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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

LES GRANDES ÉCURIES DE CHANTILLY ET LE MUSÉE VIVANT DU CHEVAL : IMMERSION DANS L’HISTOIRE ET L’ART ÉQUESTRES

Grandes Ecuries, musée vivant du cheval, château de Chantilly
Grandes Ecuries du château de Chantilly

Toutes celles et ceux qui sont déjà venus au château de Chantilly ne peuvent oublier cette silhouette gracieuse qui surgit au détour d’un virage, et qui semble flotter sur l’eau des douves qui l’entourent.



Mais au-delà du château, le domaine de Chantilly est aussi réputé pour ses Grandes Écuries du 18e siècle, encore en activité aujourd’hui et situées à la jonction du parc du château, de la forêt et de la ville.


Ces écuries monumentales, qui n’ont que très peu changé depuis leur construction (du moins en extérieur), ont été bâties par l’architecte Jean Aubert entre 1719 et 1735 à la demande de Louis IV Henri de Bourbon-Condé (1692-1740), 7e Prince de Condé, propriétaire du domaine. Il est l’arrière-petit-fils du Grand Condé, Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), le cousin du roi Louis XIV qui fera de Chantilly un lieu somptueux et prisé de l’aristocratie du Grand Siècle.



Outre une quarantaine de chevaux, elles accueillent également depuis 1982 le Musée Vivant du Cheval qui propose une immersion dans l’univers équestre, offrant à la fois une approche historique, pédagogique et artistique du cheval – objets, œuvres d’art, documents, démonstrations…

 

Un musée inédit qui présente aujourd’hui de nouveaux aménagements et une muséographie plus adaptée à tous les publics avec une nouvelle médiation, de nouvelles thématiques (la vènerie, les courses hippiques, le polo…) et de nouveaux objets exposés (une collection de selles, un squelette de cheval, les harnais du prince de Condé…).

 


Enfin, sur la piste de sable de leur majestueux dôme, les Grandes Écuries accueillent aussi la Compagnie équestre du Château de Chantilly qui présente chaque année trois grands spectacles aux visiteurs émerveillés – en ce moment, vous pouvez admirer « Un Jour à Paris », jusqu’au 31 octobre 2024, puis, pour la saison des fêtes de fin d’année, un conte équestre original : « Le Vieil ange et l’enfant », du 30 novembre 2024 au 5 janvier 2025.



Ce « palais pour chevaux » était, et reste, l’une des plus grandes et prestigieuses écuries princières d’Europe. C’est avec elles que la ville de Chantilly s’est développée à partir du 18e siècle.

 

LES GRANDES ÉCURIES DE CHANTILLY : 300 ANS D’HISTOIRE, UNE ARCHITECTURE GRANDIOSE

 

En 1719, Louis-Henri de Bourbon, passionné de chasse et héritier des princes de Condé, décide de construire des écuries monumentales pour abriter ses chevaux de chasse et de service. L’architecte Jean Aubert conçoit un projet ambitieux qui doit s’imposer comme un véritable palais dédié aux chevaux.



Commencées en 1721, les Grandes Écuries impressionnent d’abord par leurs dimensions : 186 mètres de long, un dôme majestueux de 28 mètres de hauteur, et des nefs latérales (Est et Ouest) pouvant accueillir jusqu'à 240 chevaux.

 

L’ensemble se divise en trois cours aux fonctions bien distinctes :

 

  • La cour du Manège, dédiée à l’entraînement des chevaux,

  • La cour des Remises, où étaient abritées les voitures hippomobiles,

  • La cour des Chenils, qui logeait près de 400 chiens de chasse.

 

Les étages étaient utilisés pour loger le personnel des écuries : cochers, palefreniers, écuyers…

 

Sous la Révolution, les écuries réussissent à échapper à la destruction, et sont alors converties en caserne militaire. Une fonction qu’elles garderont sous le règne de Napoléon.

 

A la Restauration en 1815, le Prince de Condé, Louis-Joseph de Bourbon (1736-1818), de retour d’exil, tente de rénover le château, en grande partie détruit après la Révolution. Il remeuble le château, réinstalle certaines œuvres d’art qu’il réussit à récupérer, et réaménage les jardins. Les écuries retrouvent leur fonction.

 

Son fils Louis-Henri-Joseph (1756-1830), 9e prince de Condé, meurt sans héritier direct. Il lègue ses biens à son petit-neveu et filleul, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, qui n’est autre que le fils du futur roi des Français, Louis-Philippe 1er (règne : 1830-1848).

 


Au-delà des grands travaux de rénovation et de réaménagement du château et du domaine, Le duc d’Aumale, passionné de chasse, décide de moderniser les Grandes Écuries. Sans toucher aux extérieurs, il crée dans les nefs qui abritent les chevaux des boxes et des stalles plus spacieux pour accueillir ses chevaux et ceux de ses invités.


Lorsqu’il meurt en 1897, le duc d’Aumale lègue son domaine de Chantilly – le château, le parc, les bâtiments dont les écuries – à l’Institut de France. Après la Seconde Guerre Mondiale, les Grandes Écuries deviennent une école d’éducation équestre, et le lieu de dressage et d’entrainement du cercle hippique de Chantilly, sous la supervision du Colonel André Jousseaume, champion olympique de dressage, et d’Yves Bienaimé, écuyer-professeur. Ce dernier aura l’idée de créer, en 1982, le Musée Vivant du Cheval et d’ouvrir ainsi les écuries au public pour transmettre sa passion et les métiers du cheval.


Ce partage de savoir-faire et de connaissances se perpétue aujourd’hui encore grâce aux équipes du musée, aux dresseurs et dresseuses, et aux cavaliers et cavalières de la Compagnie Équestre de Chantilly.


D’un point de vue architectural, les Grandes Écuries conservent également toute leur majesté, notamment grâce à l’intervention de la Fondation pour la Sauvegarde du Domaine de Chantilly, créée en 2006 par Son Altesse l’Aga Khan qui en aura la gestion jusqu’en 2021, mais aussi de l’Institut de France, de nouveau gérant du musée depuis 2021, et de mécènes comme la Maison Hermès Sellier.

 

LE MUSÉE VIVANT DU CHEVAL : UN LIEU UNIQUE OUVERT À TOUS

 

Inauguré en 1982 par l’écuyer Yves Bienaimé, le Musée Vivant du Cheval transforme les Grandes Écuries en un lieu vivant, où se tiennent expositions, animations pédagogiques et spectacles équestres. L'objectif premier est de sensibiliser le grand public à l’univers du cheval.

 

Le musée s’étend sur 15 salles thématiques qui présentent des œuvres (peintures, sculptures, photographies), objets, archives et documents illustrant :


  • L’histoire des Grandes Écuries, leur architecture et leur fonctionnement ;

 


  • Les origines du cheval tel que nous le connaissons aujourd’hui, fidèle compagnon de l’histoire humaine ;

 


  • Les métiers et objets du cheval – étriers, harnais, sellerie…

 


  • Ses usages comme moyen de transport, allié militaire, symbole de pouvoir ou partenaire de chasse ;

 


  • Son rôle sportif (courses hippiques, polo…);

 


  • Ses représentations artistiques (peintures, sculptures…) ou ludiques (jeux, manèges…) à travers les siècles.

 


ACTUALITÉS ET RÉNOVATIONS RÉCENTES (2022-2025)

 

Depuis 2022, et avec pour objectif de bénéficier de l’appellation ‘Musées de France’ (musées agréés par l'État), le Musée Vivant du Cheval et les Grandes Écuries ont engagé et réalisé une série de travaux et de réaménagements enrichis de nouvelles salles, de nouveaux objets exposés et d’une muséographie plus pédagogique. Voici les principales nouveautés récentes et à venir.

 

Les rénovations de 2022 & 2024


  • La première salle historique: La salle dédiée aux ‘plus belles écuries d'Europe’, soit aux Grandes Écuries de Chantilly, a été réaménagée avec des plans et maquettes, mettant en lumière leur importance architecturale et leur histoire.

 

  • La Salle du sellier : Grâce au soutien d’Hermès Sellier, une nouvelle muséographie valorise le métier de sellier avec des outils et une selle éclatée, illustrant les différentes étapes de fabrication.



  • Les Collections de selles : Dans cette salle réorganisée et rénovée, on découvre une riche collection de modèles de selles rares, de France et d’ailleurs. Des selles pour monter en ‘amazone’ ; des des selles de parades originaires du Maghreb, des États-Unis ou d’Afghanistan ; des selles de voyage ; des selles de travail ; ou encore des selles militaires, de dressage ou de sport. Sublimes !