Aujourd’hui, je partage avec vous la dernière partie de ma visite du Château de Fontainebleau. Cet article fait effectivement suite à trois autres où je détaillais l’histoire puis la visite des Grands Appartements de ce lieu incontournable du patrimoine français et de l’Histoire de France. Aujourd’hui je propose une visite guidée des Petits Appartements des souverains et du Théâtre Impérial édifié au Second Empire.
L’histoire de cette résidence, d’abord royale puis impériale, s’étend sur 800 ans. L’ensemble des souverains français a résidé au Château de Fontainebleau : au Moyen-Âge, mais surtout à partir de la Renaissance, en commençant par François 1er, puis sous l’Ancien régime jusqu’à Louis XVI, ou encore le 1er Empire de Napoléon, et ce jusqu’au Second Empire de Napoléon III, au 19e siècle. L’architecture éclectique du Palais de Fontainebleau, la richesse de ses décors, de son mobilier ou encore la composition de ses jardins reflètent les grands moments de l’Histoire de France.
Selon moi, c’est un monument qu’il faut absolument visiter un jour. Fontainebleau est le témoin de la vie officielle mais aussi intime des rois, reines, empereurs et impératrices français.
De mon côté, je suis déjà venu plusieurs fois à Fontainebleau. J’avais alors suivi le parcours de visite libre qui est déjà très complet. Mais cette fois-ci, j’ai choisi de prendre le billet « Une journée au château » qui propose un accès libre au château de Fontainebleau et aux jardins, bien sûr, mais aussi 3 visites guidées :
Une visite « découverte du château » qui permet non pas de visiter le monument dans son ensemble, mais de le découvrir à travers des pièces emblématiques de son histoire et de celle de ses résidents. C’est une bonne visite introductive qu’il faut compléter par la visite libre -les audioguides proposés sont très bien faits à ce sujet.
Une visite des « Petits appartements intérieurs » : ici on entre dans la vie intime des souverains, rois et empereurs, qui ont vécus au château. On entre dans des pièces privées où ils se retrouvaient en petit comité familial ou amical, en-dehors des appartements d’apparats, publics et plus officiels.
Une visite du « Théâtre Impérial » : un théâtre incroyablement bien conservé, commandé par Napoléon III et réalisé par Hector Lefuel entre 1854 et 1857. Ce lieu permet de mieux comprendre Fontainebleau au Second Empire, sous le règne de ses derniers propriétaires, l’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.
Il existe d’autres visites que je pense faire une prochaine fois, mais ce billet de découverte d’une journée donne déjà un aperçu global du Château tout en permettant un accès à des sites privés, ce qui est particulièrement le cas pour la partie de la visite que je propose aujourd’hui.
Cet article, et le podcast qui est lié, est le quatrième que je consacre à cette journée bellifontaine car il serait trop long de raconter l’ensemble de ma visite en un article et un podcast. Je l’ai donc décomposée en quatre parties :
L’histoire du château de Fontainebleau : l'article et le podcast qui l’accompagne sont déjà disponibles en ligne sur mon blog www.lescarnetsdigor.fr et sur les plateformes usuelles de podcasting.
La 1ère partie de la visite plus générale du château, incluant le Musée Napoléon 1er, l’Appartement du Pape Pie VII et les Appartements dits des « Reines Mères » : à retrouver dans le second article/podcast dédié.
La suite de la visite publique et générale du château avec les Grands Appartements des souverains et l’Appartement Intérieur de l’Empereur : déjà disponible également.
La visite guidée des Petits Appartements privés et du Théâtre Impérial : c’est l’objet de l’article et du podcast que je vous propose d’aujourd’hui.
Je ne vais pas retracer l’histoire du Château de Fontainebleau ici, vous avez tout dans l’article dédié. Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre la découverte du domaine de Fontainebleau à travers la visite guidée des Petits Appartements privés et plus intimes des résidents royaux et surtout impériaux du Palais, ainsi que du Théâtre Impérial. Des espaces fermés au public auxquels j’ai pu accéder grâce aux billets « Petits appartements intérieurs » et « Théâtre Impérial ».
Visite des Petits Appartements des Souverains
Nous commençons par la visite des Petits Appartements des souverains. Des appartements dits de Napoléon 1er puisqu’ils sont présentés dans leur état Premier Empire.
Mais ces espaces ont été en réalité construits sous Louis XV puis Louis XVI, avant d’être réaménagés par Napoléon 1er entre 1808 et 1810. Il s’agit alors de créer des lieux de vie plus intimes, loin du protocole, où les souverains peuvent se retrouver avec leurs proches, famille et amis.
Ces pièces se trouvent au rez-de-chaussée de l’aile François 1er, en-dessous de la Galerie du même nom et des grands appartements d’apparts dédiés à la vie officielle, en lieu et place de la Galerie des bains de la Renaissance. Situés entre la Cour de la Fontaine et le Jardin de Diane qui est privé, ces appartements sont donc volontairement placés au calme.
Le guide nous engage à le suivre et nous pénétrons dans une première antichambre meublée simplement (photos 1et 2 ci-dessous), qui donne le ton : nous sommes bien dans un lieu privé ! Les surfaces sont plus petites et le décor est plus sobre. Les rénovations de toutes ces pièces sont prévues dans les prochaines années, mais l’ensemble est encore dans son jus, ce qui ajoute au charme et à l’intimité des lieux.
Nous entrons ensuite dans un premier salon où l’Empereur prenait régulièrement un déjeuner rapide et plutôt frugal (photos 3 à 8 ci-dessus). Il s’installait ainsi sur le guéridon placé au centre de la pièce. C’est là aussi qu’attendaient les invités de l’Empereur avant leur audience dans le deuxième salon.
Ce deuxième salon de l’Empereur, dit le Salon Vert, présente un mobilier et une décoration plus riches (Photos ci-dessous). Ici, l’Empereur pouvait recevoir des ministres ou des invités de marques. On ne peut y entrer mais on peut l’observer à travers des portes ouvertes. Je dois dire que l’aménagement est très complet et on y sent presque la présence de Napoléon 1er.
Nous pénétrons ensuite dans un petit couloir que l’on découvre derrière une porte cachée, située dans le mur du premier salon et qui accueillait la garde-robe de l’Empereur. Le guide a proposé à un enfant de notre groupe de pousser cette porte. J’avoue avoir été un peu jaloux, et j’aurais aimé avoir moi aussi 10 ans pour pouvoir ouvrir cette porte utilisée par Napoléon lui-même.
Ce couloir mène à la chambre de l’Empereur. Au sol, la moquette léopard paraît tout droit sortie du 21e siècle, mais elle est du style d’origine. On passe devant une première petite chambre qui servait au secrétaire particulier de Napoléon 1er, le baron de Méneval. Assez confortable, cette chambre dispose d’une clochette reliée à un système de chaînette qui part directement de celle de l’Empereur qui peut donc appeler son secrétaire dès qu’il en a besoin.
Nous passons ensuite devant une salle de bain installée sous Louis-Philippe 1er (Roi des Français de 1830 à 1848). On y observe deux toilettes de deux époques différentes : des toilettes simples datant de Napoléon, similaires aux chaises percées déjà utilisées par Louis XV et Louis XVI; et un toilette plus moderne relié à une fausse sceptique, datant de Louis-Philippe.
Point anecdote ! Pourquoi dès le 19e siècle et encore aujourd’hui, utilise-t-on le terme WC ?
Les Toilettes reliées à l’eau et aux égouts ou à une fosse septique ont été inventées en Angleterre en 1836. Très vite, la France de Louis-Philippe 1er s’empare de cette découverte et la développe. On reprend alors le terme anglais de Water Closet, littéralement « cabinet d’eau », qui en abrégé devient WC. Un sigle peu usité aujourd’hui dans les pays anglo-saxons, mais toujours très courant chez nous.
Nous continuons dans ce couloir au bout duquel se trouve la pièce du garde du Portefeuille de l’Empereur (Photos 1&2 ci-dessous). Il y avait deux gardiens qui jouaient le rôle d’huissiers, passant les papiers et lettres à Napoléon ou à son secrétaire. Ces gardiens servaient aussi de barrage à d’éventuels intrus qui auraient pu entrer chez l’Empereur.
Nous traversons ensuite le Cabinet des Dépêches, tout en boiseries datant de Louis XV (Photos 3 à 6 ci-dessus), pour entrer dans la chambre de l’Empereur (Ci-dessous). Le lit comme le mobilier proviennent du Palais des Tuileries et ont été réalisés par l’ébéniste du Premier Empire, Jacob-Desmalter. Bien qu’on soit dans la chambre de Napoléon 1er, les tapisseries des chaises et du lit présentent des motifs plutôt féminins. En tout cas, nous sommes bien dans une pièce privée car le décor est assez sobre pour une chambre impériale.
Normalement, nous aurions dû rejoindre la célèbre bibliothèque de l’Empereur installée en 1808 dans l’ancien cabinet de jeux de Louis XVI. Elle était malheureusement en rénovation et donc fermée lors de ma visite. Je le regrette car je vous avoue que c’était un des points d’intérêt que j’attendais. Mais j’y reviendrai. La particularité de cette pièce tout en bois, réside dans cet escalier à vis qui mène directement à l’appartement intérieur de Napoléon au 1er étage (à retrouver dans mon 3ème article/podcast dédié à Fontainebleau).
Nous continuons donc par des pièces attenantes affectées au service des secrétaires de l’Empereur. On y trouve des bureaux mécaniques ou à cylindre, des tables pour écrire etc… Le dernier de ces bureaux a été transformé sous le Second Empire (1852-1870) par l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, neveu de Napoléon 1er. On l’appelle alors le Salon des Oiseaux car les boiseries sont ornées de toiles de Snyders et Fyt représentant divers oiseaux, dont des rapaces qui se trouvaient à la ménagerie de Versailles.
Nous pénétrons maintenant dans une pièce qui n’est pas toujours ouverte à la visite : le Cabinet au Col de Cygne. Notre guide nous y a donné accès pour gentiment compenser la fermeture de la bibliothèque. C’était la pièce des buffets sous Louis XVI, située à proximité des anciennes cuisines. On y trouve une fontaine en plomb doré qui servait à rafraîchir le vin et où se trouve le cygne justement. Dans les vitrines est exposée une partie du service de porcelaine de Sèvres de Louis XV et Louis XVI, dit le « service carmin » car orné de motifs en camaïeu de rose. On y trouve aussi le service de Louis-Philippe 1er. Enfin, un meuble assez ingénieux permettait de garder les plats au chaud avant de servir le dîner dans la salle à manger.
Après cette parenthèse, nous nous rendons dans la dernière pièce du petit appartement de l’Empereur avant de découvrir celui de l’Impératrice : le Cabinet Topographique. C’est une pièce de travail où l'on trouve trois grandes tables en chêne et acajou de Jacob-Desmalter qui permettaient d’étaler plans et cartes pour étudier les futures campagnes militaires napoléoniennes.
Les murs sont couverts de toile Vert Empire. On observe aussi une pendule dite géographique réalisée par le célèbre horloger Janvier. Elle est étonnante puisqu’elle pouvait donner l’heure dans l’ensemble du territoire français. En effet, les régions françaises n’étaient pas toutes réglées à la même heure. Pour l’anecdote, c’est le développement du train au cour du 19e siècle qui harmonisera l’heure française.
Nous quittons donc le Petit Appartement de l’Empereur, et entrons dans celui de l’Impératrice, aménagé par Joséphine en 1809. Elle n’a pu que très peu en profiter puisque cette même année Napoléon 1er demandera le divorce puisqu’elle ne peut lui donner d’héritier. Il épousera en secondes noces l’archiduchesse d’Autriche Marie-Louise qui deviendra Impératrice en 1810 et qui donnera un fils, l’Aiglon ou Roi de Rome, à Napoléon.
La première pièce où nous entrons est le Salon d’Étude de l’Impératrice. Ici, elle ne recevait que son cercle très intime. A l’origine, c’était la dernière pièce de l’appartement privé de l’Impératrice, mais la visite se fait dans le sens inverse. On y trouve des signes de ses occupations favorites : un piano forte, un métier à broder, ou encore une table à écrire avec une boite aux lettres privée.