Aujourd’hui je vous invite à l’opéra. Alors non, je ne vous emmène pas avec moi découvrir la dernière mise en scène de la Traviata ou des Noces de Figaro. Mais je vous propose de découvrir un monument emblématique de ce nouveau Paris qui naît à la fin du 19ème siècle : l’Opéra Garnier. Un monument construit entre 1861 et 1875, donc assez récent, mais qui reste pour beaucoup très mystérieux, notamment à travers la légende du fantôme de l’opéra contée par Gaston Leroux.
L’Opéra est ouvert au public en visite libre, je l’ai déjà expérimenté. Mais cette fois, je voulais mieux connaître cet endroit devant lequel je passe quasi quotidiennement et qui m’a toujours interpelé par son architecture très massive, à la fois richement décorée mais aussi délicate. Pour être franc, c’est même l’un de mes monuments parisiens préférés. Aussi, j’ai décidé d'en savoir plus. Je vous propose donc de me suivre dans cette visite que je vous recommande.
Mais comme à mon habitude, laissez-moi d’abord vous parler un peu d’histoire. L’histoire de ce monument commencé au Second Empire et inauguré sous la IIIe République.
Un peu d’histoire : l’Opéra Garnier, 1861-1875
L’idée de construire un nouvel Opéra à Paris revient à Napoléon III. Les origines de l’Opéra Garnier se situent en effet dans la première moitié du Second Empire.
Point Histoire ! Petit rappel sur le Second Empire. Après la restauration et la Monarchie de Juillet qui rétablissent un régime monarchique en France de 1814 à 1848, la deuxième République est proclamée en février 1848 suite à une Révolution, la 3ème que connaît la France depuis la fin du 18ème siècle. Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon 1er, est alors élu Président de la République en 1848. Celui qu’on appelle le «Prince-Président» va rapidement restaurer l’Empire après un coup d’état le 2 décembre 1851. Le Second Empire est proclamé en 1852, Napoléon III épousera Eugénie de Montijo en 1853. Elle deviendra donc l’Impératrice Eugénie. Ensemble ils vont régner jusqu’en 1870. En effet, après la défaite de la France dans la Guerre menée par Napoléon III contre la Prusse de Bismarck en 1870, c’est la chute du Second Empire. A Paris, un groupe de Républicains mené par Gambetta proclame alors la IIIe République le 4 septembre 1870.
Nous sommes donc au milieu du Second Empire, et plus précisément le 14 janvier 1858, quand Napoléon III et Eugénie se rendent à l’Opéra de Paris qui se situe à cette époque rue Le Peletier, près de l’Hôtel Drouot. Alors qu’ils se garent à l’extérieur, un groupe de conspirateurs italiens, mené par Felice Consini, lance trois bombes, dont une arrive juste sous le carrosse impérial. Le couple ressort miraculeusement indemne de cet attentat qui n’est pas le premier aux abords d’un théâtre ou d’un opéra dans ce 19ème siècle politiquement mouvementé. Cet événement va pousser Napoléon III à ordonner la construction d’un nouvel Opéra plus sécurisé à Paris.
Point Historique ! Pourquoi une attaque d’Italiens sur le couple impérial ?
A l’époque, Napoléon III souhaite soutenir l’unification de l’Italie, encore morcelée en de nombreuses provinces. L'Italie est en effet divisée entre les États pontificaux, les royaumes des Deux-Siciles et de Piémont-Sardaigne, plusieurs duchés (Parme, Modène et le grand-duché de Toscane) ainsi que l'Empire d'Autriche. Celui-ci est en position dominante car il contrôle directement la Lombardie-Vénétie, et par princes interposés Modène et la Toscane. L’idée est donc pour Napoléon III d’affaiblir la puissance de l’empire autrichien et de montrer la sienne en s’imposant comme l’unificateur d’un grand pays catholique, l’Italie, pays du Pape lui-même. Suite à cet attentat, Napoléon III se décide à intervenir militairement en 1859. La France gagne. La paix de Villafranca est signée. En remerciement, la France reçoit la Savoie et le comté de Nice.
Revenons au lendemain de l’attentat de la rue Le Peletier. Nous sommes en plein changements à Paris, à cette époque. Napoléon III a missionné le Baron Haussmann, Préfet de la Seine, de transformer et moderniser Paris, et d’en faire « la Capitale des Capitales ». On choisit donc de bâtir ce nouveau monument, qui doit assoir la grandeur de la France, au cœur de ce Paris moderne d’Haussmann, dans ce qui sera le quartier Haussmann, à l’extrémité de cette nouvelle grande avenue qui deviendra l’avenue de l’Opéra.
Un concours est alors organisé et 171 projets sont présentés. Viollet-le-Duc, architecte fétiche d’Eugénie (celui qui a rénové la Cathédrale Notre-Dame, notamment) est parmi les candidats. Finalement, c’est un jeune architecte qui sera choisi le 30 mai 1861 : Jean-Louis-Charles Garnier, plus connu sous le simple nom de Charles Garnier. La première pierre sera posée le 21 juillet 1862.
Tout n’est cependant pas simple pour préparer le terrain. En effet, une nappe phréatique alimentée par un bras de la Seine se situe sous l’endroit choisit pour bâtir le monument et risque de provoquer des inondations régulières. Afin d’y remédier et de construire les fondations, Garnier va alors installer un système puissant de pompes qui vont assainir les sols et extraire des litres d’eau le temps de réaliser ces fondations. Il va ensuite construire le monument autour et au-dessus de cette réserve d'eau, laissant place au célèbre lac sous l’Opéra, à une dizaine de mètres sous la scène. Le lac joue un rôle de leste pour équilibrer les forces physiques qui pèsent sur ce monument très haut et lourd. Il va aussi servir de réservoir en cas d’incendie.
Point anecdote ! Quelques histoires autour de ce lac artificiel. Tout d’abord, saviez-vous ce que représente la quantité d’eau pompée lors de la construction de l’Opéra ? On dit qu’elle remplirait un volume dont la surface au sol serait équivalent à la Cour Carrée du Louvre, et dont la hauteur serait celle des tours de Notre-Dame. Impressionnant, non ? Par ailleurs, désolé de vous décevoir, mais il s’avère impossible que le fantôme de l’Opéra accède à ses appartements en voguant avec sa barque sur le lac souterrain artificiel. Pas de pièces souterraines cachées donc. Enfin, je vous ai dit que le lac servait de réservoir en cas d’incendie. Savez-vous qu’il y a des poissons dans ce lac? Quel est le lien, me direz-vous ? et bien il est de tradition qu’à la mort de chaque pompier de Paris, un poisson soit jeté dans le lac, à sa mémoire.
Revenons à la construction de l’Opéra. Avec son projet, Charles Garnier souhaite proposer un monument avant tout harmonieux, à l’image des opéras qui s’y joueront. Pour lui, l’ensemble des savoir-faire, des arts et techniques qui vont participer à l’élaboration de l’opéra doivent être englobés dans un même projet géré et dirigé entièrement par l’architecte, donc par lui-même, comme seul chef d'orchestre. Il va ainsi suivre et orienter tous les corps de métiers (les peintres, les sculpteurs, les doreurs, les maçons, les tailleurs de pierre etc…) pour que l’œuvre finale, son œuvre, soit la plus parfaite possible.
L’objectif de Charles Garnier, c’est de faire un lieu qui plonge le spectateur dans un rêve le temps d’une soirée. Il cherche à créer un espace qui isolera les spectateurs du monde extérieur. Ainsi, à travers le jeu des matériaux, des couleurs, des volumes, des miroirs, des peintures et des dorures, il veut créer de la magie. Pour lui, le bâtiment entier est un théâtre. Le spectacle doit être autant dans la salle que dans les autres parties du Palais Garnier : de l’accueil au grand escalier, en passant par le foyer, la décoration exubérante doit permettre au spectateur d’être plongé dans l’imaginaire dès son arrivée, de le rester pendant les entractes, et ce jusqu’à sa sortie. Les invités doivent aussi se sentir privilégiés et valorisés. Car il ne faut pas oublier qu’à l’époque, on vient à l’opéra pour voir et être vu. Dans ce sens, les espaces aménagés autour de la salle de spectacle ont autant voire plus d’importance que la salle elle-même.
Mais au-delà de l’extravagante beauté des lieux, nous sommes à une époque où la notion de confort est devenue importante. Pour cela, Charles Garnier va employer des techniques innovantes et les plus modernes pour l’époque. Pour la construction elle-même, Charles Garnier va profiter du développement de la métallurgie. L’Opéra sera la résultante d’un mélange de techniques traditionnelles de travail de la pierre et du bois, et de technologies avancées dans l’utilisation des métaux. La structure du futur Opéra est donc réalisée en fer pour plus de solidité et parce que ce métal offre plus de souplesse dans la construction. La salle de spectacle même est faite de métal. Mais Garnier ne valorise aucunement l’esthétique de ce métal, et son talent va consister à masquer l’utilisation de ces techniques et matières nouvelles à l’aide d’un habillage de bois, pierre et autres dorures et peintures. Le Palais Garnier est également équipé d’un chauffage central et de gaz pour l’éclairage. Là-aussi, il faut bien observer les choses. Par exemple, lorsque l’on emprunte le grand escalier, on remarque sur la rampe une drôle de salamandre au bout d’un tuyau de métal sculpté. Cette salamandre dissimule l’arrivée de gaz qui alimentait les nombreuses lampes du Palais. Charles Garnier devient expert dans l’art de cacher le fonctionnel pour que ne ressorte que l’esthétique.
Finalement, le résultat du talent d’architecte/metteur en scène de Charles Garnier, c’est la naissance d’un monument à l’esthétique harmonieuse dans son éclectisme. L’Opéra Garnier mélange l’architecture néo-classique (on le voit notamment avec les colonnes de sa façade), le baroque, avec l’utilisation de la couleur, du mouvement et des courbes ou des dorures, mais aussi le style Renaissance, avec l’utilisation des marbres à l’italienne par exemple. C’est ce mélange de styles qui fait l’originalité de l’Opéra Garnier, à l’époque comme aujourd’hui. Mais c’est aussi et surtout l’inclusion des couleurs comme élément central de l’œuvre qui marque un tournant architectural.
Pour rendre son opéra haut en couleurs, Charles Garnier va utiliser une très grande variété de matériaux à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du bâtiment. On trouve du marbre rouge de France, du marbre vert de Suède, du marbre jaune de Sienne, du granit des Vosges, de l’onyx d’Algérie, du jaspe du Mont-Blanc… bref, tout un panel de pierres. Mais aussi de la feuille d’or avec l’usage de techniques de dorures italiennes traditionnelles, des mosaïques, ce qui se faisait peu à l’époque, du bois, ou encore du cuivre et du bronze. Toutes ces matières contribuent à donner une palette riche et colorée qui doit charmer le spectateur dès son arrivée.
Cette polychromie est d’ailleurs très remarquée lorsque la façade est inaugurée pour l’Exposition Universelle de 1867.
Point anecdote ! Si la façade est finalisée sous le Second Empire, l’inauguration de l’Opéra, en 1875, se fera sous la IIIe République par le Président Mac-Mahon. Et si on regarde bien l’Opéra, on se rend compte que les extérieurs portent bien les marques du Second Empire : le « N » de Napoléon et le « E » d’Eugénie trônent sur la façade, ainsi que sur les sculptures autour de l’opéra où l’on retrouve également des aigles impériaux. L’intérieur de l’opéra, en revanche, réalisé après la chute de l'Empire, ne porte aucune marque impériale.
Lorsque la façade est présentée en 1867, les contemporains ne savent pas définir le style de ce nouveau monument. Certains disent romantique. Oui, mais c’est sans compter les éléments d’architecture classique. D’autres disent « éclectisme ». Oui, c’est évident. Mais au final c’est Charles Garnier lui-même qui définira ce style : le style Napoléon III.
Point anecdote ! Pourquoi parle-t-on de style Napoléon III ? il faut remonter le temps, au moment de la présentation du projet au Palais des Tuileries. Charles Garnier expose son projet d’opéra à Napoléon III quand entre l’Impératrice. Eugénie aimerait que Viollet-le-Duc soit désigné comme l’architecte du nouvel opéra. Garnier le sait, et va la jouer fine quand l’Impératrice lui demande : «Mais quel est donc ce style, Monsieur Garnier ? Il n’est ni grec, ni même Louis XV ou Louis XVI !». Avec aplomb, Charles Garnier lui répond : « Ces styles sont dépassés. Ici, c’est du Napoléon III, Madame. Et vous vous plaignez ?». On imagine que l’Impératrice n’a plus su quoi répondre. La réponse est claire en tout cas : l’Opéra Garnier est de style Napoléon III. Un style flamboyant et éclectique, mélange de XVIIIe, de baroque, de goûts antiques ou encore de Renaissance, qui privilégie la polychromie, le faste des matériaux et des ornementations.
Un mot définit finalement l’Opéra Garnier : lyrique. Comme le disait lui-même l’architecte, on est ici face à un monument lyrique, qui provoque un large panel de sentiments et d’émotions.
L’Opéra est donc inauguré le 6 janvier 1875. C’est un triomphe pour le monument comme pour son architecte.
Nous finissons ainsi la présentation historique du Palais Garnier, sur ces notes festives. Juste avant de l’explorer, je vous propose une dernière anecdote sur sa construction.
Point anecdote ! Vous l’avez peut-être déjà remarqué, mais il n’y a aucun arbre sur l’avenue de l’Opéra. Quel rapport avec notre histoire, me direz-vous ? Et bien c’est Charles Garnier lui-même qui a demandé à ce qu’on n’en plante pas afin de laisser la perspective dégagée… pour mieux admirer son œuvre, l’Opéra.
Entrons sans plus attendre au sein de l'Opéra!
La visite guidée de l’Opéra Garnier
Nous nous trouvons face à l’Opéra Garnier. Avant de commencer la visite guidée, je voudrais dire deux mots sur sa façade.
Cette façade, à l’architecture classique et antique marque aussi des excentricités. Il s’agit de montrer qu’en la franchissant, le spectateur rompt avec le monde extérieur classique et rigide, pour être introduit dans un monde extraordinaire dans lequel il va lui-même jouer un rôle. A travers les statues, l’or et les dorures, les mosaïques, le marbre et sa polychromie, la façade invite à la fête. Les deux statues dorées qui encadrent le haut de la façade ajoutent à l’opulence ornementale du monument. Enfin, au-delà de cette façade, on est séduit et très impressionné devant le célèbre dôme de cuivre vert qui surplombe le bâtiment. Il est surmonté de la sculpture en bronze d’Apollon couronnant la Poésie et la Musique réalisée par Aimé Millet qui semble s’élancer vers le ciel. Je rappelle qu’elle mesure quand même 7,50 mètres de haut !
Rendons-nous maintenant à l’entrée dédiée aux visiteurs pour retrouver notre guide.
Cette entrée est située sur la gauche de l’Opéra. On est accueilli par un buste en bronze de Charles Garnier qui surplombe une gravure du plan de l’Opéra. Nous arrivons alors au niveau de la rotonde dite Rotonde des abonnés, où nous rejoignons notre guide.
Point anecdote ! Saviez-vous que cette entrée n’était pas l’entrée officielle des spectateurs à l’époque ? Elle était au contraire prévue pour l’Empereur et l’Impératrice. En fait, l’entrée par ce pavillon dit Pavillon du Chef de l’Etat était conçu pour permettre à l’Empereur de se rendre à l’Opéra en toute sécurité. Rappelez-vous, c’était un prérequis à la construction du bâtiment. Pour cela, une rampe permettait à la voiture impériale de pénétrer directement à l’intérieur du palais et d’arriver en sécurité dans un vestibule d’où le couple impérial devait pouvoir gagner sa loge en toute tranquillité avec sa suite. En réalité, le pavillon n’a pas été finalisé en ce sens, puisqu’avant la fin de sa construction, l’Empire était tombé. Ce pavillon a été transformé en bibliothèque et en musée. Il reste cependant ici les traces de sa fonction première, avec notamment les deux colonnes de granit ornées d’un aigle impérial qui encadrent l’entrée, ou encore la couronne entourée de huit aigles qui couvrent le dôme de ce côté-ci.
A l'époque, l’entrée du public se fait par le vestibule, au niveau de la façade principale. Celle des abonnés à l’Opéra se fait par le pavillon opposé à celui du Chef de l’Etat : le Pavillon des Abonnés. L’entrée et la sortie s’y faisait à couvert, en voiture. Les spectateurs arrivaient ainsi directement dans le vestibule en forme de rotonde : la Rotonde des abonnés.
Nous sommes donc entrés par le Pavillon du Chef de l’Etat et nous nous trouvons maintenant au cœur de la Rotonde des abonnés, située directement sous la salle de spectacle. Cette rotonde est impressionnante. Colonnes, marbre, mosaïques au sol, miroirs… nous sommes directement plongés dans le décor ! Au plafond, au centre de la voûte, on remarque un drôle de cercle avec un semblant d'écriture à l’intérieur. Si on regarde bien, il s’agit de la signature même de l’architecte. On peut y lire : « Jean-Louis-Charles Garnier Architecte 1861-1875 ».
Nous quittons la Rotonde des abonnés pour nous diriger vers le Grand Escalier. Pour cela, nous passons devant une fontaine extraordinaire située juste en dessous : la fontaine de la Pythie. Elle a été réalisée par la duchesse Castiglione-Colonna, connue sous le nom de Marcello. En effet, il s’agissait de prétendre être sculpteur plutôt que sculptrice à l’époque. C’est la seule sculpture du Palais que Charles Garnier a acheté. Le reste des sculptures a été réalisé pendant la construction par des équipes dédiées. Elle est magnifique et je vous conseille de vous y arrêter pour bien l’observer. Deux miroirs immenses couvrent les murs opposés de cet endroit exigu. Nous sommes toujours sous le Grand Escalier, et si les miroirs donnent l’illusion d’agrandir cet espace réduit, ils permettent aussi aux abonnés, qui comptent parmi les grands de la société de l’époque, de pouvoir se regarder et s’apprêter avant d’entrer à proprement parler dans le théâtre de l’Opéra. Je rappelle qu’on vient ici pour voir et être vu !
Avançons et retrouvons-nous en bas du célèbre Grand Escalier. Il est impressionnant et je dois dire qu’on s’imagine bien le gravir à l’époque, en habit de soirée, à la lueur des flammes des lampes à gaz. Ce qui frappe, c’est l’abondance de couleurs, de lumières, de peinture au plafond, de mélanges de matières et de marbres. A lui seul le Grand Escalier est une œuvre d’art. Il est difficile de bien décrire ce qu’on y ressent. Je vous donc invite à y passer du temps pour bien tout observer.
Si le style de cet escalier est plutôt qualifié de « classique », les matières, les couleurs et l’architecture de cet espace lui confèrent aussi un aspect baroque. Sur les côtés et face à ce véritable théâtre-escalier, au premier étage, ont été créés des balcons. Ils permettent aux spectateurs d’observer l’arrivée des nouveaux venus. Ces balcons sont en marbres précieux aux multiples couleurs qui ajoutent une nouvelle touche théâtrale à ce décor spectaculaire.
En bas de l’escalier, deux sculptures en bronze portent des lampes. C’est en contrebas de ces sculptures, sur la rampe en onyx de l’escalier, que l’on retrouve les salamandres dont je vous ai parlé et qui cachaient les conduits de gaz (aujourd’hui les câbles électriques).
Nous montons ensuite au premier palier et nous trouvons face à deux cariatides qui soutiennent la porte qui mène à l’orchestre. En bronze en partie doré, en marbre jaune et vert, elles représentent la Tragédie et la Comédie.
Avant d’entrer dans la salle de spectacle, on peut admirer les tapis de mosaïques de marbre au sol des espaces et couloirs qui se trouvent autour.
Entrons maintenant dans le cœur de l’Opéra : la salle de spectacle.
Point pratique ! lors de ma visite, en milieu d’après-midi, il était impossible d’entrer dans la salle car les répétitions étaient en cours. Nous n’avons pu apercevoir la salle que depuis une loge d’où il est interdit de faire des photos. Je vous conseille de faire la visite en matinée afin d’être plus sûr d’accéder à ce lieu incontournable. Heureusement pour moi, j’avais pu m’y rendre l’an dernier, mais je n'ai pas de photo (ici, elle provient du site de l'Opéra).
Comme je vous le disais précédemment, cette salle est totalement réalisée en fer… habillé de marbre, de stuc, de bois, de velours et de dorures. Nous sommes ici dans une salle à la française. Dans une salle à l’italienne, les loges sont toutes semblables. Dans la salle à la française, chaque catégorie de place varie et possède son propre aspect. Il s’agit toujours de valoriser ici le spectacle que donnent eux-mêmes les spectateurs. La couleur rouge est d’ailleurs choisie parce qu’avec ses reflets rosés, elle donne au teint des dames plus d’éclat et de jeunesse.
Point anecdote ! L’Opéra Garnier est le plus grand du monde à l’époque. Si l’on prend en compte l’ensemble de la cage de scène, c’est-à-dire les espace qui vont du plus profond sous la scène, jusqu’au plafond, la salle de spectacle mesure 62,50 mètres de hauteur. On pourrait donc aisément y faire entrer l’Arc de Triomphe !
Levons les yeux au ciel, ou plutôt au plafond maintenant. On remarque le lustre imposant tout d’abord. Il contient 340 lumières et pèse sept tonnes. Au départ, il était alimenté par le gaz. Aussi, au-dessus de la voute de la salle de spectacle un aménagement de 15 mètres de haut (jusqu’au-dessous de la coupole donc) avait été prévu pour les tuyaux de gaz et le soutien du lustre.
Point anecdote ! Dans son roman « le fantôme de l’opéra », Gaston Leroux raconte que le lustre tombe sur la salle. Rassurez-vous, il n’est jamais tombé. En revanche, un des contrepoids, qui pèse 700 kg tout de même, est tombé sur le fauteuil numéro 13, au quatrième balcon, écrasant une malheureuse spectatrice. En parlant du fantôme, il possède une loge qui lui est réservé côté jardin : la loge numéro 5 !
Avant de quitter la salle de spectacle, restons les yeux rivés au plafond et admirons l’œuvre de Marc Chagall. Cette toile de 240m² a été commandée en 1964 par André Malraux, alors Ministre de la Culture de Charles de Gaulle. Il s’agissait de moderniser le Palais Garnier en intégrant cette toile qui, si elle a pu créer la polémique à l’époque, reste fidèle à Garnier par la richesse des couleurs. Ce plafond est conçu comme un Olympe peuplé de personnages d’opéra et de compositeurs. Chagall s’y est d’ailleurs représenté près de la Tour Eiffel.
Nous quittons la salle pour nous diriger vers le foyer. Nous passons par l’avant-foyer, un large et très beau couloir dont la voûte est entièrement réalisée en mosaïques colorées et dorées.