Aujourd’hui, nous célébrons la fin de la Première Guerre Mondiale (1914-18), un conflit très meurtrier qui fera plus de 20 millions de morts, dont 10 millions de civils, et plus de 21 millions de blessés. L’Armistice signé le 11 novembre 1918 dans la forêt de Compiègne entre les Français, leurs alliés et l’Allemagne vaincue aura pour conséquence la restitution à la France des territoires alsaciens et lorrains perdus pendant la guerre franco-prussienne de 1870.
Mais saviez-vous que ce retour de l’Alsace et la Lorraine dans le giron français n’aurait certainement pas été possible sans l’intervention de l’ex-impératrice Eugénie, la veuve de Napoléon III (décédé le 9 janvier 1873) exilée en Angleterre depuis la chute du Second Empire (1852-70)?
Pour le comprendre, revenons quelques années en arrière. Le 19 juillet 1870, la France de l’empereur Napoléon III déclare la guerre à la Prusse dirigée par le ministre-président Otto Von Bismarck. Un conflit déclenché après une ultime provocation diplomatique et un jeu de manipulation habilement mené par Bismarck qui cherche alors à accélérer l’unification de l’Allemagne en rassemblant les états allemands derrière un ennemi commun, ici l’empire français.
Je vous passe les détails, mais après la défaite de l’empereur à Sedan, cette guerre franco-prussienne va se solder par la capitulation française le 2 septembre 1870, entrainant la chute du Second Empire et l’avènement de la 3e République française le 4 septembre 1870. Le gouvernement provisoire qui s’installe alors au pouvoir du pays doit faire face à l’invasion des troupes prussiennes. Le siège de Paris, à partir du 17 septembre, et celui de nombreuses autres villes, comme les défaites qui s’enchaînent, conduiront, en 1871, à la signature d’un Armistice, le 26 janvier, et d’un traité de paix à Versailles, le 26 février. La France perd alors l’Alsace et une partie de la Lorraine, des territoires pourtant français depuis les 16e et 17e siècles.
Mais comment, alors, grâce à l’intervention de l’ancienne Impératrice Eugénie, ces régions aujourd’hui de nouveau françaises, vont-elles retrouver leur pays d’origine? Car rien n’était joué d’avance! En effet, après l’armistice du 11 novembre 1918, les Alliés (Anglais, Américains, Russes, Italiens) n’entendent pas laisser la France récupérer sans contrepartie ces territoires qu’ils considèrent comme allemands.
Ayant eu vent de cela grâce à son ami, le roi d’Angleterre Georges V, Eugénie va intervenir: elle est en possession d’une lettre que Guillaume 1er, roi de Prusse au moment de la Guerre de 1870, lui avait envoyé à l’époque, et où il précisait qu’il ne réclamait pas l’Alsace comme territoire allemand, mais comme zone tampon qui servirait à protéger l’Allemagne. Les écrits sont donc clairs: cette région n’est techniquement pas allemande.
En 1918, Eugénie remettra cette lettre au Président du Conseil français, Georges Clémenceau qui va pouvoir signer le Traité de Versailles, le 28 juin 1919, dans la Galerie des Glace du château. Un traité qui rétrocède, entre autres, l’Alsace-Lorraine à la France, rétablissant les frontières hexagonales d’avant 1870. Un officier dira alors à l’ex-impératrice: «Madame, Sedan est vengé!». Moins de 2 ans plus tard, Eugénie s’éteindra à l’âge de 94 ans, le 11 juillet 1920, près de 50 ans après la chute du Second Empire.
Sources
« Le Second Empire », Yves Bruley, Éditions Jean-Paul Gisserot.
« La Dernière Souveraine », Étienne Chilot, Éditions Le Charmoiset
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