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LE CHÂTEAU DE LA MOTTE-TILLY : BIJOU DU SIÈCLE DES LUMIÈRES ET JOYAU DU PATRIMOINE VÉGÉTAL DU CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX (Cmn)

Château de La Motte Tilly
Façade Nord du Château de La Motte Tilly

Aux portes de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube, s’élève un élégant château à l’ordonnance classique, niché dans un vaste parc bordé de tilleuls : le château de La Motte Tilly. Résidence de campagne construite au 18e siècle par l’architecte François Nicolas Lancret pour les frères Terray - Joseph-Marie (abbé, contrôleur des finances de Louis XV) et Pierre (conseiller du roi), La Motte-Tilly invite à un voyage raffiné au cœur du Siècle des Lumières.

 

Son architecture harmonieuse, ses jardins soignés et ses décors intérieurs restés intacts depuis sa dernière propriétaire, la marquise de Taillé disparue en 1972, en font l’un des joyaux du patrimoine français, aujourd’hui conservé et géré par le Centre des monuments nationaux (Cmn).



Situé en bordure de Seine, le domaine actuel prend racine au 9e siècle, sur une terre déjà baptisée Tillicum – littéralement «terre des tilleuls» - en référence à la présence nombreuse de ces arbres. Il conserve ce lien végétal avec le Tilletum, une collection botanique unique de tilleuls du monde entier encore visibles dans les jardins.

 

Le château se visite avec ses salons, sa bibliothèque, ses pièces de réception, ses nombreuses chambres, son orangerie, sa grotte, et s’ouvre sur un parc paysager où cohabitent jardin à la française, perspectives classiques, bois et ambiances romantiques. Mais cette paisible demeure cache une histoire passionnante, jalonnée de transformations, de propriétaires audacieux et de restaurations ambitieuses.

 


LE CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY : UNE HISTOIRE SÉCULAIRE

 

Si le château neuf que l’on peut admirer et visiter aujourd’hui est érigé au 18e siècle, l’histoire du domaine de La Motte Tilly commence bien avant, dès le Moyen-Âge.

 

LA MOTTE TILLY : UNE TERRE CONVOITÉE DEPUIS LE MOYEN ÂGE

 

C’est au 13e siècle que les archives mentionnent pour la première fois un seigneur de Tilly, un certain Jehan de Tilly, auquel succède Jean de Trainel (1319-1360), chambellan du Roi et panetier de France.

 

En 1366, la fille de ce dernier, Marguerite, échange son domaine avec Guillaume de Melun, le puissant archevêque de Sens. A cette époque, on parle de la seigneurie de la « Mota Tilliaci », qui donnera Motte Tilly, soit « la motte des tilleuls » - au Moyen-Âge, le mot « motte » faisant référence à une place défensive ou à une forteresse.

 

Quoi qu’il en soit, les terres passent entre plusieurs mains, dont celles de Pierre des Essarts, grand trésorier de France et Prévost de Paris sous Charles VI (Règne : 1380-1422), qui construit un château fortifié sur sa propriété, en bords de Seine – en contrebas de l’actuel bâtiment.



Occupée par le roi Charles VII en 1431, acquises en 1450 par Henri de Pouligny, écuyer du duc de Bourgogne Philippe Le Bon (1396-1467), la seigneurie échoue en 1470 au roi Louis XI (règne 1461-1483) qui l’offre à son receveur général des finances (collecteur des impôts) du duché de Normandie, Jean Raguier.

 

LA MOTTE TILLY DES NOAILLES AUX TERRAY

 

En 1662, Alexandre II d’Elbeyne, dont le père, conseiller de Louis XIII (r. 1610-1643) avait racheté La Motte-Tilly, revend le domaine au duc Ambroise de Bournonville, pair de France, chevalier d’honneur d’Anne d’Autriche et gouverneur de Paris.

 

Sa fille Marie Françoise de Bournonville le reçoit en dot pour son mariage avec le duc Anne Jules de Noailles en 1671, maréchal de France et gouverneur du Roussillon.



Son père et son époux, successivement décédés en 1693 et 1708, la duchesse de Noailles cède La Motte-Tilly à son fils Adrien Maurice de Noailles (1678-1766). Ce dernier est alors marié à Françoise Charlotte d’Aubigné (1684-1739), nièce et héritière de la célèbre Françoise d’Aubigné (1635-1719), plus connue comme Madame de Maintenon, dernière favorite et seconde épouse morganatique de Louis XIV (règne 1643-1715). Cette proximité familiale, et la position prestigieuse d’Adrien Maurice à la tête du conseil des Finances du roi, permettront à la seigneurie d’être érigée en comté en 1712.

 

A l’époque, le château a déjà évolué vers une résidence composée de plusieurs logis, de tours et de différentes cours et jardins. Le domaine s’agrandit encore à partir de 1747 par l’acquisition de seigneuries voisines, et des échanges de terres avec Louis XV (r.1715-1774), incluant une partie du comté de Nogent.

 

L’année suivante, Adrien Maurice de Noailles vend le tout à l’intendant des Finances du roi, Jean Henri Louis Orry de Fulvy, qui le cède rapidement aux frères Terray : l’abbé Joseph Marie Terray (1715-1778), qui deviendra contrôleur général des Finances de Louis XV en 1769, et le vicomte Pierre Terray de Rozières (1713-1780), conseiller du roi.

 

LE CHÂTEAU NEUF DU 18E SIÈCLE : UNE MAISON DES CHAMPS POUR L’ABBÉ TERRAY

 

Le véritable tournant s’opère en 1748, lorsque l’abbé Joseph-Marie Terray, futur contrôleur général des Finances de Louis XV, et son frère acquièrent La Motte-Tilly.

 


Les frères Terray ont hérité de la grande fortune de leur oncle, médecin de la Princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV. Après avoir acquis plusieurs terres autour de La Motte-Tilly, ils décident de détruire les constructions existantes, et de bâtir un château de plaisance – ou maison des champs - sur la « motte » en surplomb de la Seine – une hauteur qui permettra une perspective digne des grands jardins de l’époque.


Pour ériger leur résidence de campagne, ils font appel à l’architecte François Nicolas Lancret (1717-1789) qui lance les travaux en 1754. Il conçoit un élégant château de briques, de pierre et d’ardoise, composé d’un corps de logis central et de deux ailes en saillie, aux lignes équilibrées, sobres et raffinées, emblématiques des maisons de plaisance du Siècle des Lumières.



Plus qu’un château, c’est une démonstration de réussite sociale : une résidence de campagne fastueuse, entourée d’un jardin régulier, à la française, avec ses terrasses, ses axes symétriques, sa grande perspective - à l’arrière du château - qui traverse la Seine et se poursuit au-delà par l’allée de Melz, ou encore son miroir d’eau et ses dentelles de buis.



En 1758, Pierre Terray laisse ses parts de la propriété à son frère. L’abbé Terray continuent de décorer et meubler les intérieurs avec luxe et raffinement. Il aménage également le parc, en faisant notamment construire un canal – le canal Terray – pour alimenter les pièces d’eau, ainsi que des serres chaudes.

 

LE CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY, DES TERRAY AUX ROHAN-CHABOT

 

A la mort de Pierre de Terray en 1780, son fils Antoine Jean (1750-1794), conseiller de Louis XVI (r. 1774-1792) hérite La Motte-Tilly de son oncle, l’abbé Terray, disparu deux ans plus tôt. Avec son épouse Marie Nicole Perreney de Grosbois, ils effectuent des travaux d’aménagement, mettent le château au goût Louis XVI et néo-classique de l’époque.



Il redessine également le parc qui s’agrémente de jardins anglo-chinois, avec leur végétation plus libre (à l’anglaise), des sous-bois et autres lignes moins rigoureuses qui cachent, ici et là, des fabriques, ces petites constructions qui viennent ponctuer les déambulations des promeneurs, comme c’est la mode à la fin du 18e siècle.

 

Parmi ces fabriques, une étonnante grotte artificielle pour prendre le frais en été, ou encore une glacière qui permettait, selon un système ingénieux, de conserver les aliments au frais et de déguster des sorbets à la belle saison.

 

Arrêtés pendant la Révolution, Antoine Jean et sa femme seront guillotinés le 28 avril 1794. Le domaine est nationalisé, les objets et le mobilier dispersés.

 

Dans les années 1795-1796, la belle-famille d’Antoine Jean réussit à lever le séquestre mis sur La Motte-Tilly qui revient à son fils Claude Hippolyte Terray (1774-1849). Ce dernier s’emploie à restaurer et moderniser le château, à réaménager les jardins, et à redonner sa dignité à la propriété familiale qui échoue, à sa mort en 1849, à son premier fils, Charles Louis Terray (1802-1866). Il modernise à son tour le château et réaffecte certaines pièces à un usage plus moderne.

 

Au décès de Charles Louis, sa fille aînée, vicomtesse par son mariage avec le vicomte Carl de Narcillac, hérite du domaine qui, en 1910, sera revendu par ses descendants à son neveu, Charles Gérard, comte de Rohan-Chabot (1870-1964).



Celui-ci décide de rendre au château et au domaine son style 18e, en se basant sur tous les documents, plans et inventaires qu’il peut trouver. Ce travail précieux et rigoureux de restauration sera poursuivi à sa morte en 1964 par sa fille, Louise de Rohan-Chabot (1896-1972), dite Aliette.

 

ALIETTE, GARDIENNE DE PATRIMOINE ET PASSEUSE DE MÉMOIRE


Jeune veuve de son époux, Jacquelin de Maillé de la Tour Landry, mort en 1918 pendant la Première Guerre Mondiale, Aliette vit au château de La Motte Tilly avec son père et sa fille, Claire-Clémence, qu’elle met au monde la même année. La marquise de Maillé se spécialise dans l’archéologie et le haut Moyen-Âge, et publie plusieurs ouvrages reconnus, notamment sur la ville médiévale voisine de Provins.

 


Claire-Clémence, devenue princesse de Polignac en épousant le prince Louis de Polignac, meurt prématurément sans enfant en 1969. Aliette est dévastée et, désormais sans héritier, elle décide qu’à sa mort - qui surviendra en 1972 - son domaine, son château ainsi que toutes les œuvres, objets et meubles qui s’y trouvent, soient légués à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites – aujourd’hui le Centre des monuments nationaux.

 

Une seule condition : l’ensemble doit être préservé en l’état. Elle souhaite ainsi que « le visiteur puisse ressentir le sentiment d’une présence ». Et c’est réussi ! En visitant la Motte Tilly, on peut imaginer la présence de la marquise, et on découvre un château d’histoire, empreint de ses propriétaires successifs.

 

Mais ce n’est pas tout : porté par le Cmn et sa politique de préservation du patrimoine bâti et vivant, le domaine de La Motte Tilly est aussi un exemple de ce que peut être le patrimoine aujourd’hui : un lieu qui parle d’histoire, de beauté… mais aussi d’écologie et de biodiversité !

 

LES JARDINS DU CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX : PATRIMOINE ET ENVIRONNEMENT

 

Avec plus de 3 300 hectares d’espaces verts répartis dans 83 parcs et jardins à travers la France, le Centre des monuments nationaux (CMN) gère un patrimoine végétal d’une richesse exceptionnelle.

 

Sa mission aujourd’hui ? Protéger cet autre patrimoine qu’est le patrimoine végétal et paysager : jardins remarquables et historiques, forêts, espaces agricoles, prairies, ou encore potagers, vergers et parcs… tout en préservant le patrimoine vivant lié à ces espaces naturels : les savoir-faire traditionnels ou innovants des jardiniers, des paysagistes, ou encore des architectes et des experts en science hydraulique.



Mais tous ces lieux chargés d’histoire, qui font bien souvent partie intégrante des monuments historiques qu’ils accueillent, ne sont pas seulement les témoins d’un art paysager hérité des siècles passés : ce sont aussi de véritables réservoirs de biodiversité et des terrains d’innovation écologique.

 

Face aux défis climatiques actuels, le Cmn s’engage ainsi à concilier conservation patrimoniale et enjeux écologiques : gestion sans produits phytosanitaires dans le respect des cycles naturels, éco-pâturage, fauchage différencié ou encore valorisation des productions végétales… En plaçant l’écologie de la conservation au cœur de sa stratégie CMN 2030, l’établissement entend renforcer son rôle dans la préservation du vivant tout en assurant la transmission des savoir-faire horticoles.

 

LE CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY, UN MODÈLE D’ENGAGEMENT ÉCOLOGIQUE

 

Parmi les sites emblématiques de cette démarche, le domaine de La Motte Tilly fait figure de référence. Son immense parc de 1 335 hectares, le plus vaste du réseau du Cmn, allie parterres réguliers et paysage champêtre.



Deux projets phares témoignent de l’engagement écologique du Cmn à La Motte Tilly : la replantation de l’allée de Melz - perspective monumentale traversant la Seine - avec 600 platanes résistants aux maladies ; et la restauration l’ancienne serre du jardin bouquetier pour qu’elle soit utile à l’association Chlorophylle d’insertion sociale et professionnelle qui cultive le potager solidaire établi dans le clos voisin.

 

Ce jardin productif, ouvert à la visite, illustre d’ailleurs parfaitement le retour à une vocation écologique des parcs historiques, en lien avec les enjeux contemporains de biodiversité, d’agriculture durable et de circuits courts. Chaque légume et fruit produit ici est revendu sur les marchés locaux ou, tous les mercredis, dans la cour d’honneur du château.

 

Finalement, La Motte-Tilly est un château qui, au-delà de la beauté de son histoire, cultive littéralement l’avenir ! Un domaine que je vous invite à découvrir.

 

VISITE DU CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY : PLONGÉE DANS L’INTIMITE DU 18E SIÈCLE

 

Parfait exemple de la maison de plaisance du siècle des Lumières, le château de La Motte-Tilly se distingue par sa distribution typique de l’époque : les salons sont placés côté nord pour plus de fraîcheur l’été, et l’étage est réservé aux espaces privés et pour les invités. Le luxe de ses intérieurs, lui, raconte un art de vivre raffiné, où l’on croise boiseries 18e, fauteuils Louis XVI, bibliothèques fournies, tableaux de maîtres, objets d’art, tapisseries d’Aubusson et meubles précieux.



Cependant, contrairement à d’autres châteaux qui ont cessé d’être occupés après la Révolution, La Motte Tilly a continué à servir de résidence jusqu’en 1972. Et cela saute aux yeux lorsqu’on le visite : si la volonté des propriétaires successifs a été de restaurer et transmettre l’âme 18e des lieux, ils ont néanmoins, chacun à leur tour, procédé à des aménagements pour moderniser leur demeure tant dans ses fonctionnalités – salles de bains, toilettes, cuisines équipées –, dans ses ameublements - notamment avec du mobilier plus confortable - que dans la réaffectation de certaines pièces – création d’une salle à manger dans l’ancienne cage d’escalier, destruction des communs qui accueillaient les anciennes cuisines et le théâtre.

 

Le parc aussi fait voyager les visiteurs dans le temps. Les perspectives classiques, les parterres de broderies végétales et les lignes droites et symétriques du jardin régulier, à l’avant et à l’arrière du château, rappellent les premiers choix de l’abbé Terray en 1754.


Les jardins anglo-chinois aux lignes plus libres, agrémentés de fabriques, de sous-bois et d’un impressionnant Tilletum avec ses 73 variétés de tilleuls – saviez-vous qu’il en existait autant ? – illustrent l’évolution du goût pour les paysages romantiques à la fin du 18e et au 19e siècle. Les prairies, le jardin bouquetier, l’Orangerie ou le potager – établi dans les jardins de l’ancien couvent du 18e devenu école de sœurs au 19e – démontrent aussi le rôle utilitaire des jardins depuis la création du domaine jusqu’à aujourd’hui.

 

LA COUR D'HONNEUR ET LA FAÇADE SUD

 

Après avoir passé le saut-de-loup (fossé assez large pour éviter que des animaux sauvages ne puissent le franchir) et franchi la grille, s’ouvre la cour d’honneur avec ses parterres de gazon et buis taillés à al française, reconstitués par le comte de Rohan-Chabot au début du 20e siècle.



Face à nous, la façade sud du château, avec son corps central et ses deux ailes en saillies. Les murs du bâtiment en grès, brique et moellon sont recouverts d’un enduit ocre, tandis que l’ardoise coiffe le toit. L’avant-corps est surmonté d’un fronton avec les armes de l’abbé Terray – la façade nord présente, elle, celles de Pierre Terray de Ronzière et de son épouse Renée Félicité le Nain.



Avant d’entrer dans le château, on remarque, de part et d’autre de la façade, deux galeries d’arcades semi circulaires qui invitent vers le jardin. Notez qu’à l’origine, en plus des quatre pavillons toujours visibles aux quatre coins de la cour, se trouvaient ici deux bâtiments encadrant l’ensemble : les communs à l’Ouest (à gauche quand on regarde le château), et la salle de comédie à l’Est.

  

LE REZ-DE-CHAUSSÉE : SALONS, JEUX ET ÉLÉGANCE

 

On entre par le vestibule. En face, deux portes ouvrent sur le grand salon de réception. A gauche, un sublime escalier en pierre conduit à l’étage. Créé en 1784 pour Antoine Jean Terray, il se situe en lieu et place de la salle à manger de son père. L’escalier d’origine, en bois, se trouvait alors de l’autre côté du vestibule, dans l’actuelle salle à manger.



LE SALON D’AUTOMNE

 

Après avoir traversé le petit bureau – ancienne salle des Buffets -, on pénètre dans le salon d’Automne. Cabinet de travail de Pierre Terray, cette pièce devient la salle de Chasse du compte de Rohan-Chabot, avant de devenir une cuisine puis, avec la marquise de Maillé, un salon meublé 18e.



LE SALON DE COIFFURE

 

Par une petite porte à droite du salon d’Automne, dans l’ancienne chambre de Pierre Terray, on découvre le cabinet de toilette de la marquise de Maillé. C’est petit mais charmant !



Parmi les nombreux objets, on remarque une sorte de pichet étrange : le bourdaloue. Son nom vient de l’abbé Louis Bourdaloue (1632-1704). Sous Louis XIV, à Versailles, il était réputé pour prononcer des sermons interminables. Aussi, certaines femmes avaient pris l’habitude de se munir d’un récipient ovale qu’elles pouvaient placer sous leur robe pour soulager leurs envies pressantes. Cet objet a pris le nom de celui qui en a provoqué l’usage : le bourdaloue.

 

LE BUREAU DE LA MARQUISE ET LE BOUDOIR

 

De l’autre côté du salon d’Automne, se trouvait la chambre privée de Madame Terray, devenue le bureau du comte de Rohan-Chabot puis celui de la marquise de Maillé. Ici, beaucoup d’objets, de photographies, de livres et documents racontent les goûts d’Aliette : archéologie, photos de sa fille et de son époux, ouvrages qu’elle a écrits… A côté, l’ancien cabinet de toilette et boudoir sert d’antichambre au bureau. On peut y observer un petit meuble étroit : le gantier.



LA SALLE DE BILLARD

 

De l’ancienne chambre principale de Madame Terray, il ne reste que les lambris. Transformée en salle de Billard, la pièce accueille un remarquable billard installé ici par la marquise de Maillé. Primé lors de l’Exposition des produits de l’industrie de 1839, c’est un objet magnifique, notamment grâce à la finesse de sa marqueterie.

 


LE GRAND SALON

 

Entrons maintenant dans la pièce maîtresse du rez-de-chaussée : le Grand Salon. Ouvert sur les jardins et la grande perspective, il est le centre des réceptions du château. Les boiseries 18e ont été restituées au 19e. Il y a beaucoup à observer ici parmi le mobilier et les nombreux objets Louis XV et Louis XVI. On remarque notamment deux sublimes paravents peints du 19e, dont l’un représente la tour César de la ville voisine de Provins qu’a étudiée la marquise de Maillé.



LE SALON BLEU

 

C’est l’une des plus belles pièces du château : le salon Bleu est magnifique avec ses boiseries et décors du 18e siècle. Régence, Louis XV, Louis XVI, les styles se mélangent ici avec harmonie.

 


LA BIBILOTHÈQUE

 

Entièrement transformée par le comte de Rohan-Chabot au 20e siècle, la bibliothèque a gagné en volume et en rayonnages – le château conserve plus de 9000 ouvrages. Les objets et le mobilier des 18e et 19e siècles, s’accordent avec des pièces plus récentes, comme ces canapés 20e placés ici par la marquise.



LA SALLE À MANGER

 

C’était l’une des deux salles de repas des Terray. Depuis 1784, cette grande pièce – la plus grande du château - est la seule salle à manger. Beaucoup de détails ici, mais on remarque notamment le service en porcelaine de Vincennes créé pour la famille Rouen-Soulé vers 1780.



LE PREMIER ÉTAGE : LES CHAMBRES

 

Le grand escalier mène à l’ancienne Antichambre ouverte sur le palier et le corridor attenant par le comte de Rohan-Chabot au 20e siècle.



LA CHAMBRE DE LA MARQUISE DE MAILLÉ

 

L’Antichambre ouvre sur l’ancienne chambre d’honneur d’Antoine Jean Terray, que la marquise de Maillé s’est appropriée. Les décors et aménagements datent donc de cette époque… comme la plupart des chambres de l’étage.



LE CORRIDOR ET LES CHAMBRES

 

Le Grand corridor, avec ses tapisseries d’Aubusson et ses treize portraits de la famille de Rohan-Chabot, dessert les chambres des membres de la famille et des invités. Aménagées au 20e siècle, toutes disposent du confort moderne de l’époque, avec leur propre salle de bain et cabinet de toilette.



Parmi les chambres remarquables :

 

  • La Chambre Vindé : c’est la chambre de jeune fille d’Aliette, future marquise de Maillé. Elle doit son nom à une ancienne crétonne (tissu épais de lin, de chanvre ou de coton) issue du château de Vindé qui entoilait les murs.

 


  • La Chambre Empire : c’était la chambre du frère d’Aliette, Gilbert, mort sur le front pendant la Première Guerre Mondiale. Décorée de toile de Jouy en camaïeu de rouge, dite « Diane à la chasse », elle est meublée dans un style Empire.

 


  • La Chambre du comte de Rohan-Chabot : Une pièce plus sombre, meublée dans le goût éclectique du père d’Aliette.



  • La Chambre de la comtesse de Rohan-Chabot, à côté de celle de son époux, décorée de toile fleurie, de peinture céladon et de mobilier Louis XVI.



  • La chambre de la Princesse de Polignac et sa garde-robe : ces deux pièces ont été aménagées par la marquise de Maillé pour sa fille, Claire-Clémence, princesse de Polignac. Les décors, les meubles et l’atmosphère donnent à penser que la jeune fille peut arriver à tout moment.



  • Le salon de la Princesse de Polignac : créé par sa mère pour Claire-Clémence, ce petit salon lui sert de cabinet et d’espace personnel.

 

  • Des chambres d’invités décorées par la marquise de Maillé : La chambre à Alcôve aux imprimés fleuri, avec son lit Louis XVI ; la chambre dite « salon des singes » en raison des tableaux représentant l’animal, avec son décor vert d’eau ; La chambre de Saint-Cloud, ancienne chambre bleue, qui tient son nom de la toile à médaillons de feuillage posé dans les années 1960.



LE DEUXIÈME ÉTAGE : ESPACES DES ENFANTS ET DU PERSONNEL

 

Il n’est pas ouvert à la visite, mais j’ai eu la chance de pouvoir y monter. Le deuxième étage du château était réservé aux chambres et pièces du personnels, mais aussi aux espaces réservés pour faire classe aux enfants de la famille.



LE PARC : ENTRE JARDINS À LA FRANÇAISE, PAYSAGES ANGLO-CHINOIS ET CULTURES

 

Le parc de plus de 60 hectares, clos de murs, se déploie dans une harmonie classique autour d’un axe central. Conçu à l’origine par Lancret, il alliait grands axes et broderies végétales. À la fin du 18e siècle, mode oblige, le parc est reconfiguré dans le style anglo-chinois : pelouses ondulantes, bosquets, fabriques. Au 20e siècle, le comte de Rohan-Chabot recrée les jardins à la française, enchâssés dans un parc paysager.



À l’arrière du château, les quatre terrasses successives, bordées de buis taillés, de rosiers et de vases décoratifs, épousent la pente douce vers la Seine. Un jeu subtil d’escaliers, de talus et de symétries végétales structure la perspective jusqu’au miroir d’eau, où veillent les statues de Diane et Flore.

 

L’ORANGERIE ET LA FERME

 

Avec son pigeonnier et son corps de bâtiments typique, la ferme de château servait à exploiter et entretenir le domaine. À côté, l’orangerie abritait autrefois orangers, cédratiers, ananas et plantes exotiques. Aujourd’hui encore, elle conserve un plafond à la française orné de solives peintes, probablement issues de l’ancien château, et sert pour des événements privés.



LES BOIS

 

Dans les sous-bois attenant au jardin régulier, un étonnant parcours botanique, le Tilletum rassemble aujourd’hui 73 variétés de tilleuls provenant du monde entier. Créé à partir de 2005, il rend hommage au toponyme même de La Motte-Tilly, « la motte aux tilleuls », et a reçu en 2010 le label du Conservatoire des collections végétales spécialisées.

 


Au gré de ses déambulations dans les sous-bois de ce paysage anglo-chinois, le visiteur découvre des fabriques et autres constructions dissimulés au détour des allées.

 

Creusée dans la roche, on découvre ainsi une surprenante grotte artificielle réalisée en 1821 par Antoine Jean Terray. C’est un bijou pittoresque avec sa coupole, ses pilastres, niches et pierres sculptées, qui offrent un décor onirique propice à la fraîcheur estivale.

 

Non loin de là, la glacière, antérieure à 1759, permettait de conserver la glace pour les sorbets – un luxe précieux à l’époque.

 

LE POTAGER ET LE JARDIN BOUQUETIER

 

Comme son nom l’indique, le jardin bouquetier, avec sa superbe serre et ses roseraies, servait à cultiver les fleurs d’agrément.



Le potager voisin, toujours exploité aujourd’hui après avoir été abandonné dans les années 1970, est en réalité inclus dans un clos ayant appartenu à un couvent au 18e siècle, puis à une école de bonnes sœurs au 19e. Le bâtiment que l’on aperçoit au loin est désormais utilisé par les jardiniers et maraîchers.

 

MON AVIS

 

Je ne connaissais pas le château de La Motte Tilly, ni son histoire. Cette visite a été une véritable belle découverte, et je vous incite à l’explorer à votre tour.

 

Le château, merveilleusement meublé, offre l’expérience unique de parcourir un lieu quasiment vivant, où semblent encore résonner les pas des différents personnages qui l’ont habité. Quant aux jardins, il faut prendre le temps de les découvrir, car des bassins aux sous-bois, de la grotte au potager, c’est une diversité de paysages et de chemins qui s’offre à nous.

 

Le seul bémol : s’il est facile et rapide de venir en train jusqu’à Nogent-sur-Seine - une heure depuis Paris Grade de l’Est en direction de Troyes), il n’y a pas de transports prévus de la gare au château – pour le moment. Il vous faut soit prendre un vélo, soit réserver un taxi. Le mieux reste donc de venir en voiture.

 

Le château ne se visite qu’en visite guidée (durée une heure). Les jardins sont accessibles gratuitement; Je recommande au final de venir pour une demi-journée.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

  • Quoi ? Château et Parc de La Motte Tilly

  • Où ? Nogent-sur-Seine, Aube

  • Quand ? Du 15 avril au 14 octobre :

    Visites guides du mardi au dimanche à 10h30, 11h30, 14h, 15h, 16h et 17h

    Du 15 octobre au 14 avril :

    Visites guidées du mercredi au dimanche à 10h30, 11h30, 14h, 15h et 16h

    L'accès au parc est gratuit toute l'année

  • Combien ? Plusieurs visites guidées sont proposées, avec des thématiques différentes. Pour plus d’informations et réserver les billets, rendez-vous sur le site du château de La Motte Tilly.

 

SOURCES

 

 

 

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