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ANECDOTE: LA NAISSANCE DE NOS MUSÉES

Lorsqu’il s’agit de musées, la France bat tous les records avec plus de 1200 établissements répartis sur l’ensemble du territoire. Mais du plus petit musée du monde situé à Albaret-Sainte-Marie, en Lozère, au musée du Louvre, à Paris, le plus grand et le plus célèbre, connaissez-vous leur origine historique?

Commençons par un peu d’étymologie. Le mot musée vient du grec ‘museion’ qui désigne le «Temple des Muses». Ces neuf muses, filles de Zeus, représentent les arts libéraux, ces matières principales d’enseignement dans l’Antiquité -de la poésie lyrique ou épique à la danse, de la musique au chant, de la rhétorique à la grammaire, de la comédie à la tragédie, de l’histoire à l’astronomie, de la géométrie à l’arithmétique… Une origine mythologique qui correspond bien à la définition actuelle du musée : lieu de valorisation du patrimoine culturel passé ou contemporain, à travers l’exposition et la conservation de collections d’objets d’intérêt historique, technique, scientifique et artistique.


Mais s’il nous paraît aujourd’hui banal d’arpenter leurs allées, il faut savoir que les musées tel que nous les connaissons ont une histoire plus récente qu’on peut le croire.


Tout commence cependant à la fin du Moyen-Âge. Dès le 13e siècle, les rois -comme Charles V (règne 1384-80)-, les princes et les ducs du royaume -comme le duc de Berry (1340-1416), frère du même Charles V- se servent du mécénat d’art pour démontrer leur puissance.


Mais c’est à la Renaissance, par imitation avec les princes italiens, que les rois de France vont officiellement s’inscrire dans un mécénat renforcé et engagé. Via ses campagnes italiennes, François 1er (règne 1515-47) va ainsi non seulement rassembler des œuvres mais aussi soutenir financièrement des artistes comme Léonard de Vinci qu’il fait venir à la Cour. Il fait aussi appel à des peintres et architectes italiens pour décorer les châteaux royaux, comme le Primatice ou le Rosso à Fontainebleau. Au 16e siècle, Henri IV (règne 1589-1610) fait, lui, bâtir la Grande Galerie du Louvre pour accueillir les collections royales qui s’agrandissent.


Mais c’est Louis XIV (règne 1643-1715) qui donne au mécénat royal ses lettres de noblesse. Il met au cœur de son pouvoir le développement des savoir-faire artisanaux et artistiques qui feront le prestige de la France: il enrichit les collections royales et s’entoure des plus grands artistes de son temps: les musiciens Jean-Baptiste Lully et Marc-Antoine Charpentier; les peintres Charles Le Brun ou Hyacinthe Rigaud; les sculpteurs François Girardon et Antoine Coysevox; les architectes Louis Le Vau et Jules Hardouin Mansart… Le Roi Soleil commandera également nombre de mobilier aux ébénistes Alexandre-Jean Oppenordt ou, bien sûr, au célèbre André-Charles Boulle, mais aussi des œuvres et objets d’art pour ses différents châteaux, du Louvre à Versailles, Fontainebleau ou Marly, dont il décore les intérieurs et les jardins (ici avec l’aide d’André Le Nôtre) pour mettre en lumière la gloire de la couronne et sa puissance de monarque absolu.

Mais ces collections royales restent plutôt privées et confidentielles. Ainsi, dès 1661, lorsque le Roi Soleil envisage des travaux à Versailles, qui n’est encore que l’ancien relais de chasse de son père Louis XIII, il réfléchit aussi à exposer ses collections d’œuvres d’art et de bijoux dans ce château qu’il ambitionne d’agrandir. C’est chose faite en 1682, année durant laquelle il s’installe définitivement avec sa cour à Versailles. Dans les appartements intérieurs qu’il a fait construire en retrait de ses appartements officiels, Louis XIV va exposer ses plus beaux tableaux, ses bijoux les plus précieux et ses livres les plus rares, mais aussi une collection de médailles retraçant l’histoire de France et des objets que les ambassadeurs étrangers lui ont offert. Sous le règne du Roi Soleil, seuls sa famille et quelques privilégiés, amateurs d’art comme lui, sont alors invités à visiter ces espaces d’exposition privés.


En réalité, c’est au 18e siècle, avec les Lumières, que les collections des plus fortunés commencent à s’exposer au public dans des Galeries parisiennes ou des cabinets, dits ‘cabinets de curiosités’, qui rassemblent œuvres d’arts et autres curiosités scientifiques. En parallèle, des musées ouvrent à l’étranger comme le British Museum à Londres.

British Museum, Londres

En France, c’est la Révolution qui va tout changer. Les biens et domaines royaux, comme ceux de l’Eglise et des nobles en fuite, sont saisis et nationalisés. Un inventaire des œuvres d’intérêt historique, artistique et scientifique est établi et en 1793 trois grands musées sont créés: le Musée Central des Arts au Louvre, le Musée des Sciences et le Muséum d’Histoire Naturelle.


Sous le Consulat et le Premier Empire de Napoléon (entre 1799 & 1815), les grandes villes de France mais aussi les villes des pays européens annexés par l’Empire comme Bruxelles ou Genève, vont recevoir le dépôt d’œuvres appartenant à l’État pour garnir leurs musées. Cette politique d’organisation et de répartition des collections nationales dans les musées va s’amplifier et se développer au 19e et au 20e siècles.


Après la Seconde Guerre Mondiale, le développement des musées et leur diversité va s’accroître avec notamment la naissance de grands projets (Centre Pompidou, Musée d’Orsay, Grand Louvre, MUCEM…).

Il faudra cependant attendre la loi du 4 janvier 2002 pour qu’un statut spécifique définisse les «musées de France» comme des institutions répondant à des critères scientifiques et culturels précis qui garantissent la qualité des établissements et des œuvres.


Maintenant que vous en savez plus, je vous donne rendez-vous dans vos musées favoris pour explorer la richesse de notre patrimoine culturel!

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