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EXPOSITION : « MAISONS DE PLAISANCE DES ENVIRONS DE PARIS, DE LOUIS XIV À NAPOLÉON III » AU MUSÉE DE MARLY

Marly
Pavillon royal de Marly vers 1715

Envie de prendre l’air ? Direction Marly-le-Roi, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris. Du 11 avril au 31 août 2025, dans un cadre verdoyant chargé d’histoire, le musée du Domaine royal de Marly propose une exposition inédite qui remonte le fil du temps pour raconter l’art de vivre à la campagne des élites franciliennes entre le 17e et le 19e siècle.


Intitulée « Maisons de plaisance des environs de Paris, de Louis XIV à Napoléon III », elle invite à découvrir, entre faste royal et raffinement bourgeois, ces demeures conçues pour les loisirs, la nature et l’évasion.



LES MAISONS DE PLAISANCE : UN PATRIMOINE MÉCONNU, UNE HISTOIRE À REDÉCOUVRIR


On connaît Versailles, son château monumental et ses jardins à la française. Mais qu’en est-il du château de Saint-Ouen, du pavillon de musique de Louveciennes, du château d’Issy, de la colonne du Désert de Retz, ou encore du château de Bellevue à Meudon ? C’est à ces résidences de plaisance, souvent disparues ou transformées, que l’exposition rend hommage. Construites par les rois, leurs favorites, les courtisans ou de riches familles parisiennes, ces maisons de campagne répondaient à un besoin bien précis : s’échapper des obligations de la ville sans trop s’en éloigner. Un luxe réservé à quelques-uns, dans des paysages alors encore largement ruraux.



Pensée comme une exploration thématique et chronologique, l’exposition s’appuie sur une centaine d’œuvres – tableaux, dessins, plans, maquettes, objets décoratifs – pour retracer trois siècles de villégiature aux portes de Paris. Et c’est peu dire que le lieu d’accueil n’a pas été choisi au hasard…


MARLY : UN MODÈLE ROYAL DE RÉSIDENCE DE CAMPAGNE


Le château de Marly, imaginé à la fin des années 1670 par Jules Hardouin-Mansart pour Louis XIV, est l’une des premières maisons de plaisance au sens moderne du terme.



À la différence de Versailles, conçu pour incarner la puissance du monarque, Marly répondait à une toute autre logique: celle de l’intimité, du repos et du plaisir. Le roi y conviait une cour choisie, triée sur le volet, à passer quelques jours dans un décor somptueux mais sans les contraintes de l’étiquette. Pavillons à taille humaine, jardins élégants, atmosphère détendue… Ce petit monde y trouvait un havre de paix, loin des tourments politiques et de la rumeur parisienne. Comme le dira le Roi Soleil : «J’ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, et Marly pour mes amis».


Ce modèle fera école tout au long du 18e siècle, inspirant la haute aristocratie, puis la bourgeoisie montante. C’est cette diffusion progressive du mode de vie champêtre, entre architecture, art des jardins et sociabilité raffinée, que met en lumière l’exposition.


Retrouvez l’histoire de Marly dans la section dédiée ci-après.

UN PARCOURS EN CINQ MOUVEMENTS


Avant même de rejoindre l’exposition, les collections permanentes du musée autour du domaine de Marly et de son histoire, plongent le visiteur dans l’univers des résidences royales de plaisance, à travers documents, objets, tableaux, dessins et maquettes.



Notez que pour l’occasion, le musée a réalisé un circuit accessible en QR code où apparaissent les maisons citées dans l’exposition afin de les situer et de savoir si elles existent encore ou si on peut les visiter.

  1. LA MAISON DE PLAISANCE DANS L’ENTOURAGE DE LOUIS XIV


La première partie de l’exposition présente comment, à partie des années 1670, Louis XIV et la famille royale se dotent de maisons « des champs » pour profiter de la campagne autour de Paris et se retirer en petit comité loin du protocole de la cour.


En 1679, Louis XIV commande son château de Marly pour vivre plus librement avec ses proches ou sa favorite, Madame de Montespan. Il avait déjà érigé pour elle le Trianon de Porcelaine dans le parc de Versailles qui sera replacé par un autre château de campagne en 1687, le Trianon de Marbre (plus tard nommé Grand Trianon), où il se retriera régulièrement avec sa seconde épouse, Madame de Maintenon.



Le Roi Soleil incite aussi les princes de sa famille à acquérir des résidences de plaisance. Le château de Saint-Cloud pour son frère Philippe d’Orléans, Choisy pour sa cousine la Grande Mademoiselle, ou encore le château de Sceaux pour son ministre Colbert.


  1. PLAISIRS A LA CAMPAGNE SOUS LES RÈGNES DE LOUIS XIV

    ET LOUIS XV


La deuxième section élargit la focale aux plaisirs partagés à la campagne sous les règnes de Louis XIV et Louis XV. La chasse est au cœur des loisirs royaux. Bien souvent, les résidences de campagne se situent sur les domaines de chasse favoris des rois de France.



A ces vèneries s‘ajoutent des jeux, promenades et fêtes galantes : la maison de plaisance est un théâtre de mondanités où se mêlent art de vivre, séduction et mise en scène. Les œuvres, plans et objets exposés racontent l’art de la chasse et du divertissement à la campagne.


  1. LA DISTRIBUTION ET LE DÉCOR DES MAISONS DE PLAISANCE AU 18e SIÈCLE


Le troisième temps du parcours s’attache à l’évolution architecturale et décorative de ces résidences à la campagne. Dès le 18e siècle, les maisons de plaisance deviennent des laboratoires des arts décoratifs, influencés par les traités d’architecture qui en définissent les codes et le style, mais aussi les voyages en Italie ou les aspirations néoclassiques inspirées du retour du goût à l’Antique. On y retrouve les codes du confort moderne : salons de musique, chambres particulières, jardins à l’anglaise, bibliothèques. Une esthétique du bien-être avant l’heure.



On retrouve aussi ici des éléments de décors et une superbe maquette du château de Marly qui permettent d’imaginer ce que fut cette demeure aujourd’hui disparue, et de comprendre son importance dans l’histoire de l’urbanisme et des arts décoratifs.


Les modélisations en vidéos 3D du château de Choisy et l’hôtel de Noailles à Saint-Germain-en-Laye (dont j’ai eu la chance de visiter précédemment les salons encore conservés), permettent, en outre, d’imaginer le charme et le luxe de ces maisons de plaisance.


  1. LA VILLÉGIATURE AU FÉMININ SOUS LES RÈGNES DE LOUIS XV ET LOUIS XVI


La quatrième section offre une lecture féminine des résidences de plaisance du 18e siècle en mettant en exergue le rôle des femmes dans la vie et l’aménagement de ces demeures, et parfois dans leur conception. Madame de Pompadour à l’hôtel d’Évreux (palais de l’Élysée) ou au château de Bellevue à Meudon, Marie-Antoinette au Petit Trianon, Madame Élisabeth à Montreuil, la comtesse de Provence et son pavillon de musique à Versailles, ou encore Madame du Barry et son château de Louveciennes… autant de figures féminines qui, chacune à leur manière, investissent l’espace rural comme un lieu de liberté, d’expression artistique ou d’émancipation.



  1. DES PARCS AUX LOTISSEMENTS PAVILLONNAIRES DE LOUIS XIV À NAPOLÉON III


Le parcours s’achève au 19e siècle. Si la Révolution participe au démantèlement et à la détérioration de certains de ces anciens châteaux de campagne, le Premier Empire tend à les réhabiliter. Napoléon 1er souhaite en effet que ses proches et sa famille bénéficient de pied-à-terre luxueux en dehors de Paris, à l’image de l’aristocratie d’Ancien Régime.


On assiste également à la transformation progressive de ces villégiatures en résidences pour la bourgeoisie grandissante.



Dans la deuxième moitié du 19e, le développement des chemins de fer, l’industrialisation et la densification de la banlieue parisienne entraînent de profonds bouleversements. Certaines demeures sont détruites, d’autres reconverties, les grands parcs sont lotis, et l’idéal de la campagne devient celui de la résidence secondaire ou du week-end familial. Une mutation qui résonne encore dans notre rapport contemporain à la nature et au temps libre.


UN DIALOGUE ENTRE ŒUVRES, LIEUX ET MÉMOIRES


L’une des grandes réussites de cette exposition est de proposer un regard sensible sur un patrimoine en grande partie disparu, tout en redonnant chair et vie à ces lieux à travers œuvres, objets et archives.


On sort de l’exposition avec une furieuse envie de visiter les parcs de Saint-Cloud, Meudon ou Sceaux, et de regarder autrement le paysage francilien. Derrière les voies rapides et les zones pavillonnaires, il reste, parfois, les traces d’un monde disparu. Celui d’une noblesse et d’une bourgeoisie qui rêvaient la nature comme un décor de théâtre.


UNE BELLE OCCASION DE (RE)DÉCOUVRIR MARLY


En complément de l’exposition, ne manquez pas de vous promener dans le parc du domaine de Marly, réaménagé au fil des années mais toujours aussi évocateur.


Si le château n’existe plus, les vestiges du pavillon royal, les bassins, les alignements d’arbres et les perspectives témoignent encore de la splendeur du lieu.

Le musée propose également une collection permanente riche d’objets, de maquettes et d’œuvres évoquant l’histoire du château, de sa construction à sa disparition à la Révolution, sans oublier la fameuse machine de Marly, chef-d’œuvre d’ingénierie hydraulique qui permettait de fare remonter les eaux de la Seine jusqu’aux fontaines des jardins.


(H2) UN PEU D’HISTOIRE: MARLY, DEMEURE ROYALE DE PLAISANCE


C’est en 1676 que Louis XIV acquiert les seigneuries de Marly-le-Chastel et de Marly-le-Bourg qui appartenaient à la famille de Montmorency. Naturellement, il renomme ses nouvelles terres, Marly-le-Roi.


En 1679, à sa demande, les architectes Jules Hardouin-Mansart et Robert de Cotte commencent l’élévation de ce qui sera le château de Marly, une résidence royale conçue comme un lieu de retraite privé pour le roi et ses proches, loin des fastes et contraintes de Versailles.



Comme le dit lui-même Louis XIV: «J’ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, et Marly pour mes amis». Il y convie ainsi régulièrement des groupes de courtisans triés sur le volet -entre 60 et 100 personnes- pour des séjours loin du protocole versaillais.


Au milieu d’un parc conçu comme un «palais d’eau», où les fontaines (alimentées par la célèbre machine de Marly qui pompait la Seine quelques kilomètres plus bas), les sculptures et les parterres engagent à la flânerie, la cour choisie qui réside à Marly se répartit dans douze pavillons ordonnés autour du château central réservé au roi. Le plan centré de cette résidence royale rompt avec le style français entre cours et jardin, et rappelle les demeures palladiennes de la Renaissance (en référence à l'architecte vénitien Andrea Palladio). Les décors polychromes en trompe-l’œil de Charles Lebrun, quant à eux, donnent aux façades un air flamboyant qui impressionne les invités. Plus on est logé à proximité du pavillon du monarque, plus on peut se réjouir d’avoir ses faveurs.



Ici, l’étiquette est bien moins stricte qu’à Versailles, et l’on vient surtout pour faire la fête et se divertir. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Très vite, Louis XIV va aussi se servir de Marly comme d’un outil politique, invitant tel courtisan plutôt qu’un autre pour marquer tel accord ou désagrément. Il n’est ainsi pas rare d’entendre, à Versailles, au passage du roi, des «Sire, Marly…» que les courtisans envoient pour tenter d’être retenu pour un prochain séjour.


À la mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715, son arrière-petit-fils monte sur le trône. Trop jeune pour régner, Louis XV, âgé de cinq ans, est pris en main par Philippe d’Orléans, neveu du défunt roi, qui devient le régent de France jusqu’à la majorité du nouveau monarque, en 1723. Pendant cette période de Régence, la cour quitte Versailles pour Paris, et Marly est délaissé.


Louis XV et Marie Leszczynska y retourneront pour de courts séjours, et le roi s’y réfugiera quelques jours à la mort de son épouse en juin 1768. Si les invités sont toujours sélectionnés, il est cependant désormais possible de venir passer la journée à Marly sans y être officiellement convié, et lorsque le couple royal est absent, le domaine reste ouvert au public comme lieu de promenade.



Les usages seront similaires sous le règne de Louis XVI (1774-1792). Marie-Antoinette qui, on le sait, ne se sent jamais aussi bien que lorsqu’elle est loin de la cour de Versailles, aimera particulièrement y séjourner. On y donne alors des chasses et toutes sortes de fêtes (notamment pour la grossesse de la reine en 1778). Le château reste néanmoins assez inconfortable pour cette fin de 18e siècle, et le couple royal lui préfèrera les châteaux de Saint-Cloud et Rambouillet. Louis XVI et Marie-Antoinette y viendront pour la dernière fois en juin 1789, après le décès du Dauphin leur fils.


Nationalisé et en partie démantelé à la Révolution, le domaine sera revendu à deux propriétaires successifs: Coste (1799), qui continue à le détruire pour en revendre les matériaux, puis Alexandre Sagniel (1803) qui y installera une filature de coton, avant, lui aussi, de continuer son démantèlement. Alors que Napoléon refuse de racheter le domaine de Marly en 1805, les bâtiments sont finalement entièrement détruits en 1808 -pour les pavillons d’invités- et en 1816 -pour le pavillon royal (dont on peut encore voir la trace au sol).




En 1811, le domaine et ses forêts deviennent cependant une réserve de chasse impériale. Il gardera ce rôle tout au long du 19e siècle, pour les rois, empereurs et présidents successifs. Un relais de chasse y est bâti, et l’ensemble restera une propriété de l’État réservée au président de la République jusqu’en 2009 où sa gestion est confiée au Domaine de Versailles.


INFORMATIONS PRATIQUES

  • Quoi ? « Maisons de plaisance des environs de Paris, de Louis XIV à Napoléon III »

  • Où ? Musée du Domaine royal de Marly

    1, Grille Royale – Parc de Marly, 78160 Marly-le-Roi

    Accès : ligne L depuis Paris Saint-Lazare (arrêt Marly-le-Roi) puis 20 minutes de marche.

  • Quand ? Du 11 avril au 31 août 2025

    Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h

  • Combien ? Tarif plein : 10 € / Tarif réduit : 7 €

    Gratuit pour les moins de 12 ans


Plus d’informations sur le site du musée du Domaine de Marly.

SOURCES


  • Visite guidée de l’exposition

  • Dossier de presse de l’exposition


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