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COTIGNAC: CHARME, HISTOIRE ET MYSTÈRE


Cet été, j’ai découvert le joli village provençal de Cotignac, situé au cœur de la Provence Verte, dans le Var.


Avec ses ruelles étroites, ses maisons colorées des 16e et 17e siècles, ses fontaines, son campanile typiquement varois de 1496 qui trône sur la place de la Mairie, ses placettes ombragées et ses platanes -le cour Gambetta est idéal pour faire une pause-, Cotignac est le cliché -dans le bon sens du terme- du village méridional où il fait bon vivre.

L’histoire de Cotignac commence avec l’installation de populations celtes (5e-1er siècles avant JC) sur les bords de la Cassole, la rivière qui traversait alors le village et dont le nom viendrait de Kas -la pierre en celte. Le nom de Cotignac, lui, daterait de l’ère gallo-romaine, et proviendrait du nom d’un homme, Cottinius, auquel le suffixe latin -acum, signifiant «le domaine de», aurait été ajouté. Une légende populaire raconte aussi que Cotignac tiendrait son nom de cotoneum, le ‘coing’ en latin, un fruit dont le village fera sa fierté puisque la gelée de coing y aurait été inventée, avant d’être diffusée dans tout le pays et même proposée jusque sur les tables des rois.


Cotignac est bâti sur un rocher en contrebas d’une falaise impressionnante de 87 mètres de haut. Mais les premières habitations recensées, au début du Moyen-Âge, étaient en réalité établies sur la plaine Saint-Martin, au sommet de ladite falaise et à la source de la Cassole qui courait alors jusqu’au bas des roches pour rejoindre une autre rivière, l’Argens.


Ce n’est qu’à partir du 8e siècle que la population va commencer à descendre de la falaise pour s’installer au pied du rocher et ainsi se protéger des invasions, notamment sarrasines. Dès l’an 1000, le village se développe, et en 1032, un premier château fort est édifié sous l’autorité du seigneur Boniface de Castellane -il n’en reste aujourd’hui que des ruines, le château ayant été abandonné au 14e siècle. Des fortifications sont alors construites autour du rocher de Cotignac, tandis que deux tours -encore visibles- sont bâties au sommet de la falaise pour servir de postes de défense et d’observation.

Passée aux mains des comtes de Provence, la seigneurie de Cotignac est inféodée -donnée- en 1232 à Guillaume de Rhéza, lieutenant général des armées du comte Guillaume IV. Au fil des siècles, par mariages, le domaine de Cotignac est transmis aux familles de Simiane, de La Tour d’Auvergne, de Rihan-Soubise, puis des Condés en 1833.


Mais revenons au Moyen-Âge. Le rocher présente alors bien d’autres avantages! En effet, entre le 8e et le 11e siècle, les grottes formées par la Cassole et ses cascades sont transformées en habitations troglodytes qui permettront pendant plusieurs siècles aux habitants du rocher de se cacher en cas d’attaque, mais aussi d’y abriter leurs vivres et leurs animaux, ou encore de surveiller les alentours et de guetter l’arrivée d’ennemis potentiels. Pour des raisons pratiques et afin d’éviter le trop plein d’humidité, la rivière Cassole sera très vite détournée à quelques kilomètres de Cotignac, à Derroc, pour ne plus ruisseler en cascade le long de la falaise et risquer d’inonder les cachettes troglodytes.

Plus tard, et jusqu’au 19e siècle, ces grottes serviront de carrières pour bâtir de nouvelles habitations alors que le village s’agrandit. Si vous passez à Cotignac, je vous invite à gravir le rocher et visiter les grottes troglodytes qui, au-delà de leur intérêt historique, offrent un magnifique point de vue sur la ville et ses alentours. En montant -ou en descendant-, vous pourrez admirer sur le chemin de charmantes maisons réaménagées dans les anciennes habitations troglodytes basses, mais aussi les ruines des remparts du village médiéval, et l’ancien moulin à huile du Piquet, installé ici au 16e siècle alors que la culture de l’olivier est en plein essor à Cotignac.

Après les grottes, et lors de votre exploration du village -l’idéal est de se perdre en flânant dans ses ruelles-, vous tomberez certainement sur l’église Saint-Pierre. N’hésitez pas à y entrer. Bâtie au 13e siècle, à partir de 1266, et remaniée aux 17e et 18e siècles, cette petite église provençale de style roman est belle de simplicité avec ses murs blancs et son autel et ses chapelles colorées.


Cependant, l’une des curiosités les plus mystérieuses de Cotignac reste le sanctuaire Notre-Dame-de-Grâces construit dans les hauteurs du village. Ce n’est pas tant sa charmante église dédiée à la Vierge Marie, son jardin en terrasses au milieu des chênes verts, ni sa statuaire répartie sur le domaine, qui valent le déplacement (7 minutes de montée en voiture, 25 minutes à pied, dont une partie sur un joli chemin de pierre -une calade- dans la forêt) que l’histoire miraculeuse qui s’est écrite autour de ces lieux.

En effet, perché sur l’une des collines de Cotignac, le sanctuaire Notre-Dame-de-Grâces serait lié à une apparition mariale (de la Vierge Marie) survenue il y a plus de 500 ans. L’histoire se déroule le 10 août 1519. Ce jour-là, un certain Jean de la Baume est dans ses champs. C’est alors que lui apparaissent la Vierge Marie, l’archange Saint-Michel et Saint-Bernard. Ces derniers lui demandent solennellement de convaincre les instances publiques et religieuses de Cotignac de fonder ici une église, l’église Notre-Dame-de-Grâces, afin «qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que [Marie] veut y répandre». Jean de la Baume s’exécute et c’est ainsi que l’église et le sanctuaire seraient nés.


Mais l’histoire miraculeuse ne s’arrête pas là! Le 27 août 1637, le frère Fiacre, religieux à Notre-Dame de Paris, a une révélation: pour que le roi Louis XIII et la reine Anne d’Autriche aient enfin un héritier (leur union est stérile depuis 22 ans), il faut que l’on récite publiquement trois neuvaines, dans trois lieux différents, dont une à Notre-Dame-de-Grâces de Cotignac.

Le Frère Fiacre s’en charge personnellement et 9 mois plus tard, Louis Dieudonné, le futur Louis XIV, naît, le 5 septembre 1638 à Saint-Germain-en-Laye. Le 21 février 1660, le roi Soleil, âgé de 21 ans, et accompagné de sa mère et de son ministre le cardinal Mazarin, fera ainsi le voyage jusqu’à Cotignac pour remercier Notre-Dame-de-Grâces de lui avoir donné la vie.

Alors, légende ou miracle? à vous de décider. Quoiqu’il en soit, entre charme, patrimoine, histoire et mystères… vous l’aurez compris: Cotignac m’a séduit!

SOURCES

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