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L’OPÉRA ROYAL & LES LIEUX DE SPECTACLES DISPARUS DU CHÂTEAU DE VERSAILLES



L’opéra Royal du château de Versailles est l’une des salles de spectacles les plus vastes et les plus raffinées du 18e siècle. Souhaitée par Louis XIV dès l’installation de la cour en 1682, mais restée à l’état de projet, l’idée de bâtir une salle d’opéra (ou de ballet) fixe sera reprise par Louis XV en 1748, avant d’être suspendue faute de budget, puis relancée vingt ans plus tard. La construction de l’opéra Royal ne commence ainsi qu’en 1768, et la nouvelle salle de spectacle majestueuse, réalisée par Ange-Jacques Gabriel dans un style rocaille/Louis XV avec, déjà, une influence néoclassique/Louis XVI, sera inaugurée le 16 mai 1770, jour du mariage du futur roi Louis XVI et de la future reine Marie-Antoinette.



Cependant, les souverains, et en particulier Louis XIV, grand amateur de danse, de théâtre et de musique, n’ont pas attendu la création d’un opéra royal pour organiser des spectacles, ballets et autres concerts à Versailles. Jouant un rôle à la fois divertissant et social, ils étaient en effet indispensables au bon fonctionnement de la vie de cour.

 

Jusqu’à l’édification de l’opéra, plusieurs salles et scènes éphémères ont ainsi vu le jour au château, afin d’accueillir, ici une pièce de Molière ou de Racine, là une tragédie lyrique ou un ballet de Lully. Des jardins à la cour de Marbre, en passant par le manège de la Grande Écurie, le passage des Princes situé au croisement de l’aile de la Reine et de l’aile des Princes (une partie de la billetterie actuelle), ou encore l’escalier des Ambassadeurs (disparu en 1752) et le Grand Escalier, plus connu comme l’escalier Gabriel… les espaces dédiés aux divertissements ont été nombreux à Versailles, et certains, conçus pour ne durer qu’un temps, sont même restés en place de manière quasi pérenne, pendant plusieurs décennies.



Toutes ces informations, j’ai pu les découvrir à l’occasion d’une visite guidée organisée par l’association Les Amis de Versailles. Une visite intitulée «Les lieux de spectacles, des origines à l'opéra royal» que vous pouvez également suivre sur réservation via le site du château (selon l’agenda et les disponibilités).

 

Avant d’explorer l’histoire et les secrets du magnifique opéra Royal, je vous propose donc de revenir sur l’histoire des lieux de spectacles qui ont animé la cour de Versailles de la fin du 17e siècle à la Révolution.

 

LES LIEUX DE SPECTACLES AVANT L’OPÉRA ROYAL: DIVERTIR POUR MIEUX RÉGNER

 

Avant que la cour de France ne se sédentarise et ne s’installe à Versailles en mai 1682 sur décision de Louis XIV (règne 1643-1715), le château et son domaine restent une propriété privée et personnelle du roi. Ainsi, lorsque des séjours y sont organisés dès le milieu des années 1660, les courtisans ne logent pas sur place, et les fêtes qui y sont données, aussi somptueuses soient-elles, se tiennent dans les jardins et bosquets aménagés par André Le Nôtre pour le plaisir du roi, ou en extérieur, comme dans la cour de Marbre, devant la façade côté ville. Ce n’est que lorsqu’il devient palais officiel et central du pouvoir royal que l’on va chercher à doter le château de Versailles de salles de spectacles en intérieur pour divertir la cour désormais assignée à résidence auprès du monarque absolu.



Car dans la politique de Louis XIV, la fête tient une place essentielle. Si elle a toujours joué un rôle important à la cour de France, le Roi Soleil va effectivement en faire un précieux outil pour servir son image et son pouvoir. Mettant en place une véritable ‘société des plaisirs’, comme il le dira dans ses Mémoires, il utilise les événements fastueux pour fidéliser et fédérer la cour autour de sa personne. Occupée à s’émerveiller et se divertir lors de bals et spectacles grandioses dont le généreux organisateur qu’il est devient le centre -il se met d’ailleurs régulièrement en scène-, la foule de courtisans demeure sous contrôle.

 

Les grandes fêtes seront aussi un moyen de renforcer la propagande royale au-delà de la cour. En effet, la beauté et la magnificence des grands événements organisés par Louis XIV sont relayées -et enjolivées- à travers des publications diffusées dans le royaume mais aussi dans les cours étrangères. Sous l’œil attentif du principal ministre du roi, Jean-Baptiste Colbert, les récits des chroniqueurs de l’époque, comme les gravures des illustrateurs Israël Silvestre, François Chauveau et Jean Lepautre, participent à imposer au monde la grandeur et la supériorité du roi de France, et l’image d’une monarchie française riche et puissante.


Preuve de l’intégration à part entière de la fête et des divertissements dans le fonctionnement du pouvoir royal, l’administration du roi va se doter d’un service dédié entièrement aux événements de la cour: les ‘Menus-Plaisirs’.

 

Point anecdote : qu’appelle-t-on les Menus Plaisirs ?

 

Sous l’Ancien Régime, et en particulier à partir du règne d’Henri III (1574-1589), afin d’organiser au mieux les divertissements de la cour et du souverain, la Maison du Roi -l’administration qui gère son quotidien (personnel, nourriture, sécurité…) comme ses besoins plus exceptionnels (voyages, cérémonies)- dispose d’un département bien spécifique dédié à ce qu’on appelle alors ‘les plaisirs du roi’. Cette administration dite de ‘l’Argenterie, Menus-Plaisirs et affaires de la chambre’, plus connue comme les ‘Menus-Plaisirs’ ou même les ‘Menus’, gérée par un trésorier d’abord, puis un intendant, a pour mission d’organiser les jeux (jeu de paume, jeux d’appartements…), les fêtes et spectacles, mais aussi les cérémonies officielles de la cour, et cela dans les différentes résidences qu’elle occupe (de Saint-Germain-en-Laye à Versailles, en passant par Fontainebleau ou Chambord).

 

Sous Louis XIV, les Menus-Plaisirs vont prendre une place de plus en plus importante. L’installation définitive de la cour au Château de Versailles en 1682 va en effet pérenniser le rôle de ce département. Un rôle qui ne faiblira pas sous Louis XV (règne 1715-74). Le successeur et arrière-petit-fils du Roi Soleil décidera ainsi de faire construire un bâtiment dédié à cette administration, l’Hôtel des Menus Plaisirs, à côté du château. Ici était entreposé le matériel et tout ce qui relevait de l’organisation des ‘Menus : raquettes, décors de théâtre, instruments de musique... On y trouvait même une salle de répétitions pour les représentations en cours ou à venir. Sous Louis XVI (règne 1774-1792), en revanche, l’objectif étant de réduire les dépenses de la Maison du Roi, les Menus-Plaisirs emploient moins de personnel et sont désormais confiés à un maître des Menus-Plaisirs, moins onéreux que l’intendant.


Etats-Généraux - 5 mai 1789

Pour la grande Histoire, c’est à l’Hôtel des Menus-Plaisirs que les États Généraux seront organisés à partir du 5 mai 1789. C’est aussi ici que, pendant la Révolution, les représentants du Tiers-Etats et de l’Assemblée Constituante se réuniront, et que furent votés l’abolition des privilèges le 4 août 1789 et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le 26 août 1789.

 

Revenons à Versailles et au début du règne de Louis XIV. Les grandes fêtes organisées au château à cette époque marqueront la postérité, et, plus que toute autre ensuite, instaureront l’image d’un palais où la démesure fastueuse n’a d’égal que la puissance du souverain. Voici quelques-unes des grandes fêtes royales de cette fin de 17e siècle.


‘Les Plaisirs de l’Île enchantée’, du 7 au 13 mai 1664

Organisée en l’honneur de la mère de Louis XIV, Anne d’Autriche, et de son épouse, la reine Marie-Thérèse, cette fête est la première des grandes soirées de Versailles. En réalité, elle est surtout dédiée en secret à la maîtresse du roi, la duchesse Louise de la Vallière. La cour réside alors à Fontainebleau, et se déplace à Versailles uniquement pour ces journées de fêtes. C’est le duc de Saint-Aignan, premier gentilhomme de la chambre et ordonnateur des fêtes royales, qui supervise l’ensemble des préparatifs, accompagné du grand metteur en scène des divertissements royaux, l’italien Carlo Vigarini. Pour le thème, ils s’inspirent du poème ‘Roland furieux’ (Orlando Furioso) écrit au 16e siècle par Ludovico Ariosto, dit l’Arioste, où la magicienne Alcine retient prisonniers le chevalier Roger et ses compagnons dans son château. Il s’agit de plonger la cour dans un monde de rêve mêlant action, amour et magie. Pour la musique et la création des spectacles, on fait appel à un duo qui va faire ses preuves et devenir emblématique au fil des années: le compositeur et musicien du roi, Jean-Baptiste Lully, et l’auteur, metteur en scène et écrivain, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière.



Pendant trois jours, jeux équestres, pièces de théâtres, banquets, bals et spectacles nautiques sur le Grand Canal se succèdent.

Le premier jour, le Roi inaugure les festivités en arrivant à cheval lors d’un défilé équestre où il joue le rôle du chevalier Roger en route vers le palais d’Alcine, dressé au milieu du Rond-d’eau (le futur bassin d’Apollon). Suivent des jeux auxquels les courtisans peuvent participer, puis un spectacle de Molière autour des quatre Saisons à la lumière des flambeaux.



Le deuxième jour, Molière et Lully présente une comédie-ballet inédite, ‘La Princesse d’Élide’; et le troisième jour, le palais d’Alcine s’embrase en un magnifique feu d’artifice, tandis que la magicienne apparaît flottant sur le dos d’une fausse baleine entourée de ses deux baleineaux.

Les festivités de poursuivent par des courses de chevaux, des jeux de hasard, des visites de la Ménagerie royale et des représentations de pièces de théâtre, jusqu’au 12 mai où est présentée pour la première fois, en accord avec le roi, le ‘Tartuffe’ de Molière qui choquera la cour au point d’être interdit plus tard.

 

‘Le Grand Divertissement royal’, le 18 juillet 1668

Cette grande fête doit célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle qui, après une victoire sur l’Espagne, scelle le rattachement de plusieurs villes flamandes (dont Douai, Lille et Dunkerque) au royaume de France. Ce ‘Grand Divertissement royal’ doit être des plus somptueux. Pour son organisation, le roi dépense ainsi un tiers du budget annuel alloué au fonctionnement de son domaine versaillais. Les jardins sont investis par la cour enthousiaste face à la magnificence des réjouissances: collation au bosquet de l’Étoile, festin et bal en lieu et place du futur bassin de Cérès, et surtout la comédie-ballet de Molière et Lully, ‘George Dandin ou le Mari confondu’ où, devant 1200 spectateurs en gradins et 300 sur le parterre, se succèdent des comédiens, des chanteurs et plus de 100 danseurs, au milieu d’une scène décorées de tapisseries et de chandeliers en cristal. Pour couronner le tout, le Grand Divertissement Royal se conclut par un magnifique et grandiose feu d’artifice.



 

‘Les Divertissements de Versailles’ du 4 juillet au 31 août 1674

Cette succession de fêtes est organisée pour célébrer la reconquête de la Franche-Comté. C’est Jean-Baptiste Lully qui va superviser l’ensemble, et qui marque ainsi son accession au poste de maître des fêtes de la cour.


Le premier jour, le 4 juillet, s’ouvre par une collation musicale dans le bosquet du Marais. Il se poursuit par une représentation de la tragédie ‘d’Alceste’ mise en musique par Lully, sur un livret du poète Philippe Quinault, dans la cour de Marbre; et se termine par un souper dans le château.



Le deuxième jour de festivité, le 11 juillet, Lully et Quinault présente ‘L’Églogue de Versailles’ dans un Salon de Verdure des jardins de Trianon, puis un souper est servi dans le bosquet de la Salle du Conseil (aujourd’hui bosquet de

l’Obélisque). Cette soirée en musique, illuminée de 150 lustres, marquera les esprits par son élégante richesse.



Le troisième jour, le 19 juillet, après une collation à la Ménagerie, les convives sont invités à une promenade musicale en gondoles sur le Grand Canal, avant d’assister en soirée à la comédie-ballet de Molière ‘Le Malade imaginaire’, mise en musique par Marc-Antoine Charpentier et présentée devant la grotte de Thétis (disparue aujourd’hui)


Le quatrième jour, le samedi 28 juillet, une collation exceptionnelle est offerte au Théâtre d’eau. 160 arbres ont été chargés de fruits, et 120 corbeilles de pâtisseries et de confitures, ainsi que 400 coupes de glace et des boissons de toutes sortes sont proposées pour un goûter gargantuesque. Après une représentation des ‘Fêtes d’Amour et de Bacchus’ et une promenade à la torche dans les jardins, un splendide feu d’artifice illumine le ciel au-dessus du Grand Canal, et un opulent festin est donné dans la cour de Marbre redécorée pour l’occasion.



Le cinquième jour, le 18 août, ‘Iphigénie’ de Racine est présentée à l’Orangerie, suivie de jeux d’illuminations colorées imaginés par le peintre Charles Le Brun sur le Grand Canal, au centre duquel a été installé un obélisque de lumière surmonté d’un soleil. Cette avant-dernière soirée se termine par un majestueux feu d’artifice.


Enfin, le 31 août, dernière journée de ces Grands Divertissement de l’été 1674, c’est surtout le spectacle du soir qui va rester gravé dans les mémoires. Alors que les convives sont invités à se rendre dans les jardins, vers une heure du matin, l’ensemble du parc et des jardins s’illumine: les bassins, le canal, la terrasse à l’arrière du château, les escaliers et balustrades, les fontaines… tout devient féérique. Au bout du Grand Canal où se sont misent à voguer les gondoles des courtisans, un palais magique fait de lumière apparaît aux yeux éboulis des spectateurs, tandis que le Dieu des mers, Neptune, porté par quatre chevaux marins, s’avance à leur rencontre comme par magie. Ajoutez à cela des musiciens et des chanteurs dont les sons et les voix semblent flotter dans les airs, et vous comprendrez que ce grand final a été l’un des plus mémorables du règne de Louis XIV.



C’est à la suite de ce Grand Divertissement, encouragé par son succès, que le roi décidera d’agrandir son château côté jardin pour accueillir, à termes, la cour de France. Ces nouveaux bâtiments constituent l’ensemble architectural que l’on connaît aujourd’hui et qui enveloppe l’ancien château de Louis XIII qu’occupait jusqu’alors le souverain.



Les fêtes de 1674 seront les dernières de ce genre organisées à Versailles. Le palais du Roi Soleil et de ses successeurs n’en restera pas moins un lieu de divertissement constant -soirées d’appartements hebdomadaires, soirées de jeux, représentations musicales ou théâtrales-, comme celui de splendides et magnifiques événements -bals masqués ou parés (chacun se vêt et se pare le plus richement et somptueusement possible), grands banquets, feux d’artifice, opéras… Les plus belles fêtes seront en outre données à l’occasion des grands mariages princiers et royaux.

 

Concernant les spectacles, les pièces de théâtres et autres ballets, l’habitude prise par une cour qui, jusqu’à son installation définitive à Versailles, est longtemps restée itinérante, ne va pas s’interrompre si facilement. Pendant près d’un siècle encore, on va ainsi continuer à monter et démonter des salles et des scènes éphémères.

 

Pourtant, dès 1682, Louis XIV comprend qu’il va devoir doter son palais d’une salle de spectacle suffisamment grand et prestigieuse pour accueillir la cour. Il demande à son architecte, Jules Hardouin-Mansart, et au grand metteur en scène des divertissements royaux, Carlo Vigarini, de construire une salle des Ballets à l’extrémité de l’aile Nord qui doit être édifiée à partir de 1685. Si on choisit cet endroit précis, c’est d’abord pour le terrain pentu qui permettra de créer plus facilement un dessous de scène profond sans creuser, mais aussi pour sa proximité avec les réservoirs du château, bien utiles en cas d’incendie.



Les travaux débutent en même temps que ceux de cette nouvelle aile, mais ils sont brutalement interrompus en raison de la guerre de la ligue d'Augsbourg qui, de 1688 à 1697, va opposer la France à une coalition européenne emmenée par la ligue d’Augsbourg (Empire des Habsbourg/Autriche, Suède, Bavière, Saxe, Brandebourg, Palatinat du Rhin), rejointe par l’Angleterre, les Provinces Unies (Pays-Bas) et la Savoie. Ce conflit, coûteux, va épuiser les réserves de l’État, ne laissant plus de place à des investissements aussi onéreux que le projet de salle de spectacle, par exemple. Un projet qui, de surcroît, ne sert aucunement la guerre.

 

Cependant, la demande de divertissement reste forte à la cour, et on va établir diverses salles de spectacles provisoires au cœur du château.

 

L’une d’elle va être créée dès l’installation de la cour à Versailles au niveau de l’actuel passage des Princes, au croisement de l’aile de la Reine (aile sud du corps central du château) et de l’aile des Princes (aile du Midi achevée en 1682 au sud des nouveaux bâtiments) -un passage aujourd’hui en partie ouvert qui permet de passer, sous arcades, de l’avant du château aux jardins. En plus du passage des Princes, cette petite salle de la comédie va englober une partie de l’actuel espace de billetterie et d’accueil du public, ainsi qu’une petite pièce à l’arrière. La scène y est petite, les décors restent simplement peints en blanc, à l’exception de la loge royale qui fait face à la scène. Après Louis XIV, Louis XV continue d’utiliser cette salle qu’il redécore et qu’il réaménage en 1762 afin d’en améliorer l’exploitation technique. Désormais de forme carrée, elle peut accueillir jusqu’à 200 personnes. Après la construction de l’opéra royal en 1770, et sous Louis XVI, ce théâtre provisoire sera transformé en salle de bal. En 1810, Napoléon 1er mène des travaux qui donneront à cet endroit son aspect actuel.



Parmi les autres lieux choisis pour organiser régulièrement spectacles et grands événements, on trouve également la Grande Écurie, bâtie entre 1679 et 1682 par Jules Hardouin Mansart, devant la place d’Armes et face au château. Ainsi, l’année de son inauguration, on y présentera ‘Persée’, la tragédie lyrique créée par le compositeur Jean-Baptiste Lully et le poète Philippe Quinault; mais aussi deux Carrousels en 1685 et 1686. Plus tard, sous le règne de Louis XV, on construira et détruira à la demande une salle provisoire dans le Manège central. C’est là que seront organisées, entre autres, les célébrations du mariage du Dauphin Louis-Ferdinand de France (1729-1765) avec l’Infante Marie-Thérèse d’Espagne, le 23 février 1745. Malheureusement, le 13 septembre 1751, le manège central est ravagé par un incendie provoqué par un tir de feu d’artifice, alors que l’on célèbre la naissance de Louis-Joseph-Xavier François de France (1751-1761), fils du Dauphin, et petit-fils du roi Louis XV. Les dégâts ne seront réellement réparés qu’au 19e siècle, et l’organisation de festivités ici, restera compromise.



À la suite de cet incendie, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que monter et démonter des espaces éphémères coûte cher, Louis XV va décider de reprendre le projet de salle de spectacle fixe de son arrière-grand-père, à l’extrémité de l’aile Nord. En 1748, il fait appel à son architecte, Ange-Jacques Gabriel qui présentera plusieurs projets de salle d’opéra. Mais pour des raisons budgétaires surtout, et parce que Louis XV n’est pas un grand mélomane, aussi, les travaux sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.

 

En attendant qu’ils reprennent, on continue d’utiliser des constructions provisoires. L’une d’entre elles va d’ailleurs faire beaucoup parler les courtisans de l’époque. Nous sommes en 1748, et Madame de Pompadour (1721-1764) est au sommet de son règne de favorite officielle. Amie et conseillère influente du roi, elle est également une grande amoureuse et protectrice des arts. Le théâtre compte parmi les disciplines qui la passionnent. Elle aime assister à des représentations, comme elle aime aussi monter sur les planches où elle joue devant une société réduite. Les pièces qu’elle met en scène sont d’abord présentées dans l’appartement intérieur du Roi, un espace privé qui donne son nom à sa troupe: la troupe des Petits Cabinets. Les membres et acteurs sont des courtisans triés sur le volet, et, si le directeur, le duc de La Vallière, comme certains des acteurs et musiciens, sont des hommes, ce sont les femmes qui dirigent réellement et choisissent les œuvres à présenter.

 


Mais madame de Pompadour voit grand pour son théâtre de société -nom donné aux théâtres réservés à un groupe réduit d’invités privilégiés. Aussi, afin d’accueillir les spectateurs, eux-mêmes rigoureusement sélectionnés, dans un décor digne de son rang de favorite royale, on décide de construire une salle éphémère directement insérée sur l’escalier des Ambassadeurs.



L’escalier des Ambassadeurs est un joyau de l’architecture louis-quatorzienne, édifié pour le Roi Soleil par François d’Orbay entre 1676 et 1680. C’est ici que les ambassadeurs auprès de la cour de France -qui ont donné son nom à l’escalier- attendaient d’être reçus par le roi afin de lui présenter leurs lettres de créances. Ce Grand degré du Roi, comme on l’appelle aussi, conduit aux salons de Vénus et de Diane qui marquent l’entrée du Grand appartement du monarque. Par sa splendeur et la richesse de ses décors en marbres polychromes et ses peintures allégoriques signées Charles Le Brun, il doit avant tout impressionner les hôtes officiels du roi comme les courtisans.

 

Cependant, l’escalier des Ambassadeurs va perdre de son importance sous le règne de Louis XV, quand le majestueux salon d’Hercule, bâti entre 1729 et 1736, devient la nouvelle entrée du Grand appartement du Roi. Il n’est alors plus que rarement usité, si ce n’est pour la cérémonie annuelle de remise de l’Ordre du Saint-Esprit qui imposera à Madame de Pompadour de créer une structure entièrement démontable pour son théâtre personnel. Un théâtre qui suscite alors bien des jalousies puisque peu de courtisans sont officiellement conviés aux représentations qui y sont données. Quoi qu’il en soit, la décision prise par Louis XV en 1752 de détruire l’escalier des Ambassadeurs, ainsi qu’une partie de l’appartement intérieur de Louis XIV, pour créer un appartement à sa fille, Madame Adélaïde, poussera au démontage du Théâtre des Petits Cabinets de Madame de Pompadour. Celle-ci en récupère cependant la structure qu’elle remonte dans son Château de Bellevue.

 

En parallèle, à la demande de Louis XV qui souhaite reconstruire le château côté ville, Ange-Jacques Gabriel commence la construction d’un nouvel escalier d’apparat à l’extrémité de l’aile droite donnant sur la Cour royale. Initiés en 1772, les travaux seront interrompus, notamment par la mort du roi en 1774. Cet espace doté de grands volumes ne va pas rester vide pour autant. Sous le règne de Louis XVI, Marie-Antoinette y fera édifier un théâtre d’après les dessins d’Hubert Robert. En effet, l’opéra royal, déjà existant à l’époque, coûte cher en frais de fonctionnement, et les effets techniques y restent limités. Ainsi, une structure en bois, habillée de décors en trompe-l’œil, est élevée pour servir de salle de spectacle. Ce théâtre supposé provisoire sera utilisé au-delà de la Révolution. C’est Louis-Philippe (règne 1830-1848) qui le fera détruire, et l’escalier ne sera reconstruit et finalisé selon les plans de Gabriel qu’en 1985, lors des rénovations du château.



Maintenant que nous avons fait le tour de certaines des principales salles éphémères qui ont animé la cour de France, et que l’on a bien compris les enjeux des divertissements sous l’ancien régime, il est temps de découvrir l’histoire et les secrets de l’unique, mais sublime, lieu de spectacle pérenne du château: l’opéra royal.

 

L’OPÉRA ROYAL: LE SPECTACLE EN MAJESTÉ

 

Le projet d’opéra royal, imaginé par Louis XIV en 1682, repris par Louis XV puis abandonné de nouveau en 1748, revient finalement au centre des préoccupations du roi vingt ans plus tard. En effet, alors que ses petits-enfants, et en particulier son petit-fils, le dauphin Louis-Auguste de France, futur Louis XVI, sont en âge de se marier, il devient indispensable que le château se dote d’une salle de spectacle, qui pourra également servir de lieu de réception, digne des mariages royaux qui s’annoncent.



Les travaux sont donc relancés en 1768, et ils s’accélèrent lorsqu’est conclu l’union entre le Dauphin de France et l’archiduchesse d’Autriche, Marie-Antoinette. Cet événement exceptionnel est avant tout diplomatique. Il doit ainsi, par sa splendeur et sa réussite, contribuer à magnifier la monarchie française, comme, à leur époque, les grandes fêtes de Louis XIV ont pu le faire.

 

Finalement, l’opéra royal est terminé en 23 mois: un temps record! Son inauguration est prévue pour le jour du mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette, le 16 mai 1770. Ce soir-là, une représentation de ‘Persée’ de Lully et Quinault est ainsi donnée, et le 19 mai, en clôture des festivités, un grand festin et un bal sont organisés dans le somptueux décor du tout nouvel opéra royal. On y compte plus de 2000 convives qui soupent au son de 80 musiciens. Avec un orchestre aussi grand, la musique est telle que Louis XVI se plaindra du bruit qui l’empêche de converser à son aise. (Pour en savoir plus sur le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette, rendez-vous dans l’article dédié sur ce site).



Pour accéder à l’opéra royal, on crée deux galeries qui longent l’aile du Nord, une au rez-de-chaussée pour accueillir l’ensemble des spectateurs, et une autre au premier étage, réservée au roi. Par cette dernière, le souverain pouvait, soit rejoindre sa loge privée, soit descendre un escalier (aujourd’hui disparu) qui menait à la salle des gardes puis au Foyer de l’opéra, ouvrant lui-même sur l’amphithéâtre où le roi et la famille royal ont leurs sièges attitrés.

 

La salle de l’opéra est de forme semi-ovale, ce qui est novateur pour l’époque. D’un point de vue technique, sa structure entièrement construite en bois permet une résonance et une acoustique exceptionnelles. L’opéra royal pouvait recevoir plus de mille spectateurs eu 18e siècle -aujourd’hui, les conditions de sécurité étant plus strictes, elle est prévue pour accueillir 700 places maximum. La fosse d’orchestre, quant à elle, peut loger jusqu’à 80 musiciens, et la scène, avec ses 13,50 mètres d’ouverture, ses 23 mètres de profondeur et ses 36 mètres de hauteur, est l’une des plus spacieuse de France, et permet d’organiser des spectacles et des opéras de grande ampleur.

 


Mais l’originalité et la prouesse technique de cet opéra est aussi son adaptabilité. La salle est en effet modulable et, en moins de 24 heures, elle peut se transformer pour accueillir de grandes réceptions, à l’image du bal de clôture du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette le 19 mai 1770. Dans cette configuration, le plancher du parterre peut s’élever grâce à un système de treuils pour arriver au niveau de l’amphithéâtre et de la scène, et ainsi agrandir la surface disponible pour les bals ou les banquets. Pour parfaire le tout, il est prévu d’installer un ensemble de colonnes et un plafond peint par Gabriel Briard qui donnent l’illusion qu’on est ici dans salon de réception luxueux.



Concernant la disposition des assises lors des représentations, derrière le parterre où se trouvait des bancs, l’amphithéâtre accueille au centre du premier rang les fauteuils du roi et de la reine, puis de part et d’autre les chaises des altesses royales (soit les enfants et la famille directe des souverains), puis les pliants des altesses sérénissimes (les princes et princesses de sang, les ducs et duchesses, les cousins et les autres membres de la famille royale). Le reste des spectateurs prenait place, ici, sur des banquettes.



Pour le reste, lorsque l’on observe les places prévues sur les trois niveaux dédiés aux spectateurs, on peut être étonné de ne voir aucune loge, mais plutôt des balcons dont les emplacements ne sont séparés que par des parois basses. D’une part, cette structure de la salle favorise la vision et l’audition. D’autre part, il faut savoir que nous sommes dans un opéra royal. Par conséquent, ici, personne, à part le roi et la reine, n’est supposé posséder de loge. Les trois petites que l’on aperçoit au centre du deuxième balcon étaient ainsi réservées au roi. Grillagées de bronze doré et décorées d’arabesques réalisées par Antoine François Vernet, elles permettaient au souverain d’assister à une représentation sans être vu. Il pouvait y accéder en toute discrétion par un salon ovale, lui-même relié à son Grand appartement par la galerie dédiée. Notez ici que la règle voulait que la représentation s’arrête lorsque le roi quittait la salle, et ce même si la pièce ou l’opéra n’étaient pas terminés. Aussi, l’utilisation semi-incognito de sa loge privée permettait au roi d’aller et venir sans se faire remarquer, et donc en évitant d’interrompre le spectacle.



Les décors, de leur côté, sont des plus raffinés, dominés par le sérancolin, ce marbre rouge des Pyrénées veiné de gris et de blanc, le Campan, ce marbre vert nervuré, mais aussi les faux-marbres, les dorures et le velours bleu. Cette richesse décorative forcera l’admiration des contemporains, comme elle impressionne encore les visiteurs et les spectateurs d’aujourd’hui. À l’époque, tous ces décors sont sublimés par l’éclairage d’un grand lustre à 32 bougies, et de 14 à 16 lustres plus petits. Au troisième balcon, des miroirs ont été disposés à l’arrière d’une luxueuse colonnade afin de refléter à l’infini la lumière d’une douzaine d’élégants demi-lustres en bronze doré. Quand on sait qu’une bougie coûte à l’époque l’équivalent d’un peu plus d’une journée de travail d’un ouvrier, on imagine le coût d’une représentation qui nécessitait, en moyenne l’usage de 700 bougies.


 

Point anecdote: Comment s’éclairait-on à Versailles?

Avant l’arrivée du gaz puis de l’électricité, plusieurs moyens plus ou moins onéreux existaient pour s’éclairer.

 

Le plus commun, était la chandelle. Composée de graisse animale, du suif de bœuf ou surtout de mouton, et plus facile et rapide à produire, la chandelle coûte moins cher. Mais elle présente aussi de nombreux inconvénients: elle se consume vite, dégage une forte odeur, et sa flamme, irrégulière, fatigue les yeux. Par ailleurs, En se consumant, elle fond rapidement et peut brûler celles et ceux qui se trouvent en dessous.

 

La bougie, quant à elle, est bien différente. Elle se consume plus lentement et de manière régulière, elle est inodore et sa flamme est stable et élégante. Réalisée en cire d’abeille retravaillée puis blanchie, elle est très coûteuse à fabriquer: d’abord, il faut récolter la cire, la séparer du miel et la réduire en copeaux. Notez que pour répondre à la demande, la cire pouvait être importée, bien souvent d’Afrique du Nord ou de Turquie. Les copeaux de cire jaunes vont ensuite être blanchis, soit à l’aide de produits chimiques (mais le risque est qu’en se consumant, ces substances mêlées à la cire s’enflamment et provoquent des incendies), soit au soleil, de manière traditionnelle mais beaucoup plus longue. Les maîtres ciriers, appelés aussi les ciergiers, vont ensuite récupérer les copeaux blanchis et les travailler à la cuillère, avant de les rouler à l’aide d’un outil spécifique en bois pour former la bougie. Le travail est long et fastidieux, et l’achat d’une bougie peut coûter jusqu’à une fois et demie le salaire d’une journée ouvrière.

 

À Versailles, on ne va utiliser que des bougies de cire blanche dans les appartements d’apparat et dans les espaces réservés au roi, et parfois des bougies de cire jaune dans les lieux de passages, couloirs et autres arrière-salles. Pour les éclairages extérieurs, on peut éventuellement utiliser ce qu’on appelle des terrines, soit des petits pots en terre cuite remplis de graisse, moins onéreux. Pour fournir la cour en bougies, plusieurs manufactures existent: à Château-Gontier, en Mayenne, au Mans, où s’approvisionnent les princes et princesses de la famille royale, à Marseille, à Dunkerque, et surtout à Antony, près de Paris, où le roi et la plupart des Versaillais se fournissent. Sachez que cette manufacture royale d’Antony était tenue par la famille Trudon qui exerce encore aujourd’hui comme ciriers.

 

Pour le luxe qu’elle représente, la lumière est utilisée par la monarchie pour montrer sa puissance. D’ailleurs, l’expression ‘C’est pas Versailles, ici!’, vient bien de cette image d’un palais éclairé de mille feux. Mais si le château de Versailles est reconnu dès le règne de Louis XIV pour étinceler et resplendir de lumière, il faut savoir qu’il ne s’agit pas pour autant de gâcher les bougies et de jeter l’argent par les fenêtres.

 

Le château de Versailles est divisé entre l’ordinaire (la vie quotidienne) et l’extraordinaire (les fêtes, les cérémonies etc.). Pour ce qui est de l’extraordinaire, comme les soirs de fêtes ou de réceptions, bien sûr, on va dépenser sans compter pour que le château brille de milliers de lumières, et notamment de bougies. Pour l’un des banquets des Fêtes Royales de l’été 1674, par exemple, Le Vau va réaliser une colonne centrale de 6 mètres sur laquelle seront disposées plus de 400 bougies. Pour le mariage du Dauphin en 1745, on va choisir d’illuminer la façade du château de 16 000 terrines de terre emplies de suif. Et pour le festin des noces de Louis XVI et Marie-Antoinette, on va éclairer l’opéra royal de 620 bougies. À raison de 2,5 livres la bougie (une livre équivalant à 10€ à 15€, une bougie coûtait entre 25€ et 38€), je vous laisse faire les calculs, c’est une somme considérable (entre 15500€ et 25000€ rien que pour le mariage à l’opéra royal).



Dans le Versailles ordinaire, les bougies sont, en revanche, utilisées au minimum, et uniquement quand le roi ou la reine sont là. L’éclairage reste ainsi très faible en leur absence, et pour réduire les dépenses, Louis XVI instaurera même des règles et procédures très strictes d’usage des bougies. On va également inventer un système de ressorts sur les lustres qui permet de faire remonter les bougies à mesure qu’elles se consument, afin de les utiliser un maximum et d’éviter le gaspillage.

 

Par ailleurs, les Grands appartements, illuminés par des lustres portants, des girandoles, des bras de lumière, des flambeaux et des bougeoirs, sont éclairés de manière progressive: plus on avance vers les pièces importantes, plus l’éclairage s’intensifie. On va également jouer sur les éléments de décors pour accentuer l’effet de brillance des bougies. Le mobilier d’argent de Louis XIV (disparu aujourd’hui), comme les dorures des boiseries ou les jeux de miroirs, permettaient, par exemple, de refléter et d’amplifier naturellement la brillance et la lumière des flammes.

 


Pour se rendre compte de la différence entre le quotidien et les soirs de fêtes, il suffit de se rendre dans la majestueuse galerie des Glaces. Dans son état extraordinaire, pour les bals parés ou masqués, les soirées de jeux publiques, ou encore les mariages, l’emblématique galerie du Roi Soleil pouvait être illuminée de plus de 600 bougies qui la transformaient en véritable corridor de lumière. Ce sera ainsi le cas le 7 décembre 1697 pour le mariage du duc de Bourgogne, fils de Louis XIV et Dauphin de France, avec Marie-Adélaïde de Savoie. Pour l’occasion, 42 lustres, 32 girandoles sur des guéridons et 8 pyramides de lumières seront installés. Mais dans son état ordinaire, la galerie des Glaces sert de passage, et, la nuit, pour accueillir les gardes. Dans ces cas-là, et en réalité la majeure partie du temps, elle n’est que faiblement éclairée de quelques bougies disposées sur deux lustres seulement.



Cependant, la consommation reste vertigineuse pour l’époque. Rien que pour l’appartement intérieur du Roi, on pouvait utiliser chaque soir près de 140 bougies. Par exemple, lorsqu’il travaillait dans son cabinet d’Angle, la pièce la plus éclairée de son appartement privé, il lui fallait 47 bougies, réparties entre 2 girandoles, 4 bras de lumière, ainsi que des bougeoirs et flambeaux sur les commodes, les encoignures, et même sur son bureau et son fauteuil. Et pour éclairer au quotidien le Grand appartement du Roi, on va quand même utiliser plus de 4000 bougies par mois l’hiver, et près de la moitié l’été (moins de 2000 en juin par exemple). 



Enfin, il faut savoir que la bougie ne servait pas uniquement à s’éclairer. C’était aussi un avantage en nature et une véritable monnaie d’échange. Ainsi, seul un tiers des bougies commandées à Versailles étaient utilisées. Le reste était remis en échange de services rendus, comme moyen de paiement. En outre, les huissiers et garçons bleus, au service du roi, étaient autorisés à récupérer les restes de bougies non consumées à la fin de chaque soirée pour ensuite les revendre.

 

Toutes ces informations, je les ai recueillies lors d’une visite guidée avec les Amis de Versailles concernant l’éclairage du château sous l’ancien régime., une visite passionnante que je vous recommande si vous en avez l’occasion.

 

Revenons à l’opéra royal et à ses sublimes décors. L’un des éléments les plus remarquables est le magnifique plafond de la salle qui représente ‘Apollon distribuant des couronnes aux Muses’. Il est l’œuvre de Jean-Jacques Durameau qui réalisera également les peintures figurant les amours des dieux qui ornent les petits plafonds entre les colonnes du troisième niveau.



Les bas-reliefs du premier balcon, sculptés des profils des Muses et des Grâces, mais aussi des dieux et déesses de l’Olympes, sont signés Augustin Pajou. C’est lui qui imaginera aussi les Amours du deuxième balcon représentant des opéras célèbres et les signes du zodiaque. Enfin, Antoine Rousseau réalisera les reliefs sculptés qui encadrent la scène: les trophées d’instruments de musique sur les côtés, et le cartouche aux armes de France qui surplombe l’ensemble.



Sortons maintenant de la salle. Avant et après la représentation, ou pendant l’entracte, pendant lequel on changeait notamment les bougies consumées, il était possible pour la famille royale et les spectateurs privilégiés de gagner le Foyer, situé en arrière-plan de l’amphithéâtre. Le foyer, qui désigne littéralement un espace où se trouve une cheminée permettant de se réchauffer -il peut en effet faire froid dans la salle-, présente des sculptures d’Antoine Pajou figurant Apollon, Vénus, ‘L’Abondance et la Paix’, ‘La Jeunesse et la Santé’, ou encore ‘Les Poèmes lyrique, pastoral, épique et dramatique’.



L’opéra royal servira de lieu de spectacle et de réception jusqu’à la Révolution. Il sera ensuite rénové par Louis-Philippe qui le repeindra en rouge, comme cela se faisait alors, et en 1871, la IIIe République le transforme en Assemblée nationale. Ce n’est qu’en 1952 que commencent les restaurations qui mèneront à la version actuelle, proche de celle d’origine. Une version qui, sera inaugurée en avril 1957 par la jeune reine Élizabeth II, en visite en France, accompagnée par le président René Coty. Gageons que cette inauguration par une reine, même britannique, aurait plu à Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et surtout Marie-Antoinette, d’autant plus qu’il faut préciser qu’Élizabeth II avait personnellement et financièrement soutenu sa restauration.


Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, l’opéra royal accueille de nombreuses représentations. Pour ma part, j’ai eu la chance d’y voir ‘Le Lac des Cygnes’ de Tchaïkovski. L’expérience est sublime et hors du temps, et je vous la recommande. Pour plus d’informations sur la programmation, rendez-vous sur le site de l’opéra de Versailles.

  

MON AVIS

 

J’avais eu l’occasion d’entrer dans l’opéra royal il y a quelques années, mais depuis, j’avais toujours trouvé portes closes lors de mes nombreuses visites.

 

Grâce aux visites guides proposées par les Amis de Versailles, mais aussi sur le site du château, il est désormais possible de l’explorer en détail. Je ne peux que recommander cette visite privée qui permet de découvrir, non sans émotions, ce lieu de fête et de réception unique, qui accueillera l’un des mariages le plus célèbres de l’histoire: celui du futur Louis XVI et de la jeune Marie-Antoinette.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

Pour toute information concernant l’association Les Amis de Versailles, rendez-vous sur leur site.

 

Pour réserver des visites guidées des espaces privés du domaine de Versailles, n’hésitez pas à vous rendre sur le site du château.

  

SOURCES

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