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LE CIMETIÈRE DE PICPUS À PARIS

Dernière mise à jour : 11 mars 2023

Aujourd’hui, je vous emmène dans un des deux seuls cimetières privés de Paris : le cimetière de Picpus dans le 12ème arrondissement de la capitale ! Un lieu souvent méconnu dont l’histoire est intimement liée à celle de la Révolution française.


Quand on parle de cimetières parisiens, on pense bien sûr au Père Lachaise, au cimetière de Montparnasse ou encore à celui de Montmartre. Ces cimetières municipaux sont les plus connus et valent le détour pour leur beauté architecturale mais aussi pour les nombreuses personnalités célèbres, historiques et artistiques qu’ils accueillent.


Mais saviez-vous qu’il existe encore à Paris deux cimetières privés ?

Le cimetière des Juifs Portugais, qui se trouve dans le 19e arrondissement et le cimetière de Picpus, près de la place de la Nation, dans le 12e arrondissement de la Capitale.


Pourtant, peu de gens les connaissent. Si le premier ne se visite pas réellement, je vous propose aujourd'hui de découvrir celui de Picpus, un lieu insolite au cœur de Paris, riche de charme et d'histoire.


Après un point sur l’histoire de ce cimetière dont la création est liée à la Terreur Révolutionnaire, je vous partagerai la visite que j’en ai fait ce printemps.



L’Histoire du Cimetière de Picpus


L’histoire du cimetière de Picpus, édifié en 1794, est contemporaine de la Révolution française (1789-1795).


Pour bien comprendre le contexte dans lequel ce cimetière a été créé, je vous propose de revenir rapidement sur le déroulé de la Révolution. Je vous y explique notamment plus précisément ce qu’est la « Terreur », cette période entre le printemps 1793 et l’été 1794 durant laquelle le cimetière de Picpus prend ses origines.


Point histoire ! La Révolution Française en quelques dates essentielles.

  • Après l’échec de réformes fiscales et judiciaires à la fin des années 1780 qui provoquent l’insurrection de parlementaires et l’intensification de la grogne populaire, Louis XVI est contraint de convoquer les Etats-Généraux le 4 mai 1789 afin que les Trois Ordres qui représentent la Nation -la Noblesse, le Clergé et le Tiers-Etat- réfléchissent à une solution pour sauver les finances de l’état. Après plusieurs échecs de coopération entre les trois ordre, Le Tiers-Etats se proclame en assemblée délibérante représentative du peuple et prend le nom d’Assemblée Nationale. Ces membres s’opposent alors au pouvoir royal et décident de rédiger une nouvelle constitution plus juste pour la France. C’est le début de la Révolution.

  • En parallèle, des mouvements et manifestations populaires se succèdent face à l’augmentation du prix du pain notamment, et lorsque le Roi renvoie son Ministre des Finances Necker, très apprécié, la fureur du peuple grandit.

  • Le 12 juillet, pour calmer les esprits, des milices populaires sont créées par le Prévot des Marchands de Paris, l’ancêtre de notre maire, Jacques de Flesselles, pour soutenir et protéger l’Assemblée Nationale.

  • Le 14 juillet 1789, d’abord aux Invalides, puis à la Bastille, ces milices tentent de récupérer des armes. Des tirs sont échangés à la Bastille, et finalement les émeutiers prennent possession de la célèbre prison.

  • Le 4 août 1789, l’assemblée vote l’abolition des privilèges et le 26 août est proclamée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. C’est la fin de la société d’ordres qui structurait la France depuis le Moyen-Âge.

  • Nous sommes maintenant le 5 octobre 1789. Une foule de femmes, rejointes par les hommes, quittent Paris pour Versailles. Cette foule réclame du pain et le retour de la famille royale à Paris. Elle exige aussi la ratification de décrets concernant la Constitution et la Déclaration des Droits de l’Homme par le Roi. Une délégation est reçue par Louis XVI qui promet du pain et signe les décrets. Il demande la nuit pour réfléchir au retour à Paris, protégé par la garde nationale commandée par le Général Lafayette. Le matin du 6 octobre vers 5h, des manifestants virulents lancent l’assaut sur le palais. Les esprits se calment à l’arrivée de Lafayette, mais la famille royale est contrainte de quitter Versailles et de rejoindre le Palais des Tuileries à Paris. Elle ne reverra plus jamais Versailles. Ces journées des 5 & 6 octobre 1789 sont cruciales. Le pouvoir politique bascule de Versailles vers Paris, et la Déclaration des Droits de l’Homme, comme la Constitution, sont ratifiées par Louis XVI.

  • Avançons un peu dans l’histoire. Le 20 juin 1791, après une fuite avortée, la famille royale est rattrapée à Varennes en Lorraine. L’image du Roi est ternie. La relation de confiance est rompue.

  • Le 17 juillet 1791, alors que des républicains rassemblés sur le Champs de Mars réclament la destitution de Louis XVI, l- Le 17 juillet 1791, alors que des républicains rassemblés sur le Champs de Mars manifestent pacifiquement pour réclamer la destitution de Louis XVI, la Garde Nationale commandée par le Général Lafayette va faire le choix d’intervenir. Des débordements surviennent alors et Lafayette commet l’erreur de faire tirer sur la foule. C’est ce qu’on appellera le « Massacre du Champs de Mars».

  • Le 1er octobre 1791, une Constitution instaure une Monarchie Constitutionnelle. Le Roi conserve son droit de veto aux lois de l’Assemblée (d’où son surnom de Monsieur Veto ensuite). Mais alors que l’Autriche et la Prusse appellent à une alliance contre la France révolutionnaire, l’Assemblée, et donc la France, déclare la guerre à l’Autriche le 20 avril 1792 et à la Prusse fin mai. La famille royale et notamment Marie-Antoinette, d’origine autrichienne, est accusée de trahison et de vouloir s’allier aux pays ennemis en leur fournissant des informations.

  • Le 10 août 1792, à l’instigation de l’avocat Danton notamment, le peuple de Paris envahit le Palais des Tuileries. Le Roi ordonne de ne pas tirer sur le peuple. Finalement, les gardes tirent. C’est un massacre. Le jour même, la Commune de Paris, le Gouvernement municipal de Paris instauré en juillet 1789 et dirigé par le maire Bailly, est remplacée par la force par une Commune Insurrectionnelle composée de commissaires et de citoyens. Le soir même, l’Assemblée vote la déchéance du roi, et le 13 août, La famille royale est arrêtée et enfermée à la prison du Temple. C’est la fin de la Monarchie et de l’Ancien Régime.

  • A partir de là, une première période de Terreur va se tenir d’août à septembre 1792. Pour les plus radicaux des révolutionnaires, parmi lesquels Danton, Robespierre ou encore Marat, il s’agit d’imposer la Révolution par la force pour faire face aux complots aristocratiques et aux risques d’attaques d’ennemis extérieurs. Les arrestations se multiplient, la déchristianisation est imposée (on crée le calendrier révolutionnaire non chrétien), et un Tribunal Extraordinaire est créé le 17 août. Beaucoup de nobles et de prêtres réfractaires (c’est-à-dire les membres du clergé qui n’acceptent pas la réforme révolutionnaire) sont arrêtés.

  • Et alors que le Tribunal Extraordinaire est jugé trop indulgent par la Commune Insurrectionnelle, des massacres ont lieu dans plusieurs prisons de France du 2 au 6 septembre 1792. Après un simulacre de jugement fait par un « tribunal du peuple », plus de 1 100 suspects, essentiellement des aristocrates et des prêtres, seront tués dans leurs geôles.

  • Le 21 septembre 1792, la Convention Nationale, nouvellement élue pour rédiger la première constitution républicaine, proclame la République. C’est la fin de la « Première Terreur ». L’ex-roi Louis XVI va alors être jugé entre le 10 et le 26 décembre 1792. Le verdict tombe le 20 janvier 1793 : accusé de haute trahison, il est condamné à mourir sur l’échafaud le lendemain. Louis XVI meurt ainsi le 21 janvier 1793 à 10h22 sur la place de la Révolution (ancienne place Louis XV, devenue en 1795 la place de la Concorde).

  • Le 10 mars 1793, alors qu’on raconte qu’une contre-révolution se fomenterait, et que dans certaines villes de province des soulèvements royalistes populaires ont lieu en réaction à la mort de Louis XVI, les révolutionnaires vont créer le tribunal criminel extraordinaire de Paris, communément appelé le « Tribunal Révolutionnaire » pour juger les actions contre la sécurité de l’état.

  • Avec la création du Tribunal Révolutionnaire, le printemps 1793 a marqué le début de la deuxième période de Terreur. Face aux menaces intérieures (guerre civile entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires) et extérieures (coalition des nations européennes pour envahir la France et rétablir la monarchie), un climat de fortes tensions va s’installer en France. Il va conduire les révolutionnaires à installer une Dictature de Salut Public. Il s’agit d’une dictature qui doit être provisoire et qui, exercée collectivement, doit sauver la jeune république.

  • On instaure alors une « justice d’exception », c’est-à-dire une justice dérogatoire au droit commun, afin de juger les actes de ceux qui menacent la République. L’outil principal de cette justice d’exception est donc le Tribunal Révolutionnaire situé dans le Palais de la Cité, au-dessus de la Conciergerie qui abrite la prison.

  • Si on parle de nouveau de « Terreur » à partir de 1793, c’est parce qu’à partir de là, on va juger et condamner sans concession les ennemis de la Liberté et de la Révolution : beaucoup de nobles, d’ecclésiastiques, mais aussi de gens du peuple. Des accusés qui meurent souvent sous le couperet de la guillotine.

  • Dès septembre 1793, on va même élargir la cible des personnes menaçantes pour la République aux « gens suspects », c’est-à-dire à ceux qui, même s’ils n’ont rien fait contre la Liberté, sont accusés de n’avoir rien fait pour elle ou pour la défendre. Tout le monde peut alors être accusateur et accusé d’un jour à l’autre. Tout le monde vit donc dans la peur, dans la « Terreur ».

  • Mais c’est en avril 1794 que commence ce qu’on appelle la « Grande Terreur ». Un nouveau décret réduit les pouvoirs des tribunaux révolutionnaires de province au profit de celui de Paris. La répression s’accentue alors et on va jusqu’à supprimer la défense et l'interrogatoire préalable des accusés. Le tribunal n’a plus le choix face à un accusé : il ne peut que voter l'acquittement ou la mort. Entre le 10 juin et le 21 juillet 1794, en six semaines, on comptera 2 554 condamnations à mort.

  • A l’été 1794, les Français s’insurgent de plus en plus contre ce régime de Terreur. Robespierre, qui incarne la Dictature de Salut Public, est finalement guillotiné le 28 juillet 1794. La Terreur s’arrête quelques mois plus tard, et on revient à une justice ordinaire, notamment après l’exécution d’Antoine Fouquier-Tinville, l’accusateur public qui gérait les procès.

  • Dans l’ensemble, entre août 1792 et juillet 1794, entre 100 000 et 300 000 personnes seront arrêtées, et près de 40 000 seront exécutées, victimes de la Terreur.

  • Il faut maintenant terminer la Révolution. Le 22 août 1795, une nouvelle Constitution est votée. Le 26 octobre 1795, la Convention Nationale qui avait rédigé la première constitution républicaine en 1792, et qui dirigeait, est remplacée par le Directoire, qui met à la tête du pays Cinq Directeurs, ou chefs de gouvernement.

Après cette longue parenthèse qui, je pense, était importante, vous en savez plus sur la Révolution française et le contexte de la Terreur dans lequel se situe la création de notre cimetière de Picpus.


La question qui se pose c’est : Pourquoi un cimetière ici ? En réalité, à sa création en juin 1794, il s’agit d’une simple fosse commune.


Entre le 14 juin et le 27 juillet 1794, pendant la Grande Terreur, la guillotine est installée place du Trône Renversée (aujourd’hui place de l’Île de la Réunion dans le 12e arrondissement de Paris), à proximité de l’ancienne Place du Trône (aujourd’hui Place de la Nation). Pour vous repérer, la guillotine était placée près d’une des deux colonnes de la barrière du trône, celle de droite lorsqu’on est dos à la place de la Nation (une plaque existe toujours pour le rappeler).

A cet emplacement, en un mois et demi, 1 306 personnes d’origines sociales diverses et âgées de 16 à 85 ans vont être exécutées sous le couperet de la suspicion et de la répression qui sévit alors. A proximité de la guillotine, se trouvent des carrières de sables sur le terrain du couvent des chanoinesse de Saint-Augustin (ou couvent de Notre-Dame de la Victoire de Lépante). Un couvent fondé sous Louis XIII en 1640 mais qui, avec la Révolution, est nationalisé en mai 1792.

C’est donc sur ce terrain sablonneux appartenant désormais à l’état que seront creusées à la hâte 2 fosses communes pour accueillir les corps exécutés à la chaîne place du Trône Renversé. Les cadavres étaient alors transportés en charrette depuis la place du Trône Renversé et jetés dans ces fosses en pleine nuit et en cachette. Tout sera d’ailleurs fait, même après la Révolution, pour que ces événements soient oubliés car si elles devenaient publiques, ces exécutions à la chaîne pourraient nuire à l'image de la Révolution et donc fragiliser la toute jeune république.


Parmi les personnalités qui seront inhumées dans ces fosses, on trouve des artistes comme le poète André de Chénier, ou encore Richard Mique, Premier Architecte du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette ; des ecclésiastiques comme les 16 carmélites de Compiègne qui monteront sur l’échafaud en chantant le Salve Regina, ou encore l’Abbesse Louise de Montmorency-Laval qui était à la tête de l’Abbaye Royale de Montmartre. Sachez que cette dernière était sourde et aveugle mais que, sans égard à son handicap, elle sera jugée et condamnée pour avoir comploté «sourdement et aveuglément» contre la Révolution… C’est dire l'inconsistance de certains chefs d’accusation sous la Grande Terreur.


Dans ces fosses communes, on va évidemment aussi inhumer de nombreux aristocrates, comme la grand-mère, la mère et la sœur d’Adrienne de Noailles, l’épouse du Général-Marquis de la Fayette qui la rejoindra à sa mort bien après la Révolution (il est décédé en 1834); ou encore le Vicomte Alexandre de Beauharnais, premier mari de Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais, qui deviendra l’épouse de Napoléon Bonaparte et donc l’Impératrice Joséphine. Finalement, on retrouve beaucoup des grands noms de la haute aristocratie française: les de Noailles, donc, les La Rochefoucauld-Doudeauville, les Montmorency, les Polignac, les La Tour du Pin, les Montalembert, les Rihan, les Saint-Simon etc…


Enfin, et on le sait moins, on va aussi trouver des personnes du peuple qui, parce qu'elles sont soupçonnées d'être contre la Révolution, ou parce qu’elles ont été à un moment donné au service du Roi, de la Reine, de familles princières ou aristocratiques, ont été condamnées.


Après la Grande Terreur, et à la fin de la révolution, peu de temps après ces massacres, les familles des victimes enterrées dans ses deux fosses vont se rassembler secrètement pour tenter de localiser l’emplacement des deux fosses. Finalement, elles vont le localiser grâce au courage d’une jeune femme, Mademoiselle Paris qui, une nuit, va suivre la charrette transportant les corps de son père et son frère jusqu’au mur de Picpus, ce mur d’enceinte qui encadrait les deux fosses.


Une fois le terrain identifié, la princesse Amélie de Hohenzollern-Sigmaringen va secrètement l’acheter le 14 novembre 1796, son frère, le prince Frédéric III de Salm-Kyrburg, ayant été guillotiné et enterré ici en 1794.


En 1802, la marquise de Montagu organise une souscription pour racheter l’ancien couvent des chanoinesses et les terrains autour des fosses communes. Pour se faire, les familles des victimes vont s’unir et fonder le Comité de la Société de Picpus. Elles vont alors créer un cimetière privé accolé à ce qu’on appelle le «champs des martyres», c’est-à-dire le terrain abritant les deux fosses communes. Ce cimetière, le cimetière de Picpus donc, conçu pour accueillir les familles des victimes, continue aujourd’hui encore de rassembler les descendants des guillotinés.


Par ailleurs, conscientes que leurs proches ont été inhumés sans services religieux, et qu’aucun monument funéraire n’a été dressé pour se recueillir, les familles des victimes créent un espace de recueillement en lieu et place des deux fosses. Elles vont aussi réhabiliter la chapelle du couvent pour en faire un lieu consacré au recueillement et à la prière en mémoire des membres de leur famille exécutés. Elles feront ensuite appel à l’ordre religieux des Sœurs de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Marie et de Jésus de l’Adoration Perpétuelle pour instaurer une prière perpétuelle en faveur des condamnés mais aussi de leurs bourreaux à qui on accorde le pardon.

Sachez que cette congrégation existe toujours et qu’au-delà d’entretenir ce lieu de mémoire, elle se consacre à la méditation et au pardon pour les excès des hommes égarés par les idéologies matérialistes.


Toujours privés aujourd’hui, le cimetière et le terrain sont depuis août 1926 la propriété de la Société de l'Oratoire et du cimetière de Picpus (aujourd'hui devenu la Fondation de l'Oratoire et du cimetière de Picpus).


Maintenant que vous en savez plus sur son histoire, dirigeons-nous à l’entrée du cimetière de Picpus pour en commencer la visite.



La visite du cimetière de Picpus


L’entrée du cimetière se fait au numéro 35 de la rue Picpus dans le 12e arrondissement de Paris. Après avoir franchi le seuil de la grande porte en bois qui donne sur la rue, nous sommes accueillis par une femme bien sympathique qui prend le temps de nous rappeler l’histoire du lieu et surtout de nous donner les explications sur ce que nous allons voir et sur le sens le plus approprié de visite.


Si vous venez au cimetière de Picpus, j’espère que vous serez vous aussi accueillis par cette dame car son introduction à la visite est vraiment intéressante et bien utile.


Une fois les explications données et le billet acheté (je rappelle qu’on est dans un lieu privé contrairement aux cimetières parisiens habituels), nous nous trouvons dans une première cour. Ici, on observe plusieurs éléments.

A droite, un bâtiment hérité de l’ancien couvent, la Maison Saint-Augustin, héberge aujourd’hui de jeunes séminaristes en voie de devenir prêtres. Le puits à l’entrée et le pavillon dit «Pavillon Louis XIII», à gauche sont hérités de l’époque où le couvent des chanoinesses de Saint-Augustin a été créé sous Louis XIII en 1640.


Mais c’est bien sûr la chapelle Notre-Dame de la Paix qui attire toute notre attention. Construite en pierres claires et surmontée d’un petit clocher de bois peint en vert, cette chapelle est petite mais charmante. Lieu de mémoire des victimes de la guillotine depuis la fin de la Révolution, c’est aussi un lieu de prière perpétuelle pour les Sœurs de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Marie et de Jésus.


Mais historiquement, si elle est fondée par Louis XIII à la création du couvent des chanoinesse de Saint-Augustin, c’est avec Louis XIV qu’elle va prendre toute son importance et devenir, avant la Révolution, l’un des lieux consacrés à la Vierge les plus vénérés.

En effet, aujourd’hui encore, la chapelle Notre-Dame de la Paix porte le nom de la statue de la Vierge que l’on peut observer à gauche du chœur. Une vierge sculptée vers 1530 qui appartenait originellement aux Capucins du monastère de la rue Saint-Honoré. On lui attribue de nombreuses guérisons miraculeuses, dont celle de Louis XIV qui aurait été guéri d’une maladie après l’avoir priée. Le Roi Soleil aurait alors décidé d’agrandir la chapelle construite par son père pour héberger la statue guérisseuse. Une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix, donc, inaugurée par Louis XIV le 7 juillet 1658.


Entrons maintenant dans ladite chapelle. Il y a peu de décors et elle est d’apparence assez simple. A gauche et à droite du chœur, on peut découvrir la liste des 1306 guillotinés et enterrés dans les fosses communes de Picpus entre le 14 juin et le 27 juillet 1794. On peut y lire leur nom et leur date d’exécution, bien sûr, mais aussi leur profession. C’est là qu’on remarque, qu'aux côtés des nobles et des membres du clergé, beaucoup sont aussi des gens du peuple suspectés d’avoir trahi la Révolution et l’état, ou encore d’avoir travaillé de près ou de loin pour l’aristocratie.

Sortons maintenant de la chapelle Notre-Dame de la Paix et rendons-nous à l’arrière. Nous passons un portail qui nous laisse entendre que nous approchons du cimetière, et nous découvrons un grand jardin. Un espace de nature insoupçonné dans ce quartier très densément habité qui, au-delà de l’histoire du lieu, apparaît comme une vraie bouffée de calme et d’oxygène en plein cœur de Paris.


Sur le plan qui vous est remis à l’entrée, on vous suggère de prendre tout de suite sur la droite après le portail. Mais à l’accueil on m’a conseillé un itinéraire plus intéressant puisqu’il suit le parcours des corps des victimes de l’entrée du domaine jusqu’aux deux fosses avant de terminer par le cimetière.

Nous allons donc tout droit après avoir franchi le portail dont je parlais et qui se trouve à gauche de la chapelle. Nous avançons vers le fond du jardin de l’ancien couvent. Ce petit parc est scindé en deux parties séparées par un mur appelé non officiellement le « mur des vaches » et qui est encore visible aujourd’hui. Ce mur servait à délimiter d’un côté le jardin d’agrément du couvent, et de l’autre l’espace réservé aux animaux comme les vaches ou les poules.


Nous poussons notre marche vers le fond de la deuxième partie du jardin, pour nous retrouver face à une porte ouverte, posée seule au milieu de la pelouse, sans appartenir à aucun bâtiment. Il s’agit en fait d’un vestige de la porte d’une ancienne chapelle appelée la « Grotte chapelle », certainement pour sa forme. Cette chapelle appartenant aux dames chanoinesses du couvent Saint-Augustin a été réquisitionnée par les fossoyeurs en 1794 pour faire l’inventaire des vêtements qu’ils retiraient des victimes. Elle a été détruite depuis.

Poursuivons notre visite. A proximité de la porte de la Grotte Chapelle, vous pouvez observer au sol deux bornes en pierre. Elles ne sont pas là par hasard ! Elles marquent l’endroit précis où une troisième fosse avait été creusée pour accueillir de nouveaux corps. Mais la fin de la Terreur, et avec elle la fin des exécutions de la place du Trône Renversé le 27 juillet 1794, l’ont laissée vide. Elle n’a donc jamais servi.

A quelques pas des bornes délimitant la troisième fosse, attardons-nous maintenant sur le mur d’enceinte du jardin. Pas besoin de beaucoup chercher pour apercevoir une grande double-porte en bois : la porte charretière. Située dans le mur nord du jardin, cette porte charretière -qui tire son nom du mot charrette- était l’entrée par laquelle la charrette pénétrait dans le jardin pour livrer chaque nuit son lot de corps tout juste guillotinés à quelques mètres de là. Quand ils arrivaient, les corps étaient donc déchargés à l’entrée du jardin. Là, on les dépouillait de leurs effets personnels -vêtements et chaussures- qui étaient alors triés dans la petite chapelle puis lavés et redistribués ensuite pour les plus pauvres. Une sorte de recyclage avant l’heure… mais un recyclage assez macabre tout de même.


Il est temps maintenant de nous diriger vers les deux fosses et le cimetière de Picpus à proprement parler. Dos à la porte charretière, continuez tout droit et empruntez la grille que vous voyez pour pénétrer dans ledit cimetière.


En entrant, à quelques mètres sur la gauche, se trouve une autre grille fermée qui ouvre sur une autre parcelle de jardin. Il s’agit en fait de l’emplacement exact des deux fosses communes utilisées entre le 14 juin et le 27 juillet 1794 où reposent les 1 306 corps des guillotinés. Si vous observez bien, vous verrez là aussi des bornes qui délimitent les fosses. La première fosse, la plus au fond contient les corps de 1 002 victimes. La seconde, plus proche de la grille où nous nous trouvons, en contient 304. Dans le détail, ici reposent :

  • 197 femmes : 7 religieuses, 16 carmélites, 51 ex-nobles, 123 femmes du peuple.

  • 1 109 hommes : 108 gens d’Eglise, 108 ex-nobles, 136 gens de robes (nobles qui occupaient des fonctions de gouvernement, notamment dans la justice et les finances), 178 gens d’épée (Nobles dont les titres proviennent de faits d’arme et de fonctions militaires), 579 gens du peuple.

Il faut aussi savoir que si le terrain où reposent les guillotinés a été rapidement identifié, les deux fosses ont seulement été retrouvées avec certitude les 16 et 17 avril 1929. Aujourd’hui encore, vous pouvez observer des monuments mémoriels érigés plus tard à l’emplacement des fosses en souvenir des victimes.


Intéressons-nous maintenant au cimetière où nous nous trouvons. C’est donc le fameux cimetière de Picpus créé par les familles des victimes et où sont enterrés leurs descendants. Il n’est pas très grand et je ne vais pas vous énumérer les noms de toutes celles et ceux qui y reposent, mais il est intéressant d’en parcourir les allées et les monuments funéraires pour découvrir les noms des personnes inhumées qui font partie des familles aristocratiques les plus anciennes et importantes de France.

Il y a néanmoins une tombe qui attire plus particulièrement l’œil dès que nous entrons dans le cimetière : c’est celle du Général-Marquis de Lafayette au-dessus de laquelle flotte le drapeau américain. Avant de vous donner quelques explications sur la présence ici du Stars & Stripes ou Star-Spangled Banner comme on l’appelle aux Etats-Unis, laissez-moi vous parler de ce Monsieur de la Fayette en question.


Point Histoire ! Qui est donc le Général-Marquis de Lafayette ?

Gilbert du Motier, Marquis de Lafayette, est issu d’une famille de nobles d’Auvergne. Né le 6 septembre 1757, il entre vers 15 ans au service des mousquetaires du Roi Louis XV. Devenu capitaine, en 1774 il épouse Adrienne de Noailles, fille du duc de Noailles qui est proche du Roi. Comme les jeunes gens de son temps, il s’intéresse aux idées des lumières et des philosophes, et notamment à la notion de Liberté.

Après l’annonce de la déclaration d’indépendance des colonies anglaises d’Amériques le 4 juillet 1776 (les Etats-Unis, donc), il part se battre pour la Liberté, justement, aux côtés des insurgés américains, malgré l’opposition du nouveau roi Louis XVI. En Amérique, Georges Washington le nomme major général. Le Général de Lafayette remporte des victoires comme à Brandywine en Pennsylvanie le 11 septembre 1777, ou à Saratoga dans l’état de New York le 7 octobre 1777.

En 1779, Washington le renvoie en France pour convaincre Louis XVI d’envoyer des troupes aux Etats-Unis. Ce sera chose faite en 1780 lorsqu’il embarque à bord de l’Hermione vers l’Amérique avec un corps d’expédition français. Aux côtés du Français Rochambeau et de l’Américain Georges Washington, Lafayette participe à la capitulation anglaise le 17 octobre 1781. Le 3 septembre 1783 est signé à Paris le traité de paix entre les Etats-Unis d’Amérique et la Grande-Bretagne, en présence de David Hartley membre du Parlement britannique et représentant du roi George III, et de John Adams, Benjamin Franklin et John Jay, représentant les États-Unis.

Véritable héros à son retour d’Amérique, le Général de Lafayette ne va pourtant pas accéder à de hautes fonctions politiques du fait de ses opinions libérales. Toujours fervent partisan de la liberté, il fondera la « Société des Amis Noirs » pour l'abolition de la traite et de l'esclavage le 17 février 1788.

Mais il faut attendre le début de la Révolution et la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 pour qu’il prenne des fonctions plus importantes. Nommé à la tête de la Garde Nationale le 15 juillet, il accueille deux jours plus tard Louis XVI à l’Hôtel de Ville aux côtés du nouveau maire de Paris, Bailly. En signe d’accord entre le roi et la nation, Lafayette va alors remettre au roi la nouvelle cocarde tricolore créée pour les milices parisiennes quelques jours plus tôt et adoptée rapidement par tous les citoyens. Aux couleurs bleu et rouge de Paris sera ajouté le blanc symbole de la nation. Mais Lafayette dira à Louis XVI que le blanc, couleur des Bourbons, a été ajouté en son honneur. Un moyen de faire accepter le port de la cocarde au Roi qui reconnait alors timidement la nomination de Bailly comme maire de Paris et la formation d’une Garde Nationale, et non plus royale, dirigée par le Général Lafayette.

Après les journées des 5 & 6 octobre 1789 dont je vous ai parlées précédemment et qui font revenir le roi et sa famille de Versailles aux Tuileries, Lafayette, qui a sauvé la famille royale et l’a escortée jusqu’à Paris, devient commandant des troupes de Paris. Fidèle au roi, il est partisan d’une révolution modérée et de l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. Le 14 juillet 1790, il est chargé d’organiser la Fête de la fédération qui doit symboliser la réconciliation entre le Roi et la Nation. C’est une réussite et sa notoriété est à son apogée. C’est d’ailleurs ce 14 juillet là que l’on faite lors de notre fête nationale. Malheureusement, le 17 juillet 1791, alors que des républicains manifestent pour réclamer la destitution de Louis XVI, Lafayette va commettre l’irréparable aux yeux du peuple. Cette manifestation interdite par la Commune de Paris est pacifique. Mais face aux manifestants, la Garde Nationale commandée par le Général Lafayette va faire le choix d’intervenir. Des débordements surviennent alors et Lafayette commet l’erreur de faire tirer sur la foule. C’est ce qu’on appellera le « Massacre du Champs de Mars». Après cet événement, il perd l’estime du peuple. Il démissionnera de ses fonctions en octobre. Face aux attaques de l’Autriche qui veut venir en aide au couple royal et vaincre les révolutionnaires, trois armées sont formées pour repousser les Autrichiens. Le Lieutenant-Général Lafayette prend la tête de l’armée du centre.

En 1792, prenant plus fermement le parti du roi, il perd toute reconnaissance du peuple. Après la chute de la monarchie en septembre 1792, Lafayette, considéré comme traitre, s’enfuit. Il est arrêté et incarcéré par les Autrichiens. Il sera libéré en 1797 mais, condamné à l’exile avec sa femme et ses enfants, il ne reviendra en France qu’en 1799 où il vit en famille dans sa propriété de la Grange-Bléneau en Seine-et-Marne où il est député.

Après le Premier Empire, il tente de se rapprocher du roi Louis XVIII pendant la Restauration mais, déçu, il se retire de nouveau dans son château.

Actif lors des Trois Glorieuses, ces trois journées de révolution les 28,29 et 30 juillet 1830 qui renversent le roi Charles X, Lafayette sera cependant contre la création d’une nouvelle république, même si on lui propose d’en être le président. Il va en revanche contribuer à rétablir un roi sur le trône : Louis-Philippe 1er, issu de la branche cousine de la dynastie des Bourbons qui régnait jusqu’alors.

Nommé de nouveau général de la Garde Nationale, il mourra le 20 mai 1834 à Paris. Il sera enterré au cimetière de Picpus aux côtés de sa femme Adrienne de Noailles, décédée en 1807, et qui y était inhumée en tant que parente des victimes de la Grande Terreur.

Adulé puis détesté, Lafayette est souvent surnommé « le héros des deux mondes » puisqu’il est engagé à la fois pour la liberté (il participe à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, il est pour l’abolition de l’esclavage…) et pour le roi et la monarchie. Il n’en reste pas moins un personnage important de l’Histoire de France.


Revenons au cimetière de Picpus et sur la tombe du Général-Marquis de Lafayette. Il faut savoir que son cercueil a été recouvert avec la terre de Brandywine, cette vallée de Pennsylvanie où il avait vaincu les Anglais pour la première fois. Le drapeau américain qui flotte en permanence sur sa tombe est renouvelé tous les 4 juillet par la Société des Cincinnati de France et la Société des Fils de la Révolution Américaine, à la date anniversaire de la Déclaration d’Indépendances des Etats-Unis.


Point anecdote ! D’où vient cette tradition américaine de déposer une gerbe de fleurs et d’élever le drapeau américain sur la tombe de Lafayette tous les 4 juillet ?

Cette tradition n’est pas née à la mort du Général Lafayette. Elle date en réalité de la Première Guerre Mondiale. En 1917, alors que les Etats-Unis entrent en guerre, le Général Pershing est chargé de conduire les troupes américaines en Europe. Une fois arrivé à Paris, le 4 juillet 1917 il se rend au cimetière de Picpus avec le ministre français de la guerre, Paul Painlevé et des journalistes -la communication est déjà essentielle à cette époque- afin d’honorer le héros français de la guerre d’indépendance américaine : le Général de Lafayette.

Accompagné de son aide de camp le colonel Stanton, Pershing dépose une gerbe sur la tombe du marquis et y élève le drapeau américain. On raconte alors qu’il aurait prononcé une célèbre phrase marquant la solidarité des Etats-Unis avec les troupes françaises, comme un juste retour de l’Histoire: « Lafayette, here are we !», soit « Lafayette, nous voilà ! ». En réalité, rien ne dit si cette phrase a bien été prononcée et si c’est Pershing et non Stanton qui l’aurait dite. Un seul journal la cite à l’époque, et seulement à partir de témoignages recueillis après le discours de Pershing. Ce dernier refusera d’ailleurs toujours de se l’approprier. Mais l’histoire est belle et symbolique, alors pourquoi ne pas y croire finalement. Notez enfin que le drapeau américain qui se trouve sur la tombe de Lafayette serait le seul à n’avoir jamais été baissé, pas même sous l’occupation nazie.


Après cette petite parenthèse, je vous laisse continuer la visite du cimetière puis profiter des jardins de l’ancien couvent, et enfin reprendre le chemin de la sortie.


Mais avant de vous laisser, je vous propose de faire un détour par la place de la Nation qui se trouve à quelques minutes de là. Plus précisément, pour compléter la visite du cimetière de Picpus, je vous invite à vous rendre au pied d’une des colonnes de la barrière du trône (celle de droite quand on est dos à la place de la Nation) qui accueillait la guillotine en 1794. En réalité, elle se trouvait au niveau du Pavillon d’Octroi qui est toujours présent et à l’arrière duquel vous verrez la plaque commémorative de la guillotine.

Point anecdote ! Je finirai enfin par un rappel de l’origine des colonnes de la barrière du trône.

Ces colonnes ont été construites juste avant la Révolution en 1787 par l’architecte Claude Nicolas Ledoux pour servir de lieu de péage où l’on percevait les taxes sur les marchandises qui entraient dans la capitale. Leur nom vient de leur proximité avec la place du trône (nom de la place de la Nation sous l’Ancien Régime). Montées sur deux guérites, ces colonnes s’élèvent à 28 mètres de hauteur. Une hauteur vertigineuse qui devait marquer le prestige et la majesté royale. En 1845, sous Louis-Philippe 1er, les colonnes sont réhaussées de deux statues de 3,8 mètres de haut : Une du roi Philippe Auguste, au sud, réalisée par Auguste Dumont, et une du roi Saint-Louis, au nord, réalisée par Antoine Etex.


Voilà, j’espère que maintenant vous en savez plus sur le cimetière de Picpus peu connu des Parisiens et des touristes. J’espère donc que vous n’hésiterez pas à vous y rendre quand vous passerez dans le quartier. C’est un endroit paisible, riche d’Histoire et qui vaut vraiment le détour.

N’hésitez pas à écouter le podcast dédié sur mon blog www.lescarnetsdigor.fr ou sur les plateformes de podcasting habituelles.

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Mon avis sur cette visite


Avant de vous laisser, je vous propose un point sur cette visite.


Cela faisait un moment que j’avais envie de me rendre dans ce cimetière dont l’histoire que j’avais vaguement lue m’intriguait. Je n’ai pas été déçu !


Que ce soit pour l’accueil par les gens sur place qui, passionnés, n’hésitent pas à prendre le temps de vous raconter l’histoire de ce lieu de mémoire ; pour l’émotion suscitée par ce lieu témoin de la Révolution ; ou encore pour le jardin lui-même qui est une vraie bulle de nature et de calme insoupçonnée en plein Paris, je recommande vivement cette visite.


Informations Pratiques


Le cimetière de Picpus est ouvert à la visite du lundi au samedi de 14h à 17h. Il est fermé le dimanche et les jours fériés.


Le droit d’entrée est de 2€. C’est rare qu’un cimetière soit payant, mais il faut se rappeler que le lieu est privé.


Le cimetière de Picpus est très facile d’accès par le métro (station Nation, lignes 1, 2, 6 & 9 / Picpus et Bel-Air, ligne 6) ou les bus 29, 56 & 71, station Fabre-d’Eglantine.


Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de l’Office de Tourisme de Paris.


Sources :

  • Prospectus et plan de visite remis à l’accueil du cimetière historique de Picpus: Textes de Jean-Jacques Faugeron – Mise en page de Jean-Marc Cresson

  • Supplément le Parisien – Histoires de Paris : « Dans le secret des cimetières parisiens » par Lorànt Deutsch

  • Le Guide Vert Michelin « Paris, 75 idées de promenades »





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