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LE MUSÉE LAMBINET: ART, HISTOIRE(S) ET MERVEILLES DE VERSAILLES DU 17e AU 20e SIÈCLE

Dernière mise à jour : 14 févr.


De Versailles, on connaît toutes et tous le célèbre château. Mais la ville francilienne, qui s’est développée autour du palais du Roi Soleil, n’a pas à rougir de son remarquable patrimoine historique (hôtels particuliers, églises, musées…), ni de sa riche programmation culturelle.

 

Le musée Lambinet, situé à quelques minutes de la gare Versailles Rive-Droite et du château, compte ainsi parmi les trésors dont regorge la ville. Mais s’il accueille aujourd’hui le musée d’art et d’histoire de la ville de Versailles, et ce depuis plus de 90 ans, l’hôtel Lambinet est d’abord un lieu chargé d’histoire, et un témoin des demeures aristocratiques ou bourgeoises versaillaises, comme des arts décoratifs, du milieu du 18e siècle.



Lors de ma visite, j’ai pu m’entretenir avec Raphaële Fresnais, chargée de Communication du musée, qui a partagé avec moi l’histoire et les clés de visite de l’hôtel Lambinet. Une interview à retrouver en podcast sur ce site et sur les plateformes d’écoutes habituelles.

 

DE LHÔTEL AU MUSÉE

 

L’histoire du musée Lambinet, et avant lui, de l’hôtel lui-même, commence en 1752, en plein cœur du règne de Louis XV (règne: 1715-74). Joseph Barnabé Porchon, entrepreneur des Bâtiments du roi, décide de se faire construire un hôtel particulier dans le pur style rocaille (ou Louis XV) en vogue à l’époque. Il choisit pour cela un terrain situé sur l’ancien étang asséché de Clagny, non loin du château, au niveau de l’actuel 54 boulevard de la Reine. En réalité, l’entrée se faisait alors du côté de l’actuelle rue Baillet Reviron, le boulevard se situant, lui, côté jardin. Un très joli jardin à la française situé à l’arrière de la demeure, comme cela se faisait alors, et qui accueille aujourd'hui les visiteurs.



Après une succession de propriétaires, l’hôtel est acquis par la famille Lambinet en 1852. Originaires de l’est de la France, les Lambinet ont fait fortune à Versailles dans les années 1780 comme tailleurs, puis dans le commerce de draps. Alors que Jean-François Lambinet est élu maire de la ville en 1848, son fils, Victor Lambinet (1813-1894), décide d’acheter l’ancien hôtel de la famille Porchon. Cet ancien avocat, désormais juge au tribunal de Versailles, choisit de ne pas habiter sa nouvelle acquisition mais de la lotir en plusieurs appartements qu’il va louer. Ce n’est qu’après sa mort et celle de son épouse, Anaïs Caroline, que l’hôtel redeviendra la résidence d’une seule famille, celle de son fils Victor Félicien Lambinet (1846-1908), qui s’y installe avec son épouse Nathalie Clarisse Sinclair (1857-1926) et leur fils Pierre Félicien (1898-1911).

 


Malheureusement, Victor s’éteint en 1908, et Pierre meurt prématurément en 1911 à l’âge de douze ans. Nathalie Lambinet se retrouve seule héritière de l’hôtel qu’elle occupe jusqu’à sa mort en 1926 et qu’elle lègue à la ville de Versailles à la condition qu’il devienne musée. Si la majeure partie des collections de la famille est vendue par les autres légataires officiels, messieurs Dagincourt et Dénériaz, amis de la famille, le reste est conservée par le musée Houdon situé dans la bibliothèque municipale de Versailles, où était jusqu’alors exposées et conservées les œuvres d’art de la ville, issue de saisies révolutionnaires mais aussi de dons et de legs privés. Après des travaux d’aménagement pour faciliter l’accueil du public, on décide de transférer l’ensemble des collections municipales de tableaux, sculptures, mobilier et objets d’art dans l’hôtel qui devient le musée Lambinet, inauguré le 13 juin 1932.

 

À LA DÉCOUVERTE DU MUSÉE MODERNISÉ

 

En 2022, malgré quelques restaurations antérieures, l’hôtel doit être rénové et modernisé pour des raisons de conservation mais aussi pour mieux valoriser les œuvres et accueillir les visiteurs. Ainsi, après une série de travaux et de réaménagements, le musée Lambinet inaugure un nouveau chapitre, 90 ans après son ouverture.



Nouvelle scénographie, nouvel accrochage, nouveau parcours de visite: au fil des 35 salles d’exposition, on explore d’abord l’histoire de cet hôtel particulier emblématique du 18e siècle versaillais, avant de plonger dans la richesse de ses collections d’œuvres d’art, de meubles et d’objets allant du Moyen-Âge au milieu du 20e siècle.

 

Après une introduction rappelant l’histoire des lieux, de ses propriétaires et de ses collections, le rez-de-chaussée ouvre sur une salle dédiée aux expositions temporaires, puis sur une autre, la salle de l’Hôpital, qui présente un ensemble de pièces et objets d’apothicaires du 17e et 18e siècles (cette salle était fermée lors de ma visite).



Deux espaces suivent alors: un premier regroupe les collections d’œuvres d’art des 17e, 18e et 19e siècles, léguées à la ville de Versailles par l’actrice Louise Thiry en 1898 (cet espace était en cours de rénovation lors de ma visite);  un second présente la reconstitution du salon Vert de l’appartement parisien de Julia Bartet (1854-1941), pensionnaire de la Comédie Française dont la collection sera acquise après sa mort par le musée en 1942: décors, tableaux, boiseries, meubles et objets d’art, tout, ici, immerge le visiteur dans l’atmosphère délicate d’un salon du 18e siècle.



Une atmosphère qui va se prolonger jusqu’au premier étage, où est reconstitué un appartement bourgeois 18e, comme il en existait à l’époque de la construction de l’hôtel. Car nous ne sommes pas ici dans une résidence royale ou princière, mais bel et bien dans une demeure bourgeoise. Et c’est ce qui fait le charme et l’intérêt de cet appartement: au fil des pièces -salle à Manger, chambre, boudoir, salon Doré, cabinet de Travail- le visiteur est invité à découvrir l’art de vivre au siècle de Louis XV et Louis XVI à travers les aménagements, les décors et les objets d’une famille de la riche bourgeoisie versaillaise.



Le premier étage se poursuit par les collections permanentes du musée qui régaleront les amateurs d’art, de mobilier et d’arts décoratifs: peintures (Pierre Mignard, Nicolas Bertin, Carle Van Loo), sculptures (très belle collection de pièces signées Jean-Antoine Houdon), objets précieux (éventails, boutons, bijoux, coffrets, bonbonnières…), objets d’art (très belle série d’horloges, vaisselle, argenterie), meubles de menuiserie (belle présentation de commodes et de chaises). Si l’ensemble est principalement daté des 17e et 18e siècles, la dernière salle de l’étage propose d’aller plus loin en évoquant les arts du 19e -peinture et sculpture.



La visite du musée Lambinet nous conduit ensuite au deuxième étage. C’est ici que se termine le parcours, par cette succession de salles qui permettent d’explorer l’histoire de la ville de Versailles et de comprendre son développement et ses évolutions au fil des siècles et des événements qui ont marqué l’histoire de France. Le visiteur est ainsi transporté des origines du château de Versailles sous l’ancien régime, avec Louis XIII (règne: 1610-1643) et surtout Louis XIV (règne: 1643-1715), jusqu’à la Révolution Française, dont l’impact a été plus que déterminant pour cette ville qui, jusqu’alors, vivait au rythme de la monarchie; puis du Premier Empire (1804-1815) de Napoléon 1er à la Restauration (1815-1830) de Louis XVIII et Charles X, à laquelle succèdera la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe (1830-1848); et enfin du Second Empire (1852-1870) de Napoléon III à la République qui s’installe définitivement entre la fin du 19e siècle et le début du 20e.



La visite se termine donc ici… ou, s’il y en a une lors de votre venue, par une visite de l’exposition temporaire du moment - jusqu’au 25 février 2024, il s’agit de l’exposition «Alexandre-Jean Dubois-Drahonet (1790-1834), un talent retrouvé», qui présente près de 70 œuvres de ce peintre versaillais peu connu. Plus d’information à ce sujet dans l’article et le podcast dédiés sur ce site.



 

INTERVIEW: L’HÔTEL LAMBINET PAR RAPHAËLE FRESNAIS, CHARGÉE DE COMMUNICATION DU MUSÉE

 

Retrouvez ci-dessous un extrait de cette interview, et l’intégralité dans le podcast dédié, ici.

 

Q1. Bonjour Raphaële, vous êtes chargée de communication, ici, au musée Lambinet, connu aussi comme le musée d’art et d’histoire de la ville de Versailles.

Alors, quand ils viennent à Versailles, beaucoup de touristes ou de visiteurs ne pensent bien souvent qu’au château de Louis XIV. Mais en réalité, il y a beaucoup d’autres lieux d’histoire et de culture à découvrir, ici, à Versailles, et notamment le musée Lambinet, dont les espaces mêmes racontent une ou plusieurs histoires, au-delà des collections qui y sont présentées. En effet, nous sommes, ici, dans un ancien hôtel particulier du milieu du 18e siècle, et donc, pour commencer, j’aurais aimé que vous nous racontiez, en quelques mots, son histoire, les différents propriétaires qui s’y sont succédé, et comment il est devenu le musée que l’on connaît aujourd’hui.

 

Bonjour Igor ! Merci d’être venu nous rendre visite.

Nous nous trouvons en effet dans un hôtel particulier construit à la demande de Joseph-Barnabé Porchon en 1752. Ce dernier était entrepreneur des Bâtiments de Louis XV. Si vous jetez un coup d’œil au fronton de l’hôtel, vous apercevrez d’ailleurs des angelots munis d’outils représentatifs de son métier d’architecte (un compas, une équerre…).

 

Cet hôtel est passé en différentes mains jusqu’en 1852, date à laquelle l’hôtel Porchon est vendu au magistrat versaillais Victor Lambinet. Il n’y habite pas, et le divise en appartements afin de les louer. Son fils Victor Félicien, reprend la totalité de l’hôtel particulier à la mort de ses parents et y habite avec son épouse Nathalie et leur fils Pierre Félicien.

 

S’ensuivent une série de décès tragiques, d’abord Victor-Félicien et le jeune Pierre Félicien âgé de 12 ans. Nathalie Lambinet se retrouve donc seule dans son hôtel particulier. Elle meurt sans descendance en 1926 avec la volonté de léguer sa demeure à la ville de Versailles afin d’en faire un musée. Si ses collections d’œuvres d’art sont malheureusement dispersées par ses légataires testamentaires, son souhait de créer un musée ici est respecté. Les collections beaux-arts de la ville conservées auparavant au musée Houdon, au sein de la Bibliothèque municipale sont apportées ici et le musée ouvre en 1932.

 

Q2. Comme nous le disions, le musée Lambinet est le « musée d’art et d’histoire de la ville de Versailles ». Il a été rénové et rouvert le 3 décembre 2022, il y a un peu plus d’un an, avec une nouvelle scénographie, un nouvel accrochage et un nouveau parcours de visite. Afin que l’on comprenne bien ce que l’on peut y découvrir, j’aimerais que vous nous précisiez les spécificités du musée Lambinet, ce que l’on peut y trouver, comment s’organise le parcours de visite, quelle est la particularité de ses collections, ou encore quels sont les objectifs d’un tel lieu culturel.

 

En effet, aucun travaux n’avait été réalisés depuis 30 ans. L’objectif premier a été de remettre au premier plan le mobilier et les objets d’arts, trop longtemps considéré comme les faire-valoir de la peinture. Nous avons choisi des couleurs, des matières et du mobilier scénographique innovant et dans l’air du temps afin de ravir les yeux de nos visiteurs mais aussi (et on n'y pense pas assez) de faciliter le travail d’entretien des collections mené par le régisseur du musée chaque jour afin de conserver ces merveilleux objets le plus longtemps possible.

 

Le nouveau musée se compose en trois niveaux, le rez-de-chaussée avec l’histoire du bâtiment et de ses collections, le premier étage propose la restitution d’un appartement bourgeois du 18e siècle, permettant ainsi de voir comment vivaient une famille bourgeoise à Versailles sous Louis XV, mais surtout huit salles consacrées à l’histoire de l’art, de la peinture, de la sculpture, des objets d’arts, bijoux, mobilier etc. Le dernier niveau est dédié à l'histoire de la ville de Versailles à travers nos collections, de l'ancien régime au XXe siècle avec un focus important sur la Révolution.

 

Nous disposons également de quatre salles d’expositions temporaire dans lequel nous organisons une grande exposition par an. Comme en ce moment avec Alexandre-Jean Dubois-Drahonet.

 

Au-delà de l’aspect esthétique, qui est très présent, nous avons à cœur que notre public se sente comme chez lui. La signalétique a ainsi été conçue pour une compréhension plus simple du parcours.

 

Notre équipe de médiation travaille d’arrache-pied pour rendre le musée actif et attractif : Les mercredis et samedis, les parents peuvent réserver des créneaux en atelier créatif pour des groupes d’enfants ou des anniversaires. L’année est ponctuée de visites guidées, d’ateliers pendant les vacances scolaires et d’événements spéciaux comme la Nuit des musées et la Fête de la musique. Nous travaillons aussi sur une programmation pour satisfaire les actifs, ceux qui, comme nous, n’ont pas le temps d’aller au musée, avec un concept qui a fait ses preuves en 2023 : Arts & Vin.

 

Le jardin est aussi ouvert et gratuit l’été, si les Franciliens veulent y venir bouquiner ou profiter d’un transat… J’invite donc vos auditeurs à nous suivre sur Instagram où toutes les actualités du musée sont postées !

 

Q3. Alors, j’aimerais maintenant vous poser une question plus personnelle. Si vous êtes d’accord, j’aimerais que vous nous partagiez vos coups de cœur du musée : par exemple, votre salle favorite, celle que vous préférez au sein du parcours de visite ; mais aussi, peut-être, une ou deux œuvres incontournables sur lesquelles vous nous recommandez de nous attarder.

 

C’est difficile de choisir ! Appréciant particulièrement l’histoire du 18e siècle, je dois dire que j’aime passer du temps dans l’Appartement 18e du premier étage. Les horloges y fonctionnent, c’est un endroit où l’on voyage aisément dans le temps. J’aime aussi énormément la salle dédiée à la peinture du XIXe siècle, que je trouve très réussie. Les couleurs et le type d’accrochage choisies par mes collègues met particulièrement les œuvres en valeur. En réalité j’aime de nombreux endroits du musée pour différentes raisons, et selon les saisons et les heures de la journée, certaines pièces ont une atmosphère toute particulière.

 

MON AVIS

 

Que vous soyez féru d’histoire, d’art ou simplement curieux, le musée Lambinet ne peut que vous séduire: par la richesse de ses collections, l’esthétique de ses appartements et de son architecture, ou encore la beauté de son jardin à la française, mais aussi par ses actualités régulières – expositions temporaires, ateliers, animations, conférences…

 

Pour ma part, j’ai un petit faible pour l’appartement du 18e reconstitué, et pour la série d’horloges exposées au premier étage du musée.

 

Tout le programme des animations, visites, conférences et expositions est disponible sur le site du musée.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

Le Musée Lambinet est ouvert du mercredi au vendredi de 12h à 19h

Et le week-end de 10h à 19h

 

Rendez-vous sur le site du musée.

 

SOURCES

 

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