Je vous emmène aujourd’hui dans un lieu tout juste rénové en 2021 et que je vous recommande à la visite : l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde à Paris.
Mais au-delà de la beauté de l’édifice, saviez-vous que cet ancien Garde-Meuble des rois Louis XV et Louis XVI a été le lieu du vol du millénaire pendant la Révolution ?
Dans les nuits du 11 au 16 septembre 1792, les bijoux de la Couronne qui y étaient gardés vont être dérobés sans que les gardiens ne s’en aperçoivent !
Rappelons le contexte. 1792 est une année charnière de la Révolution.
La Monarchie est tombée le 10 août après l’invasion des Tuileries, et quelques jours après, du 2 au 6 septembre, des massacres ont lieux dans plusieurs prisons de France : convaincus par les rumeurs de complots antirévolutionnaires qui se fomenteraient depuis les prisons, et craignant les invasions étrangères, des sans-culottes, encouragés par des personnalités révolutionnaires comme Marat, vont envahir les prisons à Paris (l’Abbaye à Saint-Germain-des-Prés, celle de la Force, la Conciergerie), et en Province comme à Lyon. Après un simulacre de jugement fait par un pseudo tribunal du peuple, plus de 1 100 suspects, essentiellement des aristocrates et des prêtres, mais aussi des prisonniers ordinaires, seront tués dans leurs cellules. Parmi eux, Thierry de Ville-d’Avrfay, le dernier intendant du Garde-Meuble du Roi.
Le climat est donc tendu et incertain en cette fin d’été 1792, et déjà, les gardiens du Garde-Meuble craignaient pour la sécurité du mobilier et des objets royaux qui s’y trouvent, mais aussi et surtout pour les bijoux de la Couronne conservés dans les salons d’honneur. On y recense plus de 10 000 pierres parmi lesquelles le Grand Saphir de Louis XIV, le Bleu de France, le diamant le Sancy, et le diamant le Régent.
Mal gardé, isolé au bout de la ville, le Garde-Meuble est une cible idéale pour les cambrioleurs : les salons d’honneurs, au 1er étage, sont fermés sous scellé et aucune ronde n’y passe plus. Le vol paraît donc facile : Il suffit de monter sur la loggia grâce à un réverbère, de forcer une fenêtre (le trou est d’ailleurs toujours visible sur un volet) et le tour est joué ! Ce sera chose faite durant quatre nuits du 11 au 16 septembre par une bande dirigée par un repris de justice, Paul Miette, assistée d’un autre groupe, les « Rouennais » menés par Cadet Guillot dit Lordonner.
A force de se venter, les pillards seront pour la plupart arrêtés la dernière nuit.
27 d’entre eux seront jugés, peu seront condamnés (Miette sera même acquitté), mais 8 seront quand même guillotinés.
Finalement, on va s’interroger face à un crime facilement mené et parfois incohérent. En effet, les serrures des armoires n’ont pas été forcées, et il paraît étrange que les gardes n’aient rien vu quatre soirs de suite. On dit que les 40 malfrats auraient eu des complices. Certains pensent aux gardiens eux-mêmes. D’autres, comme Marat, accuseront les aristocrates et la Reine Marie-Antoinette elle-même (alors en prison). Même Danton sera suspecté : on dit qu’il aurait soudoyé les Prusses en offrant les joyaux au duc de Brunswick pour qu’il se retire à Valmy face à l’armée révolutionnaire le 20 septembre.
Les ¾ des bijoux seront retrouvés dont le Régent et le Sancy (visibles dans la Galerie d’Apollon du Louvre) ; le Grand Saphir (Galerie de Minéralogie du Musée d’Histoire Naturelle à Paris) ; le Bleu de France connu comme le diamant Hope réapparu quelques années plus tard en Angleterre (Pour information, c’est ce diamant qui inspirera le Cœur de l’Océan du film Titanic).
Pour en savoir plus, rendez-vous à l’Hôtel de la Marine !
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