
À partir du 8 février prochain, et jusqu’au 12 octobre 2025, le Palais Galliera – Musée de la Mode de Paris inaugure le dernier des trois accrochages de son cycle d'expositions : « La Mode en Mouvement #3 », présentée dans les galeries Gabrielle Chanel du musée.
Dans la continuité de l’exposition « Une Histoire de la Mode. Collectionner, exposer au Palais Galliera », organisée en deux volets du 2 octobre 2021 au 26 juin 2022 (voir l’article dédié sur ce site), cette nouvelle narration des collections du musée ambitionne de poursuivre le récit historique de la mode du 18e siècle à nos jours, tout en explorant une thématique incontournable aujourd’hui, tant le sportswear et l’idée de confort et de bien-être a envahi nos garde-robe : la question du mouvement dans la mode, de l’évolution du rapport au corps -notamment féminin- au cours de l’histoire et ses conséquences sur la construction du vêtement, ou encore les liens évolutifs entre sport et mode dont les influences mutuelles n’ont cessé de s’accélérer.
Au-delà de la simple chronologie vestimentaire, "La Mode en Mouvement #3" invite à une réflexion plus large sur la libération du corps et l’évolution des standards de beauté à travers les âges. De l’influence des corsets sur la silhouette féminine aux transformations radicales des vêtements pour femmes dès la fin du 19e siècle, l’exposition met en lumière un aspect fondamental de la mode : son pouvoir d’émancipation.
Après avoir exploré la relation entre la mode et l’activité physique dans ses deux premières éditions (voir article dédié ici), cette ultime présentation met le focus sur un univers aussi fascinant qu'élégant : les sports d’hiver. Un accrochage inédit qui nous transporte des premières stations alpines aux podiums de haute couture, en passant par l'évolution des tenues sportives à travers les siècles.
« LA MODE EN MOUVEMENT » : UN DIALOGIE ENTRE SPORT ET MODE
Avec plus de 180 œuvres issues des collections du musée et enrichies par des prêts prestigieux (CHANEL, Musée National du Sport, Fondation Azzedine Alaïa), le parcours chronologique de l’exposition met en parallèle la garde-robe de ville et le vestiaire sportif du 18e au 21e siècles, mettant l’accent sur leurs divergences et surtout sur leurs rapprochements croissants.
S’il renouvèle une partie des pièces présentées lors des deux premiers volets, ce nouvel accrochage propose également un focus sur l’avènement du tennis et son impact sur le style vestimentaire, ainsi qu’une section entière dédiée aux sports d’hiver – patin à glace, ski – et à l’étonnante adaptation de la mode à ces nouvelles pratiques.
Au fil de la visite, on découvre les évolutions des matières, des silhouettes et des pièces de mode -vêtements, accessoires, chaussures- qui vont progressivement réduire la contrainte qu’elles imposent au corps pour en libérer le mouvement, et se spécialiser ensuite, jusqu’à introduire le sportswear dans notre quotidien.
Un rapport au corps qui évolue en même temps que les activités physiques et sportives se généralisent, et que le besoin de confort et de performance s’accroît, imposant à la mode de s’adapter et d’innover. Les chaussures d’abord, puis les vêtements et accessoires se transforment ainsi et trouvent de nouvelles fonctionnalités pour répondre aux nouveaux besoins de la société.
L’exposition nous ouvre alors les portes de cette histoire du sport et de ses influences sur le monde moderne et en particulier la mode :
Des corps contraints à la naissance du sport (et du mot sport) et des premiers jeux de compétition dans la haute société anglaise puis française du 18e siècle…
… aux théories hygiénistes du 19e qui encouragent les activités physiques pour entretenir la santé - équitation, promenade, bains de mer, chasse, tennis, golf, croquet, escrime ;
De la démocratisation du sport avec l’arrivé du cyclisme, à l’essor des sports automobiles pour la haute société au tournant du 20e siècle;
De la création des fédérations unisport et des compétitions sportives dans l’entre-deux-guerres à la valorisation du corps athlétique dans les années 1980;
De la montée du sportswear dans les années 1990 à sa toute-puissance au 21e siècle… jusqu’à l’hégémonie de la basket et de la sneaker devenues icônes de mode.
Costumes de bain, tenues d’amazone, habits de cycliste, sneakers… chaque pièce raconte une histoire : celle d’une mode qui s’adapte aux exigences du corps en mouvement, tout en influençant les silhouettes du quotidien.
UN FOCUS INÉDIT SUR LES SPORTS D’HIVER
Le point fort de cette édition ? Une large section dédiée aux sports d’hiver, témoignant de l’évolution des tenues conçues pour affronter le froid et glisser avec style sur les pistes enneigées. Le développement des stations alpines et des sports hivernaux comme le ski, la luge, le patinage ou encore le hockey a donné naissance à une véritable mode de montagne. Dès la fin du 19e siècle, équipementiers et maisons de couture s’emparent du phénomène, proposant des tenues adaptées aux exigences du grand froid tout en conservant une élégance certaine.
Les visiteurs découvrent ainsi des créations signées Hermès, Jean Patou, Madeline de Rauch, mais aussi des pièces issues de collaborations entre grandes maisons et équipementiers comme Rossignol ou Fusalp. Doudounes matelassées, fuseaux en laine, combinaisons ajustées et accessoires en maille illustrent la manière dont la mode a su conjuguer technicité et esthétisme.
COUP DE PROJECTEUR SUR LE TENNIS ET SES TENUES
Inventé dans sa forme actuelle par les Britanniques au 19e siècle, le tennis trouve cependant son origine dans le jeu de Paume français. Dans de sport né au Moyen-Âge, deux joueurs séparés par un filet s’affrontent en se renvoyant une balle de cuir avec la paume de la main. Une main gantée ou accessoirisée d’une sorte de raquette avant l’heure.
Conquis par ce jeu français, les Anglais l’auraient alors importé sur leur île au 15e siècle. Alors que les Français avaient pour coutume de crier haut et fort un «ténèts !» à leur adversaire, soit « tenez » en vieux français, les Anglais auraient transformé progressivement ce mot «ténèts» en «tennis».
Le tennis anglais, joué avec des raquettes, s’institutionnalise dans sa forme moderne au 19e siècle lorsque le Major Walter Clopton Wingfield rédige et publie des règles officielles en 1874, dans lesquelles il est indiqué que le jeu se pratique sur gazon avec une balle en caoutchouc qui pouvait rebondir sur l’herbe. Ce tennis est alors nommé lawn-tennis (tennis sur gazon) par opposition au real-tennis (jeu de paume en anglais). Face au succès de ce jeu, un tournoi est organisé en 1877 : c’est le célèbre tournoi de Wimbledon qui définira ainsi les règles du tennis, la taille et la forme du terrain. En France, la Fédération Française du Lawn Tennis est créée en 1920, et les Internationaux de France, devenus le tournoi de Roland Garros, sont organisés dès 1925.
ET LA MODE DANS TOUT ÇA ?
D’abord réservé à la haute société britannique, le tennis impose rapidement des codes vestimentaires stricts, dont le blanc, défini en 1874 par Walter Clopton Wingfield pour des raisons de courtoisie et d’entretien.
En 1877, Wimbledon organise son premier tournoi. Le tennis est alors exclusivement masculin, avant que les femmes ne s’y imposent progressivement, notamment lors des Jeux Olympiques de 1900 à Paris. Elles portent alors un corsage, orné d’un volant de dentelle ou d’une cravate, et une jupe longue et souple.
Dès les années 1920, le confort et la performance priment et influencent la mode des joueurs et joueuses de tennis. Ainsi, sous l’impulsion du couturier Jean Patou et de la tenniswoman Suzanne Lenglen, les tenues, plus près du corps, se raccourcissent et gagnent en liberté de mouvement. Dans la seconde moitié du 20e siècle, le short et la minijupe révolutionnent encore davantage l’allure sur les courts de tennis… et dans la rue !
À PROPOS DU PALAIS GALLIERA – MUSÉE DE LA MODE DE PARIS
En 1920, la Société de l’histoire du costume fait don de sa collection à la ville de Paris. Son Président, Maurice Leloir, appelle alors à la création d’un musée de la Mode. Les collections, d’abord exposées au Musée Carnavalet, s’installeront au Palais Galliera en 1977. Rénové et agrandi en 2020, le musée de la Mode propose des expositions autour de la création mode, mais aussi des rétrospectives inédites pour raconter l’histoire de la mode du 18e siècle à nos jours.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ? « La Monde en mouvement #3 »
Où ? Palais Galliera – Musée de la Mode de la ville de Paris
10 avenue Pierre Ier de Serbie - 75116 Paris
Quand ? 8 février - 12 octobre 2025
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h (nocturne le vendredi jusqu’à 21h)
Combien ? 14€ (plein tarif), 12€ (tarif réduit)
Billet couplé (deux expositions) : 15€ (plein tarif), 13€ (tarif réduit)
Tous les renseignements et réservations ici, sur le site du Palais Galliera.
SOURCES
Visite de l’exposition
Dossier de presse de l’exposition
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