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HISTOIRE ET VISITE DU CHÂTEAU DE PAU, AU-DELÀ DE HENRI IV

Photo du rédacteur: Igor Robinet-SlanskyIgor Robinet-Slansky
Pau
Entrée du château de Pau

Direction Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques (64). Capitale de la région historique du Béarn depuis le 15e siècle, elle possède une histoire riche et singulière, marquée par des personnalités aussi emblématiques que Gaston III de Foix-Béarn dit Gaston Fébus (1331-1391), Henri IV (1553-1610), célèbre roi de France et de Navarre né à Pau, Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), militaire palois devenu le roi Charles IV de Suède en 1818, ou encore, au 19e siècle, le roi des Français Louis-Philippe 1er (r.1830-1848) et l’empereur Napoléon III (r.1852-1870) qui contribueront à son développement et à sa modernisation.



Parmi les belles surprises que la cité paloise offre aux amateurs de patrimoine historique et culturel, l’incontournable reste son magnifique château qui surplombe le Gave de Pau (du gascon ‘gave’ : cours d’eau) et offre une vue spectaculaire sur les Pyrénées.


LE CHÂTEAU DE PAU : PRÈS DE MILLE ANS D’HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE AU 19e SIÈCLE


Érigé dès le 12e siècle, le château de Pau a évolué au rythme des siècles et de l’histoire de France. Résidence des rois de Navarre puis des rois et empereurs français, il sera ensuite palais présidentiel sous la IIIe République, avant de devenir, en 1929, un musée national dont l’architecture, les décors et les collections retracent, aujourd’hui encore, l’histoire fascinante et millénaire des lieux et des personnages qui les ont habités, parmi lesquels le célèbre roi de France et de Navarre, Henri IV (règne: 1589-1610).


LE CHÂTEAU DE PAU : LES RACINES MÉDIÉVALES


La première mention du château de Pau remonte au 12e siècle, mais il est probable qu’une structure fortifiée existait déjà dès le 10e siècle, composée d’une palissade en bois, ou « pau » en béarnais, d’où la ville tire son nom.

Sous l’autorité des vicomtes de Béarn, cette première forteresse évolue pour se transformer en un château fort de pierre. L’édifice se dote alors de trois tours défensives : la tour Mazères au sud (la plus ancienne, carrée), le donjon Montauser au nord (13e), et la tour Billère à l’ouest (14e).



Mais c’est surtout Gaston III (1331-1391), comte de Foix et vicomte du Béarn, dit Gaston Fébus (le comte « soleil »), qui, au 14e siècle, fait de Pau une véritable place forte stratégique, idéalement située entre la France et l’Espagne.

Ce prince visionnaire et bâtisseur fait de Pau une citadelle imprenable. Il érige le donjon Fébus, une tour en briques de 33m (la brique est innovante car plus souple et résistante), l’actuelle tour de la Monnaie, qui servait de tour de guet tournée vers le Gave, et un système impressionnant d’enceintes et de glacis défensifs (talus inclinés, ici en pierre). Partout, son empreinte demeure gravée : « Febus me fe » (Fébus m’a fait).



LE PALAIS DES ROIS DE NAVARRE


Avec Gaston IV de Foix-Béarn (1423-1472), le château de Pau change de visage et de fonction. Par son mariage avec Éléonore d’Aragon, il fait en effet entrer Pau dans le royaume de Navarre - qui appartenait alors à l’Aragon – et permet à la lignée des comtes de Foix de devenir rois. En 1464, le couple s’installe à Pau qui devient officiellement la capitale du Béarn, et en 1481, leur petit-fils François Fébus devient roi de Navarre.


A cette époque, le château se transforme encore : fenêtres à croisées de pierre et lucarnes (encore visibles sur la façade nord), création d’un deuxième étage sur le bâtiment sud, réalisation de toits en ardoise sur les tours…

En 1484, après le mariage de Jean d’Albret à Catherine de Foix, la Navarre, comme le Béarn et le comté de Foix, passent aux mains de la famille d’Albret. Mais dépossédé de ses territoires espagnols en 1512, leur royaume de Navarre ne se limite bientôt plus qu’à sa partie française. Chassés de Pampelune, leur ancienne capitale, Jean et Catherine, décident de s’installer à Pau.



C’est ainsi au 16e siècle, sous le règne de leur fils, Henri II d’Albret (1503-1555), et de son épouse, Marguerite d’Angoulême (1492-1549), sœur de François 1er (règne : 1515-1547) que la ville béarnaise s’impose officiellement comme capitale du royaume de Navarre.



Influencés par le goût de la Renaissance, ils vont profondément marquer l’architecture et les décors du château : aménagement de cuisines modernes (toujours visibles), création d’un escalier d’honneur droit – et non plus en colimaçon comme cela se faisait avant - orné de motifs en hommage à leur amour (le H et le M y sont partout gravés) ; médaillons sculptés pour orner la cour d’Honneur ; balcon donnant sur les Pyrénées côté sud...


Leur fille, Jeanne d’Albret (1528-1572), reine de Navarre à partir de 1555, et son époux, le prince Antoine de Bourbon (1518-1562), aménageront de somptueux jardins qui feront la renommée du château.



C’est dans ce cadre raffiné que naît, le 13 décembre 1553, Henri de Navarre, le futur roi de France Henri IV (1553-1610) - sa chambre de naissance a été reconstituée avec le fameux berceau réalisé dans une carapace de tortue qui doit apporter au nouveau-né longévité, sagesse et persévérance.



QUI ÉTAIT HENRI IV, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE ?


Né en 1553 au château de Pau, Henri IV devient roi de Navarre à partir de 1572 et roi de France de 1589 à son assassinat le 14 mai 1610. Premier souverain de la dynastie des Bourbons (qui règnera jusqu’à la Révolution), il jouera un rôle décisif dans la pacification du royaume après des décennies de guerres de religion.


NAISSANCE, ÉDUCATION ET ENFANCE


Henri IV naît au château de Pau dans la nuit du 12 au 13 décembre en 1553, à la demande de son grand-père, Henri II d’Albret, qui souhaite que son petit-fils et futur roi de Navarre vienne au monde sur ses terres.


Fils d'Antoine de Bourbon (1518-1562), premier prince de sang – descendant direct du roi Louis IX dit Saint-Louis-, et de Jeanne III d'Albret (1528-1572), héritière du royaume de Navarre, il grandit dans un environnement marqué par les tensions religieuses entre catholiques et protestants.



Baptisé catholique, à la béarnaise, le 6 mars 1554 (on donne au bébé une gousse d’ail et quelques gouttes de Jurançon, sa bonne réaction étant signe de bonne santé), mais élevé dans la foi protestante par sa mère, convertie à la Réforme en 1560, il reçoit une éducation humaniste et militaire qui le prépare aux responsabilités politiques.

Il quitte ainsi Pau pour la cour de France en 1561, afin d’apprendre à être roi – de Navarre pour le moment.


Cependant, ses parents se disputent souvent sur la religion à lui inculquer, et il retourne finalement vivre avec sa mère sur ses terres béarnaises en 1567.


UN MARIAGE ET DES GUERRES DE RELIGION


En 1572, à la mort de sa mère, Henri devient roi de Navarre. La même année, le 18 août, son mariage avec sa cousine Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX et fille de Catherine de Médicis, doit sceller une fragile réconciliation entre catholiques et protestants.



Malheureusement, cette union est suivie du massacre de la Saint-Barthélemy qui, dans la nuit du 23 au 24 août 1572, voit entre 15 000 et 30 000 protestants tués. Henri échappe de peu à la mort et se convertit brièvement au catholicisme pour survivre. Il vit alors sous surveillance à la cour avant de réussir à s'échapper en 1576 et à rejoindre ses terres pour reprendre la tête du parti protestant. Il s’engage alors dans une guerre contre le royaume de France dès 1580.


Il devient, à ce moment-là, un acteur majeur des guerres de religion qui déchirent le royaume de France. Mais en 1584, le roi Henri III n'ayant pas d'enfant, et son frère François, duc d’Alençon et dernier héritier en ligne directe, venant de mourir, Henri devient l'héritier présomptif de la Couronne de France.


L’ACCESSION AU TRÔNE


La Sainte Ligue catholique, menée par les Guise, et appuyée par l'Espagne de Philippe II, s'oppose à ce qu’Henri de Navarre monte un jour sur le trône, et remet en question l’autorité même du roi Henri III, contraint de fuir Paris en 1588.

Face à la menace, ce dernier désigne alors officiellement Henri de Navarre comme son successeur, et convoque les États Généraux qui s’ouvrent au château de Blois le 16 octobre 1588 pour tenter de rétablir son autorité. Le 23 décembre suivant, Henri III organise l’assassinat d’Henri de Guise, qui convoitait sa couronne, avant d’être lui-même poignardé par le moine Jacques Clément, fervent défenseur de la cause catholique, le 1er août 1589.



Henri de Navarre devient ainsi le roi de France Henri IV. Toutefois, son accession au trône est contestée par la Ligue catholique et une partie des Français qui refusent toujours de reconnaître un roi protestant. Les Guise tentent même de porter sur le trône l’oncle d’Henri, le cardinal catholique Charles de Bourbon. Néanmoins, ses victoires à Arques (1589) et Ivry (1590) consolident l’autorité du nouveau monarque, même si Paris reste aux mains des ligueurs.


Il n’a bientôt plus le choix. En 1593, pour rallier la majorité catholique du royaume, il abjure le protestantisme en la basilique de Saint-Denis, et se convertit au catholicisme. C’est là qu’il aurait prononcé la célèbre phrase : « Paris vaut bien une messe !». Ne pouvant accéder à Reims, ville du sacre des rois de France, Henri IV est sacré le 27 février 1594 dans la cathédrale de Chartres.



Paris l’accepte enfin et après être entré dans la capitale, il met progressivement fin à près de 40 ans de guerres de religions, notamment par la promulgation de l'édit de Nantes en 1598, garantissant la liberté de culte aux protestants. Son règne commence enfin réellement.


LE RÈGNE D’HENRI IV, LE « BON ROI »


En monarque absolu, Henri IV réduit les pouvoirs des gouverneurs militaires et des parlements (tribunaux), gagne leur obéissance en leur permettant de transmettre leur charge à leur descendance.


Ainsi libre de ses actes, il travaille à restaurer la prospérité du royaume. Avec l'aide de son ministre Sully, il développe l'agriculture, rétablit les finances, encourage l'industrie et le commerce. Il entreprend de grands travaux, modernise Paris et favorise la construction d'infrastructures.


À l’international, il lance la colonisation du Québec, et sur le plan diplomatique, il renforce la position de la France en Europe, et prépare une guerre contre les Habsbourg en s’alliant avec les princes italiens. Un projet qui sera peut-être la cause de son assassinat en 1610.


HENRI IV, LE « VERT GALANT »


Célèbre pour sa personnalité charismatique et ses nombreuses aventures amoureuses, il était surnommé le « Vert Galant ».


Marié à Marguerite de Valois dont il divorce en 1599, il épouse ensuite la riche Marie de Médicis, avec laquelle il aura six enfants, dont son successeur, le futur Louis XIII (règne 1610-1643).



On lui connaît cependant des dizaines de maîtresses, dont la célèbre Gabrielle d’Estrées (1573-1599), qui s’est vue un temps en future reine de France et avec qui il aura trois enfants ; Catherine Henriette de Balzac d’Entragues (1579-1633) qui lui donnera également trois enfants ; ou encore Jacqueline de Bueil (1588-1651), sa maîtresse officielle durant six années avec qui il aura un fils. La majorité de ses enfants extraconjugaux seront légitimés.


L’ASSASSINAT


Le règne du « Bon roi Henri » se termine soudainement le 14 mai 1610. Ce jour-là, alors qu’il se rend chez Sully, Henri IV est assassiné à Paris, rue de la Ferronnerie, par François Ravaillac. Si l’on pense à un fanatique catholique isolé – il dit qu’il a agi seul, même sous la torture -, beaucoup d’indices pointent vers un complot : une charrette était positionnée en travers de la route pour retenir le carrosse royal ; la veille, sa seconde épouse Marie de Médicis s’est faite sacrée reine de France à la basilique Saint-Denis, ce qui lui permet d’assurer la régence du royaume en cas de décès du roi ; le duc d’Épernon, qui se trouvait avec Henri IV, aurait peu agi lors de l’assassinat et aurait pris son temps avant d’arrêter Ravaillac.



Quoi qu’il en soit, son décès marque une rupture brutale, laissant son fils Louis XIII hériter du trône et le royaume sous la régence de Marie de Médicis.


Le règne d’Henri IV est marqué par un apaisement religieux et une reconstruction économique. Mais il a aussi marqué une étape essentielle dans la construction d'une monarchie plus forte et plus stable, posant les bases du règne absolu de son petit-fils, Louis XIV (règne 1643-1715).

LE CHÂTEAU DE PAU. DE HENRI IV À LOUIS XIII


Après avoir été sacré roi de France, Henri IV ne reviendra plus au château de Pau qui, à partir de 1592, est géré par un gouverneur nommé par le souverain pour le représenter.


Il faut attendre le règne de son fils, pour qu’un roi y revienne. Nous sommes alors en octobre 1620, et le jeune Louis XIII signe à Pau un édit attestant du rattachement officiel du Béarn et de la Navarre au royaume de France.

Mais dans le contexte de la centralisation monarchique, Pau perd de son importance politique. Le château est alors moins utilisé, marquant le début d'une période de relative quiétude.



UNE RÉSIDENCE ROYALE DÉLAISSÉE


Après l’union du Béarn et de la Navarre au royaume de France, le château de Pau perd peu à peu son statut de résidence royale et sera délaissé par les monarques français aux 17e et 18e siècles. Ses collections sont d’ailleurs rapatriées à Paris. Les gouverneurs successifs qui en ont la charge, tous, issus de la famille de Gramont, entretiennent, non sans difficultés, les lieux, qui subissent alors incendies et éboulements.


À la Révolution, le château échappe de peu à la démolition en mémoire du roi populaire qu’est Henri IV. Il est néanmoins transformé en caserne dès 1792, entraînant sa détérioration.


Si Napoléon 1er, de passage à Pau le 22 juillet 1808, imagine restaurer le château, finalement, ni lui, ni ses successeurs, Louis XVIII et Charles X, ne le feront. Son renouveau viendra au 19e avec la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe (1830-1848) qui entreprend sa restauration complète.



LOUIS-PHILIPPE ET LE RENOUVEAU DU CHÂTEAU DE PAU


Louis-Philipe d’Orléans, issu de la branche cousine des Bourbon régnant jusqu’à la Restauration, monte sur le trône après la révolution de Juillet 1830. Désireux de légitimer son règne et sa dynastie, il décide de transformer le château de Pau en un lieu glorieux dédié à la mémoire du populaire Henri IV, son aïeul.



Les travaux, commencés en 1838, vont durer dix ans. Les façades sont embellies et l’intérieur est redécoré dans le style Renaissance. Il s’agit de redonner au château sa splendeur d’antan, tout en intégrant aux évocations historiques, la modernité de l’époque.



Côté ouest, Louis-Philippe ajoute une tour en écho à celle déjà existante du 14e siècle - la tour Mazères – avec pour projet de créer ici l’entrée principale de la résidence royale. Côté est, il fait bâtir une chapelle attenante à la tour Fébus.

Louis-Philippe ne résidera jamais à Pau, contraint à l’abdication puis l’exil en 1848. Les travaux continueront alors sous la IIe République (1848-1852) et le Second Empire de Napoléon III (1852-1870).


LE CHÂTEAU DE PAU, RÉSIDENCE IMPÉRIALE


Sous le Second Empire (1852-1870), Napoléon III poursuit les évolutions du château, notamment en détruisant l’aile Est pour y créer une entrée principale néo-Renaissance majestueuse. Car c’est désormais par la ville que l’on entre au château, comme c’est encore le cas aujourd’hui.



Les décors des façades sont finalisés, et une tour de quatre étages est également élevée à droite du portique d’entrée.

Durant son règne, Napoléon III passera plusieurs séjours au château de Pau avec Eugénie. Pau est en effet idéalement placé entre l’Espagne natale de l’impératrice, les stations thermales des Pyrénées, et la côte basque (notamment Biarritz), très appréciés de la haute société française et européenne de cette deuxième moitié du 19e siècle.


Les travaux entrepris par Louis-Philippe et perpétués au Second Empire, seront finalement terminés au début de la IIIe République (1870-1940).


DU PALAIS RÉPUBLICAIN AU MUSÉE NATIONAL


Sous la IIIe République, le château devient palais présidentiel. D’ailleurs, en souvenir de son passage en 1891, le président de la République Sadi Carnot (1837-1894) offrira un vase en porcelaine de Sèvres toujours visible aujourd’hui dans la salle à Manger dite des Officiers.



Finalement, en 1929, le château de Pau devient un musée national dont l’architecture, les décors et les collections retracent l’histoire fascinante et millénaire des lieux et des personnages qui les ont habités, et en particulier le plus célèbre des palois : Henri IV.


Les pièces que l’on visite sont présentées dans leur version 19e siècle, mais évoquent la vie de celui qui fera la renommée de Pau jusqu’à aujourd’hui.


C’est un monument incontournable si vous visitez Pau !

VISITE DU CHÂTEAU DE PAU


La visite du château de Pau se fait, sauf exception, avec un guide. Et c’est très bien ! Car le parcours, les pièces et collections que l’on traverse, comme l’histoire des lieux nécessitent des explications. On apprend alors beaucoup sur le roi Henri IV, de sa naissance à son accession au trône, en passant par son enfance, sa vie de roi de Navarre puis de France, son mythe, ou encore son assassinat qui soulève encore des questions. Tapisseries, mobilier, sculptures, tableaux et objets d’art… tout, dans chaque salle, semble lui rendre hommage.


LE REZ-DE-CHAUSSÉE, DE LA RENAISSANCE À LA RÉPUBLIQUE


La visite guidée débute par le rez-de-chaussée où se mêlent les éléments originaux se mêlent aux décors néo-Renaissance du 19e.


LES CUISINES


Nous sommes ici transportés dans les anciennes cuisines construites en 1530 par Henri II d’Albret et Marguerite d’Angoulême. Les voûtes et les deux grandes cheminées pouvant accueillir un bœuf entier sont d’origine. Au centre, une maquette représente le château et la ville alentour.



Cette maquette de Pierre Saget, réalisée vers 1830, témoigne de l’état du palais avant les travaux de Louis-Philippe et permet une introduction à l’histoire des lieux.


SALLE À MANGER DES OFFICIERS DE SERVICE


Logiquement attenante aux cuisines : la salle à manger. Cependant, à la Renaissance, il n’existait pas de telle pièce réservée au repas. Le plateau et les tréteaux qui permettaient de « dresser » la table pouvaient être installés à divers endroits du château. La salle à manger où nous nous trouvons, bâtie en lieu et place d’un ancien cellier, date de Louis-Philippe.



Si les voûtes à croisée d’ogives sont du 16e siècle, le reste des décors sculptés et le mobilier – les chaises et la table à tréteaux - de style néo-Renaissance sont du 19e, tout comme les statues d’Henri IV et de son ministre des Finances, Sully, réalisées en carton-pierre – un matériau imitant le bronze et beaucoup moins onéreux.


Enfin, témoin de l’époque où le château devient un palais républicain, le vase en porcelaine de Sèvres offert en 1891 par le Président Sadi Carnot trône devant une des fenêtres.


LA SALLE AUX CENT COUVERTS


Ancienne salle des gardes du Roi, où, le 20 octobre 1620, Louis XIII aurait signé le rattachement de la Navarre et du Béarn au royaume de France, cette immense pièce est transformée en salle à manger de réception au 19e siècle.

On la surnomme la salle aux cent couverts car la grande table centrale à tréteaux, imaginée dans un style 16e siècle, peut accueillir plus de cent convives.



Tout autour de nous, les murs sont ornés de tapisseries de la manufacture des Gobelins : « Les Mois Lucas », commandés par Louis XIV à la fin du 17e siècle, et une 7e version de la tenture des « Chasses de Maximilien » réalisées au 18e. Il s’agit ici d’évoquer les activités d’Henri IV, grand amateur de chasse.



La présence du « Bon roi » est également mise en lumière par une statue majestueuse en marbre de Carrare le représentant en roi guerrier et victorieux. Sculptée par Pierre de Franqueville en 1605 pour la reine Marie de Médicis, elle a été installée ici au Second Empire.


LE PREMIER ÉTAGE : LES APPARTEMENTS ROYAUX ET IMPÉRIAUX


La suite de la visite nous mène dans les étages, vers les appartements royaux et impériaux réaménagés au 19e siècle par Louis-Philippe, toujours dans un style Renaissance et des décors évoquant la figure d’Henri IV.


L’ESCALIER D’HONNEUR


Cet escalier date de la Renaissance et du règne d’Henri II et Marguerite d’Angoulême. D’ailleurs, on remarque leurs initiales, le « H » et le « M’ », réunies par les liens de l’amour, et sculptées sur la voûte et à l’intérieur d’une frise au mur.



Innovation de l’époque, l’escalier est droit, contrairement à ceux en colimaçon qui se faisaient alors. En haut du premier palier, une statue d’Henri IV accueille les visiteurs. Commandée par son fils, Louis XIII, elle a été sculptée par Barthélémy Tremblay et Germain Gissey au 17e siècle.


LE SALON D’ATTENTE


Cette pièce et la suivante constituaient la salle du trône des rois de Navarre. Elle a été séparée en deux pièces distinctes au 19e. La première d’entre elles, où nous sommes, devient ainsi le salon d’attente. Sous la Monarchie de Juillet, les invités y attendaient d’être reçu dans les espaces de réception attenants.



Les décors et le mobilier néo-Renaissance accueillent des tapisseries des Gobelins rappelant, ici aussi, les activités à la cour d’Henri IV (la chasse, les chevaux), tandis que les boiseries du plafond reprennent les initiales sculptées d’Henri II d’Albret et Marguerite d’Angoulême.


Quant au lustre néo-gothique, sur lequel ont été placés les blasons de Navarre, de Foix et du Béarn, il était initialement prévu pour les salles des Croisades du musée de l’Histoire créé par Louis-Philippe au château de Versailles.



GRAND SALON DE RÉCEPTION


Deuxième partie de ce qui fût la salle du Trône des rois de Navarre, le Grand Salon doit accueillir au 19e siècle les invités et la cour de Louis-Philippe les soirs de réception. C’est aussi ici que fût baptisé le futur Henri IV le 6 mars 1554. Dans la tradition des baptêmes béarnais, le nouveau-né royal dû goûter une gousse d’ail avant de boire quelques gouttes de vin de Jurançon. La bonne réaction du bébé à ces sollicitations quelques peu agressives pour son jeune palais devait définir sa robustesse et sa vitalité pour le futur.



Seule la cheminée Renaissance est conservée des anciens décors du château. Le reste date de la Monarchie de Juillet. Les deux lustres néo-gothiques appartiennent à la même série que celui de la pièce précédente, le mobilier est signé des ébénistes de Louis-Philippe, Jeanselme et Bellangé, tandis que les tapisseries des Gobelins (« Les Mois Lucas » du 17e et « Les Chasses de Maximilien » du 18e) continuent de faire référence aux activités de la cour d’Henri IV. La statue du jeune Henri IV en bronze fût, quant à elle, réalisée par Joseph Bosio sous la Restauration (1814-1830).


Ce grand salon de réception est magnifique et de nombreux détails s’y cachent. Prenez le temps de tout observer, notamment les vases 19e évoquant Henri IV (comme la mise en place de sa statue au Pont Neuf à Paris), mais aussi les sublimes et rares vases-cages de Chine datant du premier quart du 18e siècle et installés ici, sur la cheminée, sous le Second empire.



LE SALON DE FAMILLE


La suite de la visite nous conduit dans la partie privative des appartements royaux et impériaux du 19e siècle, à commencer par le salon de Famille.


On est ici dans une pièce typiquement aménagée dans un style Second Empire où le confort et l’excès de décors s’accordent en une atmosphère à la fois luxueuse et chaleureuse. On remarque ainsi des fauteuils crapauds, typiques de cette époque, et un sublime billard français en marqueterie datant de 1830.



Cette pièce est néanmoins l’une des plus importante du château par son histoire. En effet, si le deuxième étage accueille aujourd’hui une salle créée au 19e siècle pour évoquer la naissance du futur Henri IV, c’est pourtant bien ici que le futur roi de France et de Navarre serait né dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553.


Henri IV apparaît d’ailleurs ici dans un tableau de Gustave Housez représentant son assassinat par Ravaillac à Paris le 14 mai 1610.


LA CHAMBRE DU ROI ET DE L’EMPEREUR


Cette chambre, dont les décors et aménagements néo-Renaissance et néo-Gothique ont été créés pour Louis-Philippe, sera surtout utilisée par l’empereur Napoléon III lors de ses séjours palois.


Mais sa destination ne date pas d’hier. Cette pièce aurait en effet servi de chambre à coucher pour le vicomte du Béarn Gaston Fébus au 14e siècle puis aux rois de Navarre.



Parmi les œuvres remarquables qu’elle accueille, on observe un magnifique bargueño du 17e siècle, un secrétaire portatif espagnol ultra-décoré et précieux avec ses tiroirs, coffrets et autres rangements secrets (d’ailleurs, le mot « secrétaire » vient des « secrets » que l’on y cache).


L’APPARTEMENT DE L’IMPÉRATRICE


Après ceux de l’empereur, le parcours se poursuit par les appartements de l’Impératrice Eugénie, aménagés en 1840 pour la reine Marie-Amélie qui ne les utilisera jamais. Afin de créer un boudoir, une chambre, une antichambre ou encore une salle de Bain et des espaces réservés aux domestiques, les architectes ont divisé l’ancienne chambre des reines de Navarre.



Les décors, les boiseries, les cheminées et le mobilier imitent le style Renaissance originel du château, tout en répondant, par leur modernité, à l’exigence de confort attendue sous la Monarchie de Juillet comme au Second Empire.


LE BOUDOIR

La première pièce que l’on observe est le boudoir de l’impératrice, dont le buste trône sur la cheminée. Ici, coiffeuse, nécessaire de toilette en porcelaine de Sèvres et assises confortables attestent de l’intimité des lieux.



LA CHAMBRE À COUCHER

La pièce suivante est la chambre à coucher de l’impératrice. Conçue dans le même style que le boudoir, on peut y découvrir le lit à baldaquin à colonnes vrillées d’Eugénie, une magnifique cheminée, ou encore un ensemble de mobilier (commode, fauteuils) toujours réalisé dans un style néo-Renaissance.



LA SALLE DE BAIN

Suit un type de pièce qui n’existait pas au temps de la création du château de Pau : la salle de Bain de l’impératrice. Grande cheminée, fauteuils et boiseries… au premier coup d’œil, on ne voit aucune baignoire : curieux pour une salle de bain !



En réalité, le 19e étant une époque pudique, on ne souhaite pas montrer aux yeux de tous cet élément qui évoque la nudité de l’impératrice. Il faut ainsi tirer la banquette que l’on aperçoit au fond de la pièce pour révéler une splendide baignoire en marbre des Pyrénées.


LE CABINET DE PEINTURE

Pour clore l’appartement de l’Impératrice, le parcours nous ouvre les portes d’une ancienne chambre de domestique d’Eugénie, aujourd’hui transformée en cabinet de peinture. Tous réalisés au 19e siècle, ces tableaux évoquent divers côtés de la légende d’Henri IV.



On gravit ensuite un escalier en colimaçon du 15e siècle pour gagner le deuxième étage.


LE DEUXIÈME ÉTAGE : HOMMAGE À HENRI IV


Ces espaces, qui au 19e faisaient partie de l’appartement du commandant militaire du château, évoquent la figure d’Henri IV, sa vie et son entourage.


LE CABINET BOURBON


On retrouve ici des portraits des parents d’Henri IV, ou encore de Catherine de Médicis, reine de France et mère de sa première épouse, Marguerite de Valois.



LA SALLE MARQUET DE VASSELOT


Son nom vient du conservateur du musée du Louvre qui permettra au musée du château de se développer. On observe ici des peintures des 16e, 17e et 18e siècles qui évoquent les différentes facettes de la vie d’Henri IV : son enfance, les guerres de religion, ses épouses (Marguerite de Valois puis Marie de Médicis), ses maîtresses, parmi lesquelles la célèbre Gabrielle d’Estrées…



LA CHAMBRE DE JEANNE D’ALBRET


Cette pièce est appelée à tort « chambre de Jeanne d’Albret », car celle qui fût reine de Navarre entre 1555 et 1572 ne dormait pas dans cette partie du château – on a vu que sa chambre se situait à l’étage du dessous. En réalité, cette salle historique a été créée au 19e siècle pour évoquer l’appartement de la mère du futur Henri IV, personnalité incontournable du château.



On pourrait penser que le lit Renaissance est un original. Mais un détail trahi sa date de fabrication. S’il est bien gravé « 1562 » sur la partie haute du baldaquin, la présence de sculptures de la vierge et de saint Jean-Baptiste sur les colonnes du lit indique qu’il n’est pas contemporain de la reine. C’est en effet en 1560 que Jeanne d’Albret se convertit au protestantisme. Or, les Protestants refusant l’idolâtrie, un lit fabriqué pour elle en 1562 ne saurait exposer de telles représentations d’un saint ou de la mère du Christ.


LA CHAMBRE NATALE D’HENRI IV


Le nom de cette pièce a de quoi surprendre. On a en effet vu que le futur souverain était né dans l’actuel salon de Famille du château. En réalité, ici encore, il s’agit d’une salle historique, créée au 19e pour évoquer la naissance du « Bon roi Henri ».



Le lit néo-Renaissance, à droite, rappelle les lits des accouchements royaux qui se faisaient en public. Spécifiquement surélevés, ces lits devaient permettre à l’assistance de confirmer que le bébé présenté comme le futur roi était bien celui auquel venait de donner naissance la reine et qu’il n’y avait pas eu de substitution.


Mais l’œuvre phare de la pièce et de la visite est surtout la carapace de tortue de mer présentée ici comme étant le berceau du jeune Henri de Navarre.

LA LÉGENDE DU BERCEAU-CARAPACE D’HENRI IV

Cet objet emblématique du château de Pau, redécouvert au 18e siècle où, jusqu’à la Révolution, on le vénère et l’expose lors des grandes festivités, symbolise la dimension légendaire d'Henri IV. Si elle faisait bien partie des collections des rois de Navarre dès le 16e siècle, rien ne dit que cette carapace a bien accueilli le futur roi de France. On sait cependant qu’à l’époque, on pensait que ces carapaces de tortues de mer, rares, utilisées comme berceaux, transmettaient aux nouveau-nés les qualités supposées de l’animal : sagesse, persévérance et longévité.



Quoi qu’il en soit, cette carapace de tortue, qui échappera à la destruction pendant la Révolution, sera considérée comme une relique d’Henri IV jusqu’au 19e siècle où, en 1822, elle sera ornée d'un décor guerrier, avec six lances dorées rappelant les exploits militaires du souverain, et des étendards illustrant l'union des couronnes de France et de Navarre.


Il est ensuite placé dans cette chambre spécialement créée sous la Monarchie de Juillet. Finalement, qu'il ait réellement accueilli le futur roi ou non, il demeure un puissant témoignage du culte qui a existé et existe encore autour d'Henri IV.


Elle permet aussi de conclure en apothéose la visite guidée du château de Pau.

MON AVIS


C’était la première fois que je découvrais le château de Pau, et si je savais qu’il était intimement lié au célèbre roi Henri IV, je n’avais aucune idée de la richesse de son histoire et de ses collections.


Au départ, le fait qu’il ne se parcourt qu’en visite guidée m’a un peu étonné, mais après coup, je comprends : il est indispensable d’avoir les bonnes explications pour bien le comprendre et en explorer tous les secrets.


Je recommande vivement de le visiter, et de poursuivre ensuite dans ses jardins, avant de découvrir le reste de la ville qui vaut qu’on s’y attarde.

INFORMATIONS PRATIQUES


  • Quoi ? Musée national et domaine du château de Pau

  • Quand ? Tous les jours

    9h30 à 11h45 & de 14h à 17h

  • Où ? Rue du Château - 64000 PAU

  • Combien ? Plein tarif : 7 € / Tarif réduit : 5,50 €

    Sauf exception (l’été notamment), le château ne se visite qu’avec un guide.

    Toutes les informations complémentaires sur le site du château de Pau.


SOURCES



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