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EXPOSITION: 'MODE ET SPORT' AU MAD PARIS

Dernière mise à jour : 16 nov. 2023


A l’approche des Jeux Olympiques de 2024, le musée des Arts Décoratifs de Paris (MAD Paris) inaugure ce 20 septembre une exposition dédiée aux relations étroites entre la mode et le sport, deux mondes apparemment opposés qui pourtant, depuis des décennies, ne cessent de s’influencer mutuellement et de se superposer: «Mode et sport, d’un podium à l’autre» jusqu’au 7 avril 2024.

À travers 450 pièces -vêtements, accessoires, photographies, dessins, peintures, affiches, sculptures… l’exposition raconte l’évolution des vêtements sportifs qui, surpassant leurs fonctions originelles -confort, performance- se sont mués en pièces incontournables des vestiaires masculin et féminin modernes, jusqu’à devenir eux-mêmes de véritables inspirations pour la création mode contemporaine.


«Mode et sport, d’un podium à l’autre» invite à parcourir l’histoire du vêtement de sport, son rôle social, ses codes et ses liens croissant avec la mode au cours des siècles. D’une salle à l’autre, l’exposition nous dévoile les grandes étapes des pratiques et du vestiaire sportifs: des corps sportifs nus de l’antiquité, à la prédominance du sportswear dans nos garde-robes depuis les années 1980-90; des blasons médiévaux des joueurs de joute, aux vêtements raffinés et plus élégants que confortables, dédiés aux activités physiques -escrime, chasse, équitation, archerie- de la haute société du 19e siècle; de la jupe-culotte imaginée pour le vélo, au polo créé pour gagner en aisance de jeu au tennis; du vêtement de bain corseté au deux-pièces performant; des collections sport des maisons de couture aux collections couture des marques de sport…



LE PARCOURS D’EXPOSITION


L’Antiquité et les corps nus.

Les corps des sportifs de l’Antiquité, musclés et huilés, s’affrontaient nus, pour plus d’agilité, lors des jeux et compétitions. Ici, nul besoin de mode, donc.

Anecdote: le mot gymnos, «nu», donnera ainsi gymnastique.


Le Moyen-Âge et les prémices des maillots des équipes sportives.

Par leurs couleurs vives et leurs blasons aux armes des chevaliers, les tenues et armures des tournois de joute médiévaux, permettaient de reconnaître chaque combattant ou équipe. Ils préfigurent en cela des couleurs, mascottes et logos des équipes sportives actuelles.


Anecdote: Saviez-vous que l’expression «remporter une manche» provient directement des tournois du Moyen-Âge? A cette époque où l’amour est courtois, les chevaliers s’affrontent souvent pour les yeux d’une belle princesse. Celle-ci, en signe de sa dévotion amoureuse, remet alors au vainqueur la manche de sa robe, détachable grâce à de petits lacets (les aiguillettes). Le gagnant remporte donc la manche!


Le jeu de Paume ou le blanc raffinement.

De la Renaissance au 18e siècle, le jeu de paume connaît un fort succès auprès de l’aristocratie française puis anglaise (il donnera plus tard le tennis). Les silhouettes des joueurs, avant tout raffinées, semblent pourtant déjà en quête de confort. Et même si l’élégance prime, on voit apparaître des tenues plus légères, souvent blanches (comme pour le tennis moderne), que l’on passe pour gagner en liberté de mouvement.


Anecdote : les origines du tennis. Le tennis a été inventé dans sa forme actuelle par les Britanniques. Son origine viendrait du jeu de Paume français, ce sport né au Moyen-Âge dans lequel deux joueurs, séparés par un filet, s’affrontent en se renvoyant une balle de cuir avec la paume de la main. Une main gantée ou accessoirisée d’une sorte de raquette avant l’heure. Conquis par ce jeu français, els Anglais l’auraient alors importé sur leur île au 15e siècle. Alors que les Français avaient pour coutume de crier haut et fort un «ténèts !» à leur adversaire, soit « tenez » en vieux français, les Anglais auraient alors transformé progressivement ce mot de «ténèts» en «tennis». Le tennis anglais, joué avec des raquettes, s’institutionnalise dans sa forme moderne au 19e siècle lorsque le Major Walter Clopton Wingfield rédige et publie des règles officielles en 1874, dans lesquelles il est indiqué que le jeu se pratique sur gazon avec une balle en caoutchouc qui pouvait rebondir sur l’herbe. Ce tennis est alors nommé lawn-tennis (tennis sur gazon) par opposition au real-tennis (jeu de paume en anglais). Face au succès de ce jeu, un tournoi est organisé en 1877 : c’est le célèbre tournoi de Wimbledon qui définira ainsi les règles du tennis, la taille et la forme du terrain. En France, la Fédération Française du Lawn Tennis est créée en 1920, et les Internationaux de France, devenus le tournoi de Roland Garros, sont organisés dès 1925.


Le sport au 19e siècle: La bienséance avant tout!

Les vêtements dédiés aux activités physiques -chasse, équitation, escrime, croquet, archerie… des artistocrates du 19e siècle sont, comme l’exige les convenances de la haute société d’alors, bien plus élégants que pratiques. Il s’agit avant tout d’activités sociales et l’exigence de raffinement laisse ainsi souvent de côté le besoin d’aisance. On va cependant substituer aux matières nobles comme la soie, la laine, le coton ou encore le nouveau tweed anglais, moins fragiles. Et pour éviter qu’elles ne se dévoilent trop en cas de chute de cheval lorsqu’elles montent en amazone, on voit apparaître des culottes sous les jupons des femmes, prémices des futurs pantalons féminins.


Quand l’activité se fait sportive.

Les origines du sport moderne et de son développement naissent sous l’impulsion des thèses hygiénistes qui, dès la fin du 18e siècle, mais surtout dans la seconde moitié du 19e, recommandent la pratique d’exercice physique pour se maintenir en bonne santé. C’est à cette époque qu’apparaît le mot sport pour désigner ces activités désormais pratiquées en équipe ou individuellement, selon des règles bien définies, pour le plaisir ou sous forme de compétitions. D’un point de vue du vêtement, on voit naître les maillots d’équipe -surtout en Angleterre-, et des pièces conçues pour la pratique sportive, comme les chaussures de rugby ou de football adaptées aux terrains de jeu.


Anecdote: L’origine du mot ‘sport’. S’il apparaît en Angleterre à la fin du 18e siècle pour désigner les activités et passe-temps qui se développent alors dans la haute société d’outre-Manche -course de chevaux, combats de boxe ou de lutte, chasse au renard-, le mot ‘sport’ trouve en réalité ses origines en France. Dès le 12e siècle, on utilise le verbe ‘desporter’ qui signifie alors s’ébattre. Rapidement, son sens évolue et le terme ‘desport’ va englober tous types d’amusements et de divertissements, qu’ils soient loisirs physiques ou plaisirs de l’esprit. Exporté en Angleterre par les chevaliers du 14e siècle, le mot ‘desport’ va devenir ‘disport’ puis, au «sport». Un terme qui revient en France dès les années 1830.


Le grand tournant du 20e siècle.

Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e, la pratique du sport s’accélère. Si la gymnastique est pratiquée dans la haute société depuis le milieu du 19e, encouragée par les médecins, elle va surtout se développer à la fin du siècle et au début du suivant, impactant alors la mode qui se fait plus sportive. On crée ainsi des tenues plus légères et adaptées aux nouvelles activités -dans le respect des codes et mœurs sociaux de l’époque: le tennis, le golf, le croquet.

Cependant, on est bien loin encore des vêtements de sport d’aujourd’hui. La haute société qui a accès à ces loisirs, les pratique surtout dans un but de sociabilisation et se doit de respecter les codes de l’élégance et de la bienséance. Ainsi, si les silhouettes se font plus agiles -ajouts de poches pour ranger les balles de tennis, robes plus courtes-, elles n’en restent pas moins une adaptation des pièces de la garde-robe civile, légèrement arrangée ou portée différemment pour plus d’aisance.


La révolution du vélo.

La pratique du vélo, inventé dans les années 1860, se développe à vitesse grand V à la fin du 19e siècle. Si les femmes se doivent de porter la robe, certaines oseront la culotte pour plus de praticité, d’autres la jupe-culotte car, bien que plus commode pour pédaler, elle permet de rester décemment habillée.


Anecdote: L’effet bloomer. Le bloomer est aujourd’hui un short ou une culotte bouffante. Son nom vient en réalité de l’Américaine Amelia Bloomer qui, au milieu du 19e, décida de porter un pantalon sous sa jupe pour conduire son vélo plus facilement, choquant une partie de ses contemporains! Plus tard, la jupe-culotte ou culotte bloomer permettra donc d’enfourcher son vélo sans difficulté, tout en restant élégante.


La naissance du sportswear.

Les premiers vêtements de sport comme on les entend aujourd’hui apparaissent dans l’entre-deux-guerres. Alors que le sport se professionnalise, que les compétitions se développent et que les activités physiques se démocratisent, les sportifs exigent des vêtements plus performants. Naît alors un vestiaire exclusivement dédié au sport, accompagné par des maisons de couture qui ont pressenti l’importance de ce marché qu’on nomme déjà, dès 1928, ‘sportswear’. Admiratifs des grands compétiteurs sportifs, les couturiers créent des pièces élégantes, toujours, mais confortables et facilitatrices de mouvement pour les grands noms du sport, comme Jean Patou pour la championne de Tennis Suzanne Lenglen. Tailleur et pantalon de golf, survêtement pour garder le corps chaud avant et après l’effort… les pièces fonctionnelles se multiplient. Ancien tennisman renommé, René Lacoste, crée alors son célèbre polo.


Anecdote: Le polo Lacoste, une révolution? La légende dit qu’ayant trop chaud lors d’un match de tennis, René Lacoste aurait coupé les manches de sa chemise pour plus d’aisance et aurait ainsi inventé le polo. En réalité, ancien tennisman, Lacoste lance sa marque de produits sportifs en 1933, appuyé par le bonnetier André Gillier. Les manches sont courtes pour garantir un mouvement plus libre, le col, conservé de la chemise pour une allure élégante, est réalisé en bord-côte et peut être relevé pour protéger la nuque du soleil. Mais la grande innovation réside dans le coton piqué. Car depuis les années 1930, ce type de chemise existe chez les joueurs de polo. Lacoste va transformer ce polo, alors fabriqué en jersey, une matière moins respirante, en utilisant le petit piqué, cette maille de coton constituée d’une multitude d’alvéoles pour permettre une meilleure transpiration.

Et le crocodile dans tout ça? En 1923, René Lacoste se trouve à Boston pour une compétition sportive. Un journaliste va alors le surnommer «l’alligator» en référence à un pari qu’il aurait fait avec son capitaine d’équipe: s’il gagne le match, Lacoste se verra offrir une valise en crocodile (grand luxe de l’époque). Il ne gagne pas, mais le surnom est resté. A tel point qu’en 1926, il fait broder sur sa veste un crocodile dessiné par son ami styliste Robert George… ce même crocodile que l’on retrouve sur les produits de sa marque à partir de 1933.


Nage, nageons, nagez!

Parmi les activités recommandées par les médecins au 19e siècle, les bains de mer et les promenades sur la côte rencontrent un réel succès auprès de la bourgeoisie. Le développement du train va accélérer cette pratique, et en même temps que la baignade se développe, les vêtements de bain et de plage apparaissent et évoluent. Dans les années 1890, les premiers costumes de bain féminins sont entièrement couvrant et corsetés, tandis que les hommes s’habillent déjà d’un maillot de bain une pièce, sorte de combinaison-short. C’est au début du 20e siècle que, grâce aux performances des nageuses professionnelles qui portent, elles, le maillot deux-pièces, les femmes vont révéler leur corps sur les plages et dans les piscines. Pour les maintenir au chaud et couvrir leur peau lorsqu’elles sortent de l’eau, on va créer, dans les années 1920-30, le pyjama de plage, entre la robe-de chambre et le survêtement élégant.


Le sport infuse les modes.

Dans les années 1920-30, le sport fait la une de tous les magazines. On admire les grands sportifs et on promeut l’activité physique. Preuve que, désormais, c’est par le sport que la silhouette se sculpte, le corset disparaît des vestiaires féminins. Les vêtements du quotidien s’inspirent ainsi du sport pour apporter plus de confort dans la vie de tous les jours: les matières s’assouplissent, les coupes s’élargissent… Le sportswear naît et envahit les collections des couturiers, porté par l’enthousiasme des magazines de mode: Gabriel Chanel utilise le jersey dans ses créations, une matière qu’elle rend élégante; les maisons Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli ou Jean Patou lancent leurs collections ‘sport’ qui doivent donner aux vêtements civils une aisance et une allure toute sportive.

C’est aussi à cette époque que se développent les sports automobiles et l’utilisation de la voiture pour la haute bourgeoisie. On voit apparaître de nouvelles pièces dédiées: lunettes de conduite, casques et visières, manteaux cache-poussière, voilettes (pour se protéger car les voitures sont alors décapotées)…


Des sports extrêmes d’extrême élégance.

Dès le 19e siècle, la montagne attire la haute société. L’impératrice Eugénie elle-même aimera les randonnées dans les Pyrénées ou les voyages en mer de glace. Si l’on adapte les vêtements de campagne ou de chasse dans un premier temps, dès le début du 20e siècle, on va imaginer des pièces dédiées aux sports de montagne: bottes d’alpinisme, raquettes, patins à glace, tailleur d’alpinisme, ensemble de patinage… Des sports d’hiver dont l’attrait ne va cesser de croître tout au long du 20e siècle. Comme pour les autres sports, des tenues spécifiques vont être développées par les maisons de mode: les combinaisons de ski s’assortissent aux pulls, bonnets et écharpes, et les skis se font chics.

Plus tard, dans les années 1970-80, les sports urbains comme le skateboard ou le roller imagineront leur propre culture et leurs propres influences mode.


L’avènement du tout sportswear.

Depuis les années 1950-60, la pratique du sport est entrée dans le quotidien des Français. A partir des années 1970, mais surtout 1980 et 1990, les corps, plus libres, se détachent d’une mode trop rigoureuse, et exigent plus de confort. Contrairement aux années 1920-30 où la mode copie les vêtements de sport, désormais, on veut porter les pièces du vestiaire sportif à la ville: jogging, baskets, matières techniques… Les couturiers créent des collections sportives de luxe, à l’image des survêtements signés Sonia Rykiel, Hermès, ou Courrèges, et vont jusqu’à imaginer les tenues des équipes nationales pour les Jeux Olympiques ou les compétitions de football. Le logo des marques s’impose alors aux côtés des noms des joueurs ou des pays.


Les olympiades de la mode.

La dernière section de l’exposition s’ouvre dans la magnifique nef du musée. Ici, on est d’abord surpris par une copie géante (7 mètres) de la Victoire de Samothrace, habillée d’une robe réalisée par Nike et Koché pour la coupe du monde de football féminin de 2019, et composée des différents drapeaux des équipes en compétition.

Ici, le sportswear est roi, à l’image de son omniprésence dans la mode contemporaine. Le long d’une piste d’athlétisme, s’enchaînent alors un ensemble de silhouettes plus créatives les unes que les autres. Des pièces imaginées par les maisons de couture, inspirées des codes du sport mais réalisées dans les matières les plus nobles. Les dernières frontières entre le sport et la mode s’effacent ici, et ces deux mondes au départ séparés se confondent désormais. Marques de sport et marques de mode s’influencent et collaborent. Les spectateurs portent dans leur quotidien les maillots de leurs équipes ou de leurs joueurs favoris, tandis que les tenues des grands sportifs sont signés de grands noms de la mode -comme ici, exposées, celles de Nike pour André Agassi ou Serena Williams, celle d’Eleven créée par et pour Vénus Williams, celle de Christian Lacroix pour Surya Bonaly, ou celle de Jean-Charles de Castelbajac pour la Fédération Française de Rugby en 1989.


A travers l’exposition «Mode et sport, d’un podium à l’autre», on comprend que si la mode et le sport se sont rencontrés il y a plusieurs siècles, c’est pour s’inspirer mutuellement, jusqu’à aujourd’hui où leurs univers fusionnent. Puisqu’après tout, comme le dit René Lacoste: «Jouer et gagner ne suffit pas, encore faut-il maîtriser son style!».

INFORMATIONS PRATIQUES

L’exposition est ouverte du 20 septembre 2023 au 7 avril 2024, tous les jours :

  • du mardi au dimanche de 11h à 18h

  • en nocturne le jeudi jusqu’à 21h

Compter une bonne heure pour la visiter.



SOURCES

  • Visite de l’exposition.

  • Dossier de Presse de l’exposition.


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