Rendez-vous aujourd’hui au cimetière de Montmartre où, non loin de l’entrée, est inhumée Louise Weber, morte le 29 janvier 1929, il y a tout juste 93 ans. Son nom ne vous dit peut-être rien. Mais il s’agit en réalité d’une des danseuses les plus populaires du Paris de la Belle Epoque, celle qui sur scène se fait appeler la Goulue.
Louise Weber naît le 12 juillet 1866 à Clichy. Issue d’une famille modeste, elle développe très jeune des talents de danseuse. A 16 ans, elle découvre le bal du Moulin de la Galette, à Montmartre, où elle se fait remarquer. Blanchisseuse le jour, modèle pour les photographes et les peintres, dont Renoir, le reste du temps, Louise débute une carrière de danseuse au cirque Fernando, un cirque sédentaire, à l’image du Cirque d’Hiver, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui se situait entre Blanche et Pigalle. Elle y fait ses armes d’artiste avant de devenir danseuse professionnelle à L’Elysée-Montmartre, en bas de la Butte, puis dans des lieux de nuit du quartier de Montparnasse.
C’est là qu’elle apprend à danser le célèbre Cancan. Son lever de jambe qui soulève ses jupons et qui, de la pointe des pieds fait voler les chapeaux des hommes, fait sa renommée. Son premier mentor, Gaston Goulu Chilapane, mais aussi son habitude à vider les verres des clients pendant qu’elle danse et passe à leur table, lui donnent alors le surnom de «Goulue».
Dès 1889, à l’ouverture du bal du Moulin Rouge par Charles Zidler et Joseph Oller, place Blanche, la Goulue tient le haut de l’affiche avec son associé, le danseur et contorsionniste, Valentin le Désossé. A eux deux, ils font la renommée du Moulin Rouge, notamment avec leur danse appelée «le chahut» qui deviendra rapidement le célèbre French Cancan. Elle devient un des modèles favoris de Toulouse-Lautrec et remplit les salles de spectacle parisiennes comme le Jardin de Paris, où elle n’hésite pas à interpeler le prince de Galles, futur roi Édouard VII, en lui lançant, avec sa gouaille parisienne: «Hé, Galles! Tu paies l'champagne? C'est toi qui régales, ou c'est ta mère qui invite?». Un phénomène connu internationalement, donc, cette Goulue !
En pleine gloire elle quitte le Moulin Rouge pour se lancer à son compte dans des spectacles dans les fêtes foraines. Elle va alors décliner peu à peu, ne vivant entourée que de rebus de la société ou des animaux de cirque et des chiens et chats qu’elle recueille dans sa roulotte. Elle meurt pauvre à 62 ans le 29 janvier 1929 à l’hôpital Lariboisière dans le 10e arrondissement et est enterrée à Pantin. En 1992 sous l’impulsion de son arrière-petit-fils, le maire de Paris Jacques Chirac fait transférer ses cendres au cimetière de Montmartre. Contrairement à son premier enterrement, cette fois de nombreuses personnalités assistent à l’événement dont La Toya Jackson, la sœur de Michael, Jackson, qui se produisait à l’époque au Moulin Rouge.
N'hésitez pas à visiter le cimetière de Montmartre, je vous le conseille. D’ailleurs, vous pouvez retrouver la visite que j’en ai faite dans l’article et le podcast dédiés sur ce blog.
Et si vous y allez, prenez le temps de vous arrêter sur la modeste tombe de la Goulue et rappelez-vous de l’histoire de celle qui inventa le célèbre French Cancan.
Bonjour Messire Igor.
Tout d'abord merci mais aussi bravo pour vos nombreux posts.
La coïncidence est étonnante car j'ai découvert votre mail cette nuit et mon epouse et moi avions passé notre soirée au moulin rouge.
Alors coïncidence ou pas, nous avons adoré votre post sur le sujet mais également tous les précédents (bleu de Chartres, Madame de Maintenon, etc).
Merci d'attiser notre curiosité de manière aussi élégamment.
Belle journée