LE MYSTÈRE DE LA VILLA FROCHOT, LA DEMEURE MAUDITE DE PIGALLE
- Igor Robinet-Slansky

- il y a 5 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Au cœur du 9ᵉ arrondissement de Paris, entre les néons du boulevard de Clichy et les façades cossues de la Nouvelle Athènes, se cache une adresse aussi secrète que troublante : la Villa Frochot. Nichée derrière les grilles d’une voie privée, cette élégante demeure néogothique du 19ᵉ siècle fascine autant qu’elle effraie. Car derrière ses murs néogothiques, sa verrière Art déco colorée, créée en 1930, et son allure paisible, la rumeur dit qu’elle abriterait l’un des lieux les plus hantés de la capitale.
L'AVENUE FROCHOT: UNE OASIS D’ART ET DE CALME À PIGALLE
Difficile d’imaginer, en longeant le tumulte de Pigalle, qu’à deux pas du Moulin Rouge s’étend une enclave aussi calme et verdoyante. L’avenue Frochot, ouverte en 1830, fut longtemps le refuge des artistes : Jean Renoir, Toulouse-Lautrec, Django Reinhardt ou encore Victor Massé y ont vécu.
Bordée de petits hôtels particuliers mêlant les styles néo-gothique, Renaissance ou flamand, la voie offre une étonnante mosaïque architecturale, à l’écart du Paris bruyant. Mais au n°1 de cette avenue discrète, une villa attire depuis plus d’un siècle les regards curieux. Derrière sa façade de pierre et sa grande verrière colorée, la Villa Frochot abrite une histoire ponctuée de drames, de coïncidences funestes… et de légendes qui continuent de hanter les esprits.
LA VILLA FROCHOT : JOYAU NÉO-GOTHIQUE ET VITRINE ART DÉCO
À l’origine, la Villa Frochot a été érigée au 19ᵉ siècle, dans un style néo-gothique reconnaissable à ses arcs brisés, ses contreforts et ses hautes fenêtres à meneaux. Mais au fil du temps, la demeure a évolué.
Dans les années 1930, elle a été remaniée dans le goût Art déco : une grande verrière colorée, des ferronneries géométriques et des vitraux stylisés viennent alors adoucir son austérité néo-médiévale. Ce mélange des styles - gothique et moderne - lui confère aujourd’hui cette silhouette singulière, à la fois romantique, artistique, mais aussi inquiétante… et pour cause ! Elle est, depuis plus d’un siècle, l’objet d’événements étranges, conséquents à un drame sanglant.
MEURTRE EN LA DEMEURE : LE PREMIER DRAME DE LA VILLA FROCHOT
Tout commence à la fin du 19ᵉ siècle. La maison appartient alors au directeur des Folies Bergère, un nouveau lieu du divertissement parisien – et aujourd’hui mythique. Sa femme de ménage, à qui il aurait légué sa fortune, est retrouvée un matin sauvagement assassinée à coups de tisonnier. Le meurtrier ne sera jamais identifié, mais la légende va naître.
Très vite, les rumeurs se propagent : des voisins affirment avoir entendu des bruits étranges, des pas dans l’escalier, des chuchotements derrière les murs. La légende de la servante assassinée naît alors, et son fantôme hanterait depuis les lieux, incapable de quitter la maison où elle a péri.
LA VILLA FROCHOT ET L’ÉTRANGE RÉPÉTITION DU DESTIN
Les propriétaires suivants ne sont pas épargnés par le sort. Parmi eux, le compositeur Victor Massé (1822-1884), qui y vécut ses dernières années, y mourra, paralysé par la maladie de Charcot. Un siècle plus tard, le critique littéraire Matthieu Galey (1934-1986), nouveau propriétaire des lieux, meurt à son tour de la même maladie de Charcot, dans la même chambre et dans la même position que Victor Massé.
Deux destins tragiques, séparés par cent ans, mais unis par un étrange écho. Certains y voient une simple coïncidence. D’autres parlent d’une malédiction : la demeure, disent-ils, porterait le sceau du malheur. Et il faut reconnaître que la succession d’événements tragiques a de quoi troubler même les plus rationnels.
QUAND LES OMBRES DU PASSÉ RESURGISSENT
Avant Matthieu Galey, dans les années 1970, la Villa Frochot aura attiré Sylvie Vartan, tombée sous le charme de la maison. Elle l’achète… mais n’y habitera finalement jamais. Quelques semaines après l’acquisition, elle quitte les lieux. Aucune explication officielle ne sera donnée.
Plus tard, la maison sera convoitée par Jack Nicholson et d’autres artistes fascinés par son atmosphère singulière. Certains y voient un chef-d’œuvre d’architecture oublié. D’autres continuent de la considérer comme une maison maudite, où l’on aurait même dû organiser une cérémonie d’exorcisme pour chasser les âmes errantes.
LA LÉGENDE TOUJOURS INTACTE DE LA VILLA FROCHOT
Aujourd’hui encore, la Villa Frochot reste un lieu privé, inaccessible au public. On ne peut l’apercevoir qu’à travers les grilles de l’avenue, au détour d’une promenade dans Pigalle. Derrière les vitraux, la lumière joue sur les murs comme pour rappeler que toute beauté cache parfois ses ténèbres.
Son propriétaire actuel rit de ces rumeurs, affirmant n’avoir jamais entendu le moindre bruit suspect. Pourtant, dans le quartier, on continue de raconter les mêmes histoires. Des passants disent même avoir aperçu une silhouette étrange, d’autres jurent avoir entendu des gémissements dans la nuit.
Difficile de démêler la vérité de la légende. La Villa Frochot demeure l’un de ces lieux parisiens où le réel et le fantastique se confondent, comme si les murs eux-mêmes avaient gardé la mémoire des drames qui s’y sont joués.
À Pigalle, entre la fête et le mystère, la demeure maudite continue de fasciner et de faire frissonner. Alors, si vous passez un soir près de l’avenue Frochot, tendez l’oreille… Peut-être entendrez-vous, derrière les vitraux, les échos d’un passé qui ne dort jamais tout à fait.
SOURCES
Site Paris Secret
Site Paris ZigZag
Site Paris Promeneurs
Photos de la Villa Frochot : Merci à Paris ZigZag, Paris Promeneurs, France Bleu, Noémie Roussel













































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