À des milliers de kilomètres de la capitale française, au 1600 Pennsylvania Avenue à Washington D.C., la Maison Blanche s’impose aux yeux du monde avec son architecture Georgienne (un style architectural anglophone de 1720 à 1840), sa célèbre rotonde et, bien sûr, la couleur blanc immaculé de ses murs de grès.
Pourtant, le bâtiment, qui tient lieu de résidence officielle des présidents américains depuis John Adams (2e président) en 1800, pourrait avoir une inspiration toute française, et même plusieurs !
LA MAISON BANCHE : UNE RÉSIDENCE POUR LE PRÉSIDENT
Avant la naissance de Washington D.C. comme capitale officielle des nouveaux États-Unis d’Amérique, George Washington, leur premier président investi en avril 1789, résidera successivement à New York puis à Philadelphie. Cette dernière est même désignée, en 1790, capitale provisoire du pays pendant dix ans, le temps pour la nouvelle ville de Washington D.C. de sortir de terre sous la supervision de l’architecte et urbaniste français Pierre Charles L’Enfant.
Mais pour accueillir comme il se doit le président de la République américaine, il faut lui ériger une résidence digne de ce nom au cœur de la nouvelle capitale. Un concours est ainsi lancé, et le 16 juillet 1792, le président George Washington, son secrétaire d’État Thomas Jefferson et l’architecte Pierre Charles L’Enfant rendent leur décision : c’est un Irlandais de Charleston, James Hoban (1762-1831) qui remporte l’appel d’offre. La première pierre est ainsi posée le 13 octobre 1792.
LA MAISON BLANCHE : UNE ARCHITECTURE AUX MULTIPLES INSPIRATIONS
D’un point de vue architectural, la future Maison Blanche est de style néo-classique ou néo-palladien, un style inspiré des palais vénitiens d’Andrea Palladio, célèbre architecte italien de la Renaissance. On dit aussi qu’une partie du bâtiment serait directement reprise du Parlement irlandais à Dublin, Leinster House.
Mais en réalité, l’influence architecturale trouverait également ses sources dans plusieurs édifices néo-classiques français.
L’HÔTEL DE SALM À PARIS
La Maison Blanche se serait d’abord inspirée de l’Hôtel de Salm, l’actuel palais de la Légion d’Honneur qui trône sur les bords de Seine, au cœur de la capitale.
Bâti entre 1782 et 1787 par l’architecte Pierre Rousseau pour le prince allemand Frédéric III de Salm-Kyrbourg (1744-1794), l’Hôtel de Salm a ensuite reçu plusieurs locataires, avant d’être acquis par l’État en 1804 pour accueillir l’administration du tout nouvel ordre de la Légion d’Honneur, créé en 1802 par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul.
En admirant sa façade côté Seine, on remarque une étrange ressemblance avec la façade à la rotonde de la Maison Blanche. Et pour cause ! Alors que l’Hôtel de Salm est en construction, l’Américain Thomas Jefferson, qui est alors, depuis 1785 (et jusqu’en 1789), ministre plénipotentiaire de la toute jeune république américaine auprès du royaume de France, se serait émerveillé de l’œuvre architecturale de Pierre Rousseau.
Jefferson écrira son enthousiasme, notamment concernant les façades de l’édifice, à l’architecte français Pierre Charles Lenfant, qui, je le rappelle, sera lui-même plus tard missionné pour créer les plans de la capitale américaine Washington D.C.
S’il est attesté que Thomas Jefferson s’inspirera bien des façades de l’Hôtel de Salm pour réaliser son hôtel particulier de Montiello, en Virginie, rien n’est moins sûr concernant la Maison Blanche. On raconte cependant qu’avec Pierre Charles Lenfant, ils auraient cherché à influencer James Hoban, et qu’ainsi, la façade en rotonde et le péristyle de la résidence présidentielle américaine auraient été en partie inspirés par ceux de l’Hôtel parisien.
Est-ce une réalité ou une légende ? Rien ne le prouve. Mais si l’ambassade américaine elle-même en parle sur son site, c’est qu’il doit y avoir une part de vérité.
LA MAISON CARRÉE D’ARLAC ET LE CHÂTEAU DE RASTIGNAC
Au-delà du célèbre Hôtel de Salm, la Maison Blanche trouverait également son inspiration dans un, ou plutôt deux châteaux du sud-ouest de la France : le château de Peychotte, appelé aussi la Maison Carrée d’Arlac, à Mérignac près de Bordeaux, et le château de Rastignac, à La Bachellerie en Dordogne.
Concernant ce dernier, il a été bâti entre 1812 et 1814, donc bien après la Maison Blanche qui ne peut en être directement inspirée. On dit cependant que Thomas Jefferson aurait eu accès aux dessins de son architecte, Mathurin Salat, lors d’une visite de l’École spéciale d’architecture de Bordeaux en 1789, ce qui lui aurait donné des idées pour la résidence présidentielle américaine.
Il faut néanmoins relativiser cette influence puisque les plans de Rastignac se basent sur ceux du château de Peychotte, érigé, lui, entre 1785 et 1790 pour le banquier portugais Samuel Charles Peixotto.
Ainsi, en réalité, s’il y a inspiration, elle vient surtout de l’architecture de ce dernier. D’autant plus qu’il est attesté que Thomas Jefferson l’a visité lors d’un voyage à Bordeaux en mai et juin 1787. Il aurait alors été immédiatement séduit par cette Maison Carrée de style néo-classique, et en particulier par sa structure en rotonde, l’une des premières du genre. De retour aux États-Unis, il aurait ainsi suggéré à James Hoban d’en emprunter le style.
Aucune de ses versions n’est clairement et officiellement confirmée, mais au regard des relations franco-américaines de l’époque, et de l’influence du style français outre-Atlantique, il ne serait pas surprenant que le visage de la Maison Blanche soit, en partie au moins, originaire de l’hexagone. Quoi qu’il en soit, la Maison Blanche est aujourd’hui un monument célèbre dans le monde entier, et quelle qu’en soit ses origines, son architecture est désormais reconnaissable entre toutes.
Comments