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LE CHÂTEAU DE MAISONS À MAISONS-LAFFITE

Suivez-moi aujourd’hui à la découverte du château de Maisons, situé dans la commune de Maisons-Laffitte, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Moins connu que ses cousins Vaux-le-Vicomte, Saint-Germain-en-Laye, la Malmaison ou bien sûr Versailles, ce château niché au nord-ouest de la région parisienne est pourtant digne d’un grand intérêt, tant d’un point de vue historique qu’architectural.


Car ici, architecture et histoire se confondent. Maisons est en effet le monument le mieux conservé réalisé par François Mansart, le célèbre architecte des rois Louis XIII et Louis XIV, et fondateur du style classique qui fera la renommée de la France du Grand Siècle du Roi Soleil.


Le château de Maisons est officiellement achevé en 1646, pour le plus grand bonheur de son commanditaire et propriétaire, René de Longueil (1596-1677), haut magistrat au Parlement de Paris, capitaine et gouverneur de Saint-Germain en Laye et de Versailles. Propriété de la famille de Longueil jusqu’en 1777, il est ensuite racheté par le comte d’Artois (1757-1836), troisième frère du roi Louis XVI (règne 1774-1792) et futur roi Charles X qui règnera entre 1824 et 1830, pendant la période de restauration (1815-30).

Sous le Premier Empire de Napoléon 1er (1804-1815), le château de Maisons sera attribué au maréchal d’Empire, Jean Lannes (1769-1809), duc de Montebello, avant d’être cédé au banquier Jacques Laffite (1767-1844) qui, endetté, sera contraint dès 1834 de lotir le parc en parcelles privées. Dès lors, le château perd une grande partie de la surface de son domaine. Se succèdent ensuite plusieurs propriétaires entre 1850 et 1905, quand l’État français rachète le château et son parc. Ouvert à la visite dès 1912, le château de Maisons est aujourd’hui reconnu comme l’un des chefs-d’œuvre du classicisme architectural français.


Avant de vous partager la visite que j’en ai faite, et que je vous recommande, je vous propose de vous raconter l’histoire de ce lieu de notre patrimoine et de ses résidents.


MAISONS : UNE HISTOIRE DU CLASSICISME FRANÇAIS


Commençons par un peu d’histoire. Celle du château de Maisons ne débute pas avec le bâtiment de François Mansart. En effet, le terrain appartient à une ancienne famille de la noblesse de robe parisienne, les de Longueil.


Point anecdote : différence entre noblesse de robe et noblesse d’épée.

Sous l’Ancien Régime, on distingue deux grandes catégories de nobles : une noblesse dite d’épée et une noblesse dite de robe.


La première, la noblesse d’épée, féodale et historique, s’appuie sur le temps long. Elle est acquise au cours de l’Histoire par des faits de chevalerie d’un ou plusieurs membres de la famille. Elle est aussi implicitement acquise par filiation avec les dynasties royales gouvernantes : princes de sang, ducs… C’est la plus ancienne des noblesses qui s’appuient sur les grandes familles de guerriers issues du Moyen-Âge. On pensait en effet que le courage et la bravoure étaient héréditaires et qu’ainsi, la descendance d’un chevalier courageux devait elle-aussi être anoblie. La noblesse d’épée tire la majeure partie de ses revenues des seigneuries et domaines qu’elle possède et dont elle a hérités à la campagne ou dans de petites villes de province. Enfin, il faut savoir que les nobles d’épée avaient peu de considération pour les nobles de robe qu’ils voyaient comme des arrivistes illégitimes, un peu à l’image des nouveaux riches critiqués par les grandes fortunes familiales d’aujourd’hui. On notera que les rois de France, Louis XIV le premier, éviteront de s’entourer de ministres issus de la noblesse d’épée, leurs compétences politiques n’étant que peu fiables, ni reconnues.


La seconde, la noblesse de robe, apparaît au 16e siècle lorsque le pouvoir royal développe une administration plus complexe et centralisée autour du roi. Souvent bien plus riche que la noblesse d’épée, elle est le lot de familles qui ont été anoblies par le pouvoir royal du fait de charges, appelées aussi les offices, attribuées ou achetées, et de services rendus. Les fonctions de ces bourgeois devenus nobles étaient souvent exercées dans la magistrature, ce qui donnera donc le nom de « noblesse de robe » (en référence à la robe qui habille les magistrats). C’est dans cette catégorie de la noblesse, instruite, cultivée et compétente, que les rois iront chercher leurs ministres, leurs conseillers ou leurs représentants en province, comme les intendants de police, de justice ou des finances. Contre une taxe payée à l’administration royale, cette noblesse de robe pouvait être héréditaire.


Au total, la noblesse représentait 2% seulement de la population de l’époque, et composait le deuxième ordre après le Clergé (ordre religieux) et avant le Tiers-État (le reste du peuple, du paysan au bourgeois, en passant par l’artisan et l’ouvrier). Qu’elle soit de robe ou d’épée, la noblesse comptait comme privilèges principaux des privilèges fiscaux qui l’exemptaient de la majorité des impôts que le reste de la population se devait de payer. Dès le 18e siècle, les nobles auront aussi la garantie de pouvoir occuper les postes importants dans le clergé comme au gouvernement, dans la marine ou dans les armées. Seule interdiction : ils ne doivent occuper aucun poste commercial ni industriel. Cependant, en fonction des besoins et des objectifs de l’État, cette interdiction a pu être levée ponctuellement, pour certains secteurs.



René de Longueuil

Revenons à la famille de Longueil. Elle est propriétaire de la seigneurie de Maisons sur Seine, en partie depuis 1460, et en totalité depuis 1602. Dès 1628, René de Longueil, conseiller à la Cour des aides de Paris et héritier du domaine, va imaginer des travaux pour améliorer le manoir familial et en faire une résidence de villégiature plus moderne. Pour information, sous l’Ancien régime, les cours des aides, qui ont existé de 1355 à 1791 à Paris comme en province, ont été créées au 14e siècle pour traiter les contentieux fiscaux. René de Longueil y travaille donc quand il hérite du domaine familial et qu’il devient seigneur de Maisons en 1629 à l’âge de 33 ans. Il est alors marié depuis 1623 à la fille du président de la cour des aides, Madeleine Boulenc de Crèvecoeur, avec laquelle il poursuit les travaux de son manoir et engage une modernisation des alentours de son domaine en faisant paver les routes, en construisant un pont pour passer la Seine ou encore en installant sur ses terres un moulin tout neuf.



Mais le destin va accélérer les transformations de Maisons. En effet, après avoir hérité de sa tante en 1629, Madeleine hérite de son oncle Nicolas Chevalier, président de la Cour des aides, en 1630. René de Longueil rachète la charge de président de son oncle par alliance, et le couple, très enrichi, va pouvoir revoir les plans de son domaine pour créer un véritable château. Il fait alors appel à l’architecte François Mansart.



Point biographie : qui est François Mansart ?

Né le 23 janvier 1598 à Paris, François Mansart est issu d’une famille d’artisans du bâtiment et de sculpteurs, une voie qu’il suivra également. A 25 ans, il se fait remarquer grâce à différents travaux dont celui pour la façade de l’église des Feuillants, à Paris, entre 1623 et 1625. Il se fait également connaître pour avoir construit, entre 1635 et 1638, une nouvelle aile au château de Blois pour le compte de Gaston d’Orléans (1608-1660), le frère du roi Louis XIII. Un nouveau bâtiment qui impressionne avec son style différent et sa façade monumentale, ornée de colonnes et de pilastres aux allures antiques d’ordres dorique, ionique et corinthien. Le corps du logis, encadré en symétrie par deux pavillons d’angle carrés, se distingue par son avant-corps légèrement en saillie. Le jeu des volumes et des sculptures, comme les portiques en arc-de-cercle, qui adoucissent les lignes droites de la façade, ajoutent à l’admiration que cette nouvelle construction provoque à l’époque.


Ce style que l’on qualifiera de classique, fera la réputation de François Mansart à qui René de Longueil fait ainsi appel pour son château de Maisons. Réalisé à la perfection, selon les dires de l’époque, Maisons permettra à l’architecte d’avoir accès à la Régente, la reine Anne d’Autriche, mère du roi Louis XIV encore mineur, et à son Premier Ministre, le cardinal Mazarin. Mansart se verra ainsi confié différents projets par le pouvoir royal, comme ceux pour l’église du Val-de-Grâce ou le Louvre -même si ces projets ne seront pas retenus. Il travaillera aussi pour le compte de clients privés, comme pour l’hôtel Carnavalet qu’il modernise en 1660-61, ou celui de Guénégaud en 1652 (l’actuel Musée de la Chasse & de la Nature).


En revanche, si le nom de Mansart est souvent lié à celui du château de Versailles, il faut savoir qu’il ne s’agit pourtant pas de François. En effet, François Mansart formera son neveu, Jules Hardouin (1646-1708), à l’architecture et au classicisme qui ont fait sa renommée. Accolant le nom de son oncle au sien pour mieux se faire connaître, Jules Hardouin-Mansart s’inspirera aussi de ses travaux. Après s’être fait remarquer en 1674 pour ses aménagements du château de Chantilly, propriété du cousin de Louis XIV, dès 1678, il est missionné par le roi pour prendre la suite de l’architecte Louis Le Vau (1612-1670) et ainsi remanier le château de Versailles et ses environs. Nommé premier architecte du roi en 1681, intendant général des Bâtiments du roi en 1685, il devient inspecteur général des Bâtiments du roi en 1691, après avoir réalisé le dôme des Invalides. Comme François son oncle, Jules Hardouin-Mansart continuera à développer le style classique qui fera le grandeur de l’architecture française du Grand Siècle, avec pour emblème le palais versaillais du Roi Soleil.



Revenons à Maisons. En 1636, Madeleine meurt prématurément, laissant René de Longueil veuf. Il décide alors de dédié son nouveau château à sa femme dont la fortune lui a permis de construire le bâtiment de ses rêves. On retrouve ainsi à de nombreux emplacements à l’extérieur et à l’intérieur du château les chiffres MB ou MBC, pour Madeleine Boulenc de Crèvecoeur, et ses emblèmes, les épis d’orge, souvent entrelacés des chiffres et emblèmes de René de Longueil, les initiales RL et les roses rouges et argent. On y trouve aussi des feuilles de lierre rappelant la fidélité de l’époux à sa défunte femme.


Lorsque François Mansart est mandaté par René de Longueil, un premier château est déjà en partie élevé. Dès 1640, l’architecte va s’attacher à le transformer et le finaliser. Le rendu final, daté de 1646, est somptueux. Charles Perrault dira alors que « le château de Maisons [..] est d’une beauté si singulière qu’il n’est point d’étranger qui ne l’aille voir comme une des plus belles choses que nous ayons en France ».


Concernant les espaces intérieurs, il sera reproché à Mansart d’avoir surtout utilisé pour les décors la sculpture au détriment de la peinture. On ne trouve des décors picturaux que dans les petits cabinets du rez-de-chaussée et de l’étage, tandis que les décors sculpturaux sont partout : d’après les dessins de Jacques Sarazin (1592-1660), Gilles Guérin (11611-1678) sculpte les reliefs du vestibule et les cheminées, Philippe de Buyster (1595-1688) sculpte les éléments de la façade et les putti (les angelots) de l’escalier, tandis que Gérard Van Opstal (1595-1668) finalise l’ensemble des embellissements. D’ailleurs, l’un des chefs-d’œuvre du château de Maisons est l’escalier sculpté qui, au-delà de ses superbes sculptures (rampes et putti) et de sa blancheur immaculée, est aussi très innovant. Sur les quatre travées, les deux dernières semblent suspendues, et le tout s’articule autour d’un vide central encore très rare à l’époque et qui donne de la légèreté à l’ensemble. Enfin, de sa base carrée, l’escalier monte pour se terminer sous une coupole ovale, démontrant une véritable maîtrise architecturale, et surtout tout le talent et l’ingéniosité de Mansart.


Dans le même temps, René de Longueil devient président du Parlement de Paris en 1642 puis gouverneur des châteaux de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles en 1645, avant d’être nommé surintendant des Finances. C’est alors qu’en avril 1651, il reçoit la régente Anne d’Autriche et son fils le jeune roi Louis XIV âgé de 12 ans pour une somptueuse collation dans son nouveau château. Mais à l’image de ce qui se passera pour le surintendant des Finances Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte 10 ans plus tard, la somptuosité de la réception est prise comme un affront à la puissance du roi, et René de Longueil est disgracié au mois de septembre suivant.


Exilé quatre ans en Normandie, René de Longueil ne retrouve la grâce royale qu’en 1658, date à laquelle il retrouve sa seigneurie de Maisons érigée en marquisat. C’est là qu’il décide de lancer de nouveaux travaux d’embellissement, mais aussi la construction de grandes écuries, et la création de trois accès à son domaine qu’il clos, le tout toujours sous la direction de François Mansart. A l’intérieur de son château, Longueil continue et termine les travaux du premier étage et de son grand appartement. Un appartement créé selon la nouvelle mode d’alors, à l’italienne, remplaçant les plafonds à la française, droit et à poutres peintes, par un plafond voûté, peint et doré. C’est à cette période que sont créés la Grande Salle de l’appartement, l’antichambre ou salon d’Hercule, et la chambre dite du Roi, comme le cabinet à l’italienne et le cabinet aux Miroirs.


Cependant, François Mansart décède le 23 septembre 1666. Il laisse la place à son neveu, Jules Hardouin-Mansart, qui continue l’œuvre de son oncle et commence ici véritablement sa carrière d’architecte ; une carrière qui, on le sait, le mènera au plus près du roi Louis XIV, avec des travaux aussi célèbres que ceux du château de Versailles ou du dôme des Invalides.


Le château de Maisons, quant à lui, est très vite considéré comme un véritable chef-d’œuvre architectural classique. René de Longueil meurt le 1er septembre 1677, mais le domaine, qui fait toujours l’admiration des voyageurs et des élèves en architecture, reste dans sa famille.


En 1777, le frère du roi Louis XVI (règne 1774-1792), le comte d’Artois et futur Charles X (règne 1824-1830), rachète le château. Il engage alors des réaménagements sous la direction de son architecte François-Joseph Bélanger (1744-1818) qui vient de réaliser pour lui le château de Bagatelle dans le Bois de Boulogne, et dont l’œuvre s’inscrit dans le nouveau style néoclassique à la mode à la fin du 18e siècle.


Point biographie : qui est Charles-Philippe de France, comte d’Artois ?

Charles-Philippe de France naît le 9 octobre 1757 au château de Versailles. Titré comte d’Artois, il est le 7e enfant du Dauphin de France et fils de Louis XV, Louis-Ferdinand de France (1729-1765), et son 5e et plus jeune fils. À la mort de ses deux frères ainés, c’est son frère Louis-Auguste, futur Louis XVI, qui doit devenir Dauphin et héritier du trône. Il le sera plus vite que prévu puisque son père meurt le 20 décembre 1765 alors que Louis XV, leur grand-père, règne toujours. Le 10 mai 1774, Louis XVI devient roi.


Promis à Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, il épouse finalement Marie-Thérèse de Savoie le 16 novembre 1773, afin de renforcer l’alliance entre la France et la Savoie. Ensemble ils auront quatre enfants : Louis-Antoine d’Artois (1775-1844), duc d’Angoulême, qui épousera après la Révolution la fille de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse de France ; Mademoiselle d’Artois (1776-1783) qui mourra jeune et n’aura pas de prénom car elle n’est pas encore baptisée le jour de son décès ; Charles-Ferdinand d’Artois (1778-1820), duc de Berry, le fils préféré ; et Mademoiselle d’Angoulême (6 janvier - 22 juin 1783) qui ne vivra que quelques mois et n’aura également pas de prénom.


Le comte d’Artois est très porche de sa belle-sœur Marie-Antoinette, et son attrait pour les jeux et son caractère affirmé en feront le trublion de la famille royale. Il sera d’ailleurs de toutes les fêtes, prendra part aux pièces de théâtre jouées par la petite cour de la reine, et dépensera sans compter.


Lorsque la révolution éclate, il est l’un des premiers à fuir la France dans la nuit du 16 au 17 juillet 1789, lançant le mouvement de l’émigration de la noblesse française. Réfugié à Turin, dans le Piémont, il s’emploie à convaincre les cours étrangères d’intervenir au secours de son pays et de son frère, jusqu’en juin 1791, où il retrouve en exil son deuxième frère, le comte de Provence, qui était resté avec Louis XVI jusqu’à la fuite manquée de la famille royale, rattrapée à Varennes le 20 juin 1791. Le comte d’Artois engage une série de voyages, de cours européennes en cours européennes, jusqu’en Angleterre où il tente d’opérer une contre-révolution avec une armée dite « armée des Princes », mais il est stoppé à Valmy le 20 septembre 1792.


Nommé Lieutenant-Général du Royaume en février 1793, il se rend en Russie pour solliciter l’aide de Catherine II, mais l’alliance Russie-Angleterre nécessaire ne prendra pas et les plans échouent, dont celui, en 1795, il d’un déparquement sur l’île d’Yeu en Vendée pour aider les royalistes en guerre avec les révolutionnaires. Finalement, en 1799, il s’installe à Londres où il restera jusqu’en 1814, de la fin de la Révolution jusqu’à la chute du Premier Empire de Napoléon 1er qui abdique en avril 1814.


Son deuxième frère, le comte de Provence, est alors appelé par le Sénat français à monter sur le trône de France sous le titre de roi Louis XVIII. C’est le début de la première période de Restauration qui voit le retour d’un roi à la tête du pays. Le comte d’Artois accompagne son frère qu’il a aidé dans la préparation de son retour en France, et devient Colonel Général des Gardes Nationales le 15 mai 1814. Mais Napoléon Bonaparte, exilé sur l’île d’Elbe au large de l’Italie, réussit à s’enfuir et à remonter depuis le sud de la France jusqu’à Paris où il reprend le pouvoir le 20 mars 1815. Ce nouveau règne, qu’on appellera la Période des Cent Jours, est de courte durée puisque l’ex-empereur est défait par les coalitions étrangères à Waterloo le 18 juin 1815. Il est alors contraint d’abdiquer le 22 juin, et le 8 juillet 1815, Louis XVIII remonte sur le trône alors que son ennemi, Bonaparte, est exilé par les Anglais sur l’île de Sainte-Hélène où il mourra le 5 mai 1821. La seconde période de Restauration s’ouvre ainsi en France.


Le 16 septembre 1824, Louis XVIII meurt, et c’est donc naturellement que son frère lui succède, sous le nom de Charles X. Contrairement à son frère, le 29 mai 1825, il décide d’organiser une cérémonie de sacre à Reims, comme la tradition d’Ancien Régime l’exigeait pour les nouveaux monarques. Ce sacre d’un autre temps surprendra l’opinion et marquera les prémices d’un règne effectivement nostalgique de la monarchie d’Ancien Régime. Alors que Louis XVIII avait ouvert la voie à une monarchie plus en phase avec l’héritage révolutionnaire, Charles X apparaît plus conservateur et désireux de revenir sur les acquis libéraux. Le nouveau roi, soutenu par les ultraroyalistes, va travailler à restaurer l’Ancien Régime et effacer la Révolution de 1789. Il prend alors une série de mesures autoritaires, parmi lesquelles: la limitation du droit de vote, l’indemnisation des nobles qui avaient émigré (mesure qu’on appellera le « milliard des émigrés »), ou encore par exemple, l’instauration d’une loi sur le Sacrilège afin de redonner à la France une identité et une morale toute chrétienne…


Finalement, après plusieurs dissolutions de la Chambre (assemblée), une alternance de ministères plus ou moins modérés et surtout plus ou moins compétents, d’ultimes élections ont lieu en juillet 1830, renforçant l’opposition libérale au régime monarchique de Charles X. Ce dernier, s’appuyant sur la Charte constitutionnelle qui régit la vie politique et juridique du pays, promulgue quatre ordonnances qui suspendent la liberté de la presse, dissolvent la Chambre nouvellement élue, modifient la loi électorale pour réduire le nombre de votants, et fixent de nouvelles élections au 6 et 13 septembre 1830.


Mais Paris se soulève et des combats ont lieu les 27, 28 et 29 juillet (trois journées qu’on appellera les Trois Glorieuses). Le 2 août 1830, replié au château de Rambouillet, Charles X abdique en faveur du duc de Bordeaux, son petit-fils. Cependant, la Chambre des députés ne l’entend pas ainsi, et le 7 août 1830, le trône est déclaré vacant. On porte alors à la tête du pays un autre roi descendant de la branche des Orléans, cousine de celle des Bourbon dont est issue Charles X : Louis-Philippe 1er, ancien duc d’Orléans, nommé roi des Français, et non plus Roi de France, pour montrer une certaine inclinaison vis-à-vis du peuple.


Charles X s’exile alors en Écosse à Holyrood, d’abord, puis à Prague, avant de finir sa vie à Görz, alors en Autriche mais aujourd’hui à la frontière italo-slovène (Gorizia), où il meurt d Choléra le 6 novembre 1836.


La Monarchie de Juillet de Louis-Philippe, instaurée le 9 août 1830, est renversée par une ultime révolution le 24 février 1848, conduisant à l’avènement de la IIe République dont le premier président ne sera autre que Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er. Un Bonaparte qui rétablira l’Empire en 1852 et qui prendra le nom de Napoléon III. Le Second Empire durera jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870, laissant définitivement place au régime républicain en France avec la IIIe République.


Revenons au château de Maisons. Le comte d’Artois, qui n’est alors pas encore Charles X, décide de créer dans sa nouvelle résidence un « appartement du repas » au rez-de-chaussée à droite du grand escalier. Établi en lieu et place d’un ancien appartement plus classique de cinq pièces, les nouveaux espaces accueillent désormais une salle des Buffets (où l’on prépare les mets et où l’on peut servir une collation aux invités), une somptueuse salle à manger agrémentée de magnifiques statues des quatre saisons exécutées par les grands sculpteurs de l’époque, Jean Joseph Foucou, Simon Louis Boizot, Clodion et Jean Antoine Houdon; et une salle des Jeux dite salle de Stuc car décorée de panneaux de stucs, et réalisée dans un style tout néoclassique. Notez que les travaux engagés ne seront en partie finalisés qu’au 19e siècle puisque le comte d’Artois a choisi de s’exiler en 1789, au début de la Révolution.


Pendant la Révolution, en 1792, le domaine est nationalisé et son mobilier comme ses objets sont vendus ou réservés pour les musées nationaux. Seule la beauté du site, son style architectural de haute qualité et sa proximité avec Paris sauveront le bâtiment de la destruction.


Après la Révolution française, et Napoléon étant arrivé au pouvoir, le domaine est acheté en 1804 par l’un des maréchaux d’Empire, le maréchal Jean Lannes, duc de Montebello (1769-1809). Ce dernier va respecter l’architecture de Mansart et de Bélanger en aménageant des décors néo-classiques. Au premier étage, il redécoupe les espaces de l’appartement situé à droite, alors composé d’une antichambre et d’une grande chambre ouverte vers le jardin, et appelé l’appartement des Aigles, en référence à une cheminée ornée d’aigles (aujourd’hui disparue). Il crée ainsi un couloir, une petite chambre, nommée aujourd’hui la chambre Laffite, puis il remeuble et redécore dans un style Empire la grande chambre d’angle dite chambre des Aigles, qu’il occupera ensuite.


Å sa mort prématurée le 22 mai 1809 durant la bataille d'Essling, sa veuve, la duchesse de Montebello conserve le château et ses terres jusqu’en 1818 où elle décide de les revendre à un riche banquier, l’homme politique Jacques Laffite (1767-1844). Gouverneur de la Banque de France en 1814, député libéral de 1816 à 1827, ministre puis président du Conseil de Louis-Philippe sous la Monarchie de Juillet, Jacques Laffitte va sauver le château d’une destruction possible, mais il va aussi réduire considérablement l’étendue du domaine, détruisant par exemple ses écuries du 17e siècle. En effet, en 1833, alors qu’il est en difficulté financière, il va décider de diviser le parc du château de Maisons en une multitude de lots qu’il va vendre pour bâtir des logements. Ce quartier, appelé alors la « Colonie de Maisons », deviendra Maisons-Laffitte en 1882, un nom que nous lui connaissons toujours aujourd’hui.

En 1850, la fille de Jacques Laffitte revend le château et ce qu’il reste du parc à un riche assureur, Thomas Colmar qui le cèdera, en 1877, au peintre russo-finlandais d’origines française et allemande, Vassili Tilmanovitch Grommé (1836-1900), aussi appelé Wilhelm Tilman Grommé, ou simplement Grommé.


En 1905, le domaine est de nouveau en vente, mais face aux spéculations qui pourraient marquer sa fin toute proche, le château et ses jardins sont acquis par l’État qui, après travaux, l’ouvre au public en 1912 et en fait un département annexe des Sculptures du musée du Louvre. Restauré et redessiné en 1956, le jardin reprend une partie des tracés originaux. Concernant le château, si les meuble et les tableaux qui le décorent ne sont pas d’origine (ou très peu), ils tendent à évoquer la splendeur des aménagements apportés par les différents propriétaires prestigieux qui l’ont habité.

Maintenant que vous connaissez l’histoire du château de Maisons, je vous invite à me suivre dans la visite que j’en ai faite et à en découvrir son architecture et ses décors.

LE CHÂTEAU DE MAISONS : VISITE GUIDÉE


Par la symétrie de son architecture et la structure de ses volumes, le château de Maisons laisse présager le style classique français qui fera la splendeur des châteaux de Vaux-le-Vicomte et Versailles.


Commençons la visite par la façade que l’on découvre à mesure que l’on s’avance, après avoir franchi un portail en fer forgé redoré, réalisé au 17e siècle pour le château de Mailly-Raineval et installé ici par le peintre Grommé.

Si les toitures hautes et en ardoises relèvent de la tradition architecturale française, les innovations apportées par Mansart vont faire du château de Maisons un bâtiment d’un style nouveau pour l’époque. Auparavant, le corps principal du logis était plus haut que les corps latéraux. Å Maisons, la composition pyramidante présente des nivellements gradués. Le corps central est composé de deux étages, tandis qu’au-devant, un grand avant-corps s’élève sur trois étages, et que les ailes latérales, d’une hauteur de deux étages, se terminent par deux pavillons en rez-de-chaussée couvert par une terrasse.


Par ailleurs, pour finir l’ornementation de sa façade aux multiples volumes, Mansart va y intégrer des pilastres et des colonnes issus de trois ordres classiques différents: l’ordre dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier étage et corinthien au dernier. C’est aussi sur l’avant-corps que se concentre les principaux décors : sculptures, bas-reliefs… on remarque d’ailleurs sur le frontispice deux visages gravés dans des médaillons. Il s’agit de René de Longueil et son épouse Madeleine Boulenc de Crèvecœur.


Point anecdote : Quels sont les ordres de l’architecture classique ?

Les cinq ordres définis au 16e siècle par l’architecte bolonais Sebastiano Serlio, après étude de l’architecture et des décors de l’antiquité romaine, proposent un ensemble de formes et de proportions spécifiques pour les colonnes et leur entablement – l’entablement étant la partie horizontale qui couronne les colonnes, composée de l’architrave (partie inférieure), de la frise (au centre), nue ou ornée, et de la corniche moulurée (partie supérieure).


Les cinq ordres reprennent alors les proportions idéales du corps humains de l’époque :

  • Les ordres toscan et doriques sont plutôt bruts, trapus comme le corps d’un homme. Si l’ordre toscan ne présente aucun ornement, le dorique propose une frise ornée de triglyphes (éléments verticaux cannelés) et de métopes (espace carré entre deux triglyphes) qui peuvent être sculptés.

  • L’ordre ionique présente des proportions moyennes et voluptueuses, à l’image du corps de la femme, avec un chapiteau aux volutes enroulées.

  • Les ordres corinthien et composite s’imposent avec plus de décors, et se veulent gracieux comme un corps de jeune fille. Si ces deux ordres présentent des chapiteaux ornés de feuilles d’acanthe, l’ordre composite est, lui, enrichi de volutes.

Après avoir bien admiré la façade, je vous propose d’entrer dans le château.

Nous n’entrons pas par le vestibule d’Honneur comme le faisait les invités, mais par l’aile gauche du château, qui nous mène à ce qu’on appelle l’appartement des Captifs, et qui n’est autre que l’appartement bas de René de Longueil, autrement dit son appartement personnel.


Cet appartement des Captifs doit son nom à la cheminée sculptée de captifs ou esclaves qui se trouvent dans l’une des cinq pièces qui le composent. Commençons par la première : la chambre des Commodités. C’était la chambre où l’on couchait, plus intime donc, par opposition à la chambre des Captifs, d’apparat, où l’on recevait. Aujourd’hui, on la nomme la salle des estampes puisqu’y sont présenté des dessins, gravures et maquettes relatant l’évolution du château. Les décors d’origine n’y sont plus.

Dans un renfoncement de la chambre des Commodités se trouve une petite pièce annexe : le cabinet de Travail. Autrefois garde-robe, elle devient vite un lieu de travail et d’étude pour René de Longueil, comme en témoigne le plafond à caissons dont les peintures représentent les vertus d’un haut magistrat : Connaissance, Sagesse, Honneur et Clémence.


Pénétrons maintenant dans les pièces d’apparat de l’appartement bas de René de Longueil, en commençant par l’antichambre. Å l’époque tendue de tapisseries et meublée d’une table, de coffres et de sièges, elle devient ensuite salle de Billard au 18e siècle. On y voit aujourd’hui les portraits des grands propriétaires du château, et on peut y observer le magnifique billard de Louis-Philippe réalisé par l’ébéniste Cosson. Les décors en trompe-l’œil et les colonnes ioniques datent des réaménagements du maréchal Lannes au début du 19e siècle.

Le tour de l’appartement se termine enfin par la très belle chambre des Captifs. Elle doit son nom aux deux prisonniers sculptés sur la grande cheminée décorée à l’antique. Situés au-dessus d’un bas-relief composé de trophées d’armes, ces captifs encadrent le portrait du roi Louis XIII qui apparaît ici en vainqueur. Il s’agit de rendre gloire au monarque qui a remporté la victoire de Rocroi le 19 mai 1643 sur les armées espagnoles -en réalité, il s’agit d’une victoire posthume puisque Louis XIII est mort cinq jours avant. Dans cette pièce, plus de traces du lit ni du mobilier d’époque. On y trouve en revanche de superbes peintures comme Les Cascatelles à Tivoli, un paysage de cascades réalisé par Hubert Robert (1779), et l’Éruption du Vésuve par le chevalier Volaire (1774).


Après l’appartement bas de René de Longueil, nous retraversons l’antichambre, pour gagner ce qu’on appelle le second Vestibule. Lorsque les invités arrivaient par le vestibule d’Honneur attenant, ils pouvaient soit se diriger vers les appartements de réceptions, soit gagner l’appartement Bas de René de Longueil. Pour cela, ils devaient passer par le second Vestibule qui se situait alors juste en amont de l’antichambre où ils devaient attendre d’être reçus. Å l’origine, cette pièce, dont le plafond est voûté en « arc de cloître », était vide. Au 18e siècle, on y ajoute des bustes d’empereurs romains sur des consoles, puis des tableaux peints en 1787 par Nicolas-Alexandre Monsiau : Alexandre domptant Bucéphale, qui va inspirer le célèbre tableau Napoléon traversant les Alpes au col du Grand Saint-Bernard réalisé par Jacques-Louis David entre 1800 et 1803 ; et Vénus secourant Énée. On peut toujours observer cet aménagement aujourd’hui.


Pénétrons maintenant dans l’impressionnant vestibule d’Honneur. Très haut de plafond, d’un blanc immaculé, il est magnifique avec son sol dallé de pierre noire et banche. On imagine alors qu’il devait impressionner les visiteurs de René de Longueil. Auparavant, peu de châteaux possédaient un vestibule. On entrait directement par la cage d’escalier. Cette nouveauté inspirée des palais italiens apparaît en France dès les années 1630, mais en créant à Maisons un vestibule vaste et monumental, Mansart lance cette mode qui va se répandre. Ce vestibule d’Honneur était originellement fermé par des grilles en fer forgé, donc ouvert à l’air libre. Elles ont été enlevées après la Révolution, en 1797, pour être installées eu Louvre, à l’entrée de la galerie d’Apollon et au premier étage du pavillon de l’Horloge.

Tout ici rend hommage à René Longueil et son épouse. Les huit colonnes doriques, fuselées, cannelées et rudentées, inspirées du palais des Tuileries, présentent les symboles des propriétaires : les chiffres LO (Longueuil= Long Œil) et MB (Madeleine Boulenc), mais aussi le lierre de la fidélité du couple, la rose héraldique de René de Longueil (héraldique: relatif aux armoiries) ou encore les épis d’orge, emblèmes de Madeleine. Les aigles placés aux quatre coins de la pièce font également référence au patronyme du propriétaire : Longueil – Long Œil, l’aigle étant réputé pour sa vue perçante. Enfin, les bas-reliefs sculptés par Gilles Guérin d’après les dessins de Jacques Sarazin qui ornent les quatre dessus de porte représentent les quatre éléments : la Terre (Cybèle), placée vers le parc, l’Eau (Neptune) vers la Seine, l’Air (Junon avec son paon), et le Feu (Jupiter avec l’aigle).


Après avoir profité des décors du vestibule d’Honneur, dirigeons-nous vers le Grand Escalier. Sa structure dite « suspendue » est novatrice pour l’époque. Bien qu’il ne soit pas le premier élevé sur le même principe par Mansart, l’escalier de Maisons va influencer les architectes de l’époque et lancer la mode des escaliers suspendus encore rares jusque dans les années 1640. Pourquoi suspendu? Ce type d’escaliers n’est en effet pas construit autour d’un pignon central autour duquel il tourne, mais il présente plusieurs volées qui s’articulent autour d’un vide central. Une véritable prouesse technique qui impressionne alors puisque les volées semblent suspendues dans les airs. À Maisons, les deux premières volées s’appuient sur un mur, mais les deux dernières s’élèvent sans soutien apparent, provoquant un effet de légèreté. La cage d’escalier, carrée à sa base, se transforme en une coupole ovale à l’étage, elle-même couverte par une petite coupole circulaire, le tout donnant un effet ascensionnel remarquable. Si le bas de l’escalier est plutôt dénué de décors, plus on grimpe, et plus les sculptures se dévoilent : pilastres ioniques, entrelacs, et enfin quatre groupes d’enfants et putti (angelots) dessinés par Jacques Sarazin et sculptés par Philippe de Buyster.

Le Grand Escalier nous conduit alors au premier étage. Nous nous dirigeons sur notre gauche vers l’appartement d’apparat, dit aussi l’appartement du Roi, nommé plus tard l’appartement à l’italienne, à cause de ses nombreuses voûtes et coupoles inspirées des palais italiens qui vont remplacer, en 1655-1658, les anciens plafonds à caissons et à poutres peintes et dorées à la française, alors démodés. Notez que le deuxième étage sera rendu quasiment inexploitable, empiété par ce système de voûtes, à l’image de ce qui sera fait pour la galerie des Glaces du château de Versailles.


Depuis le palier, nous pénétrons ainsi dans une première salle immense, impressionnante par son volume comme par ses décors peints en trompe-l’œil, ses tableaux surdimensionnés, ses grands miroirs ou son parquet et ses lustres : la Grande Salle. Si à l’origine, les murs accueillaient des tapisseries, on trouve aujourd’hui six grands paysages d’Italie représentant la baie de Naples et celle de Gênes, commandés par Jacques Laffite en 1820 et peints par Jean Victor Bertin (à droite) et Jean François Xavier Bidault (à gauche).

Au 17e siècle, on trouvait ici une grande table et de nombreuses assises pour les banquets, mais on pouvait aussi y organiser des bals et concerts, comme en témoigne la tribune réservée aux musiciens que l’on aperçoit au-dessus de l’entrée. Sous cette tribune, et au-dessus du grand miroir qui double visuellement la galerie, on remarque les aigles héraldiques de René de Longueil. A l’autre extrémité de la pièce, une grande arcade à balustrade, inspirée des arcs de triomphe antiques, ouvre sur le salon d’Hercule qui sert alors d’antichambre à la chambre du Roi attenante.


L’antichambre du Roi ou salon d’Hercule doit son nom à la cheminée qui s’y trouvait et sur laquelle était représenté Hercule triomphant de l’Hydre, allégorie du roi Louis XIV vainqueur de la Fronde.


Point Histoire : qu’est-ce que la Fronde ?

La Fronde est une période de troubles au début de règne du jeune Louis XIV, qui s’étend de ses 5 ans en 1643 à ses 15 ans en 1653 : le parlement, puis certains princes et une partie de la noblesse, ont profité de la minorité du Roi et de la Régence d’Anne d’Autriche (sa mère) et du Cardinal Mazarin (principal ministre d’état, conseiller et parrain du roi) pour se rebeller contre le pouvoir royal et tenter de l’affaiblir. Le jeune roi va vivre cette période en totale insécurité, se réfugiant de château en château pour se protéger.

Sur la cheminée du salon d’Hercule, on peut aujourd’hui observer le célèbre portrait du Roi Soleil en costume de sacre peint par Hyacinthe Rigaud. La richesse des sculptures de Gilles Guérin, avec, au-dessus de la cheminée les aigles de René de Longueil portant ses armoiries, sur les côtés les deux figures de femmes, et en bas des cornes d’abondance, démontrent l’importance du propriétaire des lieux.


Nous poursuivons alors la visite par la chambre du Roi, dite aussi chambre à l’Italienne à cause de son plafond à calotte. Même si Louis XIV n’y aurait dormi qu’en 1651, accompagné de sa mère Anne d’Autriche, la présence d’une telle chambre royale au château de Maisons souligne le statut social de René de Longueil, devenu marquis en 1658. Sur les boiseries, on retrouve enlacés les chiffres de René de Longueil et de sa femme Madeleine Boulenc. Cette pièce est construite par Mansart comme un théâtre, la scène étant le lit, dans son alcôve elle-même encadrée de deux pilastres. Le mobilier que l’on voit aujourd’hui n’est pas celui d’origine, mais il est d’époque Louis XIV, sauf l’armoire de style Boulle qui date, elle, du Second Empire. Sur le côté de l’alcôve, une porte ouvre sur une garde-robe que l’on ne peut visiter.