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1ER SEPTEMBRE 1715: MORT DE LOUIS XIV


Le 1er septembre 1715, le Roi de France Louis XIV mourrait dans sa chambre de Versailles à l’âge de presque 77 ans (il est né le 5 septembre 1638). Après 72 ans de règne (le +long chez les souverains français et même européens –Elizabeth II n’en est encore «qu’à 70 ans de règne»), il laisse le pouvoir à son arrière-petit-fils, le duc d’Anjou, qui devient alors immédiatement Louis XV à l’âge de 5 ans puisque le Royaume de France ne saurait être sans roi.



C’est d’ailleurs le sens de l’expression que l’on a coutume de clamer au décès des souverains: «le Roi est mort, vive le Roi!», le «Vive le Roi» étant destiné au nouveau souverain, pour montrer une continuité sans faille du pouvoir monarchique. Quand le roi disparaît, il est aussitôt remplacé par son successeur, et ainsi, le roi ne meurt jamais: le corps physique meurt, mais le corps politique, le Roi en tant qu’incarnation de l’État, est immortel.

Revenons à Louis XIV. Ses parents, Louis XIII et Anne d’Autriche auront attendu 23 ans pour donner un héritier au trône de France. Cette naissance, le 5 septembre 1638, sera vécue comme un miracle et lui vaudra le surnom de ‘Louis-Dieudonné’. Âgé d’à peine 5 ans, il devient le roi Louis XIV le 14 mai 1643, mais ne prend réellement les rênes du royaume qu’à 13 ans (la majorité de l’époque), le 7 septembre 1651, après une période de régence confiée à sa mère Anne d’Autriche (1601-66) et au principal ministre d’État, son parrain le Cardinal Mazarin (1602-61). Il est sacré roi à Reims le 7 juin 1654.

L’épisode de la Fronde, qui s’étend de ses 5 ans en 1643 jusqu’à ses 15 ans en 1653, a marqué l’enfance de Louis XIV: le parlement, puis certains princes et une partie de la noblesse, ont profité de sa minorité et de la Régence d’Anne d’Autriche et du Cardinal Mazarin pour se rebeller contre le pouvoir royal et tenter de l’affaiblir. Le jeune roi va vivre cette période en totale insécurité, se réfugiant de château en château pour se protéger. Ainsi, afin d’éviter que l’histoire ne se répète, à la mort du cardinal Mazarin le 1er mars 1661, Louis XIV décide de gouverner seul. Et s’il garde des ministres et des conseillers, il supprime le poste de 1er Ministre pour pouvoir prendre seul les décisions importantes du royaume.


Symbole de ce changement, le 5 juin 1662, il prend officiellement le Soleil pour emblème: comme l’astre solaire qui domine la Terre et autour duquel toutes les planètes gravitent, le Roi doit affirmer son autorité et sa légitimité en organisant l’Etat et son règne autour de sa personne. Celui qu’on appelle alors le Roi Soleil se pose ainsi en monarque absolu dont le pouvoir de droit divin est incontestable (il ne rend de comptes qu’à Dieu). Un roi qui « gouverne par lui-même » comme l’illustre clairement la devise « le Roy gouverne par lui-même » et le tableau de Charles le Brun placés au centre de la Galerie des Glaces de Versailles. Les règles de l’Étiquette qui régissent la vie de cour autour du roi, comme la centralisation du pouvoir et de la cour à Versailles (mai 1682) qu’il impose renforceront l’absolutisme royal tout en lui permettant de mieux contrôler la cour et les éventuelles contestations.

Colbert

Roi réformateur, il mène, avec son contrôleur général des Finances Jean-Baptiste Colbert (1619-83), la réorganisation administrative et financière du pays, accroît le commerce, et assoit l’excellence française en Europe grâce au développement des manufactures.


Roi passionné des arts, il s’entoure des plus grands artistes de son temps (Molière, Lully, La Fontaine, Racine, Le Brun, Le Nôtre…) et joue un rôle important dans le développement des arts français. Ce goût pour la perfection française se retrouve bien sûr dans l’œuvre majeure de ce roi bâtisseur : le château de Versailles, avec ses appartements d’apparats grandioses, sa majestueuse Galerie des Glaces et ses jardins à la française copiés dans toute l’Europe.

Roi chef de guerre, il réforme l’armée avec le marquis de Louvois (1641-91), son secrétaire d’État à la Guerre et, avec Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707), il sécurise les villes et les frontières françaises grâce à un système de fortifications efficace, puis redéfinit «l’art de faire la guerre» par le siège plutôt que par les attaques systématiques. Si les guerres de la première moitié du règne sont victorieuses et lui apportent la gloire (notamment la guerre de Hollande, 1672-78, que l’on retrouve expliquée tout au long de la Galerie des Glaces à Versailles), l’état de guerre coûte cher à l’État (50% du budget en temps de paix, 75% en temps de guerre), et la fin de règne, marquée par la Guerre de Succession d’Espagne (1701-13) qui oppose la France à presque tous ses voisins, se fera plus sombre.


Côté cœur, Louis XIV est un grand sentimental et un amoureux des femmes. Après l’échec de sa première histoire d’amour avec Marie Mancini, nièce de Mazarin, qu’il se voit interdit d’épouser par sa mère, il épouse par devoir l'infante d’Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV, roi d'Espagne. Il n’en restera pas moins volage, enchaînant les conquêtes. Il instaure même officiellement le statut de favorite à la cour. Après Louise de la Vallière de 1661 à 1674, avec laquelle il a 4 enfants (2 survivront), il s’éprend de la piquante Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, dès 1667. La Montespan, favorite officielle en 1674, donnera au roi sept enfants dont six seront légitimés. Elle règnera sur Versailles jusqu’en 1691 où elle sera délaissée par le roi. Après une dernière passion avec la jeune et belle marquise Angélique de Fontanges, Louis XIV tombera amoureux de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, alors gouvernante de ses enfants illégitimes. Avec Madame de Maintenon, sa nouvelle favorite qu’il épousera secrètement dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683 après le décès de la reine Marie-Thérèse, le 30 juillet de la même année, le roi mène une vie plus pieuse, sobre et religieuse, ce qui accentuera l’image triste et lugubre de sa fin de règne.


Des six enfants de Louis XIV et Marie-Thérèse, seul Louis, le Grand Dauphin survit. Cependant, le Roi Soleil reste rassuré sur sa succession car à la fin de son règne, il peut se réjouir d’avoir un fils, deux petits-fils et deux arrière-petits-fils. C’est alors qu’entre le 14 avril 1711, et la mort du Grand Dauphin, atteint de la petite vérole, et le 26 avril 1714, quand meurt son dernier petit-fils, le duc de Berry, Louis XIV va perdre un à un tous ses héritiers sauf son arrière-petit-fils, le futur Louis XV: Marie-Adélaïde de Savoie, d’abord, puis son époux le duc de Bourgogne, dauphin et petit-fils du roi, meurent successivement le 12 et le 18 février 1712 de la rougeole (ils meurent surtout des saignées des médecins). Leur fils aîné, le duc de Bretagne, devenu dauphin de France à la mort de ses parents, ne tarde pas à les suivre le 8 mars. Son petit frère, le duc d’Anjou, est aussi gravement atteint par la rougeole mais sa gouvernante, Madame de Ventadour, l’éloigne des saignées des médecins, et avec du repos et des soins, l’enfant finit par guérir.


Ainsi, quand fatigué par 72 ans de règne, Louis XIV meurt le 1er septembre 1715, il laisse la couronne à son arrière-petit-fils de 5 ans: le roi Louis XV.


Avec Louis XIV, malgré les écueils de fin de règne, la France est le pays le plus riche, le plus peuplé et le plus puissant d’Europe. Son rayonnement est international, comme son influence sur le monde des arts et sur le commerce. On comprend alors pourquoi le siècle du Roi Soleil a, plus tard, été qualifié de «Grand Siècle».

Sources





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