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EXPOSITION: «THOMAS DEMAND, LE BÉGAIEMENT DE L’HISTOIRE» AU JEU DE PAUME

Dernière mise à jour : 10 avr. 2023


Control Room, Thomas Demand, 2011 au musée du Jeu de Paume
Control Room, Thomas Demand, 2011

Suivez-moi au musée du Jeu de Paume, dans le jardin des Tuileries, à Paris, où pour la première fois est organisée une exposition rétrospective du travail du photographe sculpteur allemand Thomas Demand: «THOMAS DEMAND, LE BÉGAIEMENT DE L’HISTOIRE» jusqu’au 28 mai 2023.


Né en 1964 à Munich, Thomas Demand étudie à la Kunstakademie de Düsseldorf où il se rapproche du du sculpteur Fritz Schwelger qui l’initie à l’expression artistique par la maquette. Si au départ il se sert de la photographie pour documenter ses travaux de maquettes en papier, très vite, il va inverser le processus artistique, et imaginer des sculptures qui deviendront l’objet de son travail photographique. Ce sera donc le fil conducteur de son art: créer des constructions de papier et de carton pour les photographier avant de les détruire, l’œuvre résidant pour lui dans l’image et non dans l’objet.


Fasciné par les formes architectoniques, ces dessins ou maquettes techniques qui accompagnent la construction d’un bâtiment, le design d’un objet ou la réalisation d’un vêtement, Thomas Demand reproduit ainsi en 3D et à taille réelle des lieux ou événements historiques marquants, des scènes étranges ou des moments du quotidien qu’il va ensuite photographier. Des maquettes issues d’un long travail d’archives, conçues comme des décors et inspirées d’images médiatiques qu’il glane dans l’actualité, ou des photos qu’il saisit avec son téléphone au gré de son quotidien.

Ces instantanés capturent alors une vérité de carton-pâte qui semble banaliser la réalité et nous en éloigner, mais qui questionnent finalement notre rapport à l’Histoire et au monde. Un monde et des événements historiques que nous percevons bien souvent à travers le filtre des images et des photographies qui biaisent notre vision du réel. Chez Thomas Demand, le bégaiement de l’Histoire c’est ainsi cet écart troublant entre les faits authentiques et leurs doubles photographiques conçus en papier.


En 70 œuvres (photographies, films, papiers peints), l’exposition offre une rétrospective du travail de Thomas Demand, déployé dans une scénographie en quatre volets:


  • Histoires inquiétantes: Ces grands formats photographiques présentent des scènes qui se sont tenues en marge d’événements historiques importants du 20e siècle. Il ne s’agit pas de reconstituer les scènes exactes, mais d’en proposer une vision décalée, parfois banalisée et déshumanisée, qui va en réalité accentuer leur importance historique. On découvre ainsi :

    • la passerelle utilisée par le pape Jean-Paul II pour monter dans son avion lors de sa visite à Berlin après la chute du Mur (Gangway, 2021). Cependant, si cet événement a inspiré l’auteur, chacun peut y voir sa propre référence, puisqu’il n’y a ici aucune indication historique ni trace humaine;

Gangway, Thomas Demand 2021 inspiré de la passerelle de l'avion du Pape  Jean-Paul II lors de son voyage à Berlin
Gangway, Thomas Demand 2021
  • une reproduction d’un plateau de télévision vide, symbolisant le jeu médiatique constant entre vérité et falsification (Studio, 1997);


  • la chambre angoissante occupée en Russie par le lanceur d’alerte Edward Snowden après qu’il a fui les autorités américaines (Refuge, 2021) ;


  • les conséquences dramatiques d’une catastrophe comme on en voit tant dans les médias -tremblement de terre, bombardement (Ruine, 2017);


  • la reproduction d’une salle de contrôle vide inspirée de celle de la centrale de Fukushima au Japon, abandonnée après le Tsunami de 2011 (Control Room, 2011). Ici, on comprend que le contrôle total est une illusion. Un sentiment accentué par les défauts volontairement laissés par l’auteur sur la photographie finale et qui montrent qu’on est bien ici en présence d’une maquette et non de la réalité.


  • Les Mystères de la vie quotidienne (Dailies): À partir de 2008, Thomas Demand va produire de petits formats inspirés d’images capturées avec son téléphone, et qui représentent des objets et instantanés de vie quotidienne. Une intimité ordinaire mise en scène, parfois avec humour. On y découvre un chewing-gum collé sur une bouche d’aération, un pot de yaourt glacé avec sa cuillère en plastique, ou du linge abandonné sur le rebord d’une fenêtre.


  • La Pulsion architectonique (Model studies): Selon Thoams Demand, les maquettes sont à l’origine des objets qui nous entourent. Il photographie donc ici les maquettes préparatoires en papier des architectes, designers ou couturiers, comme le célèbre créateur de mode des années 1980-90, Azzedine Alaïa dont on voit ici les patrons.


  • Des Images qui bougent: Ici, il est question du rapport de l’artiste maquettiste-photographe avec l’image en mouvement, à travers son film d’animation Pacific Sun (2012). Avec des maquettes dénuées de personnages, il reconstitue le va-et-vient des meubles et objets qui se trouvaient sur la Pacific Sun, un bateau alors pris dans une tempête tropicale au large des côtes néo-zélandaises.

Film "Pacific Sun", Thomas Demand, 2012
« Thomas Demand, le bégaiement de l’histoire » est une exposition immersive que je vous invite à découvrir sans plus attendre au musée de Jeu de Paume.

INFORMATIONS PRATIQUES


Musée du Jeu de Paume, Jardin des Tuileries

Métro Concorde (1, 8, 12)

Fermé le lundi Mardi: 11h – 21h Du mercredi au dimanche: 11h – 19h


Toutes les informations sont à retrouver sur le site du musée du Jeu de Paume.



SOURCES

  • Visite guidée de l’exposition

  • Dossier de presse de l’exposition


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