Suivez-moi aujourd’hui au musée Marmottan Monet, dans le 16e arrondissement de Paris, où, jusqu’au 1er septembre 2024, et à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, se tient l’exposition: «EN JEU! LES ARTISTES ET LE SPORT (1870-1930)». Une exposition inédite qui propose une histoire visuelle du sport, de ses pratiques et de ses codes, à travers le regard d’artistes contemporains de son évolution et de sa diffusion dans la société française de la fin du 19e et du début du 20e siècle.
Articulée en sept sections, et à travers 160 œuvres et documents (peintures, dessins, sculptures, caricatures, photographies…) d’artistes impressionnistes, cubistes, postimpressionnistes ou art déco (Monet, Degas, Sisley, Caillebotte, Toulouse-Lautrec, Richer, Maillol, Rodin, Bellows, Lhote, Delaunay, Daumier, Gromaire…), l’exposition revient sur les enjeux sociaux et sociétaux du sport (statut, féminisation, démocratisation, santé), comme sur son développement (diversification, compétitions).
Notez que pour en savoir plus, vous pouvez retrouver mes articles dédiés aux sports: autour des liens entre le sport, la libération du corps et la mode (à travers mes visites des expositions ‘Mode et Sport’ au MAD Paris, mais aussi ‘La Mode en mouvement’ au Palais Galliera) ; ou autour de la richesse et de la diversité du patrimoine sportif (publication du livre «Les Sports en France de l’Antiquité à nos jours. Une histoire, un patrimoine», aux éditions du Patrimoine).
1. La Haute société française importe le sport d’Angleterre
Arrivé d’Angleterre où il se pratique depuis la fin du 18e siècle -course de chevaux, combats de boxe ou de lutte, chasse au renard, aviron…-, le sport gagne la France dans la première moitié du 19e. Perçu comme un loisir plutôt que comme une véritable activité physique, il tient alors un rôle avant tout social, et reste l’apanage de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie.
Notez pourtant que, s’il apparaît en Angleterre à la fin du 18e siècle pour désigner les activités et passe-temps qui se développent alors dans la haute société d’outre-Manche, le mot ‘sport’ trouve en réalité ses origines en France. Dès le 12e siècle, on utilise le verbe ‘desporter’ qui signifie alors s’ébattre. Rapidement, son sens évolue et le terme ‘desport’ va englober tous types d’amusements et de divertissements, qu’ils soient loisirs physiques ou plaisirs de l’esprit. Exporté en Angleterre par les chevaliers du 14e siècle, le mot ‘desport’ va devenir ‘disport’ puis, au «sport». Un terme qui revient en France dès les années 1830.
2. Le sport s’internationalise et se démocratise
Avec les thèses hygiénistes qui se développent dans la deuxième moitié du 19e siècle, la pratique d’exercice physique est de plus en plus recommandée pour se maintenir en bonne santé. Pratiqué en équipe ou de manière individuelle, le sport se diffuse par-delà les frontières, comme les compétitions sportives, et dans toutes les classes sociales. Les élites ont leurs activités aux codes bien établis -équitation, tennis, escrime; et les classes populaires, de plus en plus urbanisées et soumises au rythme industriel, s’activent en plein air, considérant le sport comme un véritable loisir -nage, vélo, football, rugby…
3. L’émergence des lieux de sport
L’histoire et l’essor des activités physiques et sportives se sont aussi accompagnés du développement d’infrastructures inédites pour accueillir les sportifs en tout genre. En plein air ou dans des constructions fermées, nombreux sont les lieux créés entre la fin du 19 siècle et le début du 20e pour accueillir les pratiques sportives: du gymnase au stade, des salles d’armes aux vélodromes, en passant par les hippodromes, les pistes de ski, les piscines et les rings....
4. L’activité sportive s’inscrit dans la performance
Au fur et à mesure que le sport se développe et se démocratise, le culte du corps et la quête de la performance gagnent l’esprit des sportifs qui vont chercher à toujours s’améliorer, se comparant aux autres ou cherchant à réaliser de nouveaux exploits personnels. Démonstrations de force, dépassement de soi, désir de victoire solitaire ou collective, esprit de compétition et d’équipe…. Les activités sportives prennent une nouvelle dimension qui marquera le sport jusqu’à aujourd’hui.
On trouve ici également une section dédiée aux célèbres caricatures d’Honoré Daumier qui moque, par ses habiles esquisses, l’engouement pour ces sports et le cultes du corps.
5. La (lente) féminisation des pratiques sportives
Longtemps réservées aux hommes, les activités sportives tendent à se féminiser au début du 20e siècle. Patinage, tennis, ski, sports aquatiques… les femmes réussissent, peu à peu, à passer du statut de spectatrice à celui d’actrice de la scène sportive. Et si, malgré leur participation aux Jeux Olympiques de 1900, Pierre de Coubertin considère encore que leur rôle devrait se cantonner à la remise de prix, les femmes s’imposent de plus en plus dans une diversité de disciplines.
6. La culture du corps et le sport comme vecteur de bonne santé
Dans cette section, chronophotographies d’Étienne-Jules Marey et Georges Demenÿ, et photographies ou sculptures de Rodin, Paul Richer et Jules Beau à l’appui, le sport s’impose comme l’un des éléments essentiels au bon développement du corps et à son maintien en bonne santé.
Muscles développés, silhouettes élancées, anatomies structurée, la représentation d’un corps sportif idéalisé se diffuse auprès des professionnels de santé comme dans l’opinion publique.
7. La spectacularisation et la médiatisation du sport et des compétitions
Qui dit performances sportives, dit compétitions. Qui dit compétitions, dit spectacle et spectateurs. Qui dit spectateurs, dit médiatisation. C’est ce que nous montre cette dernière section: face à la ferveur de foules enthousiastes, les activités sportives s’organisent en compétitions et en représentations publiques. Les supporters et amateurs, de plus en plus nombreux et passionnés, se rassemblent dans des lieux spécialement conçus pour accueillir le show sportif. On s’informe désormais par voie de presse spécialisée sur les derniers records des plus grands sportifs et sur les résultats des plus brillantes équipes.
MON AVIS
Je vous recommande vivement et sportivement de visiter cette belle exposition, riche d’œuvres présentées, pour certaines, pour la première fois en France.
Et une fois que vous aurez parcouru les différentes étapes de ce rendez-vous temporaire, ne manquez pas de poursuivre votre circuit par l’es collections permanentes du musée Marmottan Monet. Pour ma part, je n’y étais jamais allé, et je n’ai qu’une envie: retourner l’explorer!
À propos du Musée Marmottan Monet
Ouvert en 1934, et situé dans l’ancien hôtel particulier de l’historien, mécène et collectionneur d’art Paul Marmottan (1856-1932), le musée présente aujourd’hui une importante sélection d’œuvres issues des collections qu’il a léguées à l’Académie des beaux-arts à sa mort, le 15 mars 1932. Au sein des décors raffinés Empire de ses anciens appartements, on découvre de magnifiques peintures, enluminures et sculptures de la Haute Époque (Moyen-Âge, Renaissance et 17e siècle), du 19e (Delacroix, Manet, Gauguin, Rodin) et du 20e siècle (Chagall), mais aussi une très belle collection d’œuvres d’artistes impressionnistes, parmi lesquels Degas, Caillebotte, Pissarro, Sisley, Boudin… et surtout Claude Monet et Berthe Morisot. Le musée Marmottan Monet conserve et présente en effet le premier fonds mondial d’œuvres de ces deux peintres pionniers de l’Impressionnisme.
INFORMATIONS PRATIQUES
Quoi? “EN JEU! LES ARTISTES ET LE SPORT (1970-1930)”
Quand? Du 4 avril au 1er septembre 2024 Du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 21h Fermé au public le lundi
Oú? Musée Marmottan Monet - 2, rue Louis-Boilly, 75016 Paris
Combien ? Plein tarif: 14€ - Tarif réduit : 9€
Plus d’informations et billetterie sur le site du musée Marmottan
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