Aujourd’hui, retour au musée de la Mode de Paris (Palais Galliera) pour découvrir une nouvelle anecdote. Avant de débuter la visite de l’exposition «Une histoire de la mode au Palais Galliera» (2 octobre 2021 - 26 juin 2022), qui présente l’histoire de la mode du 18e siècle à nos jours, on se retrouve confronté à 2 pièces de mode très différentes: une magnifique robe volante de 1730 et une création contemporaine issue de la collection printemps-été 2019 de la maison Comme des Garçons. Ces deux modèles sont ici mis en parallèle comme pour montrer les influences de la mode passée sur le style présent, mais aussi pour signifier que la création mode peut être riche et surprenante quelles que soient les époques.
Cependant, ce qui m’a interpelé ici, c’est le nom de « robe volante » qui décrivait la superbe robe du 18e siècle. Je me suis alors posé une question : qu’est-ce qu’une robe dite «volante»?
J’ai fait mes recherches, et grâce à l’exposition du Palais Galliera, j’ai appris que ce style de robe était controversé, qu’il est né à la fin du règne de Louis XIV, mais qu’il est surtout devenu à la mode après sa mort en 1715, alors qu’à la cour de France l’étiquette et les mœurs s’assouplissent.
Inspirée de la robe battante imaginée à la fin du 17e siècle par la favorite du Roi Soleil, Madame de Montespan (1640-1707), pour cacher ses nombreuses grossesses illégitimes, la robe volante se caractérise par sa silhouette large et sa coupe éloignée du corps. Elle se démarque aussi par son encolure carrée d’où partent, à l’arrière, des plis plats qui tombent en traîne et qui inspireront la robe à la française, plus structurée, qu’on retrouvera dès le milieu du 18e siècle.
Mais alors, pourquoi ce qualificatif de « volante » ?
L’explication est simple : lorsque les femmes déambulaient avec ses longues et larges robes, dans lesquelles la démarche et le mouvement des bras étaient amplifiés, elles semblaient comme flotter ou voler… d’où leur nom de robes «volantes», que l’on doit aussi au taffetas de soie léger dit «volant» utilisé pour leur confection.
Cependant, l’apparence confortable de ces robes amples est trompeuse. Car si la taille semble plus lâche que celle des robes jusque-là en usage avec leurs corsages visiblement rigides, il ne faut pas se méprendre! Le corps à baleines (ou corps baleiné), ancêtre du corset, si raide et inconfortable, était porté en dessous, tout comme le panier rond qui servait à donner du volume et qui ne facilitait pas les déplacements. La robe volante n’est donc en rien une libération du corps des femmes comme on pourrait le croire.
Par ailleurs, son aspect relâché et informel, rappelant les habits d’intérieur comme le déshabillé ou la robe de chambre, lui a valu bien des critiques. Son inspiration liée aux grossesses illégitimes de Madame de Montespan, comme son ampleur qui, dit-on, pouvait servir de cachette pour les amants, ont également contribué à sa mauvaise réputation et on a même donné à cette robe le surnom d’«ingénue».
La robe présentée en entrée de l’exposition au Palais Galliera aurait appartenu à Anne Françoise de La Chaize d’Aix, qui se maria en 1736 avec Pierre-François de Montaigu (1692-1761), futur ambassadeur de Louis XIV à Venise. Une seconde robe volante de 1730 en damas de soie rouge est présentée au musée de la Mode dans l’aile réservée à la mode du 18e siècle.
Pour en savoir plus sur l’histoire de la mode, je vous invite à visiter le musée Galliera et à découvrir l’article du blog qui relate la visite que j’en ai faite.
Toujours un plaisir de vous lire Messire Igor. Continuez de nous régaler par vos écrits. J'attends toujours avec impatience vos envois.
Belle journée.