Direction l’Hôtel Nissim de Camondo, aux abords du Parc Monceau à Paris. Un magnifique hôtel particulier édifié au début du 20e siècle dans le style des hôtels du 18e siècle, et situé en plein cœur de la plaine Monceau, quartier à la mode depuis la fin du 19e siècle. C’est ici que la famille de Camondo, une famille de banquiers italiens d’origine turque et grands collectionneurs d’arts du 18e siècle, décide de s’installer, dans le Paris du Second Empire, à la fin des années 1860.
Du premier hôtel particulier, il ne reste que peu d’éléments: il a été détruit et reconstruit au début du 20e siècle sur le modèle du Petit Trianon à Versailles. Ce nouveau bâtiment, réalisé avec toutes les innovations et le confort moderne de l’époque (électricité, système d’arrivée et d’évacuation d’eau, toilettes, salle-de-bain, chauffage, gaz, téléphone…), est alors conçu comme un écrin pour accueillir les meubles et autres œuvres d’arts de la famille, l’une des plus riches collections d’arts décoratifs du 18e siècle.
Selon le souhait du dernier héritier et propriétaire des lieux, Moïse de Camondo, l’hôtel particulier et toutes ses œuvres sont légués à l’état français et au Musée des Arts Décoratifs de Paris à sa mort en 1935. Le Musée Nissim de Camondo -du nom de son fils mort durant la Première Guerre Mondiale- est ainsi ouvert au public le 21 décembre 1936. Y entrer, c’est à la fois comprendre le fonctionnement d’un hôtel particulier de la haute société de la première moitié du 20e siècle, et découvrir les trésors décoratifs et artistiques du 18e siècle de Louis XV et Louis XVI.
Aujourd’hui, je vous donne rendez-vous au premier étage de la résidence, au niveau des salons de réception, et en particulier dans l’un des plus beaux de l’hôtel: le salon des Huet. Ce salon de forme hexagonale porte le nom du peintre Jean-Baptiste Huet (1745-1811) dont on trouve sept peintures, «les Pastorales», peintes en 1775 et insérées ici dans les boiseries, et trois autres présentées en dessus-de-porte.
Parmi les meubles remarquables, notez le bureau à cylindre au centre de la pièce. Ce secrétaire en marqueterie florale a été réalisé par Jean-François Oeben (1721-1763), ébéniste et mécanicien du Roi Louis XV. C’est lui qui invente en 1760 ce type de meuble au système ingénieux de fermeture avec un rideau à lamelles. Le secrétaire que l’on peut voir ici est une sorte d’ébauche de celui, plus complexe et plus décoré aussi, qui se trouve à Versailles dans le cabinet d’Angle du Petit Appartement du Roi. Pour information, celui de Versailles a été pensé et commencé par Oeben en 1761, mais il sera livré en 1769 après sa mort par son successeur, le célèbre ébéniste Jean-Henri Riesner.
Je vous laisse ensuite observer chaque œuvre car la pièce en est remplie. Sachez que le mobilier de salon, chaises et autres fauteuils sculptés, est estampillé Jean-Baptiste-Claude Sené (1748-1803) et a été créé entre 1770 et 1780. Parmi ce mobilier, les deux fauteuils bergères sont remarquables et leur tapisserie est d’origine.
N'hésitez pas à visiter l’Hôtel Nissim de Camondo. Il est magnifique. Pour en savoir plus, rendez-vous dans l’article et le podcast de ce blog dédiés à la visite que j’en ai faite il y a quelques mois.
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