Le Paris que nous admirons aujourd’hui, et que le monde entier nous envie, est le résultat de nombreuses transformations au cours d’une histoire séculaire. Mais il est aussi et surtout celui d’une campagne d’urbanisme plus récente, lancée dans la deuxième moitié du 19e siècle: une réorganisation de la ville imaginée par un homme, Louis-Napoléon Bonaparte (1808-73). Neveu de Napoléon 1er, il est élu premier président de la République Française en décembre 1848 avant de prendre le titre d’empereur Napoléon III en instaurant le Second Empire le 2 décembre 1852.
Les travaux voulus par Napoléon III vont être officiellement lancés en 1853. Le baron Georges-Eugène Haussmann, nommé préfet de la Seine par l’empereur, est alors mandaté par ce dernier pour moderniser l’urbanisme français. Il s’agit d’abord d’assainir les villes et de les sécuriser, sans oublier de les embellir.
Parmi les villes auxquelles s’attaquent Haussmann, on compte Lyon, Bordeaux, Rouen, Marseille… mais surtout Paris qui doit refléter la modernité, la puissance et le prestige de l’Empire. Sous la devise «Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie», il va imposer le style haussmannien. Entre 1853 et 1868, ce ne sont pas moins de 18000 maisons sur les 30770 que la capitale compte alors qui sont abattues, soit plus de la moitié. Finalement, les travaux d’Haussmann vont modifier plus de 60% de la surface de Paris. Notez qu’Haussmann n’hésitera pas à détruire l’immeuble de son enfance pour mener à bien ses travaux. Un immeuble qui se trouvait alors en lieu et place d’une nouvelle voie, aujourd’hui connue comme le célèbre boulevard Haussmann.
CONCRÈTEMENT, QUELLES TRANSFORMATIONS?
Les rues moyenâgeuses étroites sont détruites ou agrandies, on trace de grandes avenues aux lignes droites pour faciliter la circulation (mais aussi mieux contrôler d’éventuelles émeutes et éviter l’élévation de barricades), et on joue avec la perspective des monuments pour les intégrer au nouveau paysage urbain et créer un ensemble harmonieux.
L’éclairage au gaz est généralisé, apportant plus de sécurité. Les logements insalubres sont démolis et on bâtit des immeubles modernes d’architecture dite haussmannienne pour harmoniser les grands axes de la ville. Des appartements qui sont désormais éclairés et chauffés au gaz grâce à la création des becs de gaz, et où arrive progressivement l’eau potable (avant, on louait les services de porteurs d’eau).
À ce propos, grâce à l’Inspecteur des Eaux et Egouts Eugène Belgrand, le réseau d’égouts est multiplié par six et atteint 600 kilomètres. Celui de l’eau est réorganisé en un double-réseau qui achemine à Paris, via des aqueducs, d’un côté l’eau potable et de l’autre l’eau non potable (en ville pour les jardins, travaux, nettoyage). Des eaux stockées dans des réservoirs comme ceux de Montsouris, de Passy ou de Ménilmontant. Cette meilleure maîtrise de l’eau permettra d’éviter les épidémies comme celles du choléra liées au manque d’eau potable.
La gare de Lyon est érigée et on rénove les gares existantes comme les gares du Nord ou Saint-Lazare pour répondre au besoin du chemin de fer qui se développe à vitesse grand V sur tout le territoire: à la fin de l’Empire, il est possible de traverser la France en moins d’une journée quand il fallait plusieurs jours voire semaines auparavant. De 3600 km de voies en 1850, on passe à 17000 km en 1870 soit la moitié du réseau actuel. Le trafic des voyageurs est multiplié par quatre, celui des marchandises par dix. Les matières premières se rapprochent des industries et des manufactures (le charbon des sidérurgies, la laine des ateliers textiles…), et les régions agricoles françaises se spécialisent -céréales, vins (création des grands crus classés de Bordeaux et de grandes maisons de Champagne), lin, élevages… Les denrées sont ainsi mieux acheminées vers la population et, à Paris, les Halles sont créées par Victor Baltard pour nourrir les Parisiens.
À Paris, toujours, on crée des parcs et des jardins pour faire respirer la ville et améliorer l’hygiène, comme les Bois de Boulogne et de Vincennes, ou le parc Monceau et ceux des Buttes Chaumont ou de Montsouris, et on voit apparaître de nombreux squares à l’anglaise de telle sorte que chaque Parisien se trouve à moins de dix minutes d’un espace vert (Napoléon III a vécu à Londres dont il s’inspire ici).
Du point de vue des infrastructures, on bâtit des ponts, comme le pont Napoléon III devenu le pont National, le Petit Pont près de Notre-Dame, les ponts Saint-Michel et au Change ornés d'un N napoléonien, ceux de l’Alma, de Solférino ou d’Arcole ; on érige des théâtres, comme les théâtres de la Ville et du Châtelet qui se font face ; on crée le célèbre Opéra Garnier emblématique du style Second Empire.
On construit ou restaure également des écoles, des hôpitaux (comme le nouvel Hôtel-Dieu, ou l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne). On élève des églises comme l’église Saint-Augustin, celle de la Trinité, ou Saint-Philippe du Roule qui est en partie rebâtie ; puis on rénove la cathédrale Notre Dame grâce aux talents de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, et la Sainte Chapelle.
L’île de la cité est restaurée et repensée comme un centre administratif avec le Palais de Justice, le Tribunal de Commerce ou encore la préfecture de Police.
Il y a bien d’autres transformations apportées dans la capitale par ces travaux, parmi lesquelles la création des places du Châtelet, de l’Opéra ou le parvis de l'Hôtel de Ville, et le réaménagement de celles du Château-d’Eau (actuelle place de la République) ou de l’Étoile ; ou encore la mise en place de la Fontaine Saint-Michel et la finalisation du Louvre.
En résumé: Paris prend un tout nouveau visage moderne et grandiose. En 1860, les limites de la ville vont alors être redéfinies. La capitale monte à 20 arrondissements en assimilant les faubourgs populaires de l’Est comme les villes de banlieue plus cossues de l’Ouest. Dans l’idée, il s’agit déjà de créer un Grand Paris élargi et harmonisé.
Dans le reste de la France, les grandes villes sont transformées: Bordeaux, Toulouse, Nantes, Lyon (parc de la Tête d’Or), Marseille (Notre-Dame de la Garde, nouveaux docks, parc Borely), Lille, Rouen, Montpellier, Nice, Saint-Etienne..
Au total, les grands travaux lancés par Haussmann dureront 17 ans. Ils vont contribuer à diminuer le chômage et emploieront plus de 60 000 ouvriers. Mais ils vont aussi coûter cher: plus de 2,5 milliards de franc-or en 17 ans, soit environ 25 milliards d’euros. Enfin, la flambée de l’immobilier aura pour conséquences un embourgeoisement du centre de Paris et un éloignement des classes populaires vers la périphérie et les banlieues de la capitale.
PARCOURS SECOND EMPIRE LES CARNETS D’IGOR X CITYGEM
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SOURCES
« Flamboyant Second Empire ! Et la France entra dans la modernité… » de Xavier Mauduit et Corinne Ergasse aux éditions EKHO.
"Fastes et Rayonnement du Second Empire. Mode, Arts Décoratifs, Architecture" de Françoise Ravelle aux éditions Parigramme.
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