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ORIGINE DU 1ER MAI : DES SANS-CULOTTES À CHICAGO, ENTRE FÊTE DU TRAVAIL ET TRADITION DU MUGUET

muguet
Brin de muguet du 1er mai

Chaque 1ᵉʳ mai, la fête du Travail réunit défilés, revendications ouvrières... et la tradition d’offrir un brin de muguet. Si son origine moderne remonte à la fin du 19ᵉ siècle aux États-Unis, saviez-vous que l’on trouve la trace d’une première fête du Travail dès 1793 en France ? Une fête liée aux célèbres sans-culottes révolutionnaires ! Et savez-vous aussi que la coutume du muguet remonte à la Renaissance ?


Retour sur l’origine du 1ᵉʳ mai et ses coutumes engagées et fleuries.

LA FÊTE DU 1ER MAI, UNE ORIGINE AMÉRICAINE


Tout commence le 1er mai 1886, aux États-Unis. Ce jour-là, une grève générale est organisée par les syndicats ouvriers, déterminés à obtenir la limitation de la journée de travail à 8 heures. Ce choix du 1er mai n’est pas anodin : il marque alors le début de l’année comptable pour de nombreuses entreprises américaines.


Mais à Chicago, la situation dégénère rapidement. Le 3 mai, des affrontements éclatent entre grévistes et forces de l’ordre devant l’usine McCormick : plusieurs ouvriers sont tués. Le lendemain, le 4 mai, une manifestation est organisée en protestation sur Haymarket Square. Alors que la soirée touche à sa fin et que la foule commence à se disperser, une bombe explose parmi les forces de police. Cet attentat entraîne la mort de plusieurs policiers et fait de nombreux blessés.



S'ensuit une vague de répression extrêmement violente contre les milieux ouvriers et anarchistes. Huit syndicalistes sont arrêtés, quatre seront exécutés après un procès expéditif et controversé. Cet événement, connu sous le nom d'affaire de Haymarket, marque profondément le mouvement ouvrier international, et le 1er mai devient une journée symbolique pour les travailleurs américains.


ET LA FÊTE DU 1ER MAI EN FRANCE ?


Direction Paris, quelques années après les journées de troubles américaines. En 1889, lors du congrès de la IIᵉ Internationale socialiste à Paris, à l’initiative du journaliste et fondateur du Parti Ouvrier Français, Jules Guesde (1845-1922), et en hommage aux événements de Chicago, il est décidé d’organiser une grande manifestation le 1er mai suivant, avec pour revendication principale la journée de 8 heures.



Cette première journée des travailleurs, dès lors nommée ‘Fête du Travail’, a lieu à Paris le 1er mai 1890. Les ouvriers défilent avec un triangle rouge à la boutonnière, symbolisant les trois temps de la journée idéale : travail, sommeil et loisir. Rapidement, le triangle rouge est remplacé par une fleur d'églantine rouge, puis par un brin de muguet, une fleur de saison traditionnellement offerte ce jour-là.


Cette journée internationale des travailleurs devient, année après année, un symbole fort des revendications ouvrières et des droits sociaux dans le monde. En France, c'est en 1947 que le 1er mai devient officiellement un jour férié et chômé.


1793 : LES SANS-CULOTTES ET LA FÊTE DU TRAVAIL


Mais saviez-vous que la toute première fête du Travail française ne date pas du 19ᵉ siècle, mais de la Révolution ?

De 1792 à 1806, avec l’instauration de la Iʳᵉ République et jusqu’au Premier Empire de Napoléon, le calendrier républicain remplace le calendrier chrétien traditionnel.



Celui-ci se divise en 12 mois de 30 jours, auxquels s’ajoutent 5 jours complémentaires (pour atteindre 365), appelés les Sans-Culottides, en hommage aux célèbres révolutionnaires. Chaque Sans-Culottide loue une valeur républicaine : la Vertu (Primidi), le Génie (Duodi), le Travail (Tridi), l’Opinion (Quartidi) et les Récompenses (Quintidi). Lors des années bissextiles, un sixième jour (Sextidi), dédié à la Révolution, est ajouté.


Tridi, le troisième jour consacré au Travail, fait donc office de toute première fête du Travail en France… même si elle ne tombe pas encore un 1ᵉʳ mai !


QUI SONT LES SANS-CULOTTES ?


Si la première fête du Travail est intimement liée au nom des sans-culottes, qui étaient-ils vraiment ? Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser croire, ces révolutionnaires ne militaient pas pour une mode vestimentaire plus légère ! Les sans-culottes désignent en réalité les hommes du peuple parisien, souvent artisans ou ouvriers, qui portaient le pantalon long, symbole de la classe laborieuse, par opposition à la « culotte », ce pantalon court qui habillait des aristocrates et bourgeois.



Actifs dans les clubs révolutionnaires et dans les sections populaires de Paris, ils deviennent rapidement une force politique essentielle et arborent fièrement la cocarde tricolore et le bonnet phrygien, symboles de liberté.


ET LE MUGUET DANS TOUT ÇA ?


Offrir du muguet le 1ᵉʳ mai est une tradition qui, en France, remonte à la Renaissance. Le 1ᵉʳ mai 1561, le roi Charles IX ‘(règne : 1560-1574) reçoit un brin de muguet en guise de porte-bonheur. Séduit par cette attention, il décide d’en offrir, chaque année à la même date, aux dames de la cour. Petit à petit, le geste se popularise, même si à l’époque il n’est pas encore associé au travail.



Ce n'est qu’au début du 20ᵉ siècle que la tradition du muguet rejoint celle du 1ᵉʳ mai ouvrier. Le brin fleuri devient alors un symbole de renouveau et de chance, offert lors des cortèges syndicaux à la place de l’églantine rouge. Depuis, il est devenu indissociable de la fête du Travail en France… au point que la vente du muguet par des particuliers, exceptionnellement autorisée ce jour-là sans licence commerciale, est elle-même une petite tradition !


Bonne fête du 1er mai à toutes et tous !

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