J'ai eu la chance cet été de visiter le Château des Milandes, dans la vallée de la Dordogne, près de Sarlat. Il s'agit de la demeure périgourdine d'une femme d’exception et au destin romanesque: Joséphine Baker.
« Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour. » Joséphine Baker
Alors qu’en épousant Jeanne de Castelnaud, Nompar IV de Caumont installe sa famille originaire du Lot-et-Garonne en Périgord, dans la forteresse de Castelnaud, son arrière-petit-fils François de Caumont va choisir de quitter cette bâtisse austère et d’élever pour sa femme Claude de Cardaillac une demeure plus lumineuse qui répond aux styles architecturaux de la Renaissance italienne.
En 1489, le Château des Milandes est érigé. Il va évoluer dans les siècles qui suivent jusqu’au 19e siècle où il est remanié dans un style néo-gothique.
En 1900, l’industriel Charles Auguste Claverie achète la demeure alors abandonnée et la rénove et y ajoute l’aile Est dans un style romantique avec balcons, sculptures, gargouilles et autres vitraux. Il créé aussi le magnifique jardin à la française que l’on observe aujourd’hui encore.
Joséphine Baker
Née le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri, USA), Joséphine Baker connaît une enfance misérable avant de commencer à 14 ans une carrière de danseuse au théâtre de sa ville. Elle poursuit sa jeune carrière à Chicago puis New-York où elle est repérée pour mener une Grande Revue à Paris avec sa troupe.
Elle quitte la ségrégation américaine et arrive dans la capitale française en 1925 où sa Revue Nègre triomphe au théâtre des Champs-Elysées. Sa façon frénétique de bouger et de danser, une ceinture de bananes autour de la taille, fait scandale mais la propulse en star des nuits parisiennes. En 1930, sa chanson « J’ai deux amours » la consacre comme chanteuse.
En 1937, elle séjourne régulièrement aux Milandes qu’elle loue avant de l’acheter 10 ans plus tard. En 1938 elle devient française en épousant le courtier Jean Lion. Le mariage ne dure que 14 mois.
Pendant la 2nde Guerre Mondiale, Joséphine Baker s’engage dans les services secrets de la France Libre. En 1947, elle épouse le compositeur Jo Bouillon dans la chapelle du Château des Milandes qu’ils viennent d’acheter. Tous deux créé un complexe touristique appelé le « Village du Monde » pour lutter contre le racisme et montrer que les enfants de toutes nationalités et religions peuvent vivre ensemble, en paix. Elle adopte alors 12 enfants d’origines différentes. Dans les années 1950, Joséphine vit heureuse avec sa « Tribu Arc-en-Ciel », comme elle l’appelle.
Mais en 1964, le Château des Milandes croule sous les dettes. Alors que son mari l’a quittée, Joséphine Baker doit mettre sa demeure aux enchères. Elle refuse de la vendre mais, contrainte, elle voit arriver le nouveau propriétaire en 1968. Elle résiste. Ce dernier l’expulse sans scrupule. Anéantie, elle se réfugie notamment chez son amie Grace Kelly sur la Côte d’Azur.
Pour payer ses dettes, elle reprend le chemin des revues parisiennes en investissant Bobino. Un triomphe!
Le 12 avril 1975, Joséphine Baker meurt à 69 ans d’une hémorragie cérébrale à Paris.
Inscrit aux Monuments Historiques en 1986, le Château des Milandes est acheté en 2001 par Henry et Claude de Labarre qui le restaurent. En 2006 leur fille, Angélique de Saint-Exupéry, en devient la propriétaire.
Je vous invite fortement à visiter ce magnifique château aux styles aussi multiples que les époques qu’il a traversées et que les personnalités qui l’ont habitées.
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