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EXPOSITION: ‘DANS LA SEINE, OBJETS TROUVÉS DE LA PRÉHISTOIRE À NOS JOURS’ À LA CRYPTE ARCHÉOLOGIQUE DE L’ÎLE DE LA CITÉ


Rendez-vous aujourd’hui au cœur de la capitale, sur l’île de la Cité, là où l’histoire de Paris a commencé, il y a plus de 2000 ans. C’est ici, dans la Crypte Archéologique située face à la cathédrale Notre-Dame de Paris, que se tient une exposition inédite à partir du 31 janvier 2024: «Dans la Seine, objets trouvés de la Préhistoire à nos jours».



Créée en 1980 et gérée par Paris Musées, la Crypte Archéologique de l’île de la Cité présente les vestiges mis à jour lors des fouilles menées ici entre 1965 et 1970, et permet de découvrir les évolutions urbaines et architecturales de l’île de la Cité, de l’Antiquité au 20e siècle. Un espace qui s’articule autour de plusieurs ensembles archéologiques remarquables: Un rempart du 4e siècle, vestige de la première fortification de Lutèce; les fondations de l’ancien Hôtel Dieu datant du 7e siècle; un reste de quai du premier port de Lutèce bâti par les Romains; les vestiges d’une cave et de maisons du Moyen-Âge, bordés par ceux de l’ancien hospice des Enfants Trouvés daté, lui, du 18e siècle; et les murs et fondations d’anciens thermes romains qui furent en activité jusqu’au début du 5e siècle.

 


Avec cette nouvelle exposition, la Crypte Archéologique de l’île de la Cité entend explorer et expliquer les relations entre l’Homme et la Seine au cours de l’Histoire, à travers près de 150 objets collectés dans le fleuve et sur ses berges.


Armes, outils, objets religieux ou du quotidien, fragments d’architecture, déchets… qu’elles aient été perdues, jetées ou charriées par le courant, chacune de ces pièces archéologiques retrouvées témoignent de l’histoire de Paris et de ses habitants successifs. Des chasseurs préhistoriques aux Parisiens modernes, en passant par les Romains qui aménagent les rives, ou la population médiévale pieuse et superstitieuse, on apprend ainsi les usages, le quotidien, les croyances ou encore les combats de celles et ceux qui, au fil des siècles, on fait des berges de Seine un lieu de vie, d’habitation ou de travail.



Le parcours de visite s’articule en quatre sections qui traitent chacune d’une période chronologique et de thématiques spécifiques:

 

1. La Seine Préhistorique

On apprend dans cette section qu’au Paléolithique moyen (entre -300 000 et -45 000) et au début du Paléolithique supérieur (-45 000 à -30 000), des hommes et femmes de Néandertal se seraient régulièrement arrêtés sur les berges du fleuve dont le lit est alors très large et bordé de bancs de sable et de steppes.



On peut ainsi voir des outils de chasse ou de dépeçage, comme des silex taillés, qui ont dû servir à découper du gibier ou racler des écorces. Dans cette section, on observe également une défense de Mammouth qui atteste de la présence de grands mammifères sur les rives de la Seine, en particulier durant les périodes glacières que connaît le continent européen.

 

Ici, l'exposition ne se limite pas aux frontières de la capitale. Elle explore également la Seine en amont et en aval, depuis ses sources en Bourgogne, jusqu’à la découverte d’une pêcherie antique dans l'Aube et d’un site paléolithique à Clichy-la Garenne.

 

2. La Seine Antique

A travers les vestiges d’un pont de bois et d’un quai, on apprend que dès le 1er siècle, lorsque les Romains conquièrent la Gaule, ils choisissent ce qui sera l’île de la Cité pour traverser la Seine. Une île où ils bâtissent une première plateforme de bois que l’on peut considérer comme étant le premier port parisien.

 

Ensuite, alors que Lutèce se développe à partir du centre administratif qu’est devenu l’île de la Cité, la Seine devient une voie commerciale importante pour le développement économique de la ville, notamment grâce à son port de pêche et de commerce. L’exposition nous présente ainsi une nasse de pêcheurs, mais aussi des lots de vaisselles et des ustensiles issus d’une cargaison échouée, ou encore des objets décoratifs, comme cette statuette de Mercure en alliage de cuivre, reconnaissable à son casque ailé.



On découvre également que, parmi les divinités vénérées par le peuple celte gaulois, il en est une, Sequana, qui sera liée à la Seine. Sequana -qui aurait donné, par dérivation, le nom de ‘Seine’- est une déesse qui peut guérir les maladies grâce aux pouvoirs magiques et médicaux de la rivière. Pour l’invoquer, les populations jetaient dans la Seine des ex-voto (offrandes) anatomiques, sculptures ou objets de pierre, de bois ou de métal, représentant tout ou partie du corps infecté. L’exposition présente quelques-uns de ces ex-voto, objets «magiques» et guérisseurs, ici un bras, là une tête, ou encore une jambe.



3. La Seine Médiévale

À l’époque médiévale, Paris, qui s’est beaucoup développé, est devenu un centre urbain et économique important. La Seine est alors le moyen de transport principal pour ravitailler la ville en biens de consommation, et de nombreux ports sont bâtis sur ses berges, tandis que pour parer aux fluctuations du niveau des eaux, les quais sont peu à peu aménagés sur toute la longueur des rives. On apprend également que le fleuve est au cœur de l’activité de nombreux artisans: tanneurs, blanchisseurs… C’est enfin aussi sur l’île de la Cité que tous les ponts conduisent. Des ponts en bois, souvent surchargés (moulins, habitations), qui s’effondrent régulièrement… jusqu’à la construction du premier pont en pierre, le Pont Neuf, en 1607.

 



Les nombreux objets médiévaux exposés dans cette partie de l’exposition ont été notamment retrouvés au milieu du 19e siècle, lors des travaux d’élévation des quais et de curage de la Seine menés pour l’approfondir et garantir son utilisation toute l’année en limitant les variations du niveau de l’eau.

 

Parmi ces objets, on peut d’abord observer ce qu’on appelle les enseignes (ou insignes) de pèlerinage, emblématiques des croyances populaires de l’époque. Ces petites médailles de plomb et d’étain figurant des saints sont achetées et portées par les pèlerins qui leur prêtent des pouvoirs magiques et protecteurs. Afin de garantir la réalisation de ses prières, il était en effet de coutume de jeter ces enseignes dans la Seine après avoir prononcé ses vœux. On comprend bien qu’autour de l’île de la Cité, où s’élève Notre-Dame de Paris depuis les 12e-14e siècles, de nombreuses enseignes de pèlerinage ont été offertes à la Seine.



De la même façon, on observe des figurines de plomb représentant souvent des chevaliers ou des Saints, qui jouaient alors le rôle d’ex-voto (offrande votive, à une divinité) et étaient jetés dans la Seine, soit pour se protéger et faire un vœu avant une épreuve (maladie, départ au combat ou en croisade), soit en remerciement d’une prière exaucée (guérison, retour de guerre sain et sauf).

 


Parmi les autres trésors retrouvés et exposés ici, on peut observer ce qu’on appelle des méreaux. Les méreaux, ce sont des jetons qui servaient alors de ‘bons’ et de laissez-passer pour diverses activités: péage des villes, badges d’identification à un groupe politique, monnaie d’échanges pour les corporations de métiers… Scènes religieuses, armoiries, symbole corporatif, les méreaux prennent toutes sortes de formes.



Enfin, on découvre au fil de l’exposition que le fond de la Seine regorge d’armes de toutes les époques, principalement datées de l’Âge du Bronze (-2200/-800) et du Haut Moyen-Âge (600/800). Épées, poignards, haches… Pourquoi autant d’armes étaient-elles jetées à l’eau? À l’image des ex-voto offerts à la Seine, il était de coutume, après un combat, que l’arme du vaincu -mais aussi parfois celle du vainqueur- soit donnée en offrande au fleuve.



Cependant, la présence d’armes dans la Seine s’est poursuivie au-delà de l’époque médiévale. Une collection d’armes et d’objets de combats des 19e et 20e siècles est ainsi exposée: obus, casques, pistolets… Ici, il ne s’agit plus d’offrandes protectrices, mais soit de témoins des troubles que la capitale a connu au cours de son histoire – Commune, Première et Seconde Guerres Mondiales…-, ou encore simplement de crimes cachés (on jette son arme dans la Seine pour détruire toute preuve).

 

4. La Seine aujourd’hui

Dans cette section, on apprend comment la Seine et ses berges sont protégées, aujourd’hui et depuis le début du 20e siècle, par la police fluviale notamment, afin de garantir la sécurité des personnes, mais aussi, plus récemment, de préserver le fleuve d’un point de vue environnemental -interdiction de jeter tout objet ou liquide…



Dans cette partie de l’exposition, on découvre également quelques objets historiques retrouvés récemment dans la Seine, comme ce mascaron (sculpture en forme de masque) du Pont Neuf, repêché en 2014.



Enfin, et pour inscrire la Seine et l’archéologie dans notre monde actuel, deux œuvres d’artistes contemporains sont présentées au cœur de cet environnement historique. La première, créée par Yan Tomaszewski en 2020, s’inspire des ex-voto anatomiques offerts dans l’Antiquité à la déesse Sequana. Elle fait partie d’un ensemble de sculpture en bois carbonisés qui, lors d’une performance pour la Nuit Blanche 2023, ont été immergées dans la Seine à la suite d’une procession entre le MAC VAL (Musée d’Art Contemporain du Val de Marne) et le fleuve, comme pour le purifier.

 


La seconde, ‘Time Capsules’, imaginée par les artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, présente des carottages extraits de forages d’exploration des sous-sols par les scientifiques. Réorganisés et sculptés avec l’aide d’archéologues, ces deux carottes artistiques racontent les lieux d’où elles ont été prélevées à travers la superposition des couches de matériaux figées dans la résine.

 

L’exposition «Dans la Seine, objets trouvés de la Préhistoire à nos jours» offre un voyage captivant à travers le temps, révélant les trésors cachés et les mystères enfouis sous le célèbre fleuve qui a façonné Paris. Une expérience qui plaira aux amateurs d'histoire, aux passionnés d'archéologie, comme aux amoureux de la capitale.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

La Crypte Archéologique de l’île de la Cité est ouverte du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.

Toutes les informations pratiques sont à retrouver sur le site du musée.

 

Commissariat général: Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet - Histoire de Paris et de la Crypte archéologique de l’île de la Cité.

 

Commissariat scientifique: Sylvie Robin, conservatrice en chef du patrimoine, responsable du département des collections archéologiques au musée Carnavalet – Histoire de Paris

 

SOURCES

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