Il vous reste jusqu’à ce lundi 28 août pour profiter de l’exceptionnelle exposition «BASQUIAT X WARHOL, À QUATRE MAINS» qui fait carton plein depuis son lancement le 5 avril dernier à la Fondation Louis Vuitton, à Paris. J’ai enfin pu m’y rendre cette semaine. Compte-rendu.
Comme souvent, les expositions de la Fondation Louis Vuitton sont riches d’œuvres remarquables et le parcours de visite est particulièrement bien construit pour les amateurs comme pour les plus aguerris en matière d’art. L’exposition autour de l’œuvre conjointe d’Andy Warhol (1928-87) et Jean-Michel Basquiat (1960-88) n’a pas dérogé à la règle!
Car comme son nom l’indique, l’exposition présente un travail à quatre mains, réalisé par deux des plus grands artistes de la scène artistique du Downtown New York des années 1980. 160 toiles ont ainsi été créées par les deux artistes entre 1984 et 1985. La Fondation Louis Vuitton en présente ici 80 parmi les 300 œuvres et documents (photos, peintures, objets, notes, films…) rassemblés: c’est le plus grand événement organisé autour de cette création collaborative.
Pourquoi ce travail à quatre mains? Tout commence en octobre 1982 quand leur galeriste commun, Bruno Bischofberger, présente Andy Warhol -dont la réputation internationale, la popularité et le talent sont déjà indéniables- et Jean-Michel Basquiat -jeune artiste déjà exposé aux USA et en Europe. Basquiat admire le génie de Warhol. Warhol se passionne pour la nouvelle scène des «kids» newyorkais et cherche un moyen de renouer avec la peinture. Le courant amical et artistique passe. La collaboration est lancée. D’abord à trois, avec l’artiste-peintre italien Francesco Clemente en 1983, puis à deux.
Quotidiennement, Warhol peint des toiles sur lesquelles il jette des couleurs de fond, des sérigraphies ou des logos et autres motifs chers à son rapport à la culture populaire. Des toiles qu’il passe ensuite, à la manière d’un cadavre exquis, à Basquiat qui, lui, les complète de ses écritures, de ses silhouettes graphiques et engagées, à travers le prisme d’un citoyen noir-américain du début des années 1980. Plus tard dans leur collaboration, ils peindront ensemble, dans l’ancien atelier vide de Warhol.
Le parcours retrace la chronologie artistique de ces deux années de travail collectif mené par ces deux esprits qui, en fusionnant, vont en «créer un troisième, séparé et unique», comme le dira leur ami artiste Keith Haring (1958-90).
VISITE DE L'EXPOSITION
L’exposition s’ouvre sur leurs premiers portraits croisés, puis leur collaboration avec Clemente, avant de proposer leurs premières œuvres à deux, souvent monumentales. Parmi les thèmes traités, la nature morte se décline en une multitude de variations (chou, citron, chiens).
La peinture laisse ensuite brièvement place à la photographie avec une série de clichés pris par Michael Halsband le 10 juillet 1985 à New York et où l’on voit Warhol et Basquiat s’affronter, non sans humour, à coups de gants de boxe.
La suite du parcours continue autour du consumérisme avec notamment une série sur logo de General Electric omniprésent dans la société de consommation qui se met en place dans l’Amérique des années 1950-60.
L’exposition propose ensuite de mieux comprendre la scène artistique du Downtown New York des années 1980 à travers une sélection d’œuvres de Keith Haring, Jenny Holzer & Lady Pink, Daze, A-One, Crash… avant de nous faire pénétrer dans l’intimité de photos, écrits et vidéos souvenirs de la collaboration Basquiat x Warhol.
Viennent alors des œuvres plus politiques. D’abord, la sculpture «Ten Punching Bags (Last Supper)» qui reprend la Cène de Leonard de Vinci, peinte à leur façon par Basquiat et Warhol sur des sacs de boxe où l’on peut lire le mot «Judge», et qui dénonce le racisme, la violence, l’injustice et la peur qui règne en cette période marquée par l’arrivée du sida meurtrier. Ensuite, une série d’œuvres puissantes alliant le concret des gros titres de la presse sensationnelle posés sur la toile par Warhol, aux dessins, fragments de mots et lettrages parfois abstraits de Basquiat.
Pour finir, après les œuvres poignantes et hommages réalisées par Basquiat, meurtri par la mort de son ami Warhol en 1987, l’exposition se conclut par les derniers travaux à quatre mains des deux artistes où, dans un mélange de couleurs, de formes et de sens, sont soulevés des sujets aussi forts que le racisme ou le rapport au corps.
Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat sont connus de tous. Mais visitez cette exposition nous porte dans une dimension plus intimes des deux artistes dont la rencontre a permis la création d’une œuvre exceptionnelle tant par la force des messages qu’elle véhicule que par sa puissance visuelle.
SOURCES
Visite de l’exposition
Dossier de presse de l’’exposition.
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