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10 MAI 1774: MORT DE LOUIS XV A VERSAILLES


Le 10 mai 1774 à 15h15, il y a 248 ans, le roi Louis XV âgé de 64 ans mourrait à Versailles, laissant le royaume à son petit-fils, Louis XVI. Surnommé le «Bien-aimé» au début de son règne, il mourra dans un pays en proie à une crise financière et politique, et à des troubles contestataires du pouvoir royal, qui mèneront à la Révolution sous le règne de son successeur.


Louis de France, arrière-petit-fils de Louis XIV, est né le 15 février 1710 au château de Versailles. Au départ, rien ne le prédestinait à régner. Son grand-père Louis de France (1661-1711), dit le Grand Dauphin ou Monseigneur, est en première ligne. A sa mort le 14 avril 1711, c’est son père, le duc de Bourgogne (1682-1712), dit le Petit Dauphin, et sa mère, Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712) qui doivent hériter de la couronne de France. Mais le petit Louis, nommé duc d’Anjou, n’est que le troisième enfant du Petit Dauphin. Et si son frère aîné meurt en 1705, son second frère, né en 1707 reste le successeur officiel au trône.

C’est alors qu’un enchaînement d’événements tragiques va changer sa destinée. Des six enfants de Louis XIV et Marie-Thérèse, seul Louis, le Grand Dauphin survit. Cependant, le Roi Soleil reste rassuré sur sa succession car à la fin de son règne, il peut se réjouir d’avoir un fils, deux petits-fils et deux arrière-petits-fils.


Mais entre le 14 avril 1711, et la mort du Grand Dauphin, atteint de la petite vérole, et le 26 avril 1714, quand meurt son dernier petit-fils, le duc de Berry, Louis XIV va perdre un à un tous ses héritiers sauf son arrière-petit-fils, le futur Louis XV:

Marie-Adélaïde de Savoie, d’abord, puis son époux le duc de Bourgogne, dauphin et petit-fils du roi, meurent successivement le 12 et le 18 février 1712 de la rougeole (ils meurent surtout des saignées des médecins). Leur fils aîné, le duc de Bretagne, devenu dauphin de France à la mort de ses parents, ne tarde pas à les suivre le 8 mars. Son petit frère, le duc d’Anjou, est aussi gravement atteint par la rougeole mais sa gouvernante, Madame de Ventadour, l’éloigne des saignées des médecins, et avec du repos et des soins, l’enfant finit par guérir. Ainsi, à la mort de Louis XIV le 1er septembre 1715, ce dernier devient, à 5 ans, le roi Louis XV.

S’il règne déjà, le jeune roi ne peut gouverner avant sa majorité fixée à 13 ans. Dans son testament, Louis XIV avait exigé que l’éducation de son arrière-petit-fils soit confiée au duc du Maine, l’un des fils légitimés qu’il a eus avec sa favorite, Madame de Montespan. C’est lui aussi qui doit présider un conseil de régence. Opposé à cette décision, Philippe, duc d’Orléans et neveu du Roi Soleil, devient Régent en faisant casser le testament par le Parlement de Paris à qui il rend, en contrepartie, le droit de remontrance enlevé par Louis XIV en 1673 et qui lui permet de contester les lois et les lettres patentes émises par le roi avant leur enregistrement. Un droit que le Parlement saura utiliser ensuite contre Louis XV lui-même.


Sous la Régence de Philippe d’Orléans, on quitte Versailles pour le Palais Royal à Paris. Les mœurs se dérident et le début de règne de Louis XV est marqué par un esprit de fête et de libertinage bien éloigné de la fin de règne dévote et austère de Louis XIV.


Le jeune roi est éduqué par le maréchal de Villeroy, mais surtout par son précepteur l’évêque André Hercule de Fleury qui lui donne le goût des sciences (botanique, médecine, astronomie), de la géographie et de l’histoire. Le régent s’occupe, lui, de le former à la politique, et Louis XV assiste très tôt au conseil du gouvernement. Après son sacre à Reims le 25 octobre 1722, la cour de France et le gouvernement se réinstallent à Versailles. S’il reprendra les règles de l’étiquette imposée par son aïeul, le jeune roi, peu adepte de la vie publique à laquelle il est obligé, se fera plus tard aménager des appartements privés en arrière-plan des grands appartements d’apparat, afin de pouvoir vivre une vie plus intime et loin des contraintes de la cour quand il le souhaite.

Timide, peu sûr de lui et sujet à la mélancolie, Louis XV est un souverain qui mettra du temps à affirmer son autorité. Après un début de règne sous régence, Louis XV atteint sa majorité en février 1723. Mais s’il peut désormais gouverner en son nom, il préfère garder près de lui son oncle Philippe d’Orléans comme conseiller jusqu’à sa mort le 2 décembre de la même année. Plutôt que de reprendre les rênes du pouvoir, jeune roi va se tourner vers son oncle, le duc de Bourbon, qu’il nomme premier ministre.


Dans le même temps, afin d’assurer la survie de la monarchie, on cherche une épouse à Louis XV. Après l’échec d’un mariage avec la trop jeune infante d’Espagne, il épouse finalement une princesse de Pologne, Marie Leszczynska, le 5 septembre 1725 en la chapelle de la Trinité de Fontainebleau. Ils auront ensemble dix enfants dont sept, un garçon et six filles, attendront l’âge adulte. Fidèle pendant les 10 premières années de leur mariage, Louis XV cèdera finalement aux charmes féminins de nombreuses maîtresses, mais aussi et surtout de ses deux favorites officielles par lesquelles il fera scandale et provoquera l’indignation d’une partie de la famille royale, de la cour et de l’opinion publique. Madame de Pompadour, d’abord, logée à Versailles de 1745 à sa mort en 1764, deviendra sa plus fidèle conseillère et amie, exerçant un rôle politique qui lui sera reproché, et une grande influence sur les arts et l’architecture. Pour elle, le roi bâtira le Petit Trianon. Un château de campagne devant héberger leurs amours mais qu’elle ne verra pas fini. La première locataire en sera alors la seconde et dernière favorite du roi, Madame du Barry, qui logera, elle, dans un appartement au-dessus de celui de Louis XV, à Versailles, de 1768 jusqu’à la mort de Louis XV en 1774.

Revenons à la chronologie du règne du roi. En 1726, après avoir exilé sur ses terres de Chantilly le duc de Bourbon qui a voulu évincer son ancien précepteur, Fleury, dont il est toujours très proche, Louis XV décide de gouverner sans premier ministre. Mais là encore il ne gouvernera pas seul. Il demande en effet à Fleury, qu’il nomme cardinal, de revenir à ses côtés comme conseiller. Le désormais cardinal Fleury, qui gouverne avec le roi et a autorité en son absence, restera au pouvoir jusqu’à sa mort le 29 janvier 1743, à 90 ans. Et c’est finalement à l’âge de 32 ans que Louis XV quitte la tutelle du vieux cardinal et annonce qu’il règnera désormais seul.


Dans la première moitié de son règne les arts, l’architecture, et la philosophie sont florissants et connaissent de grandes évolutions. Louis XV connaît aussi une période d’embelli économique qui, ajoutée à quelques succès militaires qui permettent à la France d’agrandir son territoire (Lorraine, Corse), vont lui donner le surnom de «Louis le bien-aimé».


Mais dans le dernier tiers de son règne, les défaites militaires en Europe et en Amérique qui entraînent la perte d’une partie de l’empire colonial français au dépend de l’Angleterre; les conflits politiques avec le Parlement et une partie de la noblesse; comme sa vie privée plus isolée, ses maîtresses, ou encore sa difficulté à communiquer, verront Louis XV perdre le soutien d’une opinion publique qui s’affirme alors. Celui dont le début de règne était synonyme de renouveau et de gloire deviendra «Louis le mal-aimé», au point que le 10 mai 1774, quand il meurt après 59 ans de règne, on fait la fête à Paris; et que ses funérailles sont gardées secrètes pour éviter les débordements.


Point histoire : le jour de la mort de Louis XV le 10 mai 1774.

Nous sommes le 26 avril 1774. Louis XV profite de la douceur printanière dans l’intimité du Petit Trianon avec sa favorite, Madame du Barry. Le lendemain, au réveil, le roi commence à sentir des courbatures et des maux de tête. Après un après-midi à chasser malgré son inconfort, il se couche sans souper (notre dîner). Au réveil, toujours malade, Louis XV retourne au château de Versailles sur le conseil de son médecin car le roi ne saurait être malade ailleurs qu’en son château. On ne sait jamais, si ça s’aggravait… Et on a bien fait! Rapidement, le 28 avril, les symptômes de la petite vérole (la variole) apparaissent: fièvre, douleurs musculaires, vomissements, pustules… Le reste de la famille royale, notamment Louis-Auguste, son petit-fils et héritier, et sa femme, Marie-Antoinette, s’éloignent pour éviter la contagion. On connaît la petite vérole et on pense que Louis XV va se rétablir. Après une courte amélioration, l’état du roi va s’empirer le 8 mai. Les symptômes redoublent, Louis XV a le visage noirci, il délire et le 9 mai, on le confesse et lui administre l’extrême onction. Après une agonie qui commence à 11h le 10 mai, après 59 ans de règne, Louis XV s’éteint à 15h15 dans la chambre de son petit appartement (et non en public dans le lit d’apparat de ses appartements officiels). Âgé de 64 ans, ce sera le seul roi né et mort à Versailles.


On crie «le Roi est mort» -le roi étant ici Louis XV-, puis «vive le roi» -en référence à Louis XVI qui lui succède, afin de marquer la continuité de la monarchie française, car il doit toujours y avoir un roi en France. Les courtisans courent ensuite à travers la galerie des Glaces et jusqu’au rez-de-chaussée dans l’appartement du Dauphin. Le nouveau roi Louis XVI et la jeune reine Marie-Antoinette s’agenouillent et prient. Ils auraient alors murmuré: «Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes!». La suite, on la connaît. Destitués puis condamnés à mort pendant la révolution, ils seront les derniers souverains de l’Ancien régime, et avec eux s’achèveront des siècles de monarchie française.


Retrouvez toutes les anecdotes et visites en lien avec Louis XV (petits appartements du roi à Versailles, le Petit Trianon, l’assassinat manqué du roi...) sur ce blog.


Sources

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