EXPOSITION « 1925-2025. CENT ANS D’ART DÉCO » AU MAD PARIS : UN SIÈCLE DE MODERNITÉ EN MOUVEMENT
- Igor Robinet-Slansky

- 24 oct.
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 oct.

Cent ans après l’inauguration de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, le musée des Arts décoratifs (MAD Paris) signe une célébration ambitieuse et sensible du mouvement Art déco.
Du 22 octobre 2025 au 26 avril 2026, « 1925-2025. Cent ans d’Art déco » déroule un panorama généreux - mobilier, objets d’art, bijoux, textiles, mode, affiches, photographies, films - qui raconte autant la naissance d’un style que sa diffusion, sa postérité et ses résonances contemporaines. On en ressort avec la sensation d’avoir traversé un siècle où élégance, innovation et précision des savoir-faire ont façonné notre goût du moderne.
La force de l’exposition tient à son écriture de visite : on commence par 1925 et les grands jalons fondateurs de l’Art déco, puis on entre chez les commanditaires et les créateurs phares, mais aussi dans la vie quotidienne et la diffusion de ce style novateur, avant de plonger, au cœur du mythe du voyage : l’Orient Express, d’hier (1925)… et demain (2025). Un récit chronologique et thématique qui épouse l’esprit Art déco : une modernité ordonnée, sensuelle, efficace.
L’ART DÉCO, EN DEUX MOTS (OU PRESQUE)
Né dans les années 1910, triomphant dans les années 1920, l’Art déco privilégie la clarté des lignes, la géométrie, l’équilibre. Il hérite de l’Art nouveau mais en épure la silhouette : symétries, rythmes, motifs stylisés (guirlandes, corbeilles, bestiaire), matériaux précieux (galuchat, ivoire, laque, palissandre, ébène), métaux polis, verres et pâtes de verre. Il aime l’alliance du luxe et de la fonction, du dessin et de la technique, du sur-mesure et d’une production plus rationnelle portée par les ensembliers et les grands magasins. Il investit tout : intérieurs, mode, joaillerie, affiches, architecture, transports. Il circule, se diffuse, s’adapte — et, surtout, reste désiré.
Plus de détails dans mon article dédié à l’histoire et les caractéristiques du mouvement Art déco.
L’EXPOSITION « 1925-2025. CENT ANS D’ART DÉCO »
Le parcours de l’exposition s’organise comme un récit à paliers : on commence par 1925 et les principes fondateurs (l’exposition fondatrice, documents, objets, images qui posent l’esprit du style), puis l’on descend vers des intérieurs incarnés et les figures clés qui ont façonné l’Art déco, avant d’ouvrir sur sa diffusion dans la vie quotidienne. Enfin, la majestueuse nef du musée offre un épilogue immersif autour du mythe du voyage, avec l’Orient Express d’hier et sa renaissance aujourd’hui. Une progression très lisible, du manifeste à l’expérience, où l’on voit, salle après salle, comment la modernité de l’Art déco se met en scène.
1. L’ART DÉCO : L’EXPOSITION INTERNATIONALE DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS MODERNES
L’exposition commence au 3e étage du musée, et s’ouvre sur un prologue magistral : celui de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris. Affiches, billets, films, photos, meubles, vêtements, flacons, objets présentés en 1925 posent le décor. Le MAD rappelle l’ampleur de l’événement - un succès populaire colossal - et la volonté d’une modernité affichée : pavillons de l’Élégance, des manufactures et des maisons, et grandes sections thématiques installées (« classes ») au Grand Palais… On comprend d’emblée que 1925 n’est pas une date figée, mais un déclencheur : un manifeste du goût français qui fédère artistes, industriels, pouvoirs publics et crée une vitrine mondiale du style.
2. CARTIER ET LE RENOUVELLEMENT DES FORMES
Une section scintillante !. À l’Exposition internationale de 1925, la maison Cartier présente près de 150 pièces qui couronnent plus de vingt ans de recherches et d’expérimentations.
Dès le début du siècle, elle s’affranchit des motifs naturalistes pour adopter des lignes pures et géométriques, tandis que l’arrivée du dessinateur Charles Jacqueau en 1909 marque un tournant. Influencés par l’Orient et les arts islamiques, ses modèles osent des accords de couleurs audacieux, combinant rubis, émeraudes, saphirs, onyx ou corail. Ces compositions donneront naissance, en 1925, aux célèbres bijoux « Tutti Frutti », icônes de l’Art déco.
Dans les années 1930, les créations gagnent en volume ; l’or jaune supplante le platine et Jeanne Toussaint, directrice artistique de la maison, impose un style à la fois fort et épuré.
Dans cette section éclatante, la joaillerie devient plus qu’un art du luxe : un véritable miroir du monde moderne, où se reflètent la vitesse, la technique et les rêves d’ailleurs- l’Art déco en miniature.
3. L’ART DÉCO, UNE GRAMMAIRE VISUELLE
Cette section agit comme un véritable vocabulaire du style Art déco. On y découvre les éléments qui en forment la signature : lignes géométriques, octogones, guirlandes stylisées, corbeilles de fleurs, bestiaire raffiné, mais aussi bois précieux, laques, galuchat et ivoire.
Si les créateurs poursuivent parfois des buts différents, tous partagent ce même goût pour l’équilibre, la mesure et la simplification des formes. Les avant-gardes du début du siècle - cubisme, fauvisme, abstraction - nourrissent leurs recherches et inspirent de nouvelles compositions.
Contrairement à l’image figée du noir et blanc des photographies d’époque, les œuvres exposées révèlent des couleurs éclatantes : verts profonds, rouges grenat, bleus vifs, ors et ivoires. Les influences se mêlent : antiquités, arts extra-européens, découvertes archéologiques et goût du XVIIIᵉ siècle participent à la richesse de ce langage décoratif.
Une section lumineuse, qui aide à comprendre comment l’Art déco a su inventer sa propre grammaire, à la fois classique et moderne, sensuelle et rigoureuse.
4. LES ANNÉES 1910 ET LES PRÉMICES D’UN STYLE NOUVEAU
Avant 1925, tout est déjà en germe. Dans les années 1910, le style Art nouveau s’essouffle, tandis qu’émergent de nouvelles idées, portées par une génération avide de renouveau.
Les Ballets russes, présentés à Paris dès 1909, fascinent les artistes par leurs décors audacieux et leurs couleurs vibrantes. En 1910, le Werkbund allemand est invité au Salon d’Automne, introduisant de nouveaux principes esthétiques venus d’outre-Rhin. L’ouverture de l’Atelier Martine en 1911, la création de la Compagnie des arts français par Louis Süe et André Mare en 1919, ou encore la fameuse Maison cubiste présentée au Salon d’Automne de 1912, annoncent la naissance d’un style plus géométrique et structuré.
Théoricien du mouvement, André Vera en formule dès 1912 les fondements : ordonnancement architectural, clarté ornementale et franches oppositions de couleurs. Dans ce foisonnement d’initiatives et d’expérimentations, l’esprit de l’Art déco s’impose peu à peu : un art nouveau plus sobre, plus construit et résolument moderne.
La suite du parcours nous mène un niveau plus bas, au deuxième étage du musée. Après les principes, les intérieurs et les figures de l’Art Déco. On entre « chez » : boiseries, tissus, textures, matières… on passe du manifeste aux ambiances.
5. CHEZ NELLY DE ROTHSCHILD
Un intérieur total des années 1920, orchestré par Clément Mère et Clément Rousseau. Boiseries, cuirs laqués et gaufrés, ivoire sculpté, galuchat, soies et mousselines : chaque détail exprime la virtuosité. C’est l’Art déco de haute couture, un manifeste d’harmonie où ornement et géométrie cohabitent avec naturel.
6. CHEZ JACQUES DOUCET
Le grand couturier, mécène et collectionneur, se fait aménager à Neuilly un studio-écrin pour ses œuvres modernes. On y voit Eileen Gray, Pierre Legrain, Marcel Coard : un intérieur d’une cohérence moderne fascinante. Au-delà du mythe, la section capte l’œil de Doucet, son appétit pour le nouveau, et dit combien les commanditaires fabriquent les styles autant que les artistes.
7. LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES DÉCORATEURS
Fondée en 1901, la Société des artistes décorateurs (SAD) joue un rôle essentiel dans la reconnaissance et la diffusion des arts décoratifs français. Comme l’Union centrale des arts décoratifs - ancêtre du MAD -, elle milite pour un renouvellement constant inspiré du passé mais tourné vers la modernité.
Dès 1911, la SAD défend l’idée d’une exposition internationale capable de démontrer la vitalité de la création française. En 1925, elle obtient enfin un vaste espace sur l’esplanade des Invalides et conçoit un projet spectaculaire : Une Ambassade française, composée d’un appartement de réception relié à un appartement privé. Chaque pièce y est confiée à un créateur différent, sélectionné par concours. Le résultat : une mosaïque de styles, où se côtoient classicismes modernisés, géométries sobres et audaces décoratives.
Cette diversité, parfois critiquée à l’époque, illustre la richesse de la création Art déco : un mouvement multiple, vivant, libre, qui refuse le dogme et se nourrit du dialogue entre traditions et innovations.
Une section passionnante, où maquettes, dessins et photographies d’époque redonnent vie à ce pavillon emblématique, véritable manifeste du goût français de 1925.
8. JACQUES-ÉMILE RUHLMANN
Parmi les figures majeures de l’Art déco, Jacques-Émile Ruhlmann incarne sans doute le mieux l’élégance et la maîtrise d’un style à la française. Souvent comparé à l’ébéniste Jean-Henri Riesener, il est le maître des essences rares et de l’ivoire, capable d’allier rigueur architecturale et raffinement ornemental.
Issu d’une famille de peintres et de miroitiers, il transforme l’affaire familiale en une véritable entreprise de décoration où collaborent architectes, artisans et créateurs. Véritable ensemblier, Ruhlmann conçoit des intérieurs complets, depuis le dessin du mobilier jusqu’au choix des textiles, dans une harmonie parfaite.
À l’Exposition internationale de 1925, il triomphe avec l’Hôtel du collectionneur, un pavillon qu’il confie à Pierre Patout et qui incarne l’union rêvée entre art, artisanat et industrie. L’exposition du MAD rend hommage à ce génie du détail à travers plusieurs de ses pièces emblématiques, où la virtuosité technique se mêle à une modernité tranquille.
À la fin des années 1920, Ruhlmann se tourne vers des expérimentations plus sobres, mêlant bois et métal, annonçant déjà une évolution du goût. Sa disparition précoce, en 1933, laisse l’impression d’un créateur en pleine mutation, dont le travail aurait sans doute accompagné la transition vers le design moderne.
Une section somptueuse, à l’image de ses œuvres : équilibrée, lumineuse et d’une perfection presque silencieuse.
9. CONTEMPORAINS, MODERNES OU MODERNISTES ?
Cette section met en lumière la diversité foisonnante des créateurs réunis à l’Exposition de 1925. Certains se revendiquent modernes, d’autres traditionalistes ou simplement contemporains : autant d’approches qui cohabitent, parfois au sein d’un même espace, comme Une Ambassade française conçue par la Société des artistes décorateurs. Ce pavillon emblématique mêlait visions classiques et expérimentations audacieuses, reflets des débats esthétiques de l’époque. La presse parle alors en binômes : contemporains/modernes, rationalistes/traditionalistes, décorateurs contre ingénieurs. Si les manifestes modernistes - tels le pavillon de l’Esprit nouveau de Le Corbusier ou le pavillon constructiviste de l’URSS - restent minoritaires, ils annoncent une nouvelle conception de l’espace et de l’objet.
La section présente une reconstitution saisissante : la bibliothèque-bureau conçue par Pierre Chareau pour l’appartement privé d’Une Ambassade française. Ce décor restitue la mobilité et la multifonctionnalité chères à l’architecte, notamment son ingénieux plafond à éventail, dont les vantaux modulables réglaient la lumière naturelle. Le bureau MB 212, aux lignes géométriques et escamotables, incarne parfaitement cet esprit. Un espace immersif et charnière, où l’on perçoit concrètement les débats d’idées et les recherches formelles derrière la splendeur des vitrines.
10. EILEEN GRAY
Véritable figure singulière de l’Art déco, Eileen Gray se distingue par l’originalité de son parcours et la liberté de son regard. Formée aux Beaux-Arts à Londres, puis à Paris, elle choisit de devenir décoratrice et explore les techniques les plus exigeantes : la laque, qu’elle apprend auprès du maître japonais Seizo Sugawara, et le tissage de tapis, qu’elle pratique en Afrique du Nord.
En 1910, elle ouvre ses propres ateliers, puis fonde en 1922 la galerie Jean Désert, où elle conçoit des pièces en petites séries, testant sans cesse de nouveaux matériaux, du bois laqué au tube métallique, dans un esprit résolument expérimental.
Son œuvre, à la croisée de l’art et du design, interroge la manière de concevoir l’espace : ses célèbres paravents et meubles modulables traduisent cette approche presque architecturale de la décoration.
Si elle n’a pas participé à l’Exposition de 1925, Eileen Gray s’oriente dès la fin de la décennie vers l’architecture moderne, avec la création de la villa E-1027, manifeste d’une nouvelle conception du confort et de la lumière.
Une section claire et raffinée, à l’image de son travail, qui montre combien son œuvre reste précurseur et étonnamment actuelle.
11. JEAN-MICHEL FRANK
Discret, raffiné, Jean-Michel Frank incarne l’autre versant de l’Art déco : celui de l’épure et du silence des formes. Décorateur autodidacte, il se fait connaître dans les années 1920 par ses aménagements réalisés pour l’intelligentsia parisienne, notamment l’appartement de Charles et Marie-Laure de Noailles.
En 1930, il devient directeur artistique de la société d’ébénisterie Chanaux & Cie, avant d’ouvrir sa propre boutique rue du Faubourg-Saint-Honoré cinq ans plus tard. Son mobilier, aux volumes simples et géométriques, privilégie les surfaces unifiées et les matières naturelles : parchemin, galuchat, marqueterie de paille, mica ou bois clair.
Frank bannit tout ornement pour laisser parler les textures, la lumière et les reflets. Ce qu’il appelle son « luxe pauvre » repose sur la qualité des matériaux et la perfection des proportions, non sur l’accumulation.
Ses créations, d’une modernité intemporelle, traduisent la recherche d’un élégant dépouillement, où la beauté naît de la simplicité. Un style radical, qui continue d’inspirer les designers contemporains et rappelle combien l’Art déco fut aussi un art de la mesure.
12. L’ART DÉCO, L’ART DE LA MISE EN SCÈNE
Un chapitre scénique : revues (avec la célèbre Revue nègre de Joséphine Baker), bals, affiches, cinéma - L’Inhumaine (1924) avec Mallet-Stevens, Léger, Chareau, Poiret, Delaunay. Et le pont avec Hollywood (Cedric Gibbons à la MGM). On comprend comment le spectacle propulse l’Art déco dans l’imaginaire collectif.
13. L’ART DÉCO AU QUOTIDIEN
Après les fastes des grands intérieurs et des pavillons d’exposition, cette section rappelle que l’Art déco a aussi cherché à s’inviter dans la vie de tous les jours.
Dans les années 1920, les décorateurs et ensembliers tentent d’adapter leurs créations à une production plus accessible, mais le luxe des matériaux – bois précieux, ivoire, parchemin, galuchat – limite encore leur diffusion. Les grands magasins, avec leurs ateliers et leurs lignes d’objets décoratifs, jouent alors un rôle essentiel dans la propagation du style : mobilier, arts de la table, textiles, papiers peints ou luminaires. Pourtant, cette démocratisation reste relative : les prix demeurent élevés et la fabrication artisanale, coûteuse.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent les réflexions sur la production en série, bientôt portées par l’Union des artistes modernes (UAM), fondée en 1929. Mais c’est surtout grâce aux affichistes et graphistes que le style conquiert réellement l’espace public : typographies, publicités, campagnes visuelles donnent à l’Art déco une visibilité nouvelle, le faisant entrer dans le quotidien de tous.
Une section plus sobre, mais essentielle, qui montre que l’Art déco fut aussi une esthétique partagée, entre artisanat d’art et modernité industrielle.
14. L’ART DÉCO VU PAR JACQUES GRANGE – CARTE BLANCHE À UN DÉCORATEUR COLLECTIONNEUR
Pour conclure ce vaste parcours chez les figures emblématiques de l’Art déco, le musée des Arts décoratifs offre une carte blanche au décorateur Jacques Grange, figure incontournable du goût français contemporain. Ancien élève des ateliers du musée, collectionneur passionné et œil absolu, il fait dialoguer ici pièces du MAD, œuvres issues de sa propre collection et prêts d’amis et de clients.
Son univers, à la fois érudit et libre, témoigne d’un éclectisme raffiné où les meubles, objets et tableaux cohabitent en harmonie. Dans ce répertoire personnel, l’Art déco occupe une place privilégiée, depuis sa découverte émerveillée du salon réalisé par Jean-Michel Frank pour Marie-Laure et Charles de Noailles.
Grange se veut un passeur entre les créateurs des années 1920 et les amateurs d’aujourd’hui. Il incarne cette continuité du regard qui fait de l’Art déco non pas un style figé, mais un langage intemporel, toujours inspirant.
La scénographie qu’il signe pour cette carte blanche reflète son art : équilibre, justesse, dialogue. Un hommage vibrant à un mouvement qu’il a contribué, depuis des décennies, à faire redécouvrir, collectionner et aimer.
15. L’ART DÉCO VU D’AILLEURS
L’Art déco ne s’arrête pas aux frontières françaises : dès 1925, il devient un langage international. Chaque pays en propose une lecture singulière, nourrie de ses traditions et de ses matériaux.
Aux États-Unis, le style s’impose dans les intérieurs, les décors de cinéma et les gratte-ciel, où le métal et les bas-reliefs dorés incarnent la modernité urbaine. Ailleurs, le Brésil, le Japon ou la Suède affirment leurs propres partis pris — motifs tropicaux, laques inspirées ou artisanat démocratique, comme celui de Svenskt Tenn.
Instrument d’une modernité aux mille visages, l’Art déco se diffuse, se transforme et s’adapte, devenant le premier style réellement mondial du XXᵉ siècle.
16. L’ART DECO, LE GOÛT DU VOYAGE
Des paquebots transatlantiques (Le Normandie) aux trains de luxe, des premières lignes aériennes aux affiches touristiques, l’Art déco a célébré la vitesse, le mouvement et l’élégance du voyage moderne. Dans les années 1920 et 1930, l’essor des transports transforme les modes de vie : traverser les mers ou les continents devient une expérience esthétique. Les cabines, salons et wagons rivalisent de raffinement, décorés de boiseries précieuses, laques, cuivres polis et textiles luxueux.
Les créateurs puisent dans cet univers mécanique et dynamique une nouvelle inspiration : hélices, automobiles, locomotives et navires deviennent motifs graphiques pour les papiers peints, bijoux ou arts de la table.
À travers ces objets, l’exposition évoque tout un imaginaire de modernité conquérante, où le voyage n’est plus seulement déplacement, mais expérience du style.
Une dernière étape qui prépare naturellement la descente vers la nef du musée, où attend le mythique Orient Express, incarnation ultime de cet art de vivre en mouvement.
17. 1925 : LA COMPAGNIE INTERNATIONALE DES WAGONS-LITS
En conclusion du parcours, la nef du musée plonge le visiteur dans l’âge d’or du voyage Art déco. Fondée en 1876, la Compagnie internationale des wagons-lits révolutionne la manière de voyager en Europe : confort, vitesse, élégance et sécurité deviennent les maîtres mots de cette nouvelle expérience ferroviaire.
Son chef-d’œuvre, l’Orient Express, inauguré en 1883, relie Paris à Constantinople en quatre-vingt-une heures à peine. Le train devient un symbole de luxe et d’aventure, décoré de boiseries précieuses, de verreries Lalique et de cuirs de Cordoue.
Dans la nef, affiches anciennes, objets d’époque, documents d’archives et éléments de décor racontent cette épopée ferroviaire et l’imaginaire qu’elle a nourri - celui d’un Orient rêvé, à la fois proche et lointain, entre prouesse technique et mythe du voyage.
18. 2025 : LA RENAISSANCE DE L’ORIENT EXPRESS
Dernier acte de cette traversée : la renaissance de l’Orient Express, prévue pour 2027. Après la redécouverte, en 2016, de voitures historiques à la frontière polono-biélorusse, la marque relance le projet sous la direction artistique de Maxime d’Angeac.
Architecte et grand connaisseur de l’Art déco, il conçoit un train entièrement repensé : authentique mais contemporain, fidèle à l’esprit du luxe à la française sans céder au pastiche. Les maquettes grandeur nature présentées dans la nef dévoilent un univers total - matériaux nobles, boiseries, laques, soieries et détails inspirés des métiers d’art - qui renouvelle l’esthétique du voyage.
Ce nouvel Orient Express se veut un hôtel en mouvement, où la lenteur devient un art de vivre et la beauté, une invitation à la contemplation. En écho à 1925, il rappelle combien l’Art déco demeure une source vivante d’inspiration, capable de relier hier et demain dans une même ligne de perfection.
MON AVIS
Visiter « 1925–2025. Cent ans d’Art déco », c’est traverser un siècle de création, du faste des années 1920 à la redécouverte contemporaine du style.
Le parcours est clair, vivant et bien construit : on commence par les origines, on entre dans les intérieurs de l’époque, puis on découvre comment l’Art déco s’est diffusé dans la vie quotidienne avant de s’ouvrir au monde et au voyage.
L’exposition séduit par la beauté des œuvres autant que par la qualité de la scénographie : lumières douces, matériaux raffinés, ambiances immersives. On passe d’un meuble de Ruhlmann à un paravent d’Eileen Gray, d’un bijou Cartier à une affiche de cinéma, avec toujours cette même sensation d’élégance et de précision.
Le final dans la nef est particulièrement réussi : face au mythique Orient Express et à sa renaissance dessinée par Maxime d’Angeac, on mesure à quel point l’Art déco reste un style vivant, tourné vers l’avenir.
Plus qu’une rétrospective, le MAD signe ici une exposition inspirante, à la fois belle, claire et accessible, qui donne envie de redécouvrir ce siècle où modernité et savoir-faire ne faisaient qu’un.
Vous l’aurez compris, je recommande vivement d’y aller !
INFOS PRATIQUES
Quoi ? « 1925-2025. Cent ans d’Art déco »
Où ? Musée des Arts décoratifs (MAD Paris), 107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Quand ? 22 octobre 2025 - 26 avril 2026
Du mardi au dimanche : 11h-18h, nocturne jeudi jusqu’à 21h, fermé lundi
Accès ? Métro Palais-Royal – Musée du Louvre / Tuileries / Pyramides
Combien ? : Plein 15 € ; Réduit 10 € ; Gratuit – de 26 ans
Plus d’informations sur le site du MAD Paris.



































































































































































































































































































































Thank You.
Pour être honnête, 666 gambit casino, c’est un peu mon guilty pleasure. J’aime le côté décalé, presque rebelle du site. L’ambiance visuelle est soignée et le thème est assumé à fond. Niveau technique, rien à redire : chargement rapide, interface claire, et les retraits se font sans stress. Le bonus de bienvenue est sympa, mais ce que je préfère, c’est la cohérence de l’expérience du début à la fin. On sent qu’ils ont une vraie identité.