Suivez-moi dans le département des sculptures françaises du musée du Louvre, au rez-de-chaussée de l’aile Richelieu. Là, dans la section dédiée au gothique international, se trouve l’intrigant et mystérieux monument funéraire du tombeau de Philippe Pot, seigneur de La Roche-Pot, sénéchal du duc de Bourgogne puis chambellan du roi de France, mort en 1493.
Pourquoi est-il si surprenant? Il suffit d’observer les huit sculptures de pleurants ou «deuillants» qui semblent avancer en cortège devant nous. À l’image des figurines que l’on trouvait souvent en soubassement des tombeaux du Moyen-Âge, ces hommes encapuchonnés au réalisme frappant, et qui semblent accablés par la peine, soutiennent la dalle où se trouve le gisant, représenté ici avec son costume de chevalier.
Ce type de tombeau se multiplie au 15e siècle, alors que les princes, les seigneurs et même les grands bourgeois de l’époque se font construire des chapelles privées agrémentées d’autels et de monuments funéraires de plus en plus grandioses. Ces édifices sont réalisés dans un style qu’on appellera le style «gothique international», un courant artistique européen né à la limite du Moyen-Âge et de la Renaissance, et caractérisé par le travail élégant des courbes et la précision réaliste des détails.
Un mouvement dans lequel excellaient en particulier les sculpteurs bourguignons, portés par les commandes des riches ducs de Bourgogne. Dans cette région, comme pour le tombeau présenté au Louvre, les sculptures se distinguent par la complexité du travail des drapés et par l’expressivité des figures. Ainsi, l’expression tout en tristesse des deuillants de Philippe Pot ne peut que nous toucher. Sachez enfin que les blasons qu’ils portent sont ceux des ascendants du sénéchal: huit quartiers de noblesse qui doivent rappeler la noble lignée du défunt.
Jusqu’en 1791, et avant d’être intégré au Louvre par les révolutionnaires, le tombeau de Philippe Pot se trouvait dans l’abbaye de Cîteaux, à Saint-Nicolas-lès-Cîteaux en Bourgogne. C’est aujourd’hui un incontournable du musée, une œuvre aussi mystique qu’intrigante et qui ne peut que fasciner le visiteur.
Sources
Les carnets des Guides Bleus « le Louvre dévoilé » aux éditions Hachette
Le Guide Officiel du Louvre
Le cartel du musée
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