top of page

FONTAINEBLEAU : Les Petits Appartements et le Théâtre Impérial

Dernière mise à jour : 11 avr. 2023


Aujourd’hui, je partage avec vous la dernière partie de ma visite du Château de Fontainebleau. Cet article fait effectivement suite à trois autres où je détaillais l’histoire puis la visite des Grands Appartements de ce lieu incontournable du patrimoine français et de l’Histoire de France. Aujourd’hui je propose une visite guidée des Petits Appartements des souverains et du Théâtre Impérial édifié au Second Empire.


L’histoire de cette résidence, d’abord royale puis impériale, s’étend sur 800 ans. L’ensemble des souverains français a résidé au Château de Fontainebleau : au Moyen-Âge, mais surtout à partir de la Renaissance, en commençant par François 1er, puis sous l’Ancien régime jusqu’à Louis XVI, ou encore le 1er Empire de Napoléon, et ce jusqu’au Second Empire de Napoléon III, au 19e siècle. L’architecture éclectique du Palais de Fontainebleau, la richesse de ses décors, de son mobilier ou encore la composition de ses jardins reflètent les grands moments de l’Histoire de France.


Selon moi, c’est un monument qu’il faut absolument visiter un jour. Fontainebleau est le témoin de la vie officielle mais aussi intime des rois, reines, empereurs et impératrices français.


De mon côté, je suis déjà venu plusieurs fois à Fontainebleau. J’avais alors suivi le parcours de visite libre qui est déjà très complet. Mais cette fois-ci, j’ai choisi de prendre le billet « Une journée au château » qui propose un accès libre au château de Fontainebleau et aux jardins, bien sûr, mais aussi 3 visites guidées :

  • Une visite « découverte du château » qui permet non pas de visiter le monument dans son ensemble, mais de le découvrir à travers des pièces emblématiques de son histoire et de celle de ses résidents. C’est une bonne visite introductive qu’il faut compléter par la visite libre -les audioguides proposés sont très bien faits à ce sujet.

  • Une visite des « Petits appartements intérieurs » : ici on entre dans la vie intime des souverains, rois et empereurs, qui ont vécus au château. On entre dans des pièces privées où ils se retrouvaient en petit comité familial ou amical, en-dehors des appartements d’apparats, publics et plus officiels.

  • Une visite du « Théâtre Impérial » : un théâtre incroyablement bien conservé, commandé par Napoléon III et réalisé par Hector Lefuel entre 1854 et 1857. Ce lieu permet de mieux comprendre Fontainebleau au Second Empire, sous le règne de ses derniers propriétaires, l’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.

Il existe d’autres visites que je pense faire une prochaine fois, mais ce billet de découverte d’une journée donne déjà un aperçu global du Château tout en permettant un accès à des sites privés, ce qui est particulièrement le cas pour la partie de la visite que je propose aujourd’hui.


Cet article, et le podcast qui est lié, est le quatrième que je consacre à cette journée bellifontaine car il serait trop long de raconter l’ensemble de ma visite en un article et un podcast. Je l’ai donc décomposée en quatre parties :

  • L’histoire du château de Fontainebleau : l'article et le podcast qui l’accompagne sont déjà disponibles en ligne sur mon blog www.lescarnetsdigor.fr et sur les plateformes usuelles de podcasting.

  • La 1ère partie de la visite plus générale du château, incluant le Musée Napoléon 1er, l’Appartement du Pape Pie VII et les Appartements dits des « Reines Mères » : à retrouver dans le second article/podcast dédié.

  • La suite de la visite publique et générale du château avec les Grands Appartements des souverains et l’Appartement Intérieur de l’Empereur : déjà disponible également.

  • La visite guidée des Petits Appartements privés et du Théâtre Impérial : c’est l’objet de l’article et du podcast que je vous propose d’aujourd’hui.

Je ne vais pas retracer l’histoire du Château de Fontainebleau ici, vous avez tout dans l’article dédié. Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre la découverte du domaine de Fontainebleau à travers la visite guidée des Petits Appartements privés et plus intimes des résidents royaux et surtout impériaux du Palais, ainsi que du Théâtre Impérial. Des espaces fermés au public auxquels j’ai pu accéder grâce aux billets « Petits appartements intérieurs » et « Théâtre Impérial ».


Visite des Petits Appartements des Souverains

Nous commençons par la visite des Petits Appartements des souverains. Des appartements dits de Napoléon 1er puisqu’ils sont présentés dans leur état Premier Empire.


Mais ces espaces ont été en réalité construits sous Louis XV puis Louis XVI, avant d’être réaménagés par Napoléon 1er entre 1808 et 1810. Il s’agit alors de créer des lieux de vie plus intimes, loin du protocole, où les souverains peuvent se retrouver avec leurs proches, famille et amis.


Ces pièces se trouvent au rez-de-chaussée de l’aile François 1er, en-dessous de la Galerie du même nom et des grands appartements d’apparts dédiés à la vie officielle, en lieu et place de la Galerie des bains de la Renaissance. Situés entre la Cour de la Fontaine et le Jardin de Diane qui est privé, ces appartements sont donc volontairement placés au calme.


Le guide nous engage à le suivre et nous pénétrons dans une première antichambre meublée simplement (photos 1et 2 ci-dessous), qui donne le ton : nous sommes bien dans un lieu privé ! Les surfaces sont plus petites et le décor est plus sobre. Les rénovations de toutes ces pièces sont prévues dans les prochaines années, mais l’ensemble est encore dans son jus, ce qui ajoute au charme et à l’intimité des lieux.

Nous entrons ensuite dans un premier salon où l’Empereur prenait régulièrement un déjeuner rapide et plutôt frugal (photos 3 à 8 ci-dessus). Il s’installait ainsi sur le guéridon placé au centre de la pièce. C’est là aussi qu’attendaient les invités de l’Empereur avant leur audience dans le deuxième salon.


Ce deuxième salon de l’Empereur, dit le Salon Vert, présente un mobilier et une décoration plus riches (Photos ci-dessous). Ici, l’Empereur pouvait recevoir des ministres ou des invités de marques. On ne peut y entrer mais on peut l’observer à travers des portes ouvertes. Je dois dire que l’aménagement est très complet et on y sent presque la présence de Napoléon 1er.

Nous pénétrons ensuite dans un petit couloir que l’on découvre derrière une porte cachée, située dans le mur du premier salon et qui accueillait la garde-robe de l’Empereur. Le guide a proposé à un enfant de notre groupe de pousser cette porte. J’avoue avoir été un peu jaloux, et j’aurais aimé avoir moi aussi 10 ans pour pouvoir ouvrir cette porte utilisée par Napoléon lui-même.

Ce couloir mène à la chambre de l’Empereur. Au sol, la moquette léopard paraît tout droit sortie du 21e siècle, mais elle est du style d’origine. On passe devant une première petite chambre qui servait au secrétaire particulier de Napoléon 1er, le baron de Méneval. Assez confortable, cette chambre dispose d’une clochette reliée à un système de chaînette qui part directement de celle de l’Empereur qui peut donc appeler son secrétaire dès qu’il en a besoin.


Nous passons ensuite devant une salle de bain installée sous Louis-Philippe 1er (Roi des Français de 1830 à 1848). On y observe deux toilettes de deux époques différentes : des toilettes simples datant de Napoléon, similaires aux chaises percées déjà utilisées par Louis XV et Louis XVI; et un toilette plus moderne relié à une fausse sceptique, datant de Louis-Philippe.

Point anecdote ! Pourquoi dès le 19e siècle et encore aujourd’hui, utilise-t-on le terme WC ?

Les Toilettes reliées à l’eau et aux égouts ou à une fosse septique ont été inventées en Angleterre en 1836. Très vite, la France de Louis-Philippe 1er s’empare de cette découverte et la développe. On reprend alors le terme anglais de Water Closet, littéralement « cabinet d’eau », qui en abrégé devient WC. Un sigle peu usité aujourd’hui dans les pays anglo-saxons, mais toujours très courant chez nous.


Nous continuons dans ce couloir au bout duquel se trouve la pièce du garde du Portefeuille de l’Empereur (Photos 1&2 ci-dessous). Il y avait deux gardiens qui jouaient le rôle d’huissiers, passant les papiers et lettres à Napoléon ou à son secrétaire. Ces gardiens servaient aussi de barrage à d’éventuels intrus qui auraient pu entrer chez l’Empereur.

Nous traversons ensuite le Cabinet des Dépêches, tout en boiseries datant de Louis XV (Photos 3 à 6 ci-dessus), pour entrer dans la chambre de l’Empereur (Ci-dessous). Le lit comme le mobilier proviennent du Palais des Tuileries et ont été réalisés par l’ébéniste du Premier Empire, Jacob-Desmalter. Bien qu’on soit dans la chambre de Napoléon 1er, les tapisseries des chaises et du lit présentent des motifs plutôt féminins. En tout cas, nous sommes bien dans une pièce privée car le décor est assez sobre pour une chambre impériale.

Normalement, nous aurions dû rejoindre la célèbre bibliothèque de l’Empereur installée en 1808 dans l’ancien cabinet de jeux de Louis XVI. Elle était malheureusement en rénovation et donc fermée lors de ma visite. Je le regrette car je vous avoue que c’était un des points d’intérêt que j’attendais. Mais j’y reviendrai. La particularité de cette pièce tout en bois, réside dans cet escalier à vis qui mène directement à l’appartement intérieur de Napoléon au 1er étage (à retrouver dans mon 3ème article/podcast dédié à Fontainebleau).


Nous continuons donc par des pièces attenantes affectées au service des secrétaires de l’Empereur. On y trouve des bureaux mécaniques ou à cylindre, des tables pour écrire etc… Le dernier de ces bureaux a été transformé sous le Second Empire (1852-1870) par l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, neveu de Napoléon 1er. On l’appelle alors le Salon des Oiseaux car les boiseries sont ornées de toiles de Snyders et Fyt représentant divers oiseaux, dont des rapaces qui se trouvaient à la ménagerie de Versailles.

Nous pénétrons maintenant dans une pièce qui n’est pas toujours ouverte à la visite : le Cabinet au Col de Cygne. Notre guide nous y a donné accès pour gentiment compenser la fermeture de la bibliothèque. C’était la pièce des buffets sous Louis XVI, située à proximité des anciennes cuisines. On y trouve une fontaine en plomb doré qui servait à rafraîchir le vin et où se trouve le cygne justement. Dans les vitrines est exposée une partie du service de porcelaine de Sèvres de Louis XV et Louis XVI, dit le « service carmin » car orné de motifs en camaïeu de rose. On y trouve aussi le service de Louis-Philippe 1er. Enfin, un meuble assez ingénieux permettait de garder les plats au chaud avant de servir le dîner dans la salle à manger.


Après cette parenthèse, nous nous rendons dans la dernière pièce du petit appartement de l’Empereur avant de découvrir celui de l’Impératrice : le Cabinet Topographique. C’est une pièce de travail où l'on trouve trois grandes tables en chêne et acajou de Jacob-Desmalter qui permettaient d’étaler plans et cartes pour étudier les futures campagnes militaires napoléoniennes.

Les murs sont couverts de toile Vert Empire. On observe aussi une pendule dite géographique réalisée par le célèbre horloger Janvier. Elle est étonnante puisqu’elle pouvait donner l’heure dans l’ensemble du territoire français. En effet, les régions françaises n’étaient pas toutes réglées à la même heure. Pour l’anecdote, c’est le développement du train au cour du 19e siècle qui harmonisera l’heure française.


Nous quittons donc le Petit Appartement de l’Empereur, et entrons dans celui de l’Impératrice, aménagé par Joséphine en 1809. Elle n’a pu que très peu en profiter puisque cette même année Napoléon 1er demandera le divorce puisqu’elle ne peut lui donner d’héritier. Il épousera en secondes noces l’archiduchesse d’Autriche Marie-Louise qui deviendra Impératrice en 1810 et qui donnera un fils, l’Aiglon ou Roi de Rome, à Napoléon.


La première pièce où nous entrons est le Salon d’Étude de l’Impératrice. Ici, elle ne recevait que son cercle très intime. A l’origine, c’était la dernière pièce de l’appartement privé de l’Impératrice, mais la visite se fait dans le sens inverse. On y trouve des signes de ses occupations favorites : un piano forte, un métier à broder, ou encore une table à écrire avec une boite aux lettres privée.

Point anecdote ! Pourquoi une boite aux lettres ?

En fait, l’Impératrice ne poste pas elle-même les courriers qu’elle souhaite envoyer. Aussi, afin que personne ne subtilise ses lettres, elle les glisse dans cette boite dédiée. Cependant, aucune lettre ne partait sans avoir été relue par l’Empereur ou son service de protection. C’est notamment le cas pour les lettres qu’écrit Marie-Louise à sa famille autrichienne. Pas question de risquer de laisser l’Impératrice s’immiscer dans la politique. D’ailleurs, Napoléon, en misogyne qu’il était, aimait à dire des femmes qu’il « vaut mieux qu’elle manie l’aiguille plutôt que la langue, surtout pour se mêler d’affaires politiques ». Sympa !


Nous quittons le Salon d’Étude et traversons un ravissant boudoir entièrement tendu de soieries Vert Empire avant d’entrer dans la chambre à coucher de l’impératrice.

Nous entrons ainsi dans son intimité en gagnant cette pièce privée, agréable et joliment conservée. Le décor de la chambre est celui mis en place pour Joséphine. Les couleurs sont très fraîches et féminines, du violet léger, des touches de rose au sol, et des dorures. Le lit, lui, est d’inspiration orientale. On imagine bien Joséphine puis Marie-Louise se reposer ici, dans cette pièce à l’atmosphère douce et paisible.


Quittons la chambre pour continuer dans l’intimité de l’impératrice avec sa salle de Bain. Cette pièce est installée sous Napoléon 1er pour Joséphine. Elle est originale car elle est conçue comme un boudoir avec des sièges, un grand canapé, une coiffeuse… mais pas de baignoire ! en réalité, celle-ci est cachée. Le canapé est posé sur une estrade qui dissimule une baignoire. Un ingénieux système permet d’ouvrir cette estrade en tirant le canapé pour dévoiler la baignoire de l’Impératrice. Cette pièce pouvait ainsi avoir une double fonction : cabinet de toilette et boudoir intime.

Point anecdote ! Joséphine et la mode.

L’Impératrice Joséphine est connue pour son goût de la mode. On dit même qu’elle aurait dessiné sa robe de Sacre. En tant qu’Impératrice, elle donne le ton et fait la mode comme la Reine de France sous l’Ancien Régime (on pense notamment à Marie-Antoinette). Mais Joséphine innove et instaure un style Empire, inspiré de l’antiquité : les robe son fluides, simples. Les lignes suivent et valorisent le corps. La Taille est haute, sous la poitrine. Les matières sont nobles et richement brodées, mais la surcharge n’est pas de mise. Joséphine ne laissait personne lui dicter son style. Elle n’était pas forcément très belle, d’ailleurs, on dit qu’elle ne souriait que très peu car elle n’avait pas de belles dents. Mais sa grâce et le don qu’elle a de se mettre en valeur lui donnent un charme et une aura qui dépasse les autres femmes de l’époque. Elle est ainsi l’ambassadrice parfaite des savoir-faire français (soieries lyonnaises par exemple). Mais elle dépense sans compter et va même chercher des pièces rares au-delà de l’Europe. Elle lance ainsi la mode des châles et pashmina en cachemire venus d’Inde. Ces dépenses ne plaisaient pas à Napoléon qui parfois empêchait l’accès des marchands à l’appartement de sa femme, parfois les emprisonnaient même... mais il finissait toujours par régler. Joséphine dira alors : « Mais enfin, si je dépense autant, c’est pour soutenir l’économie française ! ». Généreuse, l’Impératrice distribuait régulièrement ses vêtements à ses proches ou dames de compagnie.


Revenons à la visite. La pièce suivante servait de « pièce tampon » entre les pièces privées de l’Impératrice, que nous venons de voir, et les salons de réception. Ici se tenaient les "Dames d’Annonce", toutes vêtues de rouge, dont la fonction était d’annoncer à l’Impératrice le nom des personnes qui souhaitaient s’entretenir avec elle. Cette petite salle est joliment décorée, avec du mobilier Louis XVI, notamment des Chaises issues du boudoir turc du Comte d’Artois au château de Versailles - le frère de Louis XVI et futur Charles X (règne : 1825-1830).

Point anecdote ! Qu’est-ce qu’un calorifère ?

Dans cette salle de passage, on aperçoit une drôle d’ouverture dans le mur. C’est l’ouverture du «calorifère». C’est un appareil producteur d’air chaud, ancêtre de nos radiateurs, installé dès Napoléon 1er. Un système ingénieux permettait de faire circuler l’air à travers un réseau de tuyaux entre une chambre de combustion alimentée par les « feutiers », ces préposés au bois qui géraient aussi les cheminées du château, un échangeur et une chambre de distribution de la chaleur entre les pièces. Ces appartements privés présentent déjà tout le confort qu’on peut souhaiter!


Pénétrons maintenant dans le Salon Jaune. Ce salon de réception est conservé dans son décor Premier Empire. A l’origine jaune citron sous Joséphine, les tissus sont passés et les couleurs moins vives aujourd’hui. C’est une pièce assez grande mais à travers son aménagement, elle apparaît aussi très chaleureuse et on imagine bien les soirées festives et conviviales qui pouvaient s’y dérouler.


Ce Salon Jaune ouvre sur le Salon de Billard qui surprend par ses tonalités violettes. Le billard n’est pas là. En réalité, on le sortait et l’installait sur demande. On remarque d’ailleurs une banquette d’une longueur extraordinaire qui longeait justement ce billard. Le reste de la pièce est meublé de tables de jeu où l’on jouait au Wrist, l’ancêtre du bridge. Il y a ici deux sortes de chaises : les chaises pour femme, de forme plutôt traditionnelle, sur lesquelles elles s’asseyaient ; et les chaises dites « voyeuses », pour les hommes qui s’asseyaient à califourchon dessus pour observer le jeu et la salle. Pour plus de confort, le dossier de ces « voyeuses » est recourbé et rembourré pour permettre d’y poser les bras.

Nous finissons la visite des Appartements Privés par une pièce assez simplement décorée, à l’image d’un vestibule. C’est en effet par cette salle que l’on entrait à l’époque.


Quittons maintenant le Premier Empire pour découvrir le Théâtre Impérial construit, lui, sous le Second Empire.


Le Théâtre Impérial


Il existait un théâtre construit par Louis XV dans l’aile dite de la Belle Cheminée au 18e siècle. Napoléon III décide en 1854 de bâtir une nouvelle salle de spectacle plus moderne dans la partie ouest de l’Aile Louis XV, à la mode du Second Empire, dans un style néo-Louis XVI qui s’inspire du théâtre de la Reine Marie-Antoinette au Petit Trianon de Versailles. L’architecte Hector Lefuel arrive alors à faire entrer un théâtre de 400 places dans cette aile qui n’est pas du tout prévue pour cela. Une prouesse technique pour l’époque ! Heureusement, car en 1856, l’ancien théâtre brûle dans un incendie. Le théâtre et les pièces que nous allons visiter ont été superbement rénovés en 2019.

Nous nous retrouvons en haut d’un escalier assez simple qui nous mène devant le Foyer Impérial où l’Empereur reçoit ses ministres et invités privilégiés avant le spectacle. Un espace assez petit mais très chaleureux avec ses canapés capitonnés et le décor entièrement doré.


Nous quittons le foyer pour enfin pénétrer dans la salle de spectacle. Nous arrivons au 1er balcon, juste à l’endroit où le couple impérial s’installait. Cette salle est impressionnante. Essentiellement dorée, avec des boiseries peintes et l’étoffe des murs et des fauteuils en soie bouton d’or. C’est le seul théâtre jaune. Sous l’Ancien Régime, ils étaient bleus, et au 19e siècle, rouge.

Il n’y a pas de loge dans ce théâtre, afin de gagner de la place et d’avoir un ensemble qui paraisse plus grand visuellement. La salle qui paraît être bâtie en bois, est en fait construite sur une structure en métal, comme l’industrie le permet au Second Empire, à l’image de la structure de l’impressionnant Opéra Garnier à Paris.

Quittons le 1er balcon pour nous rendre à l’étage. Nous arrivons au niveau des loges grillées (ou grillagées) qui étaient réservées au personnel et aux employés du Palais.

Point anecdote ! Les loges des employés, une place faussement privilégiée.

Depuis les loges grillagées du théâtre, on voit plutôt très bien la scène. On se dit que le personnel qui s’y trouvait avait de la chance. C’était sans compter sur le lustre majestueux. Lorsque la salle est inexploitée, celui-ci est assez bas, comme lors de notre visite. Mais pendant le spectacle, comme la lumière reste allumée pour voir et être vu, afin de ne pas gêner l’Empereur et l’Impératrice, on relevait ce lustre. Depuis les loges grillées, on ne voyait alors plus grand-chose du spectacle !


Nous nous rendons ensuite dans le Foyer de l’impératrice, entièrement recouvert de soie bleu d’Inde. Elle y reçoit notamment ses Dames d’Honneur. A cet étage, on trouve aussi un « closet anglais », des WC en d’autres mots.


Nous descendons ensuite pour découvrir un endroit qui n’est pas toujours visible : l’arrière-scène ! Je dois dire que c’est impressionnant et émouvant ! Nous sommes sur cette scène, qui était inclinée pour permettre qu'on voit bien le spectacle de la salle. On peut y observer toutes les installations techniques qui permettent d’actionner les décors et les effets pendant le spectacle. Un classeur de 250 décors d’origine y est toujours installé. C'était une expérience incroyable et unique que de pouvoir passer côté coulisses!

Point Anecdote ! Le premier rideau de fer à Fontainebleau.

A la suite de l’incendie du théâtre Louis XV à Fontainebleau, on décide d’installer pour la première fois une grille en fer qui sépare la scène du public, que l’on peut baisser en cas d’incendie. On installe également une cuve d’eau sous la scène pour les besoins des pompiers. La grille deviendra ensuite un rideau de fer hermétique qui sera installé dans tous les théâtres, et qui s’y trouve encore aujourd’hui.


Revenons maintenant sur le devant de la scène, ou plutôt dans la salle. Nous sommes maintenant au rez-de-chaussée, au niveau du parterre. Ici étaient installé 120 hommes sur des bancs. Des militaires qui parfois n’étaient pas des plus calmes pendant les spectacles mais qui mettaient ainsi l’animation.

Finalement, le Théâtre Impérial de Fontainebleau n’a présenté qu’une quinzaine de pièces. C’est peu quand on sait que dans sa vie, Napoléon III a assisté à plus de 750 pièces à Paris ou Compiègne notamment. Non pas qu’il était passionné de théâtre, mais c’était un moyen d’être vu et d’imposer son pouvoir. Pourquoi si peu de pièces jouées à Fontainebleau ? Tout d’abord, ça coûte cher! mais surtout, la Cour Impérial ne vient au château que l’été. Une période plus propice aux fêtes extérieures, tandis qu’il peut faire très chaud dans la salle.


Ainsi s’achève la visite du Fontainebleau plus intime des Rois, Reines et surtout des Empereurs et Impératrices français.es. Un parcours habituellement fermé au public que vous pouvez faire en vous inscrivant sur le site du château. Cet article était le dernier dédié au Palais de Fontainebleau. Je vous donne donc rendez-vous pour la découverte d’autres lieux d’histoire et de culture!


Mon avis sur cette visite


Cette visite est vraiment complémentaire de celle des Grands Appartements et plus généralement des espaces publics du château. Le guide était vraiment super ! Il n’a cessé de nous raconter des anecdotes, de nous faire découvrir ces lieux plus intimes comme si nous y étions en présence des résidents de l’époque. Je recommande vivement de prendre ce billet pour les Petits Appartements mais aussi pour le Théâtre Impérial qui vaut vraiment le coup, notamment après sa magnifique restauration.


J’étais juste déçu de ne pas avoir visiter la bibliothèque privée de Napoléon car c’est pour moi une pièce emblématique que j’ai toujours voulu découvrir. Une occasion de revenir à Fontainebleau ! D’autant plus qu’il y a d’autres visites que j’aimerais faire : les appartements de Madame de Maintenon, le Musée Chinois de l’Impératrice Eugénie et son Salon des Laques, ou encore le Boudoir Turc de Marie-Antoinette.


Informations pratiques


Le Château de Fontainebleau est très accessible en voiture comme en train, notamment depuis Paris. La Gare de Fontainebleau-Avon se trouve à environ 45 minutes de Paris Gare de Lyon. Une fois arrivé, il vous suffit de prendre le bus qui mène tout droit au Château en 10 minutes.

Pour retrouver l’histoire du château mais aussi toutes les informations pratiques concernant les visites guidées ou non proposées à Fontainebleau, rendez-vous sur le site officiel très bien fait .

bottom of page