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9 JANVIER 1873 : MORT DE NAPOLÉON III

Photo du rédacteur: Igor Robinet-SlanskyIgor Robinet-Slansky

Dernière mise à jour : 13 janv.


Portrait
Napoléon III par Franz-Xaver Winterhalter (1853)

L’ex-empereur des Français, Napoléon III, est mort en Angleterre le 9 janvier 1873. Premier président de la IIe République (1848-1852), instaurateur du Second Empire (1852-1870), il sera au pouvoir 22 ans, dont plus de 18 ans comme empereur. Mais qui était-il et comment a-t-il marqué l’Histoire de France ?


LOUIS -NAPOLÉON BONAPARTE AVANT NAPOLÉON III : DU PREMIER EMPIRE À L’EXIL


Revenons quelques années en arrière. La Révolution de 1789, mais surtout la déchéance de Louis XVI en 1792, marquent la fin de longs siècles de monarchie en France, et le début de la Ière République. Une courte République (1792-1804) puisqu’à partir du 19e siècle vont se succéder empereurs et monarques, jusqu’à la IIIe République en 1870 qui pérennisera le régime républicain.


LE PREMIER EMPIRE


Ainsi, en mai 1804, après le Directoire (1795-1799), un coup d’état (les 18 et 19 brumaire an VIII, soit les 9 et 10 novembre 1799) et le Consulat (1799-1804), le Premier Empire de Napoléon 1er est proclamé. C’est sous ce régime impérial que naît Charles Louis Napoléon Bonaparte, le 20 avril 1808 à Paris. Neveu de Napoléon 1er, il est le fils du frère de l’Empereur, Louis Bonaparte, et d’Hortense, la fille que l’Impératrice Joséphine a eu de son premier mariage avec Alexandre de Beauharnais. Son père, nommé roi de Hollande, est souvent absent et il est élevé par sa mère avec ses deux frères, Napoléon-Charles (1802-1807) et Napoléon-Louis (1804-1831).



L’EXIL


A la chute de l’Empire en 1815, la famille Bonaparte quitte la France. La reine Hortense s’installe en Suisse avec ses fils de 1817 à 1826, au château d’Arenenberg, avant de s’établir à Rome. Là, Louis-Napoléon se passionne pour la politique et s’engage déjà pour l’unité de l’Italie encore morcelée en royaumes, dont certains dépendent de l’Autriche.


En France, après la chute du Premier Empire, la Restauration voit le retour successifs des deux frères de Louis XVI sur le trône : Louis XVIII, de 1814/15 à 1824 et Charles X de 1824 à 1830. Mais après trois jours d’insurrection populaire (les Trois Glorieuses, les 27, 28 et 29 juillet 1830), Charles X, roi autoritaire, abdique, et son cousin, Louis-Philippe d’Orléans, accède au pouvoir comme roi des Français, soutenu par les libéraux. Cette Monarchie dite de Juillet repose sur une charte constitutionnelle, un compromis entre le roi qui n’a plus de pouvoir absolus et la nation. Le drapeau bleu, blanc, rouge est rétabli, la censure est abolie, la religion catholique n’est plus religion d’état.



Elevé dans le souvenir de l’Empire et dans l’idée qu’il est issu d’une grande dynastie, Louis-Napoléon devient l’héritier politique de Napoléon 1er dont le fils, roi de Rome et surnommé a postériori l’Aiglon, est mort en exil en Autriche le 22 juillet 1832. Un héritage confirmé quand son père Louis et son oncle Joseph, frères de l’ancien empereur, lui cèdent cette place.


Fort du soutien des partisans bonapartistes, Louis-Napoléon va tenter de prendre le pouvoir le 30 octobre 1836 à Strasbourg. Il échoue et Louis-Philippe le fait emprisonner. Libéré, il est condamné à l’exil aux États-Unis, mais il revient en Suisse en août 1837 et, après la mort de sa mère le 5 octobre suivant, il décide de s’installer en Angleterre.



PROFITER DE L’INSTABILITÉ POLITIQUE FRANÇAISE


En France, les opposants, notamment républicains, déstabilisent le régime du monarque bourgeois qu’est Louis-Philippe. Dans cette France qui s’industrialise, la jeune classe ouvrière, dont les conditions sont précaires, stimulée par les nouvelles théories socialistes et par les groupes républicains, s’insurgent régulièrement dans les grandes villes (Paris, Lyon).


L’ordre est rétabli par la force, la censure aussi, et les associations républicaines sont dissoutes. Par ailleurs, malgré son développement économique, la France entre en récession en 1846. Le chômage augmente et la colère monte chez les ouvriers, mais aussi chez les bourgeois libéraux, nostalgiques de la Révolution française ou de l’Empire.


LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE : L’HOMME PROVIDENTIEL ?


En parallèle des troubles et de l’instabilité politique resurgit le nom de Louis-Napoléon Bonaparte. Et lorsqu’en mars 1840, Louis-Philippe décide de rapatrier les cendres de l’ex-empereur Napoléon de Sainte-Hélène à Paris (elles entreront aux Invalides le 15 décembre 1840), Louis-Napoléon entend bien surfer sur la vague bonapartiste pour prendre le pouvoir par la force. Il débarque à Boulogne-sur-Mer dans la nuit du 5 au 6 août. Cependant, sa tentative de retour va tourner court car il se fait arrêter et emprisonner au fort de Ham, dans la Sommes.



Il va alors profiter de ses six années de captivité pour réfléchir à sa future politique et rédiger des articles qui, diffusés dans la presse, permettront de répandre ses opinions au sein de la population. Son nom de Bonaparte résonne encore pour beaucoup comme un espoir. Le livre qu’il écrit en prison, « Extinction du paupérisme » et qui est publié en 1844, est un succès et contribue à assoir sa notoriété. Dans cet ouvrage, il décrit son programme politique pour la France, et, dans un style qu’on peut qualifier de populiste, il propose des solutions pour réduire la pauvreté qui croît dans la nouvelle classe ouvrière en s'appuyant sur le développement économique et social. Il prône, par exemple, la création d'ateliers nationaux pour donner du travail aux chômeurs, l'accès à la propriété pour les plus modestes et une meilleure répartition des richesses, avec pour ambition de concilier progrès social et stabilité politique.



Finalement, il réussit à s’évader du fort de Ham le 25 mai 1846, profitant de travaux dans sa cellule pour s’enfuir, déguisé en ouvrier, et muni de faux papiers. De nouveau réfugié en Angleterre, il organise son retour en France.


LA CHUTE DE LA MONARCHIE DE JUILLET


A Paris, pour contourner l’interdiction de leur association, les républicains organisent des réunions sous forme de banquets festifs (non illégaux) pour pouvoir se rassembler. Mais le 22 février 1848, l’un de ses banquets est finalement interdit. Etudiants et ouvriers manifestent, rejoints par certains bourgeois et la Garde Nationale. Face à la grogne populaire et pour calmer les esprits, Louis-Philippe renvoie son Premier Ministre, François Guizot, jugé trop autoritaire, et rappelle l’homme qui l’avait mené sur le trône, Adolphe Thiers. Mais le lendemain, une manifestation dégénère, un tir retenti, l’armée mobilisée réagit et 20 personnes sont tuées. La révolte s’amplifie et les barricades se multiplient.



Le 24 février, la foule envahit les Tuileries et Louis-Philippe est contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils le Comte de Paris, mais en vain. L’Assemblée nationale est envahie, et le 25 février, à l’Hôtel de Ville, un groupe de républicains mené, entre autres, par Raspail, Ledru-Rollin, Lamartine, Arago, Dupont de l’Eure, Louis Blanc et Pierre Marie de Saint-Georges, proclame la IIe République. Louis-Philippe s’exile en Angleterre et un gouvernement républicain provisoire est composé. En Europe, un vent révolutionnaire inspiré par la France, un « printemps des peuples », mène de nombreux monarques à concéder à des constitutions plus libérales.


DE LOUIS-NAPOLÓN BONAPARTE À NAPOLÉON III


Le nouveau gouvernement républicain provisoire proclame le suffrage universel direct (uniquement masculin, cependant), désireux de faire du vote le seul mode de contestation et de renversement des gouvernements, en remplacement des trop nombreux mouvements insurrectionnels. Il abolit aussi l’esclavage, et crée les ateliers nationaux financés par l’Etat afin de donner du travail aux chômeurs (travaux de voieries etc.). Promulguée le 4 novembre 1848, la nouvelle constitution rétablit le principe de Liberté, Égalité, Fraternité. Le pouvoir législatif est confié à une chambre de députés élus au suffrage universel, et le pouvoir exécutif à un Président de la République puissant, en charge des ministres et des armées. Le problème ? Aucun moyen n’existe pour trancher en cas de désaccord entre les deux pouvoirs, aucune troisième force.


Mais avant l’élection du président, le 21 juin 1848, les députés nouvellement élus en avril puis en juin pour travailler sur la future constitution, des républicains libéraux issus en partie d’anciens courants orléanistes (partisans de Louis-Philippe d’Orléans) et conservateurs, votent la suppression des ateliers nationaux qu’ils jugent onéreux et inefficaces. Une insurrection populaire et socialiste s’élève alors : quatre jours de révolte réprimés dans le sang. Le peuple se sent immédiatement trahi par la nouvelle république qui use des mêmes outils répressifs que ceux des régimes précédents.


LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE : PRINCE PRÉSIDENT


Louis-Napoléon Bonaparte a profité de lé révolution de février 1848 pour revenir en France une première fois, avant d’y revenir définitivement et de se présenter aux élections législatives de juin 1848. Le 4 juin, il est élu député des départements de la Seine, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse. Porté par son succès et par sa notoriété grandissante, il décide de se présenter à l’élection présidentielle qui doit se tenir le 10 décembre 1848.



Les candidats républicains sont vite discrédités par leur gestion répressive des émeutes de juin. Soutenu par le Parti de l’Ordre qui regroupe des monarchistes (légitimistes et orléanistes), des bonapartistes ou encore des libéraux et conservateurs, dont Adolphe Thiers (orléaniste) et Victor Hugo (monarchiste devenu républicain), Louis-Napoléon Bonaparte se pose en défenseur du suffrage universel et du peuple contre l’autorité de l’Assemblée Nationale à majorité républicaine. Il est élu à 75% le 20 décembre et devient le premier Président de la République Française, mais aussi le plus jeune (40 ans) jusqu’à Emmanuel Macron en 2017 (39 ans).


L’EMPIRE RESTAURÉ, NAPOLÉON III PLÉBISCITÉ


Les élections législatives de mai 1849 consacrent le Parti de l’Ordre qui se veut garant de l’ordre, de la religion et des bonnes mœurs. L’Assemblée Nationale vote alors des lois conservatrices et réactionnaires : retour de la religion catholique au cœur de l’éducation, restriction de la liberté de la presse, limite du suffrage universel, répression des oppositions… De leur côté, les républicains sont trop peu nombreux pour jouer leur rôle de parti d’opposition.


Louis-Napoléon Bonaparte, qu’on appelle alors le Prince-Président en référence à sa lignée impériale, profite de l’hétérogénéité du Parti de l’Ordre, de l’impopularité des mesures votées dans la confusion par l’Assemblée, et de la faiblesse des républicains. En tournée en France en 1850, il critique la politique des députés et se pose à la fois en défenseur des ouvriers et du peuple, comme en protecteur de la religion et de la propriété. Son image à la fois sociale, libérale et conservatrice renforce sa popularité, appuyée par des sociétés bonapartistes et des journaux acquis à sa cause. En outre, il réussit en parallèle à gagner la confiance de l’armée -son patronyme y est certainement pour quelque chose.


LE COUP DÉTAT DU 2 DÉCEMBRE 1851


Tout serait donc parfait pour lui si la constitution n’empêchait la réélection du président pour un second mandat. Louis-Napoléon tente alors de réviser la Constitution avec le soutien d’un Comité pour la Réélection à l’initiative de pétitions qui trouvent un écho auprès de la population. Cependant, l’Assemblée rejette le texte et le Prince-Président n’a plus le choix : s’il veut garder le pouvoir, ce sera via un coup d’état.


Il nomme alors des proches aux commandes de l’armée et de la Garde Nationale, et à coups d’une propagande organisée par la société du Dix Décembre, créée par ses soutiens, il dévalorise le socialisme et discrédite l’assemblée et ses députés à l’image réactionnaire.


Au matin du 2 décembre 1851, date anniversaire de la victoire de son oncle Napoléon 1er à Austerlitz (2 décembre 1805) et de son sacre (2 décembre 1804), Louis-Napoléon lance un appel au peuple et à l’armée via une campagne d’affichage dans toute la France. Il annonce dissoudre l’Assemblée et rétablir le suffrage universel, et propose un plébiscite pour reconnaître son autorité.


Le Palais Bourbon est occupé et les députés opposants arrêtés (dont Adolphe Thiers). Des républicains (dont Victor Hugo et Jules Favre) tentent de soulever les Parisiens le 3 décembre. L’armée réprime la révolte. En Province aussi les insurgés sont réprimés et les républicains anéantis (27 000 sont arrêtés).



Mais la majorité des ouvriers ne réagit pas. Louis-Napoléon a gagné la confiance du peuple, et lors du plébiscite des 20 et 21 décembre, il est maintenu à la présidence avec 7,5 millions de «Oui». Il gagne le pouvoir constituant et propose ainsi une nouvelle Constitution le 14 janvier 1852.


Celle-ci partage le pouvoir législatif entre trois assemblées : le Conseil d’Etat, nommé par le président, et qui prépare les lois qu’il propose; le Sénat, nommé par le chef de l’Etat pour contrôler la constitutionnalité des lois; et un Corps législatif (les députés) élu pour 6 ans au suffrage universel qui ne se prononce sur les lois que si elles sont validées par le Sénat… lui-même nommé par le président. L’exécutif est donc renforcé, le législatif affaibli, et le président est élu pour 10 ans.


NAISSANCE DU SECOND EMPIRE : LOUIS-NAPOLÉON DEVIENT NAPOLÉON III


Finalement, contrôlant ainsi le Corps législatif, puis la presse via une loi en 1852, Louis-Napoléon Bonaparte décide de proposer au Sénat de rétablir l’empire. Ce dernier approuve. Un plébiscite est organisé les 21 et 22 novembre 1852: 8 millions de votant diront «oui», et le 2 décembre 1852, le Second Empire est proclamé. Louis-Napoléon Bonaparte devient Napoléon III.


L’Empereur épousera son impératrice, l’Andalouse Eugénie de Montijo (5 mai 1826 - 11 juillet 1920), comtesse de Teba, le 30 janvier 1853. Ils auront un fils, le prince impérial Eugène Louis Napoléon, dit Louis-Napoléon, né le 16 mars 1856.



LE SECOND EMPIRE : FASTE ET AUTORITÉ


Le Second Empire est un régime politique fastueux et autoritaire, surtout dans sa première partie (1852-1860), qui deviendra plus libéral dans sa deuxième moitié, et qui marquera le développement économique et culturel de la France, comme son entrée dans la modernité : innovations techniques (aluminium, électricité, moteur thermique), urbaines (Travaux d’Haussmann, développement du train), scientifiques (Louis Pasteur, Claude Bernard), économiques (développement de l’industrie, mise en place du système bancaire, libre-échange, grands magasins, création des halles), scolaires (école maternelle, enseignement primaire gratuit), et même sociales (maisons ouvrières, retraites, accidents du travail, soupes populaires, visites médicales gratuites, microcrédits). La « fête impériale » fait, en outre, rayonner la France à l’international : réceptions fastueuses, mode, culture (Beaudelaire, Flaubert, Stendhal, Mérimée, Courbet, Manet, Offenbach, Auber), expositions universelles.



UNE POLITIQUE INTERNATIONALE ACTIVE


Politiquement, Napoléon III veut redonner sa grandeur et sa puissance à la France dans le monde. Il s’allie à la Grande-Bretagne, ennemi séculaire de la France, avec laquelle il remporte la guerre de Crimée aux côtés de l’Empire Ottoman contre l’Empire de Russie, de 1853 à 1856.


LA PREMIÈRE GUERRE D’ITALIE


Napoléon III s’engage aussi dans l’unification de l’Italie. La France prend tout d’abord part à la première guerre d’indépendance italienne (1848-49). Elle envoie des troupes pour rétablir le Pape, chassé des Etats Pontificaux par les républicains menés par Garibaldi.


Cette première guerre d’indépendance échoue. Napoléon III, aidé de l’Angleterre, va alors soutenir Camillo Benso, comte de Cavour (1810-61), un libéral élu président du conseil du royaume de Piémont-Sardaigne en 1852, afin de construire une Italie libre et unifiée. Après plusieurs provocations envers l’Autriche, l’empereur François-Joseph menace le Royaume de Piémont-Sardaigne. Napoléon III entre en guerre contre l’Empire d’Autriche pour protéger son allié.


LES DEUXIÈME ET TROISIÈME GUERRES D’ITALIE


Une deuxième guerre d’indépendance italienne éclate alors de 1859 à 1860. Les victoires françaises et piémontaises entraînent d’autres régions qui, après plusieurs événements, s’unissent en un Royaume d’Italie à la tête duquel Victor-Emmanuel II est nommé Roi d’Italie le 17 mars 1861. Afin d’éviter une présence italienne trop proche de la France, Napoléon III demande l’annexion du comté de Nice et du duché de Savoie. C’est chose faite en juin 1860.



Cependant, l’unification italienne n’est pas totale et des insurrections restent fortes, notamment dans les régions du sud. Finalement, une troisième guerre d’indépendance éclate en 1866 lorsque le royaume de Prusse veut récupérer les états allemands de l’Empire d’Autriche. Le Royaume d’Italie voit ici l’opportunité de récupérer la Vénétie, toujours aux mains des Autrichiens, et décide de s’allier à la Prusse. L’Italie envahit la Vénétie et attaque l’Autriche par le Tyrol, mais quand la Prusse signe un armistice avec François-Joseph, l’Italie ne peut continuer la bataille. L’Autriche qui est contrainte de céder la Vénétie à la Prusse victorieuse tente une manœuvre en la cédant d’abord à la France. François-Joseph imagine alors pouvoir s’allier les faveurs de la France. Mais Napoléon III signe un accord avec Victor-Emmanuel II : la Vénétie revient à l’Italie. L’unification totale de l’Italie est achevée avec l’annexion de Rome le 20 septembre 1870.


NAPOLÉON III ET LE MEXIQUE


Au-delà de l’Italie, Napoléon III s’est aussi immiscé, outre Atlantique, dans la politique du Mexique. Appuyé par des conservateurs mexicains qui veulent installer dans leur pays un souverain européen, catholique et conservateur, afin de contrebalancer le pouvoir des Etats-Unis voisin, Napoléon III enverra une expédition sur place, entre 1861 et 1867, pour installer un régime favorable aux Français.



Il met alors à la tête de l'Empire du Mexique l’archiduc d’Autriche Maximilien de Habsbourg. Mais une guérilla éclate et lorsque la guerre de Sécession se termine aux Etats-Unis en avril 1865, ces derniers se tournent vers le Mexique. Ils somment la France de se retirer. Enlisé dans la guérilla, Napoléon III accepte. Le pauvre Empereur Maximilien, refusant d’abdiquer, sera fusillé en juin 1867.


LA CHUTE DU SECOND EMPIRE ET DE NAPOLÉON III


Ces quelques exemples d’interventions françaises montrent la volonté de Napoléon III de suivre l’exemple de son oncle, grand stratège. Cependant, il sera moins victorieux – Victor Hugo le qualifiera de « Napoléon le Petit » par opposition à « Napoléon 1er, le Grand ». L’intervention de la France dans les guerres d’Italie provoqueront ainsi des tensions avec le Royaume de Prusse géré par Otto von Bismarck, ministre-président du royaume de Prusse (1862 – 1890) et chancelier de la confédération de l'Allemagne du Nord (1867 – 1871). Des tensions qui conduiront à la guerre franco-prussienne de 1870.


LA GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE (1870)


La guerre franco-prussienne de 1870, entre le 19 juillet 1870 et le 29 janvier 1871, également connue sous le nom de guerre de 1870 ou encore de première guerre franco-allemande, est un conflit majeur qui entraînera des répercussions durables sur l'histoire européenne – il sèmera les graines des première et deuxième guerres mondiales.


Cette guerre oppose le Second Empire de Napoléon III à une coalition d’une vingtaine d’états allemands menée par la Prusse dirigée par le ministre-président Otto Von Bismarch. Ce dernier cherche en effet à unir tous les états allemands en un seul et même pays, l’Allemagne, pour gagner en influence et contrer la puissance de l’empire autrichien, mais aussi français.



Afin de fédérer l’ensemble de ces états allemands autour de ses ambitions d’unification, Bismarck, leur trouve donc comme ennemi commun : La France de Napoléon III.


D’abord, il n’a pas digéré la défaite imposée à la Prusse par les armées de Napoléon 1er à Iéna en 1806. Ensuite, les coups bas des guerres d’Italie lui ont laissé un goût amer. Et enfin, un conflit d’intérêt politique va finir d’accroître les tensions entre les deux états, et faire de la France l’ennemi par excellence. Il ne restera plus à Bismarck qu’à jouer habilement avec les nerfs du peuple français pour que la guerre devienne réalité.


LA QUESTION DE LA SUCCESSION D'ESPAGNE


L'une des causes principales de la guerre est la question de la succession au trône espagnol. En 1868, la reine Isabelle II d'Espagne est renversée, engageant le royaume dans une véritable crise de succession. Le 21 juin 1870, le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume 1er de Prusse, se propose comme candidat. Cette candidature suscite l’indignation de la part de la France qui craint une hégémonie prussienne en Europe. Le 6 juillet, le ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, le duc de Gramont, annonce officiellement son opposition.

Pour ne pas envenimer la situation, Guillaume 1er accepte de retirer la candidature de son cousin. La France exige cependant plus d’engagements et demande qu’un document signé atteste qu’aucun autre membres de la famille royale prussienne ne prétendra au trône d’Espagne.


Dans ce contexte de tension, l'ambassadeur français en Prusse, le comte Vincent Benedetti, est alors reçu le 13 juillet 1870 par le roi Guillaume 1er de Prusse à Bad Ems. Lors de cette rencontre, le roi réitère sa volonté de coopération mais, évitant de s'engager dans une discussion diplomatique, il répond de manière évasive et refuse de faire une promesse formelle de retrait. Les échanges restent courtois et la situation paraît apaisée.


Mais c’était sans compter sur la ténacité du chancelier Bismarck. Conscient de la supériorité militaire de son royaume sur la France, et toujours désireux d’unifier l’Allemagne derrière l’ennemi français, il va jouer habilement le jeu de provocations diplomatiques pour déclencher le conflit.


Après la rencontre entre l’ambassadeur de France et le roi de Prusse, Bismarck décide de publier une version des échanges dans un rapport officiel, connu sous le nom de « dépêche d'Ems ». Ce télégramme, rédigé de manière habile en exagérant les prétendues insolences françaises et en présentant le refus du roi comme une humiliation pour la France, est ensuite repris dans la presse allemande, puis traduit dans les médias français.


La publication de la dépêche d'Ems, dont la traduction approximative et ambigüe attise les tensions, provoque un tollé en France. Le sentiment anti-prussien croissant est renforcé, des manifestations éclates à Paris, et le gouvernement français, se sentant provoqué par cette manipulation délibérée de l'opinion publique, décide de déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Bismarck a réussi son coup : il a déclencher la guerre qu’il souhaitait avec la France tout en laissant croire au reste de l’Europe que Napoléon III était le seul et unique agresseur.


LA FIN DE LA GUERRE


Dans le conflit franco-prussien qui s’ouvre, la France n’a malheureusement pas mesuré la puissance militaire de la Prusse et de la coalition allemande. Très vite, l’armée française, jusqu’alors considérée comme la plus forte du monde, est confrontée aux échecs.



Å l’intérieur du pays, le pouvoir politique se divise entre pacifistes et partisans de la guerre. Les défaites s’enchaînent pour la France jusqu’à celle de Sedan, le 1er septembre 1870, où Napoléon III, qui est malade, est capturé. En réalité, se sentant affaiblis, il a tout tenté pour mourir sur le champ de bataille, mais en vain. Il est désormais aux mains des ennemis et capitule lendemain, le 2 septembre.



Alors même que quelques mois plus tôt, un référendum confirmait la confiance des Français en leur empereur, le Second Empire est précipité dans sa chute. Le 4 septembre 1870, à Paris, faisant suite à l’annonce de la capitulation française, des républicains menés par Léon Gambetta proclament la IIIe République. Le Second Empire n’est plus.


LA IIIe RÉPUBLIQUE ET L’EXIL DE NAPOLÉON III


La situation du nouveau régime républicain reste précaire : le nord de la France est envahi par les Prussiens et Paris est rapidement tenu en état de siège. Gambetta, qui est alors ministre de l’Intérieur, va s’enfuir en montgolfière pour gagner Tours puis Bordeaux où le gouvernement est réfugié, et les Parisiens vont se retrouver seuls face aux privations. La nourriture est rationnée, les queues s’allongent devant les magasins et la famine s’installe.



Finalement, le 18 janvier 1871, l’Allemagne proclame son unité au château de Versailles et le 26 janvier, l’armistice est signé. Des élections sont organisées et le nouveau gouvernement à majorité monarchiste d’Adolphe Thiers, ancien ministre du roi Louis-Philippe, négocie la paix. La France doit payer et abandonner l’Alsace et la Moselle.


Pour ce qui est de la famille impériale, l’impératrice Eugénie, qui avait pris la régence de l’empire pendant la guerre, se retrouve seule au Palais des Tuileries quand la république est proclamée le 4 septembre 1870. Face à une foule qui s’est retournée contre le pouvoir, elle craint pour sa vie, comme Marie-Antoinette en son temps. Mais leurs destins seront différents. Eugénie réussit tant bien que mal à fuir vers l’Angleterre, où elle est accueillie par son amie la Reine Victoria.


Exilés, elle et son fils, le prince Impérial, s’installent à Camden Place où ils sont rejoints plus tard par l’Empereur qui y meurt le 9 janvier 1873. L’espoir de rétablir l’empire reste cependant entier, jusqu’à ce que le prince impérial meurt en Afrique du Sud sous l’uniforme anglais le 1er juin 1879. Eugénie, quant à elle, survivra 47 ans à Napoléon III, avant de s’éteindre à Madrid le 11 juillet 1920 à l’âge de 94 ans. Leurs corps reposent aujourd’hui encore en Angleterre, à l’Abbaye Saint-Michel sur leur domaine de Farnborough.


SOURCES



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