et facétie.
Certaines œuvres s’adressent même directement au promeneur. Panneau Panache de Pinaffo & Pluvinage est une structure interactive dont on peut modifier la forme et qui reproduit les feux d’artifices royaux et impériaux nés à Fontainebleau. Canon à parole de Philippe Ramette vous invite à crier vos pensées dans le paysage. Quant à Le Sentier de Stéphane Thidet, il matérialise, par simple bascule d’outils, une trace éphémère d’un chemin sur l’herbe, empreinte poétique de notre passage.
UNE ODE VIVANTE À LA NATURE
Avec Grandeur Nature II, le château de Fontainebleau réaffirme le lien intime entre son patrimoine historique et la nature. Jadis résidence de chasse royale, il devient aujourd’hui un écrin pour l’art écologique et la création contemporaine. L’exposition s’inscrit dans une volonté forte de valoriser le patrimoine naturel : en 2024, le domaine a même lancé un atlas de la biodiversité pour recenser ses 5 700 arbres et essences remarquables.
En explorant les jardins historiques du château – Grand Parterre dessiné par Le Nôtre, jardin Anglais conçu sous Napoléon Ier, ou encore jardin de Diane et ses fontaines Renaissance –, le visiteur se laisse porter par une rêverie où passé et futur s’entrelacent. Une promenade qui parle autant aux yeux qu’à l’âme.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ? « Grandeur Nature II – L’Esprit de la forêt »
Où ? Château et parc de Fontainebleau
45 min de Paris en train avec le pass Navigo depuis Gare de Lyon
Quand ? Du 7 juin au 20 septembre 2025
Combien? Parcours gratuit.
Toutes les informations et le programme sur le site du château de Fontainebleau !
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