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INÉDIT : « LES TRÈS RICHES HEURES DU DUC DE BERRY », UN TRÉSOR MÉDIÉVAL EXPOSÉ AU CHÂTEAU DE CHANTILLY

Très Riches Heures du duc de Berry
Très Riches Heures du duc de Berry - Mois d'octobre

Du 7 juin au 5 octobre 2025, la salle du Jeu de Paume du château de Chantilly, dans l’Oise, présente une exposition-événement dédiée aux célèbres « Très Riches Heures du Duc de Berry ».

 

On en connaît tous les images - notamment à travers nos livres d’histoire -, et pourtant il n’a été que très peu exposé au public : le manuscrit des «Très Riches Heures du duc de Berry», conservé au Musée Condé du château de Chantilly, est un témoignage iconographique médiéval précieux qui a façonné notre imaginaire et notre vision du Moyen-Âge par la richesse de ses 131 illustrations et enluminures colorées. A tel point qu’on le surnomme « la Joconde des manuscrits », et que l’écrivain Umberto Ecco le qualifiera, en 1956, de «meilleur film existant sur le Moyen-Âge».



J’avais eu la chance de rencontrer ce chef-d’œuvre en 2023, avant sa restauration, dans le cadre de la magnifique bibliothèque du Théâtre du duc d’Aumale. Le mythique livre d’heures était alors à peine visible, fragile, et précieusement conservé. Deux ans plus tard, comme beaucoup de visiteurs pourront le faire dans les prochains mois, j’ai pu le redécouvrir sous un angle nouveau et inédit, dans le cadre de cette exposition d’une ampleur exceptionnelle.



Restauré avec le plus grand soin, notamment grâce au soutien de la Fondation Étrillard, le manuscrit est exceptionnellement exposé dérelié, avant d’être plus tard recomposé, permettant au public d’admirer simultanément 26 pages de son célèbre calendrier – un exploit rendu possible par une présentation en caissons climatiques verticaux.

 

C’est une première, et sans doute une dernière, tant la fragilité du livre impose d’ordinaire un repos strict à l’abri des regards. L’exposition s’enrichit de prêts prestigieux venus du monde entier, d’analyses scientifiques récentes menées par le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), et d’un parcours muséographique d’une rare richesse.

 

Un rendez-vous unique à ne manquer sous aucun prétexte, et qui n’est absolument pas réservé aux seuls connaisseurs et amateurs d’art, d’histoire et de patrimoine, tant il est inédit.

 

LES LIVRES D’HEURES : ENTRE FOI, ART ET PRESTIGE

 

Les «Très Riches Heures du duc de Berry», commandées par le duc de Berry en 1411, sont ce qu’on appelle un livre d’Heures. Avant de poursuivre sur l’histoire de ce chef d’œuvre et sur l’exposition qui lui est consacrée, rappelons ce que cela signifie.

 

Utilisés principalement entre le 13e et le 16e siècle, les Livres d’Heures sont très prisés de la noblesse et de la haute société du Moyen-Age à la Renaissance. Ce sont avant tout des livres liturgiques, religieux, mais conçus pour la prière privée des fidèles laïcs. Ils recueillent les prières à dire, les cantiques à chanter, ou encore les évangiles à lire pour chaque heure de la journée ; et ils présentent également un calendrier ecclésiastique pour suivre l'évolution de la liturgie catholique tout au long de l'année, comme les fêtes religieuses ou les cérémonies importantes.



Ces livres, destinés à des lecteurs fortunés, sont richement illustrés selon les besoins et les préférences de leurs commanditaires. Il s’agit de personnaliser de manière luxueuse ces ouvrages intimes, afin d’exprimer sa piété personnelle, mais aussi son statut social. Pour cela, les plus grands artistes de l’époque réalisent des lettrines et enluminures élaborées, des illustrations détaillées et de magnifiques éléments décoratifs avec des pigments coûteux, ou encore de l'or et de l'argent. Chaque livre d’Heures est ainsi une œuvre d’art en soi qui, au-delà de sa valeur créative, témoigne également de l’histoire médiévale et de la vie (parfois idéalisée) de l’époque.

 

Conçus pour être portables, les livres d’Heures permettent à leurs propriétaires de prier à différents moments de la journée, chez eux, en voyage, ou dans des lieux de culte. Ces manuscrits luxueux sont souvent transmis de génération en génération, s’enrichissant parfois de nouvelles pages ou d’annotations au fil du temps, selon les usages et les croyances familiales.

 

LE MANUSCRIT DES « TRÈS RICHES HEURES DU DUC DE BERRY » : HISTOIRE D’UN CHEF-D’ŒUVRE ABSOLU

 

Avant de connaître l’histoire de son livre d’Heures, il convient de mieux comprendre qui est le duc de Berry.

 

JEAN DE FRANCE, DUC DE BERRY (1340-1416)


Le prince Jean de France (1340-1416), troisième fils du roi Jean II le Bon (règne: 1350-64), a joué un rôle politique et diplomatique important au sein du royaume de France durant les règnes de son frère Charles V (règne: 1364-80) et de son neveu Charles VI (règne: 1380-1422). 

 


Riche et puissant, nommé comte-pair du Poitou en 1357 et duc de Berry en 1360, il possède un vaste ensemble territorial incluant le duché de Berry, le duché d'Auvergne et le comté de Poitou. Commandant de l’armée Royale, en pleine Guerre de Cent Ans (1337-1453), il reprend aux Anglais le Poitou, le Limousin et La Rochelle. Il obtient ensuite de son frère Charles V de nouveaux territoires, dont les comtés d'Auvergne et de Boulogne, puis de la part de son neveu Charles VI, le comté de Montpensier.

 

Mais c’est surtout le mécène éclairé que l’histoire retiendra. Au sein de ses châteaux qu’il fait rénover et agrandir, comme le palais comtal de Poitiers, le palais ducal de Bourges, le palais de Riom ou le château de Mehun-sur-Yèvre, la cour du duc de Berry est un foyer de créativité et d'innovation qui attire les esprits et les talents les plus brillants de son temps.



Grand collectionneur et fervent amateur d’art et de beaux objets, Jean de Berry soutient ainsi de nombreux artistes, poètes et écrivains, et rassemble une riche collection de bijoux, de pierres précieuses, de médailles et de pièces d'orfèvrerie, ainsi que plus de 300 manuscrits, parmi lesquels six livres d'heures, dont les célèbres « Très Riches Heures du Duc de Berry ».

 

LES TRÈS RICHES HEURES … AU-DELÀ DU DUC DE BERRY

 

« Les Très Riches Heures du Duc de Berry » passionnent depuis toujours les historiens. Quelles sont alors les origines de ce livre d’heures d’exception ? Quelle est son histoire, et comment est-il arrivé jusqu’à nous ?

 

C’est en 1410 que Jean, duc de Berry, commande un livre d’Heures des plus luxueux, les «Très Riches Heures», aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg, trois peintres flamands qui ont déjà réalisé pour lui un livre de «Belles Heures» (1408). En 1411, les artistes s’installent dans le château du duc, à Bicêtre, près de Paris, où, dans des conditions de confort et de luxe fastueuses, ils travaillent à offrir à leur commanditaire l’un des plus beaux livres d’Heures jamais imaginés, n’hésitant pas à flatter l’égo du duc qu’ils représentent au cœur de fêtes somptueuses ou devant ses châteaux majestueux.

 


Mais le 15 juin 1416, Jean de Berry meurt, suivi la même année des trois frères de Limbourg. Le manuscrit, conservé par la famille royale, reste inachevé. Ce n’est qu’à partir de 1440 que d’autres artistes peintres et enlumineurs vont prendre le relais des Limbourg pour continuer la réalisation des «Très Riches Heures». Parmi eux, le Belge Barthélémy d’Eyck (1420-1475), peintre de René d’Anjou, frère de feu Jean de Berry. Mais il y en aura bien d’autres, anonymes ou non.

 

Dans les années 1480, le manuscrit, toujours inachevé, passe aux mains du duc Charles 1er de Savoie (1468-90). Protégé du roi de France Louis XI (règne: 1461-83), et neveu de sa femme Charlotte de Savoie (1441-1483), il hérite du manuscrit après la mort successive des époux royaux en 1483. De retour dans son duché de Savoie, Charles confie la continuité artistique des «Très Riches Heures» au peintre berrichon Jean Lacombe (1430-1493) qui achève ainsi l’ouvrage en 1486, soit 70 ans après la mort de son premier propriétaire, Jean, duc de Berry.

 

Mais la vie des «Très Riches Heures du duc de Berry» ne s’arrête pas là! Resté dans la famille ducale de Savoie, le manuscrit passe aux mains de Marguerite d’Autriche (1480-1530), seconde épouse du duc Philibert II de Savoie (1480-1504). À la mort de son mari, cette dernière gagne les Pays-Bas où elle emporte les cahiers des «Riches Heures» non reliés.

 

Plusieurs propriétaires se succèdent ensuite, de façon plus ou moins claire et précise, faisant voyager le manuscrit en Europe: Jean Ruffaut de Neufville, trésorier de l’empereur du Saint Empire Germanique Charles Quint (1500-1558), qui le confiera à des religieuses; Ambrogio Spinola (1569-1630), militaire originaire de Gênes et amateur d’art qui l’acquiert et le fait revenir en Italie; et Vincenzo Spinola di San Luca (1756-1826), descendant d’Ambrogio, qui le lègue à son neveu Gio Battista Serra (1768-1855) qui, lui-même, le cède à son gendre, le baron Felix de Margherita. C’est ce dernier qui, en 1855, décide de vendre l’ouvrage.

 

Tout au long du 15e siècle, les «Très Riches Heures du duc de Berry» ont vu se succéder de nombreux peintres et enlumineurs. Véritable bijou de l’art gothique, aux influences à la fois flamandes, françaises, italiennes, orientales et antiques, c’est une œuvre unique qui témoigne de la vie médiévale d’un 15e siècle idéalisé.

 

QUAND « LES TRÈS RICHES HEURES » RENCONTRENT LE DUC D’AUMALE… ET CHANTILLY

 

Alors qu’il est exilé en Angleterre depuis l’arrivée au pouvoir de Napoléon III, Henri d’Orléans (1822-1897), duc d’Aumale - et fils du roi des Français Louis-Philipe 1er, contraint d’abdiquer en 1848 - est informé par le British Museum de la vente des «Très Riches Heures du duc de Berry». Le 20 janvier 1856, l’affaire est conclue: il devient l’ultime propriétaire du précieux manuscrit qu’il fait venir en Angleterre.



Composé de 206 feuillets, l’œuvre présente 66 grandes enluminures et 65 petites, le tout rassemblé par une reliure du 18e siècle en maroquin rouge, réalisée à l’époque des familles Spinola et Serra (dont les armes apparaissent sur la couverture).

 

En 1877, alors qu’il est revenu en France après la chute du Second Empire en 1870, Henri d’Orléans décide d’intégrer les «Très Riches Heures» au musée Condé qu’il a créé dans son château de Chantilly. Dernier propriétaire du domaine et grand collectionneur, il est en effet conscient de l’importance du chef-d’œuvre qui vient d’entrer dans ses collections, et fera même spécialement créer un sublime écrin pour le conserver.



Au-delà des « Très Riches Heures du Duc de Berry », le duc d’Aumale a rassemblé d’autres magnifiques ouvrages médiévaux à Chantilly : 200 manuscrits enluminés, dont le plus ancien date du 11e siècle; 700 incunables (livres imprimés en peu d’exemplaires avant 1501) et 2 500 œuvres imprimées du 16e siècle.

 

Mais c’est le manuscrit des « Très Riches Heures » qui attire toute l’attention dès son acquisition. Un trésor que le duc ne montre que très peu, et qu’il est d’ailleurs le seul à pouvoir manipuler, toujours avec des gants blancs. Il conserve ainsi son précieux manuscrit dans sa très belle bibliothèque dite du théâtre -sa bibliothèque personnelle de travail que j’ai aussi eu le plaisir de découvrir-, plutôt que dans son superbe cabinet des Livres réalisé par Honoré Daumet, où il reçoit plus volontiers, et qui fait aujourd’hui l’admiration des visiteurs du château avec ses quelques 19 000 ouvrages.

 

Pour garantir sa conservation, Henri d’Orléans lèguera de son vivant, en 1886, les « Très Riches Heures » à l’Institut de France, avec la condition très stricte qu’après sa mort, elles resteront conservées au musée Condé et ne pourront en aucun cas en sortir. C’est la raison pour laquelle le manuscrit est très peu exposé et qu’il n’a jamais voyagé après son arrivée à Chantilly : après la mort du duc en 1879, il ne sera seulement qu’en partie montré à l’occasion de l’Exposition des Primitifs Français, au Louvre, en 1904, puis sous forme de facsimilés lors de rares expositions en 1956, 1970 et 2004.

 

UNE RESTAURATION PLUS QUE NÉCESSAIRE

 

Le manuscrit exceptionnel des «Très Riches Heures du duc de Berry» n’est présenté qu’en de rares occasions, et surtout à travers des facsimilés - il est en effet le plus reproduit au monde.



Depuis 2012, il était question de restaurer ce chef d’œuvre fragilisé par les effets du temps et els manipulations, afin de garantir sa conservation, mais aussi de pouvoir partager de nouveau la richesse de ses illustrations avec le public.

 

Au printemps 2023 que le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) a ainsi réalisé une analyse poussée du manuscrit pour identifier ses réparations à venir, mais aussi mieux le comprendre. Cette première phase d’analyse achevée fin 2023, le temps de la restauration s’est ouvert : le manuscrit a été entièrement dérelié, soigné et rénové. Une restauration, réalisée sous haute surveillance, est soutenue par la Fondation Étrillard qui œuvre à la préservation du patrimoine culturel européen, à sa transmission et à la pérennité des savoir-faire et des métiers d’art.

 

L’exposition temporaire de 2025 se tient juste après cette étape de restauration, et avant la reliure complète de l’ouvrage. Il s’agit de pouvoir exposer les premiers feuillets séparément, et de permettre ainsi aux visiteurs de les observer simultanément. Après l’événement, l’ensemble du manuscrit sera recomposé et mis à l’abri afin d’être conservé pour les futures générations.

 

UNE VISITE À LA DÉCOUVERTE D’UN CHEF-D’ŒUVRE

 

L’exposition s’articule autour d’une introduction, de quatre grandes sections et d’un épilogue, permettant de mieux comprendre le génie du manuscrit et le contexte de sa création.

 


INTRODUCTION : LA DÉCOUVERTE DU MANUSCRIT

 

On suit ici l’histoire de la redécouverte des Très Riches Heures en 1855 à Gênes, puis son acquisition par le duc d’Aumale. À travers des documents rares, cette partie explique comment ce manuscrit oublié a été progressivement reconnu comme un joyau absolu de l’art médiéval.



SECTION 1 : LE DUC DE BERRY, PRINCE, GRAND MÉCÈNE ET COLLECTIONNEUR

 

Cette section brosse un portrait vivant de Jean de Berry : prince du sang, chef militaire mais surtout collectionneur et bibliophile passionné.

 

AU TEMPS DU DUC DE BERRY

 

On découvre ici qui est le duc de Berry, notamment à travers ses armoiries et emblèmes : à côtés des fleurs de lys – il est de sang royal -, d’une branche d’oranger, de la devise « Le Temps Venra » (dont l’explication reste incertaine) et du chiffre EV (soit, « En Vous », pour la Vierge Marie), le duc de Berry choisit l’ours et le cygne :


  • L’ours viendrait d’Ursin de Bourges, premier évêque de la ville (251-280) et saint-patron de l’archidiocèse. Mais il pourrait aussi trouver son origine dans la captivité du duc en Angleterre : là, le nom de « Berry », ressemble phonétiquement à « Bear », l’ours. Quoi qu’eil en soit, l’animal est synonyme de force.

  • Le cygne « navré », soit blessé, est représenté chantant avant de mourir. Son courage face à la mort et son désir de se tourner vers le Christ symbolisent la piété et la force du duc.

 


On admire ici aussi le gisant du duc, prêté par la cathédrale de Bourges (et qui n’en était jamais sorti depuis la Révolution), mais également des œuvres majeures provenant de ses résidences et de ses collections : objets d’art, sculptures, cadeaux offerts à ses fidèles, œuvres issues de la Sainte-Chapelle de Bourges - bâtie à la demande du duc, très pieux, pour élever sur son territoire un édifice aussi majestueux que la Sainte-Chapelle de Paris…



Parmi les objets présentés, on comprend combien certains des joyaux du duc ont inspiré, par leurs motifs, figures ou autres dessins, certains décors des futures Très Riches Heures.

 

LA LIBRAIRIE DUCALE

 

Grâce à un partenariat exceptionnel avec la BnF, une sélection inédite des manuscrits ayant appartenu au duc de Berry est présentée.



Chantilly, Paris, Bruxelles, New York… les institutions du monde entier ont prêté leurs trésors pour reconstituer l’une des plus fastueuses bibliothèques médiévales qui, à l’époque, comptait plus de 300 ouvrages (127 ont aujourd’hui été identifiés) : somptueux livres d’histoire, de sciences morales et politiques.

 

LES LIVRES D’HEURES DU DUC DE BERRY

 

Tous les livres d’Heures connus du duc de Berry sont réunis dans cette partie de l’exposition pour la première fois depuis 1416 : 6 livres réalisés par les meilleurs artistes de son temps.



Parmi eux : les Petites Heures, les Très Belles Heures, les Belles Heures, ou encore les Grandes Heures.

 

On apprend ici que les « Très Riches Heures » tiennent leur nom du duc d’Aumale qui, au 19e siècle, choisira ces termes en référence à l’extrême richesse décorative de l’ouvrage, surpassant tous les autres.

 

LES FRÈRES DE LIMBOURG

 

Cette section nous permet d’abord de connaître les Frères Herman, Jean et Paul de Limbourg, originaires de Nimègue dans les actuels Pays-Bas, qui passeront au service du duc de Bourgogne en 1404 avant d’être accueillis dans l’entourage du duc de Berry.



On plonge alors dans leur travail, leurs inspirations – l’art italien, les livres d’Astrologie ; on rencontre ensuite les enlumineurs contemporains des Limbourg, avec un véritable aperçu de l’évolution stylistique de l’enluminure sur plusieurs décennies.

 

La suite de l’exposition met en lumière les nombreuses œuvres influencées par celles des frères Limbourg et en particulier les Très Riches Heures. On mesure ici que, dès le 15e siècle, son rayonnement sur l’enluminure européenne est immédiat.

 

Dans les sections suivantes, les visiteurs découvrent les mains successives ayant œuvré à créer les Très Riches Heures après les Limbourg, de Barthélémy d’Eyck à Jean Colombe. Chaque artiste, chaque école y est replacée dans son contexte stylistique et technique.

 

SECTION 2 : L’INTERVENTION DE BARTHÉLÉMY D’EYCK

 

Si, après la mort de Jean du Berry et des frères Limbourg en 1416, on perd la trace des Très Riches Heures – peut-être revendue à un marchand pour éponger les dettes du duc –, on sait qu’elles réapparaissent à Paris dans la première moitié du 15e siècle.



On sait aussi que, dès 1446, le peintre flamand Barthélémy d’Eyck, au service du roi René d’Anjou (1409-1480), poursuit le travail des Limbourg et intervient sur le manuscrit.

 

SECTION 3 : L’INTERVENTION DE JEAN COLOMBE

 

Alors que les ducs de Savoie héritent du manuscrit à la fin du 15e siècle, Charles 1er de Savoie fait venir de Bourges l’enlumineur Jean Colombe en 1485 afin qu’il le termine.



On découvre ici des œuvres de Jean Colombe, avant de pouvoir admirer, dans la section suivante, son travail sur les Très Riches Heures.

 

SECTION 4 : LES TRÈS RICHES HEURES DU DUC DE BERRY

 

Cette partie centrale de l’exposition est aussi la plus attendue : on peut enfin être confronté au célèbre manuscrit que l’on croit déjà connaître pour en avoir vu de nombreuses reproductions, mais qui, ici, révèle toute sa splendeur et sa richesse artistique.


Les 26 doubles pages du calendrier sont exposées dans des caissons adaptés. L’émotion est grande, et l’admiration aussi ! Dans une atmosphère tamisée, les couleurs nous sautent aux yeux, et les détails nous plongent dans un Moyen-Âge idéalisé.



D’ailleurs, saviez-vous que la page du mois de septembre, représentant le château de Saumur de Louis II d’Anjou, avait inspiré Walt Disney pour le château de la Belle au Bois Dormant lors de sa visite à Chantilly en 1935 ?

 

Au centre de la pièce, le reste du manuscrit relié est ouvert sur une double page qui change tous les 15 jours pour des raisons de conservation – l’occasion de revenir !



Des supports numériques et un facsimilé permettent, en outre, de feuilleter les Très Riches Heures et d’en observer le moindre détail.

 

ÉPILOGUE

 

Avant de quitter l’exposition et de refermer les pages des Très Riches Heures, cette dernière partie de l’exposition propose d’observer combien le manuscrit du duc de Berry, remis sur le devant de la scène par le duc d’Aumale, a inspiré, et continue d’inspirer, les artistes et au-delà, notre imaginaire collectif du Moyen-Âge.



De l’imaginaire scolaire à l’art contemporain, du cinéma aux beaux-arts, le manuscrit a nourri les représentations du Moyen Âge dans la culture populaire.

 

LES TRÈS RICHES HEURES, AU-DELÀ DE L’EXPOSITION

 

En marge de l’exposition au Jeu de Paume, c’est tout le domaine de Chantilly qui vit au rythme des Très Riches Heures.

 

Le cabinet des livres du duc d’Aumale, dans le château, accueille une exposition autour des livres d’heures, exposant d’autres trésors : « Une Autre histoire de livres d’heures », du 7 juin au 6 octobre 2025.

 


Les Grandes Écuries de Chantilly, face au Jeu de Paume, proposent un nouveau spectacle inspiré des Très Riches Heures et de ses enluminures : « Kalendae, la ronde des heures », un voyage équestre au cœur d’un Moyen-Âge imaginaire, du 12 juillet au 17 août 2025.

 

Et puis, il y a les ateliers enluminures, les visites guidées... bref, tout un programme à retrouver sur le site du château de Chantilly.

  

INFORMATIONS PRATIQUES

 

  • Quoi ? exposition « Les Très Riches Heures du dc de Berry »

  • Où ? Salle du Jeu de Paume, Château de Chantilly

  • Quand ? Du 7 juin au 5 octobre 2025

    10h–18h, fermé le mardi

  • Combien ? Billet château + parc + exposition : Plein tarif, 21 € / Tarif réduit (7-25 ans), 17,50 €

    Billet exposition + parc :  Plein tarif, 12 € / Tarif réduit (7-25 ans), 10 €

    Attention, jauge limitée, réservation recommandée

 

Toutes les informations et réservations sur le site du château de Chantilly.

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