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Photo du rédacteurIgor Robinet-Slansky

LE CHÂTEAU DE BEYNAC EN DORDOGNE

Dernière mise à jour : 11 juin


Château de Beynac                   Dordogne
Château de Beynac

Aujourd’hui, je vous emmène dans le Périgord, au cœur d’un petit village aux accents moyenâgeux: le village de Beynac.


Ce village qui surplombe la Dordogne, je l’ai connu lorsque j’y suis venu enfant pour les vacances. Mais je n’y étais pas retourné depuis plusieurs dizaines d’années, et je dois dire que les images que j’en avais gardées sont fidèles à la réalité : Beynac est pour moi l’un des plus beaux villages de Dordogne. La couleur jaune de ses pierres, ses ruelles pavées, ou encore sa situation à flanc de falaise lui confèrent une atmosphère unique qui vous transporte directement plusieurs siècles en arrière, au Moyen-Âge et au cœur des batailles de la Guerre de Cent ans.


Mais ce qu’il y a de plus remarquable à Beynac, c’est bien sûr son château. Un château qui semble ne faire qu’un avec la roche calcaire sur laquelle il repose, et qui contemple majestueusement les méandres des eaux de la Dordogne dans lesquelles il se reflète avec fierté.



J’ai visité plusieurs châteaux dans la région, et il y en a de très beaux. Mais Beynac est celui que j’ai préféré. Parfaitement rénové et meublé, il permet de mieux comprendre et connaître le fonctionnement d’un château médiéval et de s’immerger dans l’histoire des guerres entre les couronnes françaises et anglaises. Abandonné après la révolution en 1798, classé aux monuments historiques depuis 1944, le château doit sa restauration à un passionné, Lucien Grosso, qui l’acquiert en 1961.



Autre particularité qui ne gâche rien au plaisir de sa visite: le château de Beynac offre un point de vue exceptionnel sur toute la vallée de la Dordogne.

Point Pratique ! Pour votre visite, n’hésitez pas à demander l’audioguide gratuit. C'est tellement mieux pour comprendre cette grande bâtisse mais aussi les grandes lignes de l’histoire du Moyen-Âge sans avoir à vous replonger dans vos livres d’école primaire. Aussi, pensez à réserver en ligne votre billet, en particulier l'été car il peut y avoir du monde en août. Je conseille aussi de venir à Beynac en famille car pour les plus jeunes, la configuration des lieux rend la visite facile d’accès et intéressante pour tous les âges.

LE CHÂTEAU DE BEYNAC : 900 ANS D'HISTOIRE

QUELQUES POINTS D'HISTOIRE


Avant de commencer la visite du château, je vous propose un point historique. Loin d’être exhaustif, il devrait vous situer un peu mieux ce château dans le temps.

Très tôt dans l’histoire, la Dordogne s’est présentée comme un fleuve navigable, très pratique pour la circulation des marchandises et des hommes, notamment entre Bordeaux et Bergerac. Sur les Gabarres -ces bateaux à fond plat typiques de la région- on transportait vin, noix, matériaux de construction et autres marchandises. Vous pouvez d’ailleurs aujourd’hui découvrir la vallée de la Dordogne sur des gabarres aménagées pour les visites touristiques.



Qui dit voie navigable, dit péage. Et la situation géographique de Beynac entre voie fluviale et voies terrestres en font un lieu stratégique pour le contrôle du commerce comme des invasions potentielles. Ainsi, une seigneurie y prend place et prospère grâce au droit de passage dont s’acquittent les bateaux. Alors très puissant économiquement, le seigneur Hélie de Beynac y construit en 1050 un premier donjon défensif pour surveiller les terres et la vallée environnantes. Si on n’y accède au départ uniquement par une échelle escamotable afin d’éviter toute intrusion, ce donjon se mue rapidement en un château fort plus grand, à la fois résidence seigneuriale et construction défensive.

En 1194, lorsque le Seigneur Ademar de Beynac s'éteint sans héritier direct, le château revient à Richard Cœur de Lion. Il est alors Roi d'Angleterre, Duc de Normandie et Duc d'Aquitaine par sa mère, Aliénor d’Aquitaine. Le roi offre Beynac à un de ses compagnons les plus fidèles, le chevalier Mercadier. Ce dernier sera assassiné à Bordeaux en 1200, et le château retournera aux mains des Barons de Beynac. Un répit de courte durée puisqu’en 1214, Simon de Montfort, en guerre contre les Cathares, s’empare du château. Il prend ainsi la main sur des terres favorables au Comte de Toulouse, défenseur des Cathares. Les Seigneurs de Beynac se succèdent ensuite, et en puissants guerriers, ils asseyent leur influence sur la région.


Pendant la guerre de Cent Ans, la forteresse de Beynac devient l’une des principales places fortes françaises. Dans ce conflit qui oppose la France à l’Angleterre entre1337 et 1453, la Dordogne joue le rôle de frontière entre les deux pays. Plusieurs châteaux sont alors construits sur les bords du fleuve, dont le château de Castelnaud, alors anglais, sur lequel aujourd’hui encore la vue est imprenable depuis le château de Beynac, déjà français à l’époque, qui lui fait face.


Point historique ! La guerre de Cent ans, qu’est-ce que c’est ?


Elle prend ses origines en 1328, à la mort du Roi de France Charles IV le Bel, dernier fils de Philippe IV, dit Philippe le Bel. Charles IV décède sans héritier et met ainsi fin au règne des capétiens sur la couronne de France. Trois hommes peuvent alors prétendre au trône de France :


. Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel, qui est alors régent du royaume.

. Edouard III d’Angleterre : fils d’Edouard II d’Angleterre et d’Isabelle de France. Il est donc le petit-fils de Philippe le Bel par sa mère.

. Philippe d’Evreux : Il revendique la couronne au nom des droits de sa femme, Jeanne de Navarre, la fille du roi Louis X, le 1er fils de Philippe le Bel à régner avant ses frères Philippe V et Charles IV qui mourront aussi sans héritier masculin.


Philippe de Valois est désigné par les seigneurs français comme Roi de France et devient Philippe VI. Edouard III, lui, possède en France les terres de Guyenne, ancienne province du Sud-Ouest qui s’étend sur la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie d'aujourd'hui. Lorsqu’en 1337, Philippe VI s’empare du duché de Guyenne pour récupérer un royaume de France uni, Edouard III revendique la couronne de France, et lance ainsi la Guerre de Cent ans.

Je ne rentrerai pas dans tous les détails car cette guerre qui durera plus de 116 ans connaît de multiples rebondissements, des trêves, et de nombreux conflits aux origines variées. La guerre se finira en 1453 sous Charles VII, couronné Roi de France à Reims en 1429 après qu’Orléans ait été délivrée des Anglais par une certaine Jeanne d’Arc (en 1428). Ce dernier réorganise son armée et reprend Paris, la Normandie et la Guyenne aux Anglais qui ne garderont que Calais.

Au XVème siècle Beynac devient une baronnie qui prospère et s’agrandit. Mais au XVIème siècle, Beynac qui s’affiche réformiste pendant les guerres de religions, sombre dans la misère, et les paysans, les « croquants » se révoltent. Le calme revenu, au XVIIème siècle, la baronnie de Beynac devient un Marquisat par la volonté du Roi de France, jusqu’en 1687, lorsque le dernier marquis protestant, Isaac de Beynac, meurt après s’être engagé pour la Fronde. La Fronde est cette révolte d’une partie des princes et des nobles contre le pouvoir royal alors que le roi Louis XIV est trop jeune pour régner et que la régence de sa mère Anne d’Autriche et de son ministre Mazarin. Une révolte qui marquera à jamais Louis XIV et qui lui inspirera la mise en place de l’absolutisme royal.

Au début du XVIIIème siècle, famine et misère entraînent un soulèvement sans précédent des paysans. Ils seront réprimés dans le sang et la scission entre les seigneurs de Beynac et la population du village est entamée. Après la mort sans enfant de la dernière héritière des seigneurs et barons de Beynac, Marie-Claude, en 1811, la lignée des Beynac s’éteint, 800 ans après sa naissance.

Après ce rappel du contexte historique et cette présentation de l’histoire du château, je vous propose maintenant de visiter ce lieu exceptionnel qui nous parvient tout droit du Moyen-Âge.

LA VISITE DU CHÂTEAU DE BEYNAC


La visite commence dans la cour du château. Là vous pourrez contempler le donjon primitif et défensif du XIIème siècle, mais aussi l’ensemble du château et de ses dépendances, ainsi que sa jolie petite chapelle. Une partie du château et de ses constructions annexes sont recouvertes d’une sorte de tuile typique du Sud-Ouest : la lauze. La lauze est une pierre de calcaire ou de grès de la région, plus épaisse que l’ardoise, qui couvre traditionnellement les toitures des maisons périgourdines.



À la fin du XIIème siècle, accolée au donjon primitif, une bâtisse de pierre, le logis Seigneurial, succède aux constructions de bois prévues jusqu'alors pour héberger le seigneur et sa cour.

Nous y pénétrons par une porte aménagée plus récemment et qui n'existait pas au Moyen-Âge. En effet, on entrait à l’époque par une autre porte, aujourd’hui condamnée, située à l'opposée du château et qui bénéficiait d’une fortification avancée pour éviter les intrusions.


Nous entrons alors dans la salle des gardes. Un espace qui nous plonge directement dans le Moyen-Âge grâce à une rénovation et un entretien parfait. L’aménagement de cette pièce, avec ses armes, ses armures et autres meubles, permet bien de s’imaginer les chevaliers en train de se préparer pour partir en guerre contre les Anglais.

Dans cette salle, un escalier en colimaçon -qui vaut le coup d’œil- permettait aux gardes de monter rapidement aux étages. On y trouve également une écurie intérieure, qui permettait de garder les chevaux en toute sécurité en cas de guerre.

Point anecdote ! Saviez-vous que le Seigneur était le seul à pouvoir entrer dans le logis seigneurial à cheval, sans poser pied à terre ?

Par un escalier, on gagne ensuite le 1er étage, et on pénètre dans le bâtiment de l’éperon, décorée de tapisseries et de meubles inspirés des aménagements de l’époque. On y découvre par exemple des « coussièges ». Ce sont des sortes de bancs en pierre construits de part et d’autre des fenêtres et garnis de coussins afin que le Seigneur et sa cour puissent s’y assoir confortablement. On y trouve aussi des latrines. Ces toilettes d’alors sont situées dans de petits recoins du château, des excroissances suspendues dans le vide. Un système d’évacuation simple, mais efficace !


Nous montons encore un escalier pour nous rendre dans la salle des états du Périgord. Cette salle est grandiose ! le plafond voûté est impressionnant, tout comme la magnifique cheminée sculptée d’influence italienne qui fait face à de belles fenêtres vitraux.



Point histoire ! Pourquoi parle-ton des états du Périgord ? En fait, le Comté du Périgord était historiquement rattaché au Duché d’Aquitaine. Après la Guerre de Cent ans, au XVème siècle, le Comté est divisé en quatre baronnies : Beynac, Biron, Bourdeille et Mareuille. Chacun des barons veut bien sûr être Premier Baron du Périgord. Pour éviter les conflits et organiser le destin du Comté ensemble, ces barons décident de se réunirent tous les quatre, à tour de rôle, dans leur château respectif. C’est dans cette salle qu’ils se rencontraient à Beynac.

Nous continuons ensuite la visite par l’oratoire attenant à la salle des états du Périgord.

Ce lieu de culte présente des fresques du XVème siècle très bien conservées. On y voit une représentation de la Cène et une Pieta, cette scène où la vierge tient le corps du christ mort entre ses bras. On y retrouve également le blason des Beynac.

Point anecdote ! Savez-vous pourquoi on retrouve cinq traces rouges sur le fond or du blason des Beynac ? On raconte que ce serait en hommage à l'un des premiers seigneurs de Beynac qui, blessé, posa sa main ensanglantée sur son bouclier d’or, y laissant les cinq fameuses empreintes.


Nous quittons maintenant la salle des états du Périgord pour nous diriger vers l’escalier renaissance construit au XVIIème siècle. Il dessert les appartements médiévaux tout décorés de boiseries que je n’ai malheureusement pas pu visiter car ils étaient en rénovation. Cet escalier contraste avec les salles traversées alors, très rustiques et moyenâgeuses. Sculpté, d’inspiration italienne, il témoigne de l’évolution du château vers un usage résidentiel plus confortable, et non plus défensif.



Nous montons ensuite sur la terrasse de l’éperon. Et là, je dois dire que si on doit visiter le château de Beynac, c’est au moins pour cette terrasse… et surtout pour sa vue panoramique sur la vallée de la Dordogne ! Les châteaux de Fayrac, de Marqueyssac et surtout de Castelnaud seront là, devant vous, surplombant les lacets de la Dordogne.


Château de Beynac                      Dordogne
Chambre de Richard Cœur de Lion

Depuis la terrasse de l’éperon, nous nous invitons dans l’intimité de Richard Cœur de Lion, Roi d’Angleterre, Duc de Normandie et d’Aquitaine. Nous entrons ainsi dans sa chambre. Cette pièce est petite donc s’il y a du monde, il faut s’armer de patience pour y entrer, mais elle vaut la peine d’être vue. Elle est aménagée comme lorsque Richard Cœur de Lion y séjournait. Par conséquent, c’est un bon moyen de comprendre comment les seigneurs vivaient en ce XIIème siècle. On y découvre aussi des mannequins habillés en tenues d'époque, avec la femme du Seigneur, sa suivante, ses enfants ou encore ses servantes.

On redescend ensuite en passant par la cour renaissance que je trouve particulièrement belle, puis avant d’entrer dans les cuisines du château, nous traversons une cour où se trouvait le puits du château.



Point anecdote ! A l’époque, dans les châteaux, les puits étaient souvent recouverts d’un toit. En effet, un moyen pour les ennemis de gagner une bataille était par empoisonnement. Les ennemis envoyaient, accrochés à leurs flèches, des rats ou autres animaux morts. En atterrissant dans l’eau du puits, ils la contaminaient en se décomposant, entraînant l’empoisonnement de tous les habitants du château.



Château de Beynac                      Dordogne
Château de Beynac, cuisines

Nous finissons donc la visite de l’intérieur du château de Beynac par ses cuisines. C’est la pièce la mieux aménagée. On y trouve tout le mobilier et les ustensiles de cuisine de l’époque. Même les poulardes et les vivres sont accrochés au plafond.

Point anecdote ! Savez-vous pourquoi les vivres étaient souvent conservés en l’air, pendus à des crochets ? pour éviter que les rats et autres rongeurs ne puissent y accéder et s’en faire un festin, bien sûr !

Nous ressortons ensuite du château, et passons par le dernier point d’intérêt du bâtiment : la barbacane. Avec son pont levis, la barbacane est une fortification avancée qui joue un rôle de sas pour protéger l’entrée principale du château en cas d’attaque ennemie.





La visite se termine donc ici. N'hésitez pas ensuite à continuer la journée par une visite du village de Beynac. J’espère en tout cas vous avoir partagé mon enthousiasme quant au château.


Je finirai sur un petit point anecdote : savez-vous que le château de Beynac a été le lieu de nombreux tournages ? Les Visiteurs, la Fille de d’Artagnan avec Sophie Marceau, Jeanne d’Arc de Luc Besson, ou encore Le Chocolat avec Juliette Binoche et Johnny Depp.

MON AVIS SUR CETTE VISITE

J’ai vraiment aimé ce château. C’est pour moi un incontournable quand on est en vallée de Dordogne. Et le charme du village de Beynac ajoute un plaisir supplémentaire à cette visite.

Pourquoi je recommande de visiter le château de Beynac :

  • Son aspect pédagogique : pour moi c’est un exemple parfait d’une forteresse du Moyen-Âge, avec son pont levis, ses mâchicoulis, ses créneaux, son donjon… comme nous l’avons tous appris à l’école. C’est donc une visite à faire avec les enfants.

  • Le château est très bien rénové et son aménagement nous plonge pleinement dans son histoire.

  • Le point de vue que l’on a depuis les jardins ou la terrasse haute vaut à lui seul le coup de venir au château de Beynac.

  • La durée de visite assez courte et bien pensée: avec l’audioguide, en 1h/1h15 maximum vous aurez fait le tour de ce lieu d’histoire passionnant.


Ce que je regrette :

  • Les salles renaissances n’étaient pas ouvertes, mais je compte bien y revenir !

  • La foule qu’il y avait en août! Je conseille de venir à l’ouverture ou dans l’après-midi. J’y suis allé en fin de matinée : erreur ! c’est l’heure où tous les vacanciers viennent le visiter.


INFORMATIONS PRATIQUES

Le château est ouvert tous les jours de 10h à 19h.

Tarif avec audioguide :

  • Adulte: 9.50€

  • Jeune 11-16ans: 7€

  • Enfant -10 ans: Gratuit

Toutes les informations sur le site du château de Beynac.

Et pour tout savoir sur Beynac, son village et son château, rendez-vous aussi sur le site très bien fait de Beynac en Périgord.





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