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15 DÉCEMBRE 1840: RETOUR DES CENDRES DE NAPOLÉON 1ER


Le 5 mai 1821, à 51 ans, mourrait Napoléon Bonaparte sur l’île britannique de Sainte-Hélène où il est retenu prisonnier des Anglais. Général remarqué des armées de la 1ère République française (1793-1799), propulsé Premier Consul après le coup d’Etat réussi du 18 brumaire (9 nov. 1799) puis sacré Empereur le 2 décembre 1804, Napoléon abdiquera finalement le 6 avril 1814 face à une coalition européenne puissante. Exilé puis de retour au pouvoir pour 100 jours (20 mars-22 juin 1815), l’ex-empereur capitule définitivement le 22 juin 1815 après la défaite de Waterloo, en Belgique (18 juin). Réfugié sur l’île d’Aix (Charente-Maritime) avec l’idée de fuir aux États-Unis, il sera pris au piège par les Britanniques qui l’exileront, prisonnier, dans la maison de Longwood à Sainte-Hélène, à 7 200 kilomètres de Paris.

En France, après la Restauration anti-napoléonienne (1815-1830) qui voit le retour des frères de Louis XVI sur le trône (Louis XVIII puis Charles X), Louis-Philippe 1er devient roi des Français en juillet 1830. C’est la Monarchie de Juillet (1830-48). Une période de troubles politiques, entre républicains, bonapartistes, orléanistes (partisans du roi Louis-Philippe d’Orléans) et légitimistes (partisans des Bourbons, branche régnante de l’Ancien Régime). Un culte voué à l’ex-empereur commence à se développer en France mais aussi en Europe, que l’éloignement de sa sépulture, isolée à Sainte-Hélène, tend à accroître. Des biographies et récits des épopées napoléoniennes sont publiés, et des sociétés du «Souvenir Napoléonien» sont créées. Habile, Louis-Philippe soigne les anciennes figures de l’Empire: militaires réhabilités, fidèles promus… Mais sous l’impulsion du neveu de l’ex-empereur, Louis-Napoléon Bonaparte (future Napoléon III), les fidèles demandent le retour de ses cendres en France (Ici, le mot cendres signifie les restes, le corps). Adolphe Thiers, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères du Roi, admirateur de Napoléon, persuade Louis-Philippe d’accepter. Afin de se réconcilier avec les Français avec lesquels s’est installé un différend autour de la gestion de l’Egypte, les Anglais donnent leur accord au nom de l’amitié franco-britannique.


Chargé de cette mission, le fils de Louis-Philippe, François d’Orléans, prince de Joinville, embarque le 7 juillet 1840 depuis le port de Toulon sur le navire la Belle Poule, où une chapelle a été aménagée. Il est accompagné de fidèles, dont le maréchal Bertrand, compagnon de campagne de Napoléon qui l’avait suivi jusqu’à Sainte-Hélène et qui lui avait fermé les yeux sur son lit de mort.


Le 7 octobre, la Belle Poule arrive sur l’île triste, venteuse et pluvieuse de Sainte-Hélène. La tombe de Napoléon est ouverte. Son corps, toujours reconnaissable, est installé dans un cercueil puis sur le navire. On joue une marche funèbre. Les visages sont tendus. L’équipage est en larmes.


Arrivé à Cherbourg le 29 novembre, le cercueil est accueilli par 100 000 personnes. Il remonte la seine à bord du Normandie puis de la Dorade, peinte en noir et décorée d’aigles. Sur le chemin, on acclame le cortège, les cloches et les tambours résonnent. Le 15 décembre, il arrive à Paris, sous la neige.

Louis-Philipe a hésité sur le lieu de sépulture. L’Arc de Triomphe, initié par l’empereur, est trop grandiose, tout comme le Panthéon. Il choisit les Invalides qui permettent de lui rendre hommage tout en le cantonnant à son statut de chef militaire.


La fête gagne les rues de Paris. Les canons tonnent et un défilé militaire conduit Napoléon dans son tombeau des Invalides. Ce 15 décembre 1840, il est de retour, inhumé en terre de France, "sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu’[il] a tant aimé", comme il le souhaitait lui-même et comme le rappelle l’inscription gravée en lettres d’or à l’entrée de la crypte, au-dessus de l’imposante porte encadrée par deux géants de bronze réalisés par Joseph Duret (1804-65) qui portent les symboles de l’Empire : l’épée et l’orbe (sphère surmontée d’une croix: la justice), et la couronne et la main de justice.


Le sarcophage, lui, est situé en contrebas, dans une crypte ouverte sous le dôme de l’église des Invalides. Une crypte en forme de rotonde de 6 mètres de profondeur et 15 mètres de diamètres, entourée d’un péristyle où l’on peut se mouvoir pour observer le tombeau, placé au centre. Un tombeau de style néo-classique monumental, de 5 mètres de haut, 4 de long et 2 de large. Sur un socle en granit vert, le sarcophage de quartzite de Finlande trône, imposant. Sa couleur rouge rappelle celle du manteau de l’Empereur. A l’intérieur, le corps de Napoléon repose dans 5 cercueils emboités, réalisés en fer blanc, acajou, plomb et ébène. Autour du tombeau, 12 statues de victoires s’appuient sur les piliers, faisant écho aux lauriers et aux noms des 8 plus grandes victoires de Napoléon Bonaparte inscrits au sol: Rivoli (1797), le Pyramides (1798), Marengo (1800), Austerlitz (1805), Iéna (1806), Friedland (1807), Wagram (1809) et la Moscova (1812).

Pendant ma visite, une œuvre de l’artiste Pascal Convert était présentée, suspendue au-dessus du tombeau et reprenant un rite antique qui veut que les chevaux accompagnent leur cavalier dans la mort. Ici était reconstitué en 3D le squelette de Marengo, le cheval préféré de Napoléon qu’il a monté jusqu’à Waterloo, et qui a été capturé par les troupes anglaises de Wellington. Il est aujourd’hui conservé au National Army Museum de Londres.


Si vous n’avez jamais visité les Invalides et en particulier le Dôme et le Tombeau de Napoléon, allez-y. C’est monumental et impressionnant.

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