Suivez-moi au château de Rambouillet, et plus particulièrement dans le Boudoir de la comtesse de Toulouse, une petite pièce de l’appartement dit d’Assemblée. Créé au 18e siècle par le comte de Toulouse, le propriétaire d’alors, cet appartement est emblématique du style rocaille (ou rococo) du règne de Louis XV (règne 1715-1774), avec ses décors et ornementations aux courbes, entrelacs et motifs végétaux abondants.
Situé à l’extrémité de l’appartement, le Boudoir en forme de rotonde est surprenant de délicatesse, avec ses boiseries richement sculptées qui se dessinent sur le blanc immaculé des murs. Elles sont éclairées par deux portes-fenêtres dont la lumière se reflète dans le haut miroir placé au-dessus d’une cheminée de marbre rouge et bordé de dorures rococo raffinées. Aux angles, les quatre «coins» du Monde (les seuls que l’on connaît à l’époque) sont représentés par des animaux (Europe, le cheval; Afrique, le rhinocéros; Amérique, l’alligator; Asie, le dromadaire); les quatre éléments sont, eux, symbolisés par des figures d’enfants; et dans la frise sont dispersés les signes du zodiaque. On remarque aussi, à divers endroits de la pièce, le chiffre de la comtesse de Toulouse: les initiales entrelacées de son nom, Marie-Victoire-Sophie de Noailles. Notez qu’en 1805, Napoléon 1er (1769-1821) fera de ce boudoir sa chambre à coucher, avant de le transformer en cabinet de travail pour des raisons pratiques.
Mais qui est la comtesse de Toulouse? Remontons le temps. C’est en 1706 que Louis-Alexandre de Bourbon (1678-1737), comte de Toulouse et fils légitimé de Louis XIV et Madame de Montespan, rachète le château au financier Fleuriau d’Armenonville. Il double alors la superficie du domaine, agrandit le château et crée de nouvelles façades et l’appartement d’Assemblée. Il y habite et y reçoit avec sa femme, Marie Victoire Sophie de Noailles, qu’il épouse en 1723 et qui devient comtesse de Toulouse par mariage.
A PROPOS DU CHÂTEAU DE RAMBOUILLET
Rambouillet est un monument atypique. Là où l’histoire de beaucoup de châteaux se finit avec la Révolution, la sienne s’est poursuivie comme résidence présidentielle jusqu’en 2018.
De son histoire de plus de 700 ans, on retiendra: la mort de François 1er le 30 mars 1547; son rachat en 1706 par le comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV, qui l’agrandit et le transforme; sa revente en 1783 par son fils, le duc de Penthièvre, à Louis XVI qui y crée une ferme, des jardins expérimentaux, une bergerie et une laiterie pour Marie-Antoinette. Réhabilité par Napoléon 1er après la Révolution puis par Louis XVIII et Charles X sous la Restauration, Rambouillet est ensuite loué par Louis-Philippe, puis utilisé pour la cour impériale de Napoléon III. De 1883 à 1995, la République y organise des chasses et à partir de 1947, il devient résidence de villégiature présidentielle jusqu’en 2018. Valéry Giscard d’Estaing y organisera le 1er G6 en 1975. Aujourd’hui, il est géré par le Centre des Monuments Nationaux (CMN).
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