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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

EXPOSITION : « LOUISE D’ORLÉANS, PREMIÈRE REINE DES BELGES. UN DESTIN ROMANTIQUE » AU CHÂTEAU DE CHANTILLY

RMN-Grand Palais Domaine de Chantilly-Mathieu Rabeau
Louise d'Orléans par J-D Court, Mathieu Rabeau

Du 19 octobre 2024 au 16 février 2025, le musée Condé du Château de Chantilly rend hommage à Louise d’Orléans, la première reine des Belges, à travers l’exposition « Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique ». Une figure touchante de sensibilité, trop peu connue de l’histoire, et pourtant riche d’une destinée européenne unique et de goûts affirmés pour les arts.



Fille aînée du roi des Français Louis-Philippe (règne 1830-1848) et de la reine Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, Louise d’Orléans (1812-1850) incarne parfaitement l’Europe romantique du milieu du 19e siècle. Si son nom résonne encore timidement dans la mémoire collective, cette exposition nous invite à redécouvrir une personnalité fascinante et émouvante, entre devoirs politiques, passion pour les arts (et en particulier l’écriture). Mariée en 1832 à Léopold Ier, le premier roi de Belgique, elle participe à l’émergence de ce jeune royaume, tout en cultivant un goût prononcé pour la culture et les artistes, parmi lesquels Ary Scheffer, sa sœur, Marie d’Orléans, ou le peintre Franz Xaver Winterhalter qu’elle découvrira et qui deviendra l’un des plus grands portraitistes européens de la seconde moitié du 19e.

 

Le Château de Chantilly, où le duc d’Aumale, son frère et dernier propriétaire du domaine, a fondé le musée Condé pour présenter son impressionnante collection d’art, est le lieu idéal pour raconter son histoire. Au sein des appartements d’invités du duc, et au fil d’un parcours articulé en cinq grandes sections (plus une dernière dans la Galerie de Psyché du château), on peut admirer des œuvres issues des prestigieuses collections royales belges, ainsi que des souvenirs intimes, souvent méconnus, de cette reine sensible et discrète.



L’exposition dédiée à Louise d’Orléans au Château de Chantilly offre alors une plongée fascinante dans la vie d’une princesse devenue la première reine des Belges, tout en mettant en lumière son parcours personnel, ses passions et son rôle politique.

 

LOUISE D’ORLÉANS, UNE PRINCESSE FRANÇAISE DEVENUE REINE DES BELGES

 

Née le 3 avril 1812 à Palerme, en Sicile, où vit en exil sa famille pendant le règne de Napoléon 1er (1804-1814/15), Louise d’Orléans appartient à l’une des familles les plus influentes et les plus riches de l’Europe du 19e siècle, la maison des Orléans : l’une des branches cousines des Bourbon qui ont régné sous l’Ancien Régime et sous la Restauration (1814/15-1830).

 

LA JEUNESSE DE LOUISE D’ORLÉANS : UNE ÉDUCATION EXEMPLAIRE

 

Fille aînée de Louis-Philippe, duc d’Orléans devenu roi des Français après la Révolution de Juillet 1830 et l’avènement de ce qu’on appellera la Monarchie de Juillet (1830-1848), et de Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, elle est élevée dans un milieu où l’éducation est au cœur des préoccupations.



Louis-Philippe, souvent considéré comme un monarque éclairé, gouvernant avec une sensibilité bourgeoise en rupture avec la monarchie absolue qui avait dominé la France pendant des siècles, veille à offrir à ses enfants un apprentissage diversifié et approfondi, tout en les préparant à de futures fonctions politiques en Europe.

 

Louise et ses frères et sœurs grandissent entourés de maîtres renommés, comme l’historien Jules Michelet ou le peintre Ary Scheffer, qui leur inculquent à la fois des connaissances en histoire, en sciences, dans les arts et la littérature. Les enfants de cette famille aux liens très forts sont également encouragés à cultiver leurs talents. Sa sœur Marie d’Orléans, en particulier, se révèle être une véritable artiste, dessinatrice et sculptrice, avec qui Louise entretient une relation fusionnelle.



Sa mère, Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, issue de la famille royale des Deux-Siciles, apporte un caractère pieux et dévoué à ses enfants, en particulier à Louise avec qui elle entretint une relation extrêmement étroite. Louise pourrait en effet être qualifiée de scribomane. Passionnée d’écriture, elle entretient ainsi une correspondante prolifique avec sa mère, à qui elle écrit quotidiennement à qui elle écrit chaque détail et pensée de sa vie.

 

Dans cette section, on découvre ainsi des bijoux et effets personnels, des portraits de famille, et des œuvres réalisées par Louise et sa soeur, Marie.



UNE UNION POLITIQUE : LE MARIAGE DE LOUISE D’ORLÉANS AVEC LEOPOLD IER DE BELGIQUE

 

La deuxième section de l’exposition est consacrée au mariage qui va sceller le destin de Louise avec celui de la Belgique. La vie de la jeune princesse bascule en effet lorsque son père Louis-Philippe décide qu’elle épousera Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, un prince allemand devenu le premier roi des Belges en 1831. Ce mariage, célébré le 9 août 1832 au château de Compiègne – et non à Paris où les légitimistes, partisans du retour sur le trône des Bourbons, sont trop présents – est le fruit d’une alliance politique stratégique entre la France et la Belgique nouvellement créée.



En effet, la Belgique, autrefois sous domination néerlandaise, vient tout juste d'émerger en tant que nation indépendante, après s'être séparée des Pays-Bas à la suite de la révolution populaire belge de 1830. Cette jeune nation catholique, dont la majorité des nobles, protestants, s’est rattachée à la couronne des Pays-Bas, cherche alors à affirmer son indépendance tout en trouvant une stabilité politique.

 

Porté par ses compétences diplomatiques et soutenu par son réseau international – notamment la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne -, Léopold, ancien prince consort d’Angleterre – sa femme est morte en couche, l’obligeant à renoncer à la couronne d’Angleterre- est invité à monter sur le trône belge. L’union de Léopold avec Louise d’Orléans doit ainsi conforter la légitimité du nouveau royaume de Belgique, tout en affirmant le rôle et le poids de la jeune Monarchie de Juillet sur la scène européenne.



Malgré son attachement indéfectible à sa famille, Louise suit sa destinée et quitte Paris pour Bruxelles. Une épreuve douloureuse pour la princesse et pour sa famille – Louis-Philippe est en larmes. Sa sœur Marie illustrera d’ailleurs ce déchirement dans ses dessins, et Louise conservera jusqu’à la fin de ses jours une certaine mélancolie.



Elle assumera cependant son rôle de reine, et deviendra une figure clé de la cour naissante de Bruxelles. Le palais royal est ainsi aménagé aux goûts de la nouvelle souveraine. Et bien qu’effacée en apparence, Louise renforcera les relations entre la France de Louis-Philippe et la Belgique naissante, offrant ainsi un ancrage solide à la monarchie belge dans le concert des nations européennes.

 

LOUISE D’ORLÉANS : LES GOÛTS D’UNE PRINCESSE D’ORLÉANS DEVENUE REINE

 

Cette salle présente une sélection d’albums et de portefeuilles d’œuvres, exposés pour la première fois, montrant les goûts artistiques de Louise. On y observe son penchant pour les peintures et dessins d’artistes comme François-Marius Granet, Pierre-Joseph Redouté, Adrian Dauzats, ou encore Eugène Lami et bien sûr Franz Xaver Winterhalter dont elle met en avant le talent sur la scène internationale.



Toujours très sentimentale lorsqu’il s’agit de la famille, on s’aperçoit aussi ici qu’elle aime collectionner les œuvres de ses frères et sœur, comme celles, ici, de François et Marie d’Orléans.

 

PORTRAITS D’UNE JEUNE DYNASTIE

 

Dans cette section, les portraits prennent une place centrale. Un genre particulièrement apprécié de Louise. On y trouve des représentations de la nouvelle reine des Belges, réalisées par Joseph Anne Jules Leroy ou Franz Xaver Winterhalter qui deviendra célèbre en proposant un art élégant et légèrement idéalisé, mais aussi des peintures commandées par le couple royal pour représenter ses enfants Léopold, Philippe et Charlotte. Sous l’impulsion de Louise, ces œuvres vont contribuer à promouvoir une nouvelle image des têtes couronnées de l’époque.



La pièce majeure de cette section, et de l’exposition, est alors le tableau grand format exposé ici : « Le Sommeil de Jésus », réalisé par François-Joseph Navez en 1834. Pour célébrer la naissance, en 1833, de leur premier fils, Louis-Philippe, Léopold 1er commande pour Louise un tableau majestueux et religieux au peintre belge. Le nouveau-né est représenté sous les traits de l’enfant Jésus reposant sous le regard de la Vierge. Malheureusement, Louis-Philippe mourra un an plus tard, et le tableau, souvenir trip douloureux, sera finalement offert à l’église de Houyet, dans la province de Namur.

 

LOUISE D’ORLÉANS, LE DERNIER SOUFFLE ROMANTIQUE

 

La dernière section de l’exposition évoque la fin tragique de Louise d’Orléans, disparue à l’âge de 38 ans, le 11 octobre 1850 à Ostende. On peut voir ici des objets souvenirs de la reine des Belges, comme ce bracelet aux pendants en formes d’yeux de ses proches, des mèches de cheveux de ses fils, des photos de sa fille Charlotte, ses chaussures, ou encore un tableau de Joseph Meganck représentant la mort de Louise entourée de ses proches, ou celui, allégorique, de Van Eycken, symbolisant les derniers instants de la reine mourante.



Sont aussi évoqués ici les hommages et monuments érigés après sa mort, et dédiés à cette reine Louise-Marie ‘la Bien-aimée’, comme l’appelaient les Belges. On observe ainsi la réplique d’une statue monumentale de Joseph Jacquet élevée en 1878 sur la Grand-Place de Philippeville.


 

Enfin, une attention particulière est portée aux liens entre Louise et son frère, le duc d’Aumale, qui, après trois ans d’exil à Bruxelles auprès de Léopold II, son neveu, et de sa nièce Charlotte, perpétuera le souvenir de sa sœur au musée Condé, au cœur de son château de Chantilly.

 

LA GALERIE DE PSYCHÉ

 

Pour conclure le parcours, rendez-vous dans la Galerie de Psyché du château de Chantilly. Là, aux côtés des portraits de famille du duc d’Aumale, viennent s’ajouter deux bustes et deux portraits en pied de la reine Louise-Marie et du roi Léopold 1er par Fanny et Guillaume Geefs.



Belge ou non, l’exposition « Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique » nous permet de mieux connaître la personnalité et la vie de cette reine discrète mais influente qu’a été Louise d’Orléans. Un parcours où œuvres d’art, objets personnels et documents historiques illustrent ses goûts, sa sensibilité, et la force de ses relations familiales et politiques.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

  • Quoi ? « Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique »

  • Où ? Château de Chantilly

  • Quand ? Du 19 octobre 2024 au 16 février 2025

  • Qui ? Les passionné.e.s d’histoire, mais aussi les curieux et curieuses qui veulent en savoir plus sur cette princesse peu connue, à l’origine de la dynastie royale belge.

    Combien ? L’exposition est accessible avec le billet d’entrée au château

    Plein tarif : 18€ / Tarif réduit : 14,50€



SOURCES


  • Visite guidée de l'exposition

  • Dossier de Presse de l'exposition

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