top of page

EXPOSITION « RICK OWENS, TEMPLE OF LOVE » : 30 ANS DE MODE HORS NORME, JUSQU’AU 4 JANVIER 2026

Galliera
Exposition Rick Owens - Palais Galliera

Il est l’un des créateurs les plus transgressifs et influents de la mode contemporaine. Avec son noir profond, ses coupes sculpturales et ses allures d’anti-héros, Rick Owens n’a jamais fait dans le compromis. Le Palais Galliera – Musée de la Mode de Paris lui consacre aujourd’hui une rétrospective monumentale : « Rick Owens. Temple of Love » jusqu’au 4 janvier 2026.


Conçue par le créateur américain lui-même comme une œuvre totale, cette exposition inédite ne se visite pas, elle se traverse comme un sanctuaire dédié à plus de trente ans de mode hors normes. Rick Owens y déploie son univers singulier, à la croisée du gothique, du brutalisme, du sacré et de l’underground. Plus de cent silhouettes, des vidéos, des installations et œuvres d’art, des archives intimes et une scénographie spectaculaire investissent le musée, transformé en véritable cathédrale païenne, de sa façade néo-renaissance à son jardin fleuri.



De Los Angeles où il est né en 1961, à Paris où il s’installe en 2003, des années de décadence à l’épure des formes, de la colère à la tendresse, ce Temple of Love – Temple d’amour - célèbre la puissance créative d’un styliste devenu une figure iconique de la scène mode parisienne et internationale.

 

RICK OWENS : UN OUTSIDER DEVENU CULTE

 

Né le 18 novembre 1961 à Los Angeles dans une famille catholique aux origines mexicaines et mixtèques, Richard Saturnino Owens grandit à Porterville, en Californie. Très tôt fasciné par le sacré, les récits bibliques et la littérature décadente française (notamment ‘À rebours’ de Huysmans), il développe un imaginaire à contre-courant. Après une tentative d’études artistiques à l’Otis Art Institute, il se forme au patronage textile et débute dans les années 1980 comme patronnier pour des marques de contrefaçon. C’est dans le chaos créatif de la scène underground de Los Angeles – clubs, sex-shops, communautés marginales – qu’il forge l’esthétique sombre et sculpturale qui deviendra sa signature.


 

En 1987, il rejoint le studio de Michèle Lamy, styliste et restauratrice française, qui deviendra son alter ego artistique et sa compagne. Le couple forme un binôme inséparable, tant sur le plan personnel que créatif. En 1992, Rick Owens lance ses premières créations sous son nom, vendues dans la boutique Charles Gallay sur Sunset Boulevard. En 2001, sa veste en cuir portée par Kate Moss dans Vogue Paris propulse sa notoriété. Un an plus tard, il défile à New York et remporte un prix du CFDA - Council of Fashion Designers of America.

 

En 2003, nommé directeur artistique de la maison Révillon, il s’installe à Paris. Son arrivée dans la capitale de la mode marque un tournant. Il y développe sa marque et affirme un style de plus en plus personnel, fait de tensions entre spiritualité et sensualité, rigueur et excès, délicatesse et provocation.

 

Sa mode s’habille de cuir, de feutre, de matières récupérées ou patinées, avec une prédilection pour le noir, les teintes sourdes, et surtout le « dust grey », devenu sa signature. Ses coupes sont sculpturales, ses défilés de véritables performances où le vêtement dialogue avec le monde, les crises, les luttes. Rick Owens y interroge les normes de genre, de beauté, de pouvoir, de représentation. Il y incorpore danses de rue, nudité masculine, sororité ou urgence écologique. Une œuvre engagée, cultivée, politique, et profondément personnelle.



Depuis, Rick Owens déploie un langage unique, entre gothique minimal, brutalité architecturale, élégance fétichiste et références culturelles affutées – de Wagner à Bowie, de Beuys à Proust. Il ouvre une boutique au Palais-Royal, crée une ligne de mobilier brutaliste, publie des livres, collabore avec Adidas, Veja, Converse ou Rimowa. Son univers, nourri par la performance, l’architecture et le sacré, a été exposé à Milan, Versailles, Los Angeles ou encore au Centre Pompidou. Aujourd’hui, il partage sa vie entre Paris, Venise et ses usines en Italie.

 

UNE EXPOSITION CONÇUE COMME UN TEMPLE DE LA CRÉATION

 

Pensée comme un Gesamtkunstwerk – une œuvre d’art totale –, l’exposition «Rick Owens : Temple of Love» se déploie à la manière d’un rituel initiatique. Chaque salle agit comme une «chapelle» autour d’un thème central de l’univers owensien. Le parcours débute avec ses origines californiennes, puis suit la construction de sa légende parisienne, jusqu’aux dimensions politiques, sensuelles et spirituelles de sa création.

 

LOS ANGELES

 

L’exposition s’ouvre dans une scénographie immersive, grandiose et époustouflante. Mannequins suspendus au plafond, podiums où des dizaines de silhouettes longilignes et en total look Rick Owens semblent nous observer, objets d’inspirations personnels… on plonge immédiatement dans l’univers si particulier du créateur.



Le parcours débute alors par la genèse : la Californie des années 1980. On découvre comment les récits bibliques, la littérature française fin-de-siècle ou le cinéma muet nourrissent ses premières créations, réalisées à partir de matériaux recyclés. Les silhouettes évoquent les années 1930, mais abîmées, délavées, comme hantées par les crises. La figure de Michèle Lamy émerge déjà, centrale et magnétique.


 

PARIS

 

L’ancrage parisien s’illustre par les grandes collections développées depuis 2003. Ici, le vêtement devient manifeste : protestation contre l’intolérance, dénonciation du patriarcat, réflexion sur la décadence du monde.



La scénographie évoque une cathédrale profane, avec lumière naturelle inondant pour la première fois les salles du Palais Galliera – une audace permise par Rick Owens, qui accepte que ses tissus se patinent sous les rayons du soleil.

 

LA JOIE DE LA DÉCADENCE

 

Cette salle, volontairement provocante, évoque les années noires et joyeuses, les sex clubs, la transgression, la recherche de beauté dans le chaos. Des œuvres explicites, des silhouettes fétichistes, une atmosphère de fête ténébreuse. Owens y célèbre les corps marginaux et l’art comme exutoire. Âmes sensibles, s’abstenir (Les photos étant interdites, je vous laisse découvrir cette section).


LE PARADOXE DES SEXES

 

Un vestiaire ambivalent : robes sculpturales et majestueuses pour femmes, silhouettes dures et brutales pour hommes. Rick Owens questionne ses propres contradictions et celles de notre époque, à la fois admiratif des femmes et critique des modèles masculins dominants. Il en ressort une tension féconde entre grâce et barbarie.

 


BRUTALISME

 

Comme un écho au béton nu des blockhaus ou aux volumes du Bauhaus, les vêtements de Rick Owens deviennent architecture. Cette esthétique trouve son prolongement dans sa ligne de mobilier (présente dans le jardin du musée) et dans des silhouettes puissantes, anguleuses, presque martiales.



CORPORALITÉ

 

De 2014 à 2016, Rick Owens pousse son art au contact du réel : stepping afro-américain, nudité masculine, performances collectives. Trois défilés emblématiques (VICIOUS, SPHINX, CYCLOPS) incarnent sa volonté de rendre visible les corps oubliés, aimés ou opprimés.


 

CONFRONTATION SCULPTURALE

 

Face à la montée des périls, Rick Owens fait le choix de l’ampleur. Ses vêtements deviennent des sculptures à message, brandies comme des oracles. Il remet en question la mode elle-même, dans ses excès comme dans ses silences.



TENDRESSE

 

Dernier retournement : la colère laisse place à l’émotion. Depuis la fin des années 2010, les créations gagnent en douceur et en couleur. Hommages, introspection, appel à l’amour et à la tolérance. Un Rick Owens apaisé, mais toujours habité.



LA CHAMBRE

 

Reconstitution touchante de la chambre de Rick Owens et Michèle Lamy à Hollywood. Livres, mobilier, rituels. Une plongée dans l’intime, où l’on découvre le quotidien du créateur : films en noir et blanc, musique classique, siestes et musculation. Un moment suspendu.



ET DANS LE SQUARE…

 

Hors les murs, le jardin devient sanctuaire : capes-sculptures, parterre de fleurs sombres et ipomées bleues, installations de béton brutaliste. Un hommage poétique à son enfance californienne et à l’amour.



MON AVIS

 

Pourquoi voir cette exposition ? Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une rétrospective de mode, mais d’un voyage initiatique. Rick Owens transforme le musée en cathédrale laïque, en manifeste visuel et émotionnel. Que l’on connaisse ou non son travail, cette exposition bouleverse, interpelle, éblouit. Un choc esthétique et intellectuel.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

  • Quoi ? “Rick Owens, Temple of Love”

  • Où? Palais Galliera – Musée de la Mode de Paris

    10 avenue Pierre Ier de Serbie, Paris 16e

  • Quand ? Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026

    Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (vendredi jusqu’à 21h)

  • Combien ? Tarif plein : 14 € / Tarif réduit : 12 € / gratuit -18 ans

 

Informations et réservations (recommandées) sur le site du Palais Galliera

bottom of page