Si l’on en juge par son travail avant-gardiste et sa liberté de point de vue, le peintre, sculpteur et dessinateur américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) est certainement l’un des artistes qui influenceront le plus les mouvements abstraits qui émergeront au début du 20e siècle. Pourtant, son œuvre reste aujourd’hui trop méconnue du grand public qui associe, bien souvent, la fin du 19e siècle artistique au seul courant impressionniste.
Avec «Whistler, l’effet papillon», du 24 mai au 22 septembre 2024, le Musée des Beaux-Arts de Rouen entend rétablir à sa juste place l’héritage artistique de Whistler. Une exposition inédite dédiée à son travail, bien sûr, mais aussi à sa personnalité de dandy mondain, aux relations qu’il entretient avec ses contemporains -et notamment les personnalités de l’époque comme Oscar Wilde, Stéphane Mallarmé, Edouard Manet, Marcel Proust ou la comtesse de Greffuhle…-, ou encore et surtout aux influences du whistlerisme - sa philosophie, ses techniques artistiques – sur les artistes de son temps et au-delà.
L’INNOVATION ARTISTIQUE AU CŒUR DE L’EXPOSITION WHISTLER
Ici, c’est avant tout l’esprit novateur de l’artiste qui est mis en lumière, lui qui, entre l’Angleterre et la France de la fin du 19e, influencera l’émergence et le développement de l’art abstrait au 20e siècle. À l’image de l’Impressionnisme dont il est contemporain, Whistler marquera en effet une rupture dans l’histoire de l’art. Il propose un autre point de vue artistique tout en inaugurant, comme les impressionnistes, un nouveau mode de création.
Inspiré par les peintures de Velasquez comme par les artistes de son temps (Courbet avec qui il collabore dans ses années 1860; Manet avec qui il refusera de participer à la première exposition impressionniste de Paris en 1874), mais aussi l’art extrême-oriental (c’est un grand collectionneur des arts japonais), il conçoit sa peinture d’un point de vue avant tout esthétique.
Pour lui, le travail rigoureux sur l’harmonie des formes et des couleurs doit diriger le regard de l’artiste, et le symbolisme de l’œuvre prime sur la représentation fidèle du réel. Il travaille ainsi la lumière, les dégradés de gris, les bleus nuits et les tons nocturnes, ou encore les brouillards et les fumées.
L’EXPOSITION WHISTLER, AU-DELÀ DE LA RÉTROSPECTIVE
À travers une riche sélection d’œuvres de Whistler et d’autres artistes (contemporains de son époque ou influencés par son travail) réparties en 9 sections, l’exposition « ambitionne de le repositionner au cœur de la création artistique du tournant du 20e siècle » (source Dossier de presse)
On découvre ainsi Whistler, l’artiste peintre, dessinateur et graveur ; ou Whistler le collectionneur, amateur d’art (japonais surtout) et de poésie.
Mais aussi Whistler le dandy rebelle et impulsif, poète et bagarreur, bohème et mondain…. qui s’est fait une place dans le Paris de la seconde moitié du 19e siècle avec ses amis Stéphane Mallarmé, Oscar Wilde, Gustave Courbet, ou encore Édouard Manet…
On comprend surtout combien la technique et la philosophie de Whistler sont fondamentales dans l’histoire de l’art : le Whistlerisme, comme le fameux effet papillon (le papillon qui est aussi la signature de l’artiste), va ainsi imprégner et influencer de nombreux mouvements et artistes de cette fin du 19e, et même au-delà, jusqu’aux courants artistiques modernes et contemporains du 20e.
L’exposition s’ouvre ainsi par un ensemble d’œuvres d’artistes qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent se réclamer du Whistlerisme dans la pratique de leur art ; et elle se conclut par une œuvre de Mark Rothko, « Light Red Over Black » (1957), un tableau qui, dans sa composition et l’utilisation du flou des couleurs et des lumières pour effacer tout contour et tout sujet, fait plus que jamais écho à l’esthétique de Whistler.
Aussi, plus qu’une simple rétrospective de son œuvre, «Whistler, l’effet papillon» offre une réflexion plus large sur l’effervescence artistique de cette époque riche de mouvements émergents. Des mouvements en rupture avec ceux du passé, portés par des artistes audacieux qui ne manqueront pas de se confronter et de s’influencer mutuellement. On comprend alors que, si Whistler a évolué en parallèle des Impressionnistes, ces derniers se seront autant imprégnés de son travail que lui du leur.
MON AVIS
Je ne connaissais pas James Abbott McNeill Whistler, ou tout au moins très mal son travail. Comme je ne dois pas être le seul dans ce cas, je m’attendais à une exposition rétrospective classique. Et je dois dire que j’ai été (agréablement) surpris !
En effet, j’ai aimé cette confrontation quasi permanente que l’exposition Whistler propose entre l’artiste et ses contemporains, ou encore ses successeurs. C’est un bon moyen de montrer toute son importance dans l’histoire de l’art.
Quoi qu’il en soit, le mieux est de vous faire votre propre opinion. Pour cela, rendez-vous au musée des Beaux-arts de Rouen pour l’exposition Whistler, afin de (re)découvrir son fabuleux travail.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi ? Exposition « Whister, l’effet papillon »
Quand ? Du 24 mai au 22 septembre 2024. Ouvert tous les jours de 10 h à 18h Fermé les mardis, les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et 25 décembre.
Où ? Musée des Beaux-Arts de Rouen Esplanade Marcel Duchamp - 76000 Rouen
Toutes les informations pratiques sont à retrouver ici, sur le site du Musée des Beaux-Arts de Rouen.
Notez que l’exposition Whistler est organisée dans le cadre du 5e Festival Normandie Impressionniste (22 mars-22 sept. 2024). Un événement quadriennal qui revisite l’héritage de l’Impressionnisme et qui s’inscrit cette année dans les célébrations des 150 ans du mouvement impressionniste (150 événements sont organisés en France pour l’occasion).
Plus d’informations sur le site de Normandie Impressionniste.
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