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EXPOSITION: ‘PARIS 1874. INVENTER L’IMPRESSIONNISME’ AU MUSÉE D’ORSAY


À l’occasion des 150 ans de la première exposition impressionniste organisée à Paris le 15 avril 1874, le musée d’Orsay propose une exposition majeure qui, du contexte historique et sociétal aux enjeux artistiques de cette époque, plonge les visiteurs au cœur d’une période capitale de l’histoire de l’art: «Paris 1874. Inventer l’Impressionnisme», du 26 mars au 14 juillet 2024. Portée par 160 œuvres exceptionnelles, l’exposition explore les coulisses de cet événement du printemps 1874, où naîtra ce qu’on appellera l’Impressionnisme. Un mouvement en rupture avec les codes académiques qui ouvrira la voie aux courants artistiques avant-gardistes et modernes du 20e siècle.



En parallèle de cette exposition de grande ampleur, le musée d’Orsay a prêté 178 œuvres à 34 musées à travers la France qui, jusqu’à la fin de l’été, invitent également leurs visiteurs à célébrer cet anniversaire exceptionnel (liste des rendez-vous sur le site du musée d’Orsay). Par ailleurs, en plus de l’exposition, l’expérience immersive «Un soir avec les impressionnistes» permet aux visiteurs de revivre en réalité virtuelle l’inauguration de l’exposition impressionniste de 1874. Un parcours d’une heure à réserver en ligne ici, sur le site du musée d’Orsay.

 

L’art impressionniste n’est pas né en 1874. Dès la fin des années 1860, certains artistes précurseurs, tels que Camille Pissarro, Eugène Boudin et Édouard Manet, ont commencé à remettre en question les conventions artistiques établies de l'époque, en privilégiant une représentation plus directe de la nature et de la vie quotidienne. D’autres, comme Claude Monet, Auguste Renoir, Edgar Degas, Alfred Sisley, Camille Pissarro, toujours, ou Frédéric Bazille, proposent également une peinture nouvelle, où la perception et le ressenti de l’homme ou la femme artiste l’emportent sur le réalisme de l’œuvre.

 


Mais le contexte historique et politique de cette seconde moitié du 19e siècle va retarder l’émergence au grand jour de ces futurs artistes qu’on nommera plus tard «impressionnistes». En effet, après la défaite française lors de la guerre franco-prussienne de 1870, qui précipite la chute du Second Empire (1852-70) et inaugure la 3e République, la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871) génère à son tour son lot de troubles et de destructions. En ce début des années 1870, en pleine transition, la société française est alors aussi en pleine reconstruction. Ces événements entraînent des changements sociaux, économiques et politiques profonds, créant un terreau fertile pour l'émergence de nouvelles formes d'expression artistique.



Les artistes impressionnistes proposent ainsi un art ancré dans la modernité et dans le présent, en peignant «ce qu’ils voient […] comme ils le voient», et en rapprochant l’art de la vie. Sur la forme, ils se distinguent par leur utilisation de coups de pinceau visibles, leur palette de couleurs vives et leur captation de la lumière changeante. Sur le fond, ils innovent par les thématiques abordées: ils délaissent les sujets historiques, religieux et mythologiques traditionnels, au profit de scènes de la vie quotidienne, de portraits et de paysages -nature, campagne, mais aussi zones industrielles et urbaines, témoins de l’évolution des temps-, représentés à travers la sensibilité, la spontanéité et la subjectivité de leur regard et de leurs impressions.



Un point de vue alors révolutionnaire! Car à l’époque, et depuis deux siècles, la vie artistique est déterminée officiellement lors du Salon, ce grand événement parisien qui met en avant les œuvres d’artistes sélectionnés par un jury choisi par la Direction des Beaux-Arts. Ainsi, le 1er mai 1874 le Salon s’ouvre au palais de l’Industrie et des Beaux-Arts, situé avenue des Champs-Élysées. La foule de visiteurs peut alors y découvrir près de 2000 peintures parfaitement réalisées mais souvent bien peu audacieuses. L’exposition du musée d’Orsay en présente certaines pour contextualiser l’époque artistique dans laquelle va se dérouler, en parallèle, la première exposition des artistes indépendants.



En effet, rejetés, pour certains, par le jury du Salon, un groupe d’artistes qui se définissent indépendants des courants traditionnels, vont se rassembler et constituer une «Société anonyme», et ainsi proposer d’organiser leur propre exposition. Edgar Degas trouve le local: ce sera l’ancien atelier du photographe Félix Tournachon dit Nadar, au 35 boulevard des Capucines, à quelques pas du nouvel Opéra Garnier, et à 20 minutes à pieds du Salon. L’exposition de la «Société anonyme» est ainsi inaugurée le 15 avril 1874. Elle présente quelques 200 œuvres sélectionnées puis scénographiées par les artistes eux-mêmes. 31 artistes d’âges et d’origines sociales très variés sont exposés. Contrairement à ce que la légende laisse entendre, tous ne sont pas impressionnistes. La diversité des styles, des techniques et des sujets traités prévaut, et les esthétiques proposées sont très éclectiques. Cependant, ce seront souvent les futurs impressionnistes qui marqueront les esprits. Finalement, l’exposition indépendante accueillera 3500 visiteurs, et seuls quelques artistes sortiront du lot, comme Monet, Sisley, Renoir ou Cézanne. Suffisamment, cependant, pour donner naissance à un nouveau mouvement: l’Impressionnisme.



À ce propos, d’où vient le terme «Impressionnisme»? Le mot «impressionniste» est employé pour la première fois de manière sarcastique par un critique d'art, Louis Leroy, dans sa critique d’œuvres présentées à l’exposition indépendante de 1874, et en particulier du tableau de Claude Monet, "Impression, soleil levant". Par ce terme, il s’agit pour lui de souligner la nature éphémère et suggestive des œuvres exposées, mais aussi leur caractère informel et la représentation hâtive de la lumière et de l'atmosphère qu’elles proposent. Finalement, les artistes eux-mêmes vont adopter ce qualificatif, et ainsi donner à leur mouvement artistique le nom d’Impressionnisme.


Claude Monet, 'Impression, soleil levant'

Pour autant, si les univers du Salon et des impressionnistes semblent s’opposer, l’exposition du musée d’Orsay montre qu’ils peuvent aussi présenter plusieurs points de convergences. Ainsi, malgré des styles et des interprétations souvent bien distincts, les deux événements portent une même volonté de révéler leur époque -des traumatismes de la guerre, aux travaux de la vie quotidienne et aux activités de la haute société. En outre, si le Salon tend à s’inscrire dans la tradition d’un réalisme plus académique, il s’ouvre néanmoins, en 1874, à des artistes plus audacieux, à l’image d’Edouard Manet qui choisira d’y exposer plutôt que de se joindre à ses compagnons de la «Société anonyme». D’ailleurs, une douzaine d’artistes exposeront des deux côtés, conscients que le Salon est une voie plus sûre vers le succès commercial, quand le mouvement des indépendants correspond, lui, plus directement à leur identité artistique.



Finalement, après cette première exposition en 1874, sept autres manifestations du genre se suivront jusqu’en 1886. Parmi elles, celle du printemps 1877 est particulièrement marquante. C’est en effet à cette occasion, et pour la première et unique fois, que les artistes impressionnistes se nommeront eux-mêmes comme tels. L’exposition du musée d’Orsay se termine ainsi par une salle où se croisent des œuvres de Berthe Morisot, de Claude Monet, d’Auguste Renoir ou encore de Gustave Caillebotte, toutes présentées en 1877 et plus impressionnistes les unes que les autres.



La révolution impressionniste a bouleversé les conventions artistiques établies. En mettant l'accent sur la perception individuelle et la représentation subjective de la réalité, les impressionnistes ont transformé notre manière de voir et de comprendre le monde qui nous entoure. En revisitant l'Impressionnisme tel qu'il est apparu en 1874, l’exposition «Paris 1874. Inventer l'Impressionnisme» offre une occasion unique de plonger dans le bouillonnement artistique de cette époque et de redécouvrir la beauté et la modernité de ce mouvement artistique aujourd’hui incontournable. Un mouvement qui a profondément influencé le développement de l'art moderne et de nouveaux courants, tels que le Post-impressionnisme, le Fauvisme et le Cubisme.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

  • Quoi ? «Paris 1874. Inventer l'Impressionnisme»

  • Où ? Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

  • Quand ? Du 26 mars au 14 juillet 2024 Tous les jours sauf le lundi, le 1er mai et le 25 décembre, de 9h30 à 18h. Nocturne les jeudis jusqu’à 21h45.

  • Qui ? Tous les curieux de culture et les amateurs d’art, de peinture, et en particulier les amoureux de l’Impressionnisme.

  • Combien ? Entrée 16 €. Tarif réduit : 13 € (en ligne) Nocturne au musée d’Orsay : 10€ à partir de 18h Gratuit pour les moins de 26 ans résidents ou ressortissants de l’Union européenne. Gratuit tous les premiers dimanches du mois. Tarif Enfant et Compagnie – tout enfant entrant aux musées permet à l’adulte qui l’accompagne de bénéficier d’un tarif réduit (dans la limite de deux adultes par enfant). Pour l’expérience en réalité virtuelle, comptez 32 €* au tarif plein, et 16€ en tarif réduit** (réservé en ligne). Ici, ces billets incluent l'accès aux collections permanentes et à l'exposition « Paris, 1874. Inventer l'impressionnisme ».

 

Plus de détails sur le site du musée d’Orsay.

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