Il y a 230 ans jour pour jour, le 21 janvier 1793 à 10h22, l’ex-roi de France Louis XVI mourrait guillotiné place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Mais comment en est-on arrivé à la mort du roi de France et à la chute de la Monarchie Française, vieille de plus d’un millénaire à l’époque ?
Il ne s’agit pas, ici d’entrer dans les détails et la complexité politique de l’Histoire, mais je vais tenter de vous donner les grandes lignes qui conduiront Louis XVI à l’échafaud, et la France à proclamer la république.
Né le 23 août 1754 au château de Versailles, Louis-Auguste de France, duc de Berry, monte sur le trône et prend le nom de Louis XVI le 10 mai 1774, à la mort de son grand-père Louis XV. Il n’a alors que 19 ans, il est (trop) jeune, et il n’a surtout que très peu été préparé à régner.
En effet, il n’est que le 3e fils de Louis-Ferdinand (1729-1765), fils de Louis XV et Dauphin de France, et de sa seconde épouse, Marie-Joseph de Saxe (1731-67). En cela, il a devant lui, sur la liste des successeurs au trône de France, ses deux frères aînés, les ducs de Bourgogne et d’Aquitaine. Mais un enchaînement d’événements va conduire ce jeune fils de France à la couronne. La mort de ses frères, Xavier, le cadet, en 1754, puis Louis, l’aîné, en 1761, font d’abord de Louis-Auguste le nouveau Dauphin de France. Le décès de son père à Fontainebleau, le 20 décembre 1765, va ensuite le propulser du jour au lendemain en première ligne de la succession au trône, juste derrière son grand-père, le roi Louis XV. Le jeune dauphin n’a alors que 11 ans.
Elève studieux, il est d’un caractère timide et très réservé, un caractère qui le pénalisera plus tard lorsqu’il sera au pouvoir. Marié à l’archiduchesse d’Autriche, la jeune Marie-Antoinette, le 16 mai 1770, il monte sur le trône le 10 mai 1774.
Sacré Roi de France à Reims le 11 juin 1775, Louis XVI ne sera pas adepte de la vie de cour. Il préfèrera étudier la chimie, la physique ou encore la mécanique et l’horlogerie dans les espaces intimes de ses petits appartements de Versailles, plutôt que de vivre la vie d’apparat et de parader dans les grandes cérémonies publiques imposées par l’étiquette royale.
S’il est sincèrement dévoué à son peuple et son pays, Louis XVI n’arrivera pas à empêcher la chute de la Monarchie dans un pays gagné par un vent révolutionnaire qui souffle sur cette société de la fin du 18e siècle. Une société en pleine transformation, emmenée par les idées des Lumières qui se sont répandues en France dès la moitié du règne de Louis XV, et qui prônent un certain humanisme et une certaine égalité des hommes, mais aussi et surtout la fin des castes sociales et des privilèges d’Ancien Régime.
Ajoutez à cela des tensions liées aux difficultés économiques du pays, comme l’impossibilité pour les différents ministères successifs de relever les finances d’un royaume en faillite ; ou encore l’image abîmée d’une cour de France dépensière, en dehors des réalités, et apparaissant comme méprisante du peuple, et vous comprendrez que de la révolte à la révolution, il n’y avait qu’un pas.
De la Révolution à la fin de la Monarchie
Depuis le début de son règne, Louis XVI tente de réformer le pays qui s’endette. Un déficit qui s’aggrave avec l’intervention française dans la guerre d’indépendance des États-Unis contre la couronne anglaise dans laquelle le Royaume de France s’est engagé à la fin des années 1770 (pour rappel, la paix est signée le 3 septembre 1783 à Paris).
Plusieurs ministres des finances se succèdent alors pour redresser le pays : le populaire Jacques Necker tout d’abord, puis Charles-Alexandre de Calonne. Tous deux s’attaquent aux privilèges et souhaitent refondre la fiscalité de manière plus uniforme et égalitaire. Les notables et les nobles s’opposent bien sûr à cette réforme dès 1783, et elle doit être abandonnée.
En 1787, le Principal Ministre d’Etat (notre Premier Ministre actuel), Loménie de Brienne, tente aussi sa chance en réformant le cadre fiscal mais aussi judiciaire. Mais le Parlement de Paris, qui siège dans le Palais de la Cité, au-dessus de la Conciergerie, et que Louis XVI avait fait l’erreur de rappeler en 1774, invalide ces réformes ; et le 5 mai 1788, les parlementaires vont même aller jusqu’à s’insurger contre une proposition de réforme de la justice.
Cependant, nous sommes toujours dans une monarchie absolue, et le Roi va ainsi user de son pouvoir pour imposer les réformes qu’il souhaite. Il va également ordonner l’arrestation par la garde royale de certains parlementaires à Paris mais aussi en Province, comme à Grenoble ou Troyes par exemple. Mais ces arrestations vont mener à plusieurs manifestations populaires, notamment à Paris, le 2 août 1788 place Dauphine, près du Pont Neuf, où une partie du peuple se rassemble, inquiet du contrôle de la justice par le pouvoir royal.
Dans ce contexte, et alors que les trois ordres qui composent la nation -la Noblesse, le Clergé et le Tiers-Etat- s’opposent aux réformes de l’impôt qu’il propose, Louis XVI est contraint de convoquer les États Généraux qui s’ouvrent le 4 mai 1789 à Versailles. Il s’agit avant tout, ici, de trouver une solution pour sauver les finances du royaume.
Ce qu’il est important de comprendre, c’est qu’à ce moment-là, toutes les couches de la société demandent un changement économique ou social, mais on est encore loin de l’idée, ou de la volonté de mettre fin au système monarchique. Cependant, des inégalités politiques et des conflits pendant la tenue des Etats Généraux vont peser dans la tournure que vont prendre les événements, et mener progressivement à la Révolution.
En effet, les députés du Tiers-Etat (l’ordre qui représente le peuple) sont les plus nombreux, mais le vote par « ordre » et non par « tête » les empêche de peser face au Clergé et à la Noblesse qui s’opposent systématiquement à leurs propositions.
Par ailleurs, chaque ordre à l’habitude de siéger et de débattre séparément. Ainsi, très vite, le Tiers-Etats va proposer de rassembler les députés en une «Assemblée Commune» afin de pouvoir, d’une part, vérifier les pouvoirs de chaque députés et la légitimité de chacun à siéger aux Etats Généraux ; mais aussi pour tenter de concevoir un mode de vote plus juste et égalitaire, avant de continuer les débats. Face à ces requêtes, vous vous en doutez, le Clergé dans sa majorité, et la Noblesse dans sa totalité, vont refuser ces propositions qui doivent conduire à l’équité des votes et qui leur feraient perdre leur position privilégiée.
Cependant, les députés du Tiers-Etats n’en restent pas là ; et le 15 juin 1789, ils valident entre eux une mention proposée par le député Emmanuel-Joseph Sieyès : avant tout rassemblement des trois ordres et avant toute prise de décision, il demande à valider désormais la légitimité de chaque député, afin qu’il soit bien déclaré comme représentant « connu et vérifié » de la nation française.
Le 17 juin 1789, devant la non-réaction du Clergé et de la Noblesse face à leur proposition, les députés du Tiers-Etats, qui sont réunis dans la salle du Jeu de Paume, toujours à Versailles, choisissent de prendre les devants et d’avancer seuls. Ils décident alors de se proclamer en assemblée délibérante représentative du peuple ; ils prennent le nom « d’Assemblée Nationale », et le 20 juin, font le serment de donner une constitution à la France pour fixer le rôle de chaque pouvoir. C’est le fameux serment du Jeu de Paume.
Apprenant la nouvelle, Louis XVI décide d’envoyer sa garde pour exiger l’évacuation de la salle du Jeu de Paume, mais les députés vont rester immobiles et impassibles. Ils vont alors jurer unanimement de ne pas se séparer tant que la France n’aura pas de Constitution solide. Mirabeau sort alors sa célèbre phrase aux gardes royaux : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. ». L’Assemblée Nationale constituante s’impose alors en contre-poids du pouvoir royal, et c’est là, en fin de compte, le véritable début de la Révolution.
Tout au long de 1789 vont s’alterner les révoltes populaires, les manifestations de ceux qu’on appelle les « sans-Culottes », et les réformes législatives. Le 12 juillet, le renvoie du ministre des finances Jacques Necker, populaire pour n’avoir pas voulu augmenter l’impôt, va aviver la fureur du peuple de Paris déjà en colère face à l’augmentation du prix du pain.
En parallèle de ces mouvements populaires, afin de calmer les esprits, Jacques de Flesselles, le Prévot des Marchands de Paris (l’ancêtre de notre maire si vous voulez) décide de créer des milices pour soutenir et défendre l’Assemblée Nationale. Ces milices porteront une cocarde pour se distinguer : c’est la célèbre cocarde tricolore que vous connaissez.
Avançons de quelques jours. Nous sommes maintenant le 14 juillet. Pour armer les milices, le peuple se rend aux Invalides pour récupérer des armes. Il se dirige ensuite vers la prison de la Bastille où seraient entreposés de la poudre et des canons. Après des négociations échouées, des tirs sont échangés, des émeutiers sont tués, et le peuple va alors tenter de forcer les portes. Le gouverneur de la Bastille, de Launay, va finalement accepter d’ouvrir en promesse de non-agression de la part des émeutiers. Ces derniers entrent, prennent les armes et libères les quelques 7 prisonniers qui s'y trouvent encore. Ils tuent de Launay et de Flesselle, accusé lui de traitrise, dont ils promènent les têtes sur une pique.
Le soir même, on réveille Louis XVI pour lui apprendre la nouvelle. Il pose alors sa célèbre question au duc de La Rochefoucauld-Liancourt: « Mais, c’est une révolte ? », ce à quoi on lui répond: « non, Sire, c’est une Révolution ! ».
Trois jours après, le 17 juillet, Louis XVI se rend à l’Hôtel de Ville rencontrer le nouveau maire Bailly. Il risque sa peau et il le sait. Il est accueilli par une haie de gardes nationaux et non royaux qui crient « Vive la Nation ! » au lieu de « Vive le Roi ! ». Lafayette remet à Louis XVI la nouvelle cocarde tricolore. On raconte qu’il aurait dit au Roi que le blanc, couleur des Bourbons, avait été ajouté en son honneur. Certainement un moyen de faire accepter le port de la cocarde au Roi.
Louis XVI reconnait alors timidement -mais avait-il le choix ?- la nomination de Bailly comme maire de Paris et la formation d’une Garde Nationale, et non plus royale, dirigée par le Général Lafayette.
Avançons encore un peu dans l’histoire de la Révolution. Nous sommes désormais le 4 août 1789. Ce jour-là, l’Assemblée Nationale vote l’abolition des privilèges, et le 26 août suivant, elle proclame la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Par ces votes, c’est donc la fin de la société d’ordres qui structurait la France depuis le Moyen-Âge.
Le 5 octobre de la même année, une foule de femmes, rejointe par des hommes, quittent Paris pour Versailles. Cette masse populaire réclame du pain et le retour de la famille royale à Paris. Elle exige aussi la ratification par le roi de décrets concernant la Constitution et la Déclaration des Droits de l’Homme. Une délégation est alors reçue par Louis XVI qui promet du pain et signe les décrets. Il demande la nuit pour réfléchir au retour à Paris. Il est alors protégé par la garde nationale commandée par le Général Lafayette.
Le matin du 6 octobre vers 5h, des manifestants virulents lancent l’assaut sur le palais. Des gardes royaux sont tués dans l’escalier de la Reine, la panique envahit les membres de la famille royale, notamment Marie-Antoinette et ses enfants, mais les esprits se calment à l’arrivée de Lafayette. Cependant, la famille royale n’a plus le choix, est contrainte de quitter Versailles et de rejoindre le Palais des Tuileries à Paris, et il faut savoir qu’à partir de cette date, Louis XVI comme Marie-Antoinette ne reverront plus jamais Versailles.
Ces journées des 5 & 6 octobre 1789 sont cruciales. En effet, le pouvoir politique bascule à ce moment-là de Versailles vers Paris, et la Déclaration des Droits de l’Homme, comme la Constitution, sont ratifiées par Louis XVI.
A partir de la fin 1789, la famille royale vit au Palais des Tuileries et tente de reproduire un semblant de cour malgré la surveillance de tous les instants dont elle fait l’objet.
Rendons-nous maintenant au 20 juin 1791. Ce jour-là, après une fuite avortée pour rejoindre l’étranger, la famille royale est rattrapée à Varennes en Lorraine. L’image du Roi va être sérieusement et durablement ternie, et la relation de confiance avec le peuple est rompue.
Le 17 juillet 1791, alors que des républicains réunis sur le Champs de Mars, à Paris, réclament la destitution de Louis XVI, la Garde Nationale commandée par le Général Lafayette, dépassée par les événements, va commettre l’erreur de tirer sur la foule. C’est ce qu’on appellera ensuite le « Massacre du Champs de Mars ». L’image de ceux qui sont encore proches du pouvoir royal est une fois de plus sévèrement écorchée.
Quelques mois après, le 1er octobre 1791, une Constitution va instaurer une Monarchie Constitutionnelle. Le Roi conserve ainsi son droit de veto face aux lois de l’Assemblée, un droit dont il va malheureusement user bien trop souvent, ce qui lui donnera, de la part des révolutionnaires, le surnom de Monsieur Veto. Finalement, ce nouveau régime qui aurait pu sauver la monarchie sera un échec.
Par ailleurs, alors que l’Autriche et la Prusse appellent à une alliance contre la France révolutionnaire, l’Assemblée, et donc la France, déclare la guerre à l’Autriche le 20 avril 1792, puis à la Prusse fin mai. La famille royale et notamment Marie-Antoinette, d’origine autrichienne, est accusée de trahison et on lui prête l’intention de vouloir s’allier aux pays ennemis en leur fournissant des informations.
Le 10 août 1792, à l’instigation de l’avocat Danton notamment, la révolution se radicalise et le peuple de Paris va envahir le Palais des Tuileries. Face à la foule, le Roi va ordonner à sa garde de ne pas tirer sur le peuple. Mais devant le chaos, les gardes vont finalement tirer.
C’est un massacre, et le soir même, l’Assemblée va voter la déchéance du roi. Dans la foulée, le 13 août, la famille royale est arrêtée et enfermée à la prison du Temple. C’est alors la chute de la Monarchie et la fin de la société d’Ancien Régime.
Le 21 septembre 1792, la Convention Nationale qui a été élue pour rédiger la première constitution républicaine, va proclamer la Première République Française. On décide d’organiser un procès pour juger l’ex-roi Louis XVI, qu’on ne nomme plus que Louis Capet.
Ce dernier va ainsi être jugé entre le 10 et le 26 décembre 1792, et le verdict tombe le 20 janvier 1793: accusé de haute trahison, l’ex roi de France est condamné à mourir sur l’échafaud le lendemain. Une condamnation à mort qui a été votée à 387 voix contre 320.
Au matin du dimanche 21 janvier 1793, l’adjudant général de Santerre vient chercher Louis XVI qui attend, digne et résigné, dans sa cellule de la prison du Temple. Depuis le 11 décembre, il y était incarcéré seul, séparé de sa femme, de ses enfants et de sa sœur, Madame Elisabeth. Il a eu le droit, la veille, de faire des adieux déchirants à sa famille.
L’ex-roi est ainsi emmené dans le carrosse du maire de Paris jusqu’à la Place de la Révolution où la guillotine est dressée, au centre de cette ancienne place Louis XV qui deviendra en 1795 la place de la Concorde que nous connaissons.
Au moment de monter sur l’échafaud où l’attend le célèbre bourreau Sanson, l’abbé Edgeworth de Firmont, qui l’accompagne, lui glisse à l’oreille : « Fils de Saint Louis, montez au ciel ! ». Une fois face à la foule, Louis XVI se tourne vers elle et fait signe aux tambours de s’arrêter. Les mains liées dans le dos, il s’adresse une dernière fois à ce qui a été un temps son peuple. Il commence alors à parler : « Français, je meurs innocent ; je pardonne à mes ennemis ; je désire que ma mort soit… » ; mais là, sa voix est couverte par les tambours qui reprennent leur roulement. Ce seront ses dernières paroles. À 10h22, le couperet tombe et l’ex-roi de France n’est plus. Sa tête est montrée au public essentiellement composé de révolutionnaires qui scandent des « Vive la Nation ! Vive la République! ».
On dit qu’en entendant les cris, Marie-Antoinette, qui est toujours incarcérée avec ses enfants, se serait tournée vers son fils, le Dauphin Louis-Charles. Dans un geste de noblesse extrême et comme dans une tentative de se raccrocher à un reste de monarchie, elle se serait alors inclinée comme pour saluer le nouveau roi qu’il était automatiquement devenu à la mort de son père.
Comme Louis XVI, Marie-Antoinette sera exécutée plus tard, le 16 octobre 1793 sur la même place de la Révolution. Leurs corps seront enterrés sans cérémonie dans une fosse commune du cimetière de la Madeleine, situé le long de l’actuel boulevard Haussmann (aujourd’hui au 29, rue Pasquier, Paris 8e).
Aujourd’hui, à cet emplacement, s’élève la Chapelle expiatoire qui leur rend hommage. Je vous invite d’ailleurs à la visiter si vous en avez l’occasion.
La chapelle Expiatoire a été bâtie sous la Restauration, cette période de l’Histoire qui suit le Premier Empire de Napoléon et qui s’étend de 1814/1815 à 1830. Sous cette Restauration, on voit alors revenir sur le trône de France deux monarques successifs qui ne sont autres que les 2 frères du défunt Louis XVI : le roi Louis XVIII qui règnera de 1814/1815 à 1824, et le roi Charles X dont le règne s’étend de 1824 à 1830.
A cette époque, en 1815, les corps de l’ex-couple royal sont transférés en la basilique Saint-Denis, tandis qu’en 1826, à l’emplacement de l’ancien cimetière de la Madeleine, sera inaugurée la Chapelle Expiatoire, un lieu de mémoire royaliste en hommage à Louis XVI et Marie-Antoinette.
A l’occasion de l’anniversaire de la mort de Louis XVI, je vous propose d’entrer dans ce lieu de recueillement, et notamment de découvrir le groupe sculpté dédié au roi ; une sculpture située à droite de l’autel de la chapelle.
Réalisé par Joseph Bosio, cet «Apothéose de Louis XVI» met en scène le Roi habillé de son manteau de sacre et soutenu par un ange qui le guide vers le ciel. Cette œuvre est impressionnante car elle semble tout en mouvement. On a l’impression de voir le Roi s’élever au-dessus de nous dans un élan spirituel.
Cette sculpture représentant le Roi, comme la seconde sculpture en hommage à la Reine qui lui fait face, ont été offertes par la duchesse d’Angoulême qui n’est autre que Marie-Thérèse de France, qu’on appelait Madame Royale, la fille et l’unique enfant survivante du défunt couple royale. Les deux groupes sculptés ont été installées après la Restauration, et donc après la chute des derniers Bourbons, entre 1834 et 1835.
Revenons un instant à la sculpture de Louis XVI. Sur le devant, son testament est gravé sur une plaque de marbre noir. Il l’a rédigé le 25 décembre 1792 alors que lui et sa famille sont enfermés dans la Tour du Temple. Voici quelques extraits de ce testament très touchant, où Louis XVI se prépare à la mort, et où il pardonne à ses bourreaux et détracteurs, appelant ses enfants à ne jamais venger sa mort :
« […] N'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m'adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et sentiments. […] Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu'à ceux qui par un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal. Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi ; de les soutenir par sa grâce, s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable. […] Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu'il doit oublier toute haine tout ressentiment, et nommément ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en régnant suivant des lois. […] Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. […] Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »
Pour en savoir plus, retrouvez l’article et le podcast dédié à ma visite de la Chapelle Expiatoire sur ce blog. Et pour à visiter la Chapelle Expiatoire, retrouvez toutes les informations ici.
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